10 mai 2010

Lutinage

Que reproche-t-on souvent aux Lutins et Lutines ? De ne pas aimer vraiment, parce qu'ils sont indépendants, ne se consument pas d'angoisses, réfléchissent avant de rompre, savent passer une soirée avec un(e) amant(e) sans forcément faire l'amour, acceptent que leur compagnon ou compagne aiment d'autres personnes, annulent une soirée intime parce que leur enfant est malade sans que l'amant(e) s'en offusque et sont capables de rester des mois sans voir leurs amours tout en les aimant profondément. D'où de multiples tentatives pour étiqueter leur sentiment : est-ce de l'amitié, du désir, de l'indifférence, de la passion contrariée, de la séduction ? (...)

Les Lutins n'étiquettent pas leurs sentiments, parce que la vie leur a appris qu'une relation évolue par cycles, avec des hauts et des bas, et qu'il est vain de l'enfermer dans une catégorie. On aime parfois son compagnon comme un ami, parfois on le déteste, parfois on retrouve avec lui des élans passionnés... et c'est ainsi avec tous les hommes. Pourquoi les étiqueter, puisque la vie se charge de décoller les étiquettes... sans que l'amour disparaisse. (...)

Ensuite, viennent les ratures, quand se confrontent le rêve et la réalité. Tout comme un manuscrit raturé témoigne d'un travail de création et non d'une détérioration, les "ratures amoureuses" reflètent l'évolution d'un lien et la découverte de l'intimité.


Françoise Simpère, Guide des amours plurielles