Réparer, restaurer, recoudre, consolider, colmater… "Objets blessés" aborde le thème inexploré de la réparation locale par les populations autochtones. L’exposition porte sur les collections africaines du musée du quai Branly, et présente 110 « objets blessés » choisis parmi les 500 objets réparés de la collection (60 000 pièces).
C'est l'idée de la "réparation", qui m'a guidée jusqu'au musée : en Occident - on jette ; en Afrique, on répare - non seulement pour des raisons économiques, mais aussi dans un respect du sens, du rite, de la transmission inter-générationnelle, et de l'objet lui-même, dont j'ai l'impression qu'il nous échappe complètement. En ouverture de l'exposition, un court métrage où l'on nous explique que lorsqu'un objet est cassé, la première question est : comment cela est-il arrivé ? Et que réparer un objet avant d'avoir interrogé cela, est comme une insulte à celui-ci...
Les causes de détérioration des objets sont multiples : l'usure du temps, les accidents, les termites, le climat... Cette détérioration est perçue non seulement comme un fait matériel mais aussi comme le signal d'un dérèglement social. La décision de réparer ou de remplacer un objet cassé est donc très importante. En réparant un objet cassé, on répare aussi le culte et la société même. (...)
L'objectif de la réparation n'est donc pas de redonner à l'objet son aspect originaire, mais, d'une façon plus subtile, de recomposer un équilibre perturbé, en faisant commencer une nouvelle vie à l'objet cassé et en lui faisant retrouver sa fonction rituelle ou d'usage courant. Ainsi, la réparation fait partie de l'objet recréé, et elle est toujours visible. En concrétisant la volonté de conservation et de renouvellement, la réparation indique l'importance qui est donnée à un objet par un individu ou par une collectivité. (...)
En filigrane, l'idée que l'objet, c'est beaucoup plus que l'objet - qu'il s'agisse d'un objet rituel ou usuel. J'ai toujours eu du mal à m'imprégner de ces objets ethnographiques, liés à des cultures ou à des pratiques qui me sont étrangères ; ici, leur fragilité révélée, l'intervention visible de la main humaine me les a rendus enfin accessibles...
D'autres acteurs, le griot, le marabout ou encore un membre de la société des masques peuvent intervenir aussi bien dans la décision de réparer que dans l'acte de la réparation, ce geste donnant à son tour du pouvoir à celui qui le réalise. Nous ne connaissons pas l'histoire de la réparation de chacun des objets présentés. Ces masques nous interpellent : Comment ont-ils été cassés ? Qui a décidé de les réparer et qui les a réparés ? Ont-ils gardé ou renouvelé leur pouvoir après la réparation ?
Difficile de ne pas rêver aussi, aux fêlures humaines et à ceux qui en prennent soin...
(Musée du Quai Branly, jusqu'au 16 septembre).
C'est l'idée de la "réparation", qui m'a guidée jusqu'au musée : en Occident - on jette ; en Afrique, on répare - non seulement pour des raisons économiques, mais aussi dans un respect du sens, du rite, de la transmission inter-générationnelle, et de l'objet lui-même, dont j'ai l'impression qu'il nous échappe complètement. En ouverture de l'exposition, un court métrage où l'on nous explique que lorsqu'un objet est cassé, la première question est : comment cela est-il arrivé ? Et que réparer un objet avant d'avoir interrogé cela, est comme une insulte à celui-ci...
Les causes de détérioration des objets sont multiples : l'usure du temps, les accidents, les termites, le climat... Cette détérioration est perçue non seulement comme un fait matériel mais aussi comme le signal d'un dérèglement social. La décision de réparer ou de remplacer un objet cassé est donc très importante. En réparant un objet cassé, on répare aussi le culte et la société même. (...)
L'objectif de la réparation n'est donc pas de redonner à l'objet son aspect originaire, mais, d'une façon plus subtile, de recomposer un équilibre perturbé, en faisant commencer une nouvelle vie à l'objet cassé et en lui faisant retrouver sa fonction rituelle ou d'usage courant. Ainsi, la réparation fait partie de l'objet recréé, et elle est toujours visible. En concrétisant la volonté de conservation et de renouvellement, la réparation indique l'importance qui est donnée à un objet par un individu ou par une collectivité. (...)
En filigrane, l'idée que l'objet, c'est beaucoup plus que l'objet - qu'il s'agisse d'un objet rituel ou usuel. J'ai toujours eu du mal à m'imprégner de ces objets ethnographiques, liés à des cultures ou à des pratiques qui me sont étrangères ; ici, leur fragilité révélée, l'intervention visible de la main humaine me les a rendus enfin accessibles...
D'autres acteurs, le griot, le marabout ou encore un membre de la société des masques peuvent intervenir aussi bien dans la décision de réparer que dans l'acte de la réparation, ce geste donnant à son tour du pouvoir à celui qui le réalise. Nous ne connaissons pas l'histoire de la réparation de chacun des objets présentés. Ces masques nous interpellent : Comment ont-ils été cassés ? Qui a décidé de les réparer et qui les a réparés ? Ont-ils gardé ou renouvelé leur pouvoir après la réparation ?
Difficile de ne pas rêver aussi, aux fêlures humaines et à ceux qui en prennent soin...
(Musée du Quai Branly, jusqu'au 16 septembre).