J'aime bien quand au hasard des lectures il y a des phrases qui me sautent aux yeux, me parlent au cœur. Cette semaine, dans l'interview d'une jeune chanteuse neuroatypique : "Je n'en reviens pas de me rendre heureuse". J'adore. Et ça me parle. Cette stupéfaction d'une capacité de bonheur autonome.
Et puis, dans un cartel d'expo : "Chez les Dogons, le même mot signifie tisser et parler. Et dessiner revient à tisser les mots entre eux mais aussi les associations d'idées, les affects, les interrogations, avec les pleins et les vides que le tissage produit, en un "donner forme" original et aléatoire." (Une psy qui gribouille en séance sur les dossiers de ses patients) - Moi qui suis une inconditionnelle de la métaphore du lien, du tissage, de la reprise, cette polysémie m'enchante.
Et parfois ce sont les patients qui me les donnent, comme cet étudiant qui, après un riche échange sur les thématiques existentielles, m'a déclamé de mémoire les premiers paragraphes du texte de Stieg Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. Un petit moment de grâce suspendu au-dessus de son désespoir. Il m'a signalé une version enregistrée par Les Têtes Raides du texte intégral, je l'ai dirigé vers Yalom en échange.
Ou cette autre, à qui un médecin étranger a demandé, après une série de malaises consécutifs au deuil récent de son père : c'est une "héritation" ? Oui, voilà, exactement : une héritation. La même s'était émue/amusée (émusée ?) d'une annonce RATP sur son trajet, signalant un ralentissement de la ligne pour cause de petit colis délaissé (le pauvre).