Je parlais avec tendresse d'un de mes patients, et Samir m'a dit en riant : mais il faut que tu arrêtes d'aimer tout le monde comme ça ! J'ai d'abord souri à mon tour, oui... et puis à la réflexion, j'ai rectifié - non, parce que c'est moi, je suis faite comme ça !
J'ai aimé qu'il ait ce regard-là, sur cette tendresse irrépressible chez moi - et j'ai aimé aussi mon double mouvement, le besoin de défendre cet élan, fût-ce sur le ton de l'humour. Et puis quelques jours plus tard, je suis tombée sur ce texte-là :
À cette superbe raison de vivre
- se taire et s'appliquer à une tâche matérielle, humble -
j'ajoute la lecture de poèmes.
Ce n'est pas une spécialité d'écrivain,
c'est une affaire commune :
les rayonnants d'amour savent que ceux qu'ils aiment
sont des poèmes de chair et d'âme.
Christian Bobin - Pierre, en hommage au peintre Pierre Soulages
Des poèmes de chair et d'âme... que c'est beau. Oui. En fait on devrait TOUJOURS avoir ce regard-là sur les êtres, non ?