17 août 2012

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 Je t'ai croisé quand je cherchais un homme à pleurer
Comme on ne pleure qu'en rêve
Une douleur lumineuse, la perte d'un possible resté intact
Hors de l'usure du temps et de la réalité du monde
- la perte de celui-là qui était autrefois un homme à venir
De celui qui serait le compagnon d'une vie
Et le père des enfants que je n'avais pas encore ?

Je t'ai croisé quand je cherchais un homme à vouloir
Comme on ne désire qu'en rêve
Ou peut-être au seuil de l'adolescence
Une obsession douce, un délire à bas bruit
Qui soudain prendrait corps et visage
Pour y déposer quelque chose de plus grand que lui-même
Un désir comme une délicieuse douleur
Qui laisserait au ventre une brûlure insatiable
Mais rendrait à une imprévisible virginité

Je t'ai croisé quand je cherchais un homme à guérir
Comme on ne peut guérir qu'en rêve
Parce que c'est toujours la faille en l'autre qui m'appelle
Même et surtout lorsqu'il l'ignore
Et parce qu'il me fallait aussi traverser
Pour me remettre au monde
Accepter de recevoir et de laisser partir
Dans le même mouvement
Ne rien garder que la vie, et remercier

Je t'ai croisé quand je cherchais un homme à aimer
Comme on ne peut aimer qu'en rêve
Celui qui me désarmerait sans un geste
Et me rendrait à la nudité de l'enfance
Enchanteur malgré lui, féroce à son insu
Inconscient pas de deux...
Un homme du passage, qui me tendrait la main
Mais pour mieux disparaître - une étoile filante.