25 avril 2016

Uber Thérapie

Retour de soirée en VTC, le chauffeur me demande quel est mon métier. Commence par me dire qu'il n'aime pas les psys, et puis se confie peu à peu - celle qu'il a vue sur injonction de la Préfecture lui a facturé deux séances de 30 minutes à 120 euros... 23 ans, p'tit gars des cités qui essaie de se construire une vie mais flirte encore avec la délinquance, parce que vivre seul avec son salaire Uber n'est pas suffisant... Étonnamment il se raconte (après avoir... demandé la permission ?! ce que j'accepte volontiers, en lui indiquant que son GPS nous accorde onze minutes :-)) en commençant par sa réticence à se livrer, l'absence de paroles à la maison, le père absent, la mère qui l'a rejeté et fichu dehors à de nombreuses reprises à la demande du beau-père, les petits frères élevés eux par leurs deux parents, son instabilité, sa conscience de rester sur une pente plus que dangereuse s'il continue à fréquenter ses anciens amis. Il a quitté sa copine, qui l'agaçait par son côté enfant gâtée quand lui galère depuis toujours. J'encourage, souligne les ressources, et termine par la question magique "Que feriez-vous si vous étiez certain de ne pas échouer ?". Et je suis touchée par sa réponse immédiate : "je retournerais à l'école". Et d'expliquer qu'il est déjà inscrit dans une formation d'ambulancier, pour septembre prochain. Je ne peux pas m'empêcher d’espérer que cette séance impromptue aura apporté, peut-être, une petite brique dans cette tentative de construction...

Le lendemain, j'ai fait hospitaliser un homme épuisé qui projetait de se jeter dans la Seine le soir même pour échapper enfin à ses persécuteurs invisibles #weirdjobnevertheless