Filmer, voilà ce que j'ai voulu faire, pour piller, pour ne rien perdre, pour retenir l'enfance, pour garder quelque chose du regard des hommes et de l'instant.
C'était naïf et présomptueux, comme de cueillir sous la tuile déplacée le rayon de soleil avec la main et le glisser entre les pages d'un livre. (...) J'épinglais des instants. J'ai aimé faire cela mais je n'ai regardé le monde que dans l'étroire fenêtre de mon appareil. J'ai aimé tricher avec le vécu, j'ai inventé, recousu, sculpté autrement la réalité proposée. J'ai occulté une part de l'essentiel. J'ai filmé l'instant sans le vivre jamais. J'avais peur de le perdre.
J'étais rémoin. Difficile de mettre le coeur en image. Pourtant, c'était cela aussi, parfois, la poésie, l'autre regard, le jeu des mots, des assemblages qui étaient le sens même.
Bernard Giraudeau, Les dames de nage
C'était naïf et présomptueux, comme de cueillir sous la tuile déplacée le rayon de soleil avec la main et le glisser entre les pages d'un livre. (...) J'épinglais des instants. J'ai aimé faire cela mais je n'ai regardé le monde que dans l'étroire fenêtre de mon appareil. J'ai aimé tricher avec le vécu, j'ai inventé, recousu, sculpté autrement la réalité proposée. J'ai occulté une part de l'essentiel. J'ai filmé l'instant sans le vivre jamais. J'avais peur de le perdre.
J'étais rémoin. Difficile de mettre le coeur en image. Pourtant, c'était cela aussi, parfois, la poésie, l'autre regard, le jeu des mots, des assemblages qui étaient le sens même.
Bernard Giraudeau, Les dames de nage