22 septembre 2008

A la petite semaine

De ces derniers jours que me reste-il ? Les brumes de la fièvre, une fatigue persistante que je n’ai pas écoutée, un arrêt-maladie qui ne m’aura pas arrêtée.

Be Happy, concentré de bonne humeur en VO, dans la lignée de Toi, moi et tous les autres, ou Little Miss Sunshine.

Une nouvelle patiente, adressée par une grande dame dont la confiance m’honore.

Tanguera, ou West Side Story au pays du tango – danseurs virtuoses, sensualité qui affleure dans la lenteur bien plus encore que dans les tempos enfiévrés…

La préparation inquiète de deux journées sur la relation d’aide – l’envie de plus en plus affirmée de lâcher le contenu pour laisser la place à l’improvisation, à l’émergence et à la légèreté – défi de funambule, à fortiori dans l’état second dans lequel je me trouve encore.

Un colloque était prévu je crois – j’ai préféré emmener Léo et Elsa visiter les animaleries et mes souvenirs d’enfance Quai de la Mégisserie.

Se précise, le devoir d’accompagner ma grand-mère dans une maison spécialisée dont elle ne reviendra pas – la perspective de l’aider dimanche prochain à faire ses valises – mais que met-on dans sa dernière valise ? Comment transformer l’appartement de toute une vie, les souvenirs de l’autre omniprésent, en deux colis pratiques – chemises de nuit, brosse à dent, serviette de table et de toilette, et .. ?

Un dîner doux au Café Bibliothèque, une qualité de relation et de dialogue rares. A la librairie du même Mk2, deux livres à savourer, le dernier Alice Ferney, et L'art de la Joie, que je croise et recroise sur mon chemin.

Ce soir j’ai trouvé un espace de paix à inventer un nouveau rite – pas l’énergie de lire un ou deux chapitres de quoi que ce soit, aussi ai-je décidé de lire à mes enfants quelques poèmes. Qu’est-ce qu’un poème ? C’est comme une chanson mais sans chanter, dit Elsa.

Au menu, Le Cancre de Prévert – commencer en douceur, avec un texte qui a toute ma tendresse depuis toujours – La Rose et le Réséda, d’Aragon – je leur ai dit, il avait deux amours, Elsa, et une certaine idée de la liberté… Je leur ferai écouter la version mise en musique par La Tordue, ai rappelé à mon Elsa qu’elle portait ce prénom parce que cet amour était à l’origine de poèmes parmi les plus beaux de la langue française. Un poème d’amour de Ramuz, qui les a fait rire aux éclats, l’histoire d’un paysan fou amoureux fou qui parle de son amour secret à ses vaches. Pari gagné, à refaire, et pour moi j’en suis sortie comme momentanément lavée, rafraîchie.