02 mai 2018

Idiosyncrasie

J'adore ce mot, à la fois pour son côté mystérieux et désuet, et aussi pour l'idiotie présente comme en écho, ou le idem, qui a la même racine - là où nous ne sommes qu'obstinément semblables à nous-mêmes. Il me revient ce passage de La plaisanterie de Kundera : "Je suis idiote, c'est possible; mais les autres ne le sont pas moins avec leur scepticisme mondain, je ne vois pas pourquoi je devrais renoncer à ma bêtise pour adopter la leur, je ne veux pas couper ma vie en deux, je veux que ma vie soit une, d'un bout à l'autre."

(Et soit dit en passant, je trouve assez magique qu'avec une bribe de citation qui voltige dans votre esprit, il soit possible de retrouver l'original sur le web, quasiment à coup sûr).

Bon, pourquoi l'idiosyncrasie aujourd'hui ? Parce que je m'interroge sur nos marottes, nos fixettes, nos points aveugles récurrents, ces petites (ou grandes) névroses qui sont comme notre signature. J'en identifie plusieurs chez moi - dont ce blog témoigne abondamment, y compris d'ailleurs dans son existence même : écrire pour ne pas laisser disparaître, garder une trace ; écrire pour donner forme, voir apparaître ce que l'on n'attendait pas.

Ce jour : ma capacité à ressentir au présent ce qui est passé, à retrouver l'émotion intacte, et préférentiellement ce qui est lumineux (quitte à écarter ce qui ne l'est pas) ; c'est une force souvent (continuité, persévérance,  capacité à redonner sa chance à l'autre, émerveillements renouvelés), mais aussi un danger (déni, décalage, illusion, nostalgies insensées). C'est comme ça, mais force est de constater que, pour le pire et pour le meilleur, c'est... moi.