21 juin 2025

Les mains dans la terre, chapitre 1

Ou pourquoi la céramique peut être thérapeutique : ce fut une semaine de repos, de répit aussi : couper avec le travail, l'environnement quotidien, ça devenait vital, essentiel. Et le lien avec la nature, la joie de créer, et le beau, des nourritures qui sont  essentielles pour tous – et pas seulement pour les neurodivergents ! Arrêter TOUT.

Zéro charge mentale, même pas les repas ou le ménage : être prise en charge plutôt que de prendre en charge, être nourrie – sur différents plans – plutôt que de nourrir : enfin une  possibilité de se reposer, voire de régresser. 

Régresser : d'autant que les mains dans la terre appellent aussi l'enfant en soi (et plus le parent anxieux et hyper-responsable) : patouiller, barboter, faire des pâtés, le retour au sens du toucher, explorer un monde nouveau avec ses mains. Débrancher le cerveau gauche : organisation, hiérarchisation, analyse – et retrouver le cerveau droit : émotions, créativité, état de flow. Sentir : j'ai pris beaucoup de plaisir à enfoncer mes bras jusqu'aux coudes dans le bac de barbotine !

8 participants, 4 langues, ce qui a contribué plus encore à ce que le cerveau change de mode et de monde, j'ai adoré ça aussi.

Le groupe fait enveloppe, contient, porte, peut permettre alternativement de partager des préoccupations communes ou de parler de choses plus légères, plus individuelles – je pense par exemple au moment où j'ai parlé de mes essais en tango et en lindy hop avec Vilja : c'est un temps pour se retrouver SOI (en ce qui me concerne, retrouver mon goût pour expérimenter souvent des choses nouvelles pour le plaisir, sans aucune attente de résultats). 

Pareil pour la visite à Nancy, puis à Metz le lendemain, j'ai retrouvé ce plaisir de la découverte culturelle, qui a réveillé mon envie de voyager seule à nouveau. Bref, ces choses qui me définissent autrement que comme mère aidante d'une jeune femme handicapée. 

Les modalités d'animation de Bo  aussi sont très porteuses, comme on dit d'un mur qu'il est porteur ; cet équilibre entre un cadre clair et contenant : horaires, règles de fonctionnement, explications techniques, et en même temps une totale liberté d'expérimentation, mais en sécurité, c'est très Montessori !

Tous ces points auront bien apaisé mon système nerveux sur-stimulé et hyper-vigilant depuis des mois, m'auront permis de revenir dans ma fenêtre de tolérance et de la ré-élargir.

La concentration et le silence dans les différentes étapes peuvent aussi rappeler les bienfaits de la méditation – la meilleure définition qu'on m'ait donnée de la médiation c'est « faire une seule chose à la fois ». On pourrait comparer avec les états d'hypnose légère aussi, qui sont en eux-mêmes régénérants pour notre cerveau – le mouvement circulaire du tour s'y prête très bien.

Ce qui me semble profondément thérapeutique aussi, c'est la joie : commencer à voir un peu de progrès dans la pratique, chercher des idées pour l'émaillage, les échanges rieurs à table ou à d'autres moments, et surtout celle devant les réalisations finales : il y a quelque chose de jubilatoire après la dernière cuisson, aussi maladroits que soient les essais ! Et puis, partir avec quelque chose de concret dans la main. La trace d'un moment, et la fierté d'avoir fait quelque chose, de soi, pour soi. 

11 juin 2025

Chanter rend heureux


C'est la devise de Clairie, et là-dessus elle a bâti un projet génial - 10 chorales cette année (ce soir-là on en a réuni quatre), 16 ou davantage l'année prochaine. Bon en vrai je ne suis pas soliste, on s'est divisé certains couplets phrase par phrase, mais c'était un vrai kif ! Et même si je n'en suis pas à ma première chorale, c'est toujours aussi puissant de se retrouver portée par le son au milieu du chœur. Je re-signe des deux mains pour l'année prochaine, d'autant que le projet est porté par mon cher Pot Commun - et que notre petit groupe est super sympa, c'est très beau aussi la façon dont ça tisse des liens de voisinage inattendus et précieux, permet d'ébaucher de nouvelles amitiés.

10 juin 2025

Créer des liens

08 juin 2025

Comment il sait tout cela, lui ?

Elle pense à tout, tout le temps.

Elle pense à tout, comme si le monde dépendait d’elle, comme si le quotidien des autres reposait sur ses épaules. Elle se dit que si elle lâchait, ne serait-ce qu’un instant, tout s’effondrerait. Alors elle ne lâche rien, jamais.

Elle tient, elle soutient, elle retient.

Elle s’occupe des rendez-vous, des devoirs, des courses, des Post-its sur le frigo. Elle pense à ce qu’il faut faire, mais aussi à ce qu’il ne faut pas faire, pas dire - pour ne pas déranger, pour rester cette femme qui assure, qui pense à tout, et qu’on oublie de remercier justement parce qu’elle le fait trop bien (...).

Elle pense à cette colère qu’elle maquille en bonne humeur pour ne pas contrarier.

Elle pense à tout ce qu’elle ne dit pas, à tout ce qu’elle ne demande pas, à tout ce qu’elle attend en retour – qu’on remarque, qu’on prenne le relais, qu’on la devance peut-être, qu’on la libère enfin d’avoir toujours à penser pour tout le monde sauf elle.

Mais elle ne dit rien, parce que dire, ce serait se plaindre, ce serait expliquer, ce serait affronter ce regard-là : celui qui ne comprend pas pourquoi elle est épuisée alors qu’elle n’a « rien fait de spécial ».

Et pourtant, elle fait. Elle fait sans qu’on voie. Elle pense sans qu’on sache. La nuit, quand le monde dort, elle le porte en serrant les dents…

Il lui arrive d'imaginer ce que ce serait de ne plus rien penser, de s'asseoir sans lister dans sa tête, de ne plus faire l'horloge, la boussole affective, le moteur humain qui tourne pour les autres jusqu'à dérailler.

Et malgré tout elle continue. Elle continue parce qu'elle aime, parce qu'on compte sur elle, parce qu'elle est devenue cette femme qu'on admire pour sa force, sans voir combien cette force est faite de milliers de pièces fragiles.

Elle pense à tout, tout le temps. Et elle aimerait juste qu'on pense à elle avec la même tendresse, le même dévouement. 

Elle espère qu'on la voie pour ce qu'elle est, et pas pour ce qu'elle fait. Elle espère qu'on la tienne. Qu'on la soutienne. Qu'on la retienne. Qu'on lui tire la chaise et qu'on lui dose :"Repose-toi. Je suis là."

Valentin Auwercz, alias ptitcrayon

Tu ne vas quand même pas sortir comme ça ?

Ou, meilleur thème de soirée pour que chacun exprime sa forme de dinguerie préférée... 
ce qui nous a fait à tous un bien fou je crois.

03 juin 2025

Une autre ZAD

Imaginez un temps et un lieu où on puisse discuter avec de parfaits inconnus de tout, de rien, mais surtout de sexe et d'amour. Où tous les goûts, genres, pratiques, formes relationnelles soient représentés, où toutes les questions pourraient être posées, sans que nul ne soit attaqué ou moqué pour son inexpérience ou ses fantasmes étonnants. Un lieu où l'on ne met en rien en acte, mais où tout peut être dit, en sécurité ; aucune attitude déplacée, inquisitrice ou méprisante ne sera tolérée. Un petit territoire utopique d'une diversité infinie, où le respect, l'humour et bien évidemment le consentement, qui ne s'applique pas qu'à la sexualité, soient rois. 

Ben ça existe. Dans un bar lambda, avec des gens apparemment lambdas, même si on note de-ci de-là quelques spécificités. Je trouve ça génial en fait. Cette diversité, cette bienveillance où pour une fois le mot n'est pas galvaudé, cette liberté de parler de tout ce dont on parle rarement (dont on ne parle jamais) dans les dîners en ville, n'est-ce pas (dommage) !

Cette variété de goûts, de genres, d'allures, de pratiques, d'expérimentations amoureuses ou sexuelles, c'est inspirant, et rassurant aussi – il y a donc encore des humains qui font des trucs plus ou moins fous, mais qui sont sympas, respectueux, ouverts au dialogue et pas complètement tarés.

Ce n'est banal en rien, ni dans le contenu ni dans la forme – échanger quelques instants à propos de trucs dont on n'a peut-être jamais parlé à ses amis, changer d'interlocuteur.ice quand on le souhaite, poser des questions, se confier aussi, et s'ouvrir à l'inattendu...

31 mai 2025

Bouffée d'air

C'est compliqué en ce moment, arriver à savoir ce qui est bon pour moi. Ou pas. Mais partir 48h, c'était la bonne décision. Même à fleur de peau. Si l'exposition Salgado m'a mise au bord des larmes, c'est sans doute que je n'en étais pas loin. Mais quel plaisir ensuite de simplement me poser d'abord dans cette extraordinaire bibliothèque des Franciscaines, puis de prendre un café sur leur terrasse. D'échanger avec cette drôle de dame qui parle aux chats, à moins que les chats ne soient une explication à peine plus plausible des informations qu'elle tient d'un ailleurs. C'est ce qu'elle m'a dit en tout cas. Que j'étais perdue, que je ne savais plus ce qui était bon pour moi : dans le mille. Mais ce qui est sûr, c'est que cette échappée a été bonne pour moi. Dans le plaisir de me commander une douzaine d'huîtres et de me baigner, comme dans la liberté de pleurer quand j'en ai eu besoin, ou de lire jusqu'à pas d'heure. Je crois que ce qui est bon pour moi, c'est de temps à autre, même très brièvement, de ne me charger de rien ni de personne, de n'avoir à m'occuper que de moi.

22 mai 2025

Step by step


Enfin j'essaie, parce que la fin de l'année est bien chaotique, sur tous les plans, et que la conséquence directe du mode survie-je-pare-au-plus-pressé vient impacter le dernier domaine qui n'était pas encore (trop) touché cette année, après les amours, la famille, la santé, celui du travail. Et, comme pour les amours et la famille, ça vient résonner en profondeur dans d'autres failles. Donc, un jour après l'autre. 

20 mai 2025

Notre-Dame


Malgré les troupeaux de touristes, le brouhaha constant, impossible de ne pas être saisie d'émotion en découvrant Notre-Dame dans sa splendeur renouvelée. C'était troublant de ressentir à la fois mon agacement devant l'énergie brouillonne de la foule, mon admiration pour les artisans du passé et ceux de cette renaissance au monde, et... un immense silence intérieur, l'espace d'une Présence invisible mais vibrante, vivante, incontestable. 

Comme si la cathédrale devenait une sorte d'écrin précieux pour un joyau impalpable - non pas un somptueux  artifice pour suggérer aux hommes l'existence d'un Dieu hypothétique, mais un espace d'accueil pour l'In-Fini, quel que soit le nom qu'on souhaite lui donner, un chant de louange devenu pierre et lumière non pas pour l'édification des masses mais comme un rappel, une invitation à s'ouvrir au moins à la question, quand bien même on n'aurait aucune réponse.

10 mai 2025

Boussole

Vous êtes prise dans un cercle infernal, et seule pour l'assumer. Ne rien faire ou penser pour Elsa est juste impossible pour vous, mais tout ce que vous faites et pensez vous est (ou sera) potentiellement reproché un jour ou l'autre. Alors ... ne pensez surtout pas que "quoi que vous disiez ou fassiez, vous faites mal" (...). 

Pour vous accompagner, je vous suggère modestement (en mesurant bien la "facilité" de ces propos pour moi envers vous) d'adopter ma maxime, celle que j'ai décidé d'appliquer quand j'ai eu l'impression de ne plus rien maîtriser dans ma vie et dans celles qui dépendaient de moi, que tout mon univers s'écroulait et se liguait contre moi, que j'étais définitivement nul et sans avenir...

Cette maxime ? 

FAIS CE QUE DOIT, ADVIENNE QUE POURRA.

Alors, oui, ne vous abstenez surtout jamais de penser et de faire, pour tenter de réduire les conséquences de situations présentes ou prévisibles. 

Faites et pensez à chaque instant ce que vous pensez devoir faire, chaque jour qui passe, à chaque instant. Et surtout en ne vous oubliant JAMAIS dans les équations posées.

Mettez en œuvre ce que vous pensez "juste" de faire, ou ce que vous parvenez à imaginer de "moins cata que possible" à l'instant T. Et ajustez quand vous le jugez nécessaire, en  n'hésitant pas à faire des demi-tour complets si cela vous apparaît alors "juste", ce jour-là. Et laissez advenir ce qui doit advenir.

Admettre ce qui advient n'est pas de la soumission ni de la lâcheté, mais c'est admettre que nous ne sommes "que" des humains, très imparfaits et si souvent démunis pour agir sur le cours de nos vies, et sur celui de ceux que nous aimons.

Mais toujours "faire ce que doit..." transformera votre vie et celles qui vous entourent, progressivement et très sûrement. Et vous permettra de continuer A VIVRE en tenant debout !

Merlin

09 mai 2025

Une balade avec Elsa

08 mai 2025

Célébrer



Elle a dit Lalie - une de ces sœurs jumelles nées sous le signe du Taureau - il faut célébrer. Faire la fête. Quand on peut. Dès qu'on peut. Je suis d'accord. Et puis c'était très chouette que cette année, ce soit Léo qui prenne la main pour organiser l'anniversaire d'Elsa : ça c'est un grand frère <3!

07 mai 2025

Transmission

Ce jour-là, nous n'aurons pas seulement parlé du petit Moi pris dans les aléas du quotidien, mais aussi des repères sur lesquels peut s'appuyer notre être-thérapeute. Oui, notre. Peut-être parce qu'il m'accompagne depuis si longtemps que le lien thérapeutique s'est très légèrement décalé, s'autorise parfois une transmission qui n'est pas supervision, mais qui est apparue spontanément là, tout en étant nommée - "qu'est-ce qui fait que nous souhaitons transmettre ?" - a-t-il interrogé dans un demi-sourire, comme pour lui-même.

Peut-être parce que j'ai évoqué la redécouverte, lors du week-end précédent, de cette vérité sans cesse oubliée : lorsque je m'épuise en travaillant, c'est que je travaille en force, en prenant sur moi, au lieu de me laisser traverser, habiter par le mystère de ce qui danse entre l'autre et moi.

Au détour d'une question sur la distance thérapeutique, le dévoilement mesuré, il m'a donné une boussole intéressante - s'il y a trop de plaisir, c'est qu'il y a trop de Je, là où nous nous devons d'être transparents, traversés justement.

En sortant j'ai pris quelques notes au vol, et ce n'était pas la première fois que nous en parlions - la version thérapeutique du primum non nocere, qui s'écrirait comme, ne pas interférer avec le libre-arbitre de l'autre, l'infini respect de la vérité et de la liberté de celui-ci - l'anti-coaching donc ; ne pas perdre de vue l'Être (qui n'est pas le Sujet) au-delà de l'être ; la peur qui nous indique que nous ne travaillons plus depuis un endroit d'amour au sens profond du terme. Si j'appréhende la relation avec tel patient, c'est que je ne me situe pas, ou plus, dans cet accueil inconditionnel, ce Namaste du soignant : je m'incline devant toi (et je laisse à la porte techniques et théories).

Ce qui n'a pas été nommé, mais qui est profondément apaisant et réparateur pour moi, c'est la reconnaissance implicite de ma qualité - dans tous les sens du terme - de soignante, par un pair dont je respecte la parole - par un père symbolique (qui ne joue pas à l'être dans je ne sais quelle séduction) mais qui occupe cette place par ce qu'il incarne et par ce qu'il  transmet, justement.

01 mai 2025

Âmies


Cette jolie orthographe, je l'emprunte à Charlotte. Des âmies, oui, entre lesquelles circulent librement, comme l'écrira Cécile quelques jours après, les bonheurs, les douleurs, les pantalons en lin et aussi l'amour. Quelques jours dont la bande-son pourrait être le joli Merci de Jeanne Cherhal, un chant de gratitude simple et joyeuse. Un filet d'amour invisible, une connexion silencieuse qui nous enveloppe aussi en dehors de ces précieux moments partagés. Quelle chance, et ce n'est pourtant pas faute que nous ayons, les unes et les autres, nos valises de pierres ou de plomb. Mais pas ensemble - ensemble c'est léger, rieur, et si nous vidons nos sacs c'est pour mieux profiter ensuite de la mer, du soleil et du jardin. Quelques jours sans patients, sans parents, sans hommes et sans enfants, à juste être - à ne rien porter d'autre que soi, tout en veillant les unes sur les autres. De vraies vacances, donc !

27 avril 2025

Entre nos mains

Et quand il n'y a plus de mots possibles, on peut toujours prendre par la main. Une main qui serre, retient, étreint à sa manière, la seule désormais possible, une main qui presque... joue ? Comme on ferait des jeux de doigts avec un nouveau-né...

Une main qui renoue le dialogue, permet pour quelques instants de rencontrer aussi le regard. Assez pour dire : "Tu veux un câlin ?", entrevoir un assentiment, ce tout petit oui de la tête. Pas facile, un câlin, quand on est sanglé dans un fauteuil d'hôpital. Mais possible. 

J'ai senti un minuscule baiser sur ma tempe, et j'ai décidé de pleurer plus tard. Au moment de partir, je lui ai dit, "Je suis contente de te voir", et j'ai deviné dans le mouvement de ses lèvres un "Moi aussi."

22 avril 2025

Gentil coquelicot

...mesdames, c'est une ronde enfantine que ma grand-mère me chantait. Moi je le trouve courageux ce petit coquelicot - au nom ravissant - dans sa manière de (se) pousser entre les failles, le long du bitume parfois, ou au hasard des talus. Et j'adore ce contraste entre son infinie fragilité et sa couleur éclatante, si fièrement affirmée à la face du monde. Impossible à semer - il ne se déplace qu'en liberté, impossible à cueillir - sous peine de le voir mourir, plus éphémère encore que nos courtes vies... et j'aime aussi son nom anglais, qui aurait toute sa place dans les nursery rhymes : poppy !

20 avril 2025

Décider d'être heureux

...ça ne marche pas toujours, et les vagues plus ou moins souterraines sont hautes, quelquefois submersives, et pour tous en ce moment. Mais parfois on y parvient, et ça offre quelques instants de répit, ou même de petits instants de grâce, une version faite maison de "Ensemble, c'est tout". Comme chez Anna Gavalda, nous sommes un petit groupe un peu branlant mais solidaire, avec son (gros) lot de défis, de handicaps et d'inquiétudes ; une toute petite famille, deux grands-mères, deux "grands-petits-enfants", et moi. C'est fragile mais ça tient chaud, et ça ne manque ni de courage ni de panache - comme le coquelicot ci-dessus.


10 avril 2025

Ground Control (to Major Tom ?)

Je l'ai fait ! Avec la trouille d'aggraver mon problème (non), des bouchons d'oreille et une migraine ensuite, mais ça en valait carrément la peine. Avec nos 4 chorales parisiennes, plus de 100 choristes (je me demande si un jour on réunira les 10 en France, mais déjà là, c'était magique). Ground Control plein à craquer, ils ont dû filtrer les entrées. J'ai pris beaucoup de plaisir à planer sur les harmonies de Space Oddity et à reprendre Respire encore, alors que ces deux choix de chansons ne m'emballaient pas du tout initialement - la Symphonie des éclairs, très chouette aussi - sur une vidéo du public, on entend distinctement le type dire, "Heureusement que je prends des anti-dépresseurs sinon je serais déjà en larmes", j'adore, meilleur compliment ever !

08 avril 2025

Sourire et pleurer

Parfois tellement de gravité, de confiance, de profondeur, de sourires et de larmes dans une seule matinée de ce boulot... La première a déposé son souhait profond de pouvoir un jour confier à un homme qu'elle rencontrerait la totalité de son histoire aux multiples traumatismes sans que cela ne bouleverse l'équilibre de la relation ; en attendant, c'est dans la sécurité du cabinet qu'elle en a déployé le cours - sans doute encore bien plus complexe que ce qui a été évoqué. Quelques jours après : Je voulais vous faire un message mais je n’ai pas osé, je voulais aussi être certaine que certains démons étaient partis. Un grand merci.

La seconde a égrené les thèmes de la honte - la nôtre ou celle que l'on hérite de nos parents, les questions des transfuges de classe, les échecs réels ou vécus comme tels, l'impression de ne jamais être à sa place - dans le bon pays, la bonne langue, le bon milieu, la bonne carrière. Mais aussi la suspicion peut-être d'un abus oublié dans la prime enfance, qui viendrait frapper à la porte sous forme de cauchemars récurrents, et au travers de l'omniprésence de cette question de la honte, et d'une menace sourde, d'une insécurité précoce.

La troisième, au-delà de la période actuelle difficile pour elle, a partagé spontanément plusieurs expériences spirituelles profondes qui nous ont amenées sur la question de la psychothérapie transpersonnelle, de la possibilité d'une souffrance qui ne concernerait pas seulement notre petit moi mais qui résulte de la coupure d'avec ce qui en nous est plus grand que nous - et des chemins qui permettent de s'y relier. 

Le quatrième... a eu le bon goût d'oublier sa séance, et je l'en remercie - bouleversée, ravie, épuisée, et possiblement incapable de m'engager plus dans la relation ? Non - je sais que j'en aurais trouvé les ressources, mais, à quel prix, ces jours-ci ?

Bonnes questions

Entends-tu le son de ta propre respiration ? De ton coeur qui bat ? De la forêt qui pousse ? Il y a de ces sons qui ne font pas appel à l'oreille. Il y aussi, le son du silence.

Il y a aussi des bruits infernaux qu'on entend sans l'oreille : ceux de nos pensées en boucles.

Pourrais-tu te réfugier quelque part ?

Carsten