28 octobre 2018

Chagrin d'amour

C'était ma Cité bien-aimée. Sans aucun doute l'expérience professionnelle que j'ai le plus investie - à ce jour - le lieu et surtout le projet pour lequel j'aurai été le plus fière de travailler. Une utopie - faire se rencontrer les élites de demain, toutes nations et disciplines confondues. J'y aurai donné du temps, de l'énergie, de la créativité, de la disponibilité - sans compter et sans regrets.

Et fait de belles rencontres, à commencer par celle d'une grande dame qui a su me faire confiance et me donner la possibilité de grandir en même temps que les nombreux projets que j'ai initiés là-bas.

Aujourd'hui c'est une histoire si tristement banale - l'arrivée d'une nouvelle hiérarchie qui veut imprimer sa marque sans prendre le temps de saisir les enjeux, l'illusion de pouvoir faire plus avec moins, la fragmentation des tâches et la négation des liens. Couper les têtes qui dépassent, surtout si elles pensent trop bien, pour manager par la peur et dissimuler sa propre incompétence. Piètre calcul, vision court-termiste, drame ordinaire.

Aujourd'hui j'ai tous les symptômes d'un vrai chagrin d'amour, consécutif à une rupture aussi brutale que traumatique. Insomnies, ruminations obsédantes, accès de rage ou de chagrin, incompréhension, incrédulité. Anxiété aussi - moitié de mon temps, trois quarts de mes revenus, pas de chômage. La perte d'un repère qui pour moi était bien plus que professionnel, depuis six belles années, et l'incertitude sur l'avenir - comment repenser celui-ci ? Trouver l'énergie d'y penser déjà, parce que les conséquences sont immédiates, quand je suis encore en état de choc ?

Avant de dire le premier mot, penser les possibilités d'avoir le dernier.