01 mai 2008

Tante Pititi

Dans ma famille de cœur – ma famille choisie, il y a désormais une dame de bientôt 70 ans, qui parle net et boit sec, à moins que ce ne soit le contraire, mais qui a gardé intacte sa capacité de jouir de la vie et de s’émerveiller – une dame au grand cœur et au jugement sûr. Une dame qui s’amuse de raconter que sa demeure est une ancienne maison close, accueille les enfants à bras ouverts et s’est offert pour Noël une ravissante dînette en porcelaine dans un panier de pique-nique – pour elle.

Elle vit dans les îles – moitié de l’année dans celle de Saint-Louis, et l’autre à l’Ile de Ré – dans une immense maison ancienne dans laquelle sont venus s’accumuler les héritages successifs d’une famille nombreuse et cosmopolite. Meubles anciens, tapisserie d’époque, profonds canapés de soie fleurie, portraits de famille, piano demi-queue dans l’immense salon aux deux cheminées – et pourtant la vie passe dans ces murs – jouets d’enfants, canard lumineux incongru, un désordre subtil qui évoque plus la brocante que l’antiquaire…

Dans ses paroles – l’attention aux très petites choses, à l’histoire des objets et des êtres qui l’entourent, une tendresse à fleur de peau, une pointe d’humour et de distance, et un je ne sais quoi de résolument ouvert, généreux, politiquement incorrect qui m’a absolument ravie. Il n’y a pas tant d’êtres vivants – et encore moins à cet âge. De ces êtres qui nous mettent en contact avec la vie en nous, ouvrent un chemin : c’est possible.