C'est un peu vexant que ce soit dû à l'industrie pharmaceutique, mais je revis. Sommeil OK, bouffées de chaleur disparues, neurones retrouvés, et je n'ai plus l'impression d'avoir 120 ans. Ni de réflexions inquiètes de mes patients - vous avez l'air vraiment fatiguée aujourd'hui ?
Du coup je redeviens curieuse. Vu deux films délicieux, Les enfants des autres, et je me suis reconnue dans ce lien fort et fragile que l'héroïne tisse avec la fille de son nouveau compagnon, cet exercice de funambule qui lui fait dire, mais tout ce qui vous arrive à vous m'arrive un peu à moi aussi ? Et puis Mes rendez-vous avec Léo, un petit bijou d'humour, de subtilité et de délicatesse, sur un sujet qui aurait pu être scabreux s'il n'avait été porté avec autant d'élégance par la délicieuse Emma Thompson - quand je serai grande je veux être Emma et sa façon de pouvoir dire ou faire à peu près n'importe quoi tout en restant classe, et ce personnage de femme mûre qui se découvre, quel bonheur...
Je redeviens aventureuse aussi, emmène mes patients - grâce à leur confiance, merci à eux - dans des voyages hypnotiques qui se révèlent initiatiques, ou dans l'exploration de ressentis d'avant leur venue au monde, dont ils - elles en l'occurrence - reviennent étrangement apaisées...
Et plus libre que jamais avec les étudiants - n'ayant pas de responsabilité "thérapeutique" dans ce cadre, je deviens je crois soignante précisément de par la liberté que cela me donne - la possibilité de l'humour, de la complicité dans les références culturelles partagées ou suggérées, du dévoilement mesuré ou sous-entendu, du conseil ou tout au moins de l'indication parfois. Non que j'en sache forcément davantage, mais je suis sans doute un petit peu plus loin sur la route.
Comme cette étudiante en philo avec qui évoquer Dufourmantelle et son éloge du risque, les expériences spontanées de conscience élargie, la nécessité de s'ancrer dans le corps et dans le souffle pour ne pas trop partir dans une pensée désincarnée... Et puis il y a ceux qui reviennent de tellement loin et qui vont bien ou presque bien aujourd'hui, et qui sont un vibrant hommage à l'espoir et peut-être aussi au sens de ce travail - Maxime, Elsa, Lunia...
Comme cette étudiante en philo avec qui évoquer Dufourmantelle et son éloge du risque, les expériences spontanées de conscience élargie, la nécessité de s'ancrer dans le corps et dans le souffle pour ne pas trop partir dans une pensée désincarnée... Et puis il y a ceux qui reviennent de tellement loin et qui vont bien ou presque bien aujourd'hui, et qui sont un vibrant hommage à l'espoir et peut-être aussi au sens de ce travail - Maxime, Elsa, Lunia...
Ce qui pousse aussi, dans son double sens de l'élan et de la croissance végétale, c'est quelque chose de l'appel de la dimension spirituelle - je me suis remise à lire Christiane Singer, me suis amusée de me voir écouter des podcasts cathos, ou essayer de formuler maladroitement quelque chose du "là où j'en suis", quelques convictions encore timides. Tout en constatant à quel point cet appel a en fait toujours été là, dans les émerveillements de l'enfance, dans les lectures de l'adolescence, dans les expériences de l'adulte... ce monde invisible, cousu dans la doublure du quotidien, ce toucher de la Présence dont parle Singer justement.
Et puis il y a à nouveau de l'énergie et de la disponibilité pour accueillir les gens que j'aime, échanger avec mes enfants, avec Maman, emmener les jumeaux au musée, passer du temps avec Céline, avec Stéphane, avec Cécile, avec Dominique, avec Michaële... et avec moi-même aussi - ce week-end je l'ai passé en compagnie de mon chat, avec de quoi écrire, de quoi lire et du thé - ce dimanche, non pas "grasse matinée" mais carrément "grasse journée" (crédit @Soledad) !