10 novembre 2010

Simone

C'est mon deuxième prénom - celui de mes deux grands-mères (avec un "n" de différence). Enfant, je ne l'aimais pas. Adolescente, encore moins : un prénom de vieille ! Aujourd'hui, j'aime beaucoup mon second prénom. C'est qu'il a de belles marraines : les homonymes Weil et Veil, et Simone de Beauvoir, femmes d'amour et de combat, des "sorcières comme les autres", comme le chante Anne Sylvestre.

Mais surtout, j'aime l'idée que ce prénom désigne les petites filles, les jeunes filles et les femmes qu'ont été mes grands-mères. J'aime me rappeler qu'avant d'être une Mémé, une Mammie, une Grand-Mère, une Granny, on est avant tout, et pour tous les autres, une femme. Et, puisque je me plonge en ce moment dans les paroles de femmes (Benoîte Groult, Annie Leclerc), je m'interroge avec tendresse sur ce qu'elles ont vécu en tant que femmes...

Simonne a épousé un homme qu'elle connaissait depuis l'âge de 5 ans, grandi dans la même rue qu'elle. Simone a perdu son père à 13 ans, et la vie n'a plus jamais été la même. Simonne a accouché à 19 ans, seule sur une base militaire, sans autre aide qu'un médecin de l'armée pas vraiment préparé à ce genre d'événement. Simone a rencontré en 1942 un jeune ingénieur bien loin de sa Lorraine natale, et je porte sa bague de fiançailles. Simonne a travaillé toute sa vie et sait tout faire de ses dix doigts. Simone n'a jamais travaillé autrement que comme épouse modèle et faire-valoir de son brillant mari, qui l'a prodigieusement gâtée en retour. Lors du décès de celui-ci, elle s'est retirée du monde réel, dont elle ne reconnaît plus les habitants. Simonne est bien vivante - c'est la grand-mère du post Mémé-même-pas-peur.

Et moi - je suis fière de mon second prénom.