14 juillet 2007

Vide-grenier

C'est le temps de ne rien faire, le temps d'être seule, le temps de profiter, de ranger aussi, l'intérieur et l'extérieur, et même, l'ordinateur ! En ouvrant les uns après les autres des fichiers aux noms oubliés, j'ai retrouvé ceci (2002) :

Jouer le jeu
Etre dans les temps
Simultanément
Etre ailleurs
Caresser ce rêve
Vivre quelques-unes de toutes ses vies
De toutes ces vies…
Danser au-dessus de l’abîme
Faire un pas de côté
Quitter la piste
Esprit voltigeant ailleurs…
Petites fugues
Voies (voix) parallèles
S’autoriser la discordance…
Pour respecter ses harmonies.
« Une valse à quatre temps
C’est beaucoup moins dansant… »
Nous ne choisissons pas toujours
De rompre les cadences
De rompre les rangs
De rompre les liens…
De la contrainte naît l’improvisation
Pas de création sans un cadre préalable,
Ne serait-ce que pour en mieux sortir…

Et aussi cela - sur les mots :

Le mot silence… celui qui contient tous les autres. Le mot fragile… l’idée d’une tension, d’un être sur le fil, toujours au bord de la chute… « Ce qu’il y a de bien avec les fêlés, c’est qu’ils laissent passer la lumière. » Le mot souffle… celui qui anime ; plus doux que l’étymologiquement proche enthousiasme. Plus modeste aussi, l’enfant qui soupire, la brise légère, plutôt que le mistral ou la tramontane… Le mot fertile, et ses promesses de moissons.

Je ne crois pas à la possibilité d’infliger la vie à quelque mot que ce soit… Ne sont vivants que ceux qui circulent d’un être à l’autre, que ceux qui s’inscrivent dans une histoire, dans une rencontre. Après… on ne devrait jamais relire les lettres d’amour… Les livres peut-être – peut-être pas : après l’éblouissement, il est trop tard… Pourtant : relire les mots, et même les lettres des autres, Kafka etMilena, Apollinaire et Lou…

Je réalise : je n’aime pas les mots pour eux-mêmes, même quand ils ont un joli son (tintinnabuler ; fragrance ; escarcelle…) mais pour les liens qu’ils tissent. Pour les forêts d’images qu’ils font parfois croître en nous. Pour les chambres d’écho qu’ils mettent en résonance… Pour leur extraordinaire capacité parfois à nous atteindre en profondeur, et bien plus loin que ne le pourrait une caresse. Parce qu’ils abolissent momentanément la distance à cet Autre, qu’il soit assis près de moi, ou à portée de voix, ou à portée de lettre… Parce qu’ils nous ouvrent la porte au « mentir vrai », à la création de mondes.