20 décembre 2018

"Tant de tendresse..."


Juste pour ne pas oublier, deux coups de coeur. Un film, Palme d'or cette année, une famille improbable, bancale et chaleureuse, et une déconstruction des apparences qui laisse à penser, à rêver - que retenir : le regard froidement objectif de la société, qui juge et condamne sans ambiguïté, ou la tendresse foutraque mais palpable, la chaleur humaine et la débrouille contre la dureté de vies dans lesquelles le combat est de toute façon perdu d'avance ? Le cinéaste ne juge pas, n'embellit pas, et il n'y aura pas de happy end - et pourtant le choix du récit oriente le regard avec beaucoup de douceur, de subtilité dans les détails, dans les gestes et les regards - lui a choisi son camp et c'est celui du lien, de l'attention à l'autre, de la grandeur des plus petits.

Et un spectacle - le Peau d’Âne de Demy transformé en comédie musicale au théâtre Marigny, parfaitement féerique.  Alors évidemment, il faut accepter de se laisser enchanter, mais tout est fait pour, décors somptueux, costumes extraordinaires (la robe couleur de lune), clins d'oeil au film, théâtre-écrin, et plaisir madeleine de retrouver les mélodies de Michel Legrand : "Mais qu'allons-nous faire de tout cet amour ?", etc, etc.  Un spectacle pour les enfants, ou pour l'enfant-dans-l'adulte - Elsa l'a dédaigné, elle est juste dans la mauvaise tranche d'âge, mais moi je m'y suis plongée comme dans une flûte de champagne, une soirée-bulle de rêve, un luxe délicat.