Ça faisait un moment que ça me trottait dans la tête, ça s'est amplifié avec la visite de Christiania à Copenhague : une envie de collectif, de partage, de chaleur humaine, de créer des liens. Après le lointain, le proche : j'ai donc invité tous mes voisins d'immeuble à un apéro participatif. Bilan de l'opération : sur 28 appartements, 14 réponses, 9 familles présentes et 5 autres qui ont manifesté leur envie de venir une prochaine fois car pas disponibles a cette date. Une mailing-list, et l'envie de faire ensemble, en effet. De la récup' intelligente, du troc de services, un pique-nique annuel... D'ores et déjà, les bonjours sont plus chaleureux ; reste à impulser l'énergie pour ne pas s'arrêter en si bon chemin (et convaincre les autres ?!)
To care : j'aime ce mot, qui dit à la fois la précaution, l'attention, la responsabilité, le souci, l'importance, le soin. Care box : un néologisme pour quelque chose comme, boîte à attention (littéralement en anglais imaginaire, trousse de secours).
12 septembre 2014
06 septembre 2014
Sweet Maggie
Parce que les amis de nos amis sont nos amis, et parce que ce n'est pas tous les jours qu'une Américaine de Denver fait escale à Paris avant d'aller marcher sur Saint-Jacques, nous avons accueilli Maggie, une amie de Halo. Chouette idée, que celle de la connexion entre les gens que nous aimons, et belle rencontre à nouveau, d'une femme ouverte, généreuse et sensible, avec qui nous partagions le goût des bonnes choses (nous avons bien profité des résultats de son cours sur les petits fours salés au Cordon Bleu), des comédies musicales et du bon vin favorable aux confidences (entre autres talents non typiquement américains, Maggie connaît et apprécie les vins). Adoptée - un membre de plus dans notre internationale famille de coeur - pour son courage (une autre résiliente, plus habituée à prendre soin des autres qu'à ce qu'on prenne soin d'elle), son indépendance et sa sincérité - elle qui n'a pas peur de dire qu'elle est partie sur le Chemin entre autres pour apprendre à demander, à accepter un peu d'interdépendance.
02 septembre 2014
Etapes
Je ne sais pas si nous avions complètement réalisé que cette rentrée serait probablement la dernière... pour nous en tant que parents. A partir de la 5ème, il n'y aura plus de réunion de rentrée, mais des enfants pressés de retrouver leurs copains, pas qu'on les prenne par la main. Et je ne parle pas du Léo qui entre au lycée - plus de parents, plus de photo. Un long échange paisible avec David ensuite - s'organiser, leur déménagement, les trajets, les activités para-scolaires, les achats, les vacances. Et à ce jour, ce constat étonné : je vais bien. Quelque chose s'est produit cet été, un basculement imperceptible, aussi involontaire que silencieux : je vais bien avec ces enfants qui grandissent, avec la perspective du jugement de divorce, avec le déménagement de leur père, avec le lien de tranquille intelligence du coeur qui semble s'affirmer de plus en plus entre nous.
01 septembre 2014
31 août 2014
Mon pays (est) Paris
Paris au mois d'août : un autre rythme, peu de voitures, aucune file d'attente, et un état de semi-vacances - patients en congé, cité endormie. Le temps de flâner avec Victor, parisien pour trois semaines, à Montmartre ou aux Buttes-Chaumont, de visiter enfin le Musée de la Vie Romantique, de voir l'expo Tatoueurs, Tatoués au Quai Branly, de savourer le grinçant "How to become a Parisian in one hour".
De rêver devant le travail d'Oscar Munoz sur le temps et la disparition - je suis sortie du Jeu de Paume dans un état de légère absence devant tant de poésie et de créativité - la goutte d'eau qui tombe, le dessin qui s'évapore, la buée dans le miroir, l'image qui fuit, dans tous les sens du terme...
De prendre l'Orient-Express avec Ronan - autre temps, autre voyage, dans un monde feutré et luxueux, de découvrir, au milieu de la navrante production cinématographique estivale, quelques pépites : Maestro, un choc des cultures qui devient récit d'apprentissage, malicieux, subtil et littéraire ; Party Girl, portrait d'une insoumise et flamboyante sexagénaire (être ou ne pas être... dé-rangée, ou dérangeante ?) ; Boyhood, chronique du temps qui passe aux thèmes universels : le passage de l'enfance à l'adolescence, puis à l'âge adulte, les premières fois et les premiers chagrins, les choix aléatoires des adultes, l'insouciance et l'incertitude, "la vie quoi, le bordel !" comme dirait maître Higelin...
De suivre les chemins des uns et des autres - Charles sur son Inuit, un arc-en-ciel sur les chutes Victoria envoyé par Laurent, le sourire de la petite Neela là-bas au Mexique, ma plus-si-petite soeur à Ibiza, Grand-Mère globe-trotter - en Inde, en Croatie, à Barcelone ou en croisère sur la Seine, Yves qui s'achète le voilier de ses rêves, Max qui envoie un p'tit signe de Central Park - autant d'humains curieux, vivants, inspirants. (Et merci FB, WhatsApp et Skype, pour rendre le si lointain si proche).
De suivre les chemins des uns et des autres - Charles sur son Inuit, un arc-en-ciel sur les chutes Victoria envoyé par Laurent, le sourire de la petite Neela là-bas au Mexique, ma plus-si-petite soeur à Ibiza, Grand-Mère globe-trotter - en Inde, en Croatie, à Barcelone ou en croisère sur la Seine, Yves qui s'achète le voilier de ses rêves, Max qui envoie un p'tit signe de Central Park - autant d'humains curieux, vivants, inspirants. (Et merci FB, WhatsApp et Skype, pour rendre le si lointain si proche).
15 août 2014
Inspirations
J'ai toujours eu un faible pour les histoires de transformation, de rédemption, de libération. Pour les rêveurs audacieux, les survivants, les bâtisseurs. Senti un appel vers le possible, plutôt que vers le connu. A travers les livres, les films, et puis de plus en plus dans des rencontres - c'est à dire, de plus en plus dans la vie : Maya, émigrée des pays de l'Est vers Londres, avocate spécialisée dans les droits de l'homme, aujourd'hui thérapeute ; Jill, ma "grand-mère canadienne", qui a vécu 20 ans avec son mari sur le bateau qu'ils avaient construit eux-mêmes, puis a décidé, à la mort de celui-ci, que la vie n'était pas finie et s'est lancée dans un nouveau projet autour de l'huile d'olive bio ; Halo parti en solo autour du monde avec ses deux enfants ; Theresa plaquant sa folle vie de cadre new-yorkaise pour voyager puis réaliser son rêve de se former à la gastronomie française, avant de se donner les moyens de trouver l'homme puis le job qu'elle souhaitait ; Charles, qui s'est offert un voilier exceptionnel à près de 70 ans (et qui navigue vraiment !) ; Julien, qui a démissioné de son poste de professeur fonctionnaire pour créer un centre de yoga et de thérapie en Colombie ; Søren et Charlie bâtissant leurs propres maisons, l'un en Suède et l'autre en Arizona...
(NB à méditer : tous sont ou ont été engagés dans des associations diverses ; et j'ai réalisé qu'en français, nous n'avions PAS de mot qui recoupe exactement cette notion de community, pas plus que l'équivalent des mentors ou role-models. Qu'attendons-nous ?)
Une part de moi... continue de croire que ce n'est pas pour moi. "Je n'ose pas... autant que je voudrais ; dans mes moments d'optimisme, je me dis : je n'ose pas encore". Une phrase de Françoise Mallet-Joris recopiée en... 1994 ? Pourtant ce n'est plus vrai... j'ose de plus en plus, et la vague enfle, me donne un peu le vertige parfois - quelles conséquences sur ma vie personnelle, relationnelle, professionnelle ? jusqu'où est-ce que ça peut m'emmener, pour peu que j'accepte de me laisser inspirer ? Déjà bien plus loin que ce que j'aurais imaginé il y a quelques années, il suffit de relire ce blog. L'autonomie, la liberté, la maison grande ouverte, les échanges, les rencontres, un rapport à l'argent différent, le bateau, les voyages...
Les informations convergent, éclairent la route, et me flanquent la frousse. Mon expérience jamaïcaine m'a donné l'envie d'améliorer mon anglais, le journal de Junior m'a donné l'idée d'utiliser les TED Talks dans cette optique - un talk différent chaque jour sans sous-titres, ou avec sous-titres anglais une deuxième fois pour le vocabulaire - mais le contenu (même quand j'utilise le choix aléatoire !) lui aussi vient encore renforcer le message, enfoncer le clou : The power of vulnerability, The danger of silence, Before I die I want to, Why people need poetry, Everyday leadership...
Tiens, le dernier le voici en cadeau - une inspiration à partager :
06 août 2014
Nadia 2
Nadia, c'est ma coloc', mon numéro gagnant. Au départ, l'envie de mettre un peu de beurre dans les épinards, proposer une chambre quelques jours par mois à une Conseillère Conjugale et Familiale venant en formation sur Paris. Une bonne idée d'Eric : héberger des gens avec lesquels j'ai par définition des affinités, sur un moyen terme (4 jours par mois sur dix-huit mois). Un pari qui aurait pu s'avérer risqué, si Nadia n'était pas devenue une amie de la famille, avec qui partager la cuisine, les confidences et les sorties, arrivant toujours les mains pleines de bonnes choses à partager : confitures du jardin, pâtisseries arabes, foie gras maison. Aussi c'est tout naturellement que je l'ai accueillie cet été avec ses enfants, non plus en hôte payant mais en CouchSurfeuse d'honneur ! Son dernier séminaire aura lieu en septembre, elle va nous manquer...
31 juillet 2014
Jamaïca
La première chose dont je me souvienne, c’est de mon arrivée – toutes les dernières fois où j’ai pris le train ou l’avion, j’ai eu chaque fois un petit pincement au cœur en arrivant seule… Ici, c’était bon de me sentir attendue – et attendue les bras ouverts, encore meilleur. Non, d’ailleurs, la première chose dont je me souvienne, c’est de ma petite danse-de-la-joie dans l’aéroport, avant même de rejoindre Halo… Catapultée directement dans un décor de rêve, eaux turquoise, sable blanc, concert sur la plage, j’ai passé les deux premiers jours à me demander si je rêvais – une sensation nettement accrue par les sept heures de décalage horaire !
Puis nous avons rallié la maison de Halo, rejoints par d’autres amies qui se sont révélées être une belle rencontre aussi, Sylvia et sa maman, Mercedes.
Par où commencer ? Il y a tellement à dire… l’album photo montre la beauté de la nature, renversante, les moments d’exception – nager avec les dauphins, faire du cheval sur la plage, crapahuter sous des chutes d’eau somptueuses, mais ne rend pas compte des émotions, des rencontres, des pensées, des questions, de la joie liée à cette sensation d’alignement : une décision juste, une cohérence (Live life now : it’s all we have), un lieu magnifique, un lien profond, et la sensation d’être au-delà de mes rêves…
Ce que les photos ne montrent pas :
- Les rencontres humaines : la bonne humeur et la générosité de Sylvia et Mercedes (malgré deux soucis de voiture et un sérieux lumbago), le sourire et les talents de cuisinière de Keilah, la confiance de Junior qui a bien voulu me laisser lire son journal de voyage et avec qui j’ai passé une délicieuse journée à Dolphins Cove… Halo, bien sûr. Les liens qui se tissent et demeurent (Facebook, finalement, je m'y fais), s’additionnent (je recevrai peut-être une amie de Halo en septembre). Connecting people…
- La façon dont Halo prend soin, cette logique du « care » dans laquelle je me reconnais aussi. Ici, des autres, de la maison, de la famille élargie, de la voiture, de la route, du bien-être de tous – sans le dire, mais en veillant, quelles que soient ses propres préoccupations. Sa liberté de pensée et d’action, son exigence, qui me sont si familières aussi :
« - Most of people don’t think that way.
– Most of people don’t have the life they want”.
- Ma frustration intense par rapport à la langue ! Parler à deux, lentement, dans un environnement calme est une chose. Etre confrontée à un environnement exclusivement anglophone, aux petites phrases à demi-avalées du quotidien, aux situations de groupes, aux accents en est une autre. Pour moi qui ai tant besoin des mots, ne pas pouvoir jouer dans cet espace, utiliser les nuances, l’humour, le sous-entendu, c’était vraiment dur : comme être réduite à l’état d’enfant, et d’un enfant maladroit…
- L’état d’hypersensibilité engendré par la succession de moments parfaits, de lieux magnifiques. Je demande souvent à mes enfants de me dire, à la fin des vacances, quel a été leur moment préféré ; mais ici, j’aurais du mal à choisir.
Mon top 3 : nager avec les dauphins, c’était mon grand rêve, une expérience inoubliable qui m’a émue aux larmes ; mais toute la journée à Dolphins Cove a été un enchantement : nager avec les raies (j’en ai tenu une dans mes mains !), laisser les perroquets se percher sur mon épaule, faire un tour en hors-bord le long de la côte, passer des heures dans l’eau avec Junior dans le grand bassin réservé aux poissons exotiques…
Monter à cheval le long de la plage, s’arrêter là où les chutes d’eau douce rejoignent la mer, plonger sous l’écume, patauger dans l’eau tiède et salée pour mieux revenir dans la fraîcheur… terminer la balade par un galop effréné.
Finir la nuit dans un hamac sous les étoiles, jusqu’au lever du jour…
Mon top 3 : nager avec les dauphins, c’était mon grand rêve, une expérience inoubliable qui m’a émue aux larmes ; mais toute la journée à Dolphins Cove a été un enchantement : nager avec les raies (j’en ai tenu une dans mes mains !), laisser les perroquets se percher sur mon épaule, faire un tour en hors-bord le long de la côte, passer des heures dans l’eau avec Junior dans le grand bassin réservé aux poissons exotiques…
Monter à cheval le long de la plage, s’arrêter là où les chutes d’eau douce rejoignent la mer, plonger sous l’écume, patauger dans l’eau tiède et salée pour mieux revenir dans la fraîcheur… terminer la balade par un galop effréné.
Finir la nuit dans un hamac sous les étoiles, jusqu’au lever du jour…
- Les goûts et les parfums : grande variété de mangues, curry de chèvre (on m’aurait dit que c’était de l’agneau, je n’aurais pas vu la différence), ackee (fruit national, qui ressemble à des œufs brouillés qui auraient la consistance du tofu), jerk chicken… et des choses plus familières, peanut butter, bacon and eggs, corn syrup. Quand au corned-beef… j’peux toujours pas :-).
- Cette émotion-là : le don appelle le don, je le sais ; mais si le savoir est une chose, pouvoir le vivre de cette façon-là m’a plus d’une fois laissée incrédule, comme un cadeau démesuré, un « pincez-moi je rêve » ? Par quel miracle une maman solo parisienne aux revenus pour le moins précaires peut-elle avoir accès à des vacances comme celles que j’ai vécues cette année ? Cf : Thinking small. En tirer les conclusions qui s’imposent.
- Les contrastes : au-delà des paysages magnifiques, il y a d’un côté de luxueux « Resorts » avec leurs parcours de golf, courts de tennis, piscines à débordement, de l’autre des baraques de parpaings avec des toits de tôle (le salaire moyen est de 430 dollars US/mois…). J’ai trouvé l’histoire de ce pays, fraîchement indépendant (1962 !) passionnante… et je n’écouterai plus jamais Bob Marley de la même façon.
- Le rapport au temps : « We’re in Jamaïca. We make no plans ». Ce qui ne nous a pas empêchés de faire tout ce dont j'avais pu rêver avant de partir. Mais aussi de paresser pendant les heures de grosse chaleur, bouquiner (les guides pour l’envers du décor, l’histoire du pays, le bouquin d’Obama Les rêves de mon père, réflexion bienvenue sur le multiculturel : la devise de la Jamaïque est Out of many, one people), papoter, somnoler… Regarder la télé américaine… (mais pour moi c’est comme le corned-beef : plus ou moins indigeste !)
- Ma conviction grandissante : je ne l’ai pas beaucoup fait de toute façon, mais je n’ai plus la moindre envie de faire des voyages organisés. Rencontrer des gens de là-bas, entrer dans les maisons, faire des courses, jouer aux dominos avec les voisins, quelle chance !
- Une autre conviction désormais acquise : l’argent ne doit pas être au service de « posséder plus », mais de «vivre plus fort / partager davantage ».
- Ma gratitude : mais comment photographier la gratitude ? La jubilation ? L’émotion ? Quoi que, si on regarde les portraits faits par Halo…
- La conscience de ceci : si je ne m’étais pas séparée de David, je n’aurais jamais vécu tout ça. Cet été exceptionnel. Cette liberté. Cette rencontre. Cette sensation de vie, intense, irrésistible, contre laquelle mon besoin de sécurité ne peut rien : c'est la même force que ces magnifiques chutes d'eau, ou le galop du cheval : un élan qui emporte, une joie sauvage. Et je crains que cet appel n’ait fait que croître chez moi ces dernières années…
25 juillet 2014
Thinking small
Thinking small, Halo, isn't easy or hard. It's just a habit. A habit with consequences. Same for thinking big.
Il s'en est suivi une intéressante discussion sur la question de la demande - ici, d'un prêt bancaire, mais je vois mille façons de la décliner. comme un écho de l'échange avec la classe d'Elsa sur nos dreamkillers... Qu'est-ce qui pourrait arriver de pire ? Que la banque dise non (so what ?). Qu'est-ce qui pourrait arriver de mieux ? Qu'elle dise oui, ou indique les conditions auxquelles elle dirait oui. Certes. Ok, ok, j'vais prendre rendez-vous.
24 juillet 2014
The Five Love Languages
Intéressant. Quelles sont mes façons préférentielles de donner ? De recevoir ?
Est-ce qu'elles changent avec le contexte, ou en fonction de l'interlocuteur ?
Est-ce qu'elles changent avec le contexte, ou en fonction de l'interlocuteur ?
23 juillet 2014
Memories for a life time
Au commencement, il y a eu une rencontre comme on en fait peu, celle de Halo et ses enfants, et le message qu'ils sont venus apporter : If your dreams don't scare you, they're not big enough. Et l'envie de se revoir, et une invitation pour la Jamaïque, à mi-chemin, en ce qui me concerne, entre le fantasme et la plaisanterie. Je me souviens des images idylliques d'Ocho Rios sur le web, et de ma déception au vu du prix des billets. J'ai abandonné l'idée à priori, mais quand même mis des alertes sur le prix des vols. Les prix n'ont guère varié, mais chaque semaine ou presque, j'avais une piqûre de rappel : le billet pour Montego Bay est à ...
J'ai continué à dialoguer avec Halo, suivant leur périple autour du monde. Envisagé des stratégies alternatives, comme de se retrouver ailleurs (mais à mi-chemin de l'Atlantique, il n'y a... rien !). Puis j'ai vu germer l'idée de partir seule. Avec le défi corollaire : m'autoriser certes ce cadeau à moi-même, mais à condition de trouver les moyens de proposer quand même aux enfants une expérience enrichissante et originale pour nos vacances ensemble. Je devais être motivée... j'ai conclu l'échange avec le Danemark en février.
Activement soutenue par Halo, j'ai pris mon billet début avril, en retenant mon souffle... Mail du 7 avril : All of this seems to be perfectly unreasonable for a few good reasons - and at the same time totally makes sense. Sounded like "It's now or never and you know it". And like "If you don't make crazy decisions when you're in a transition period, totally free, young and healthy, then when ?". I love the idea of connecting again to the crazy part of me (I can feel it from time to time... but not as often as I would like).
Et le 23 juillet à 10h, je m'envolais pour Montego Bay... (à suivre)
Activement soutenue par Halo, j'ai pris mon billet début avril, en retenant mon souffle... Mail du 7 avril : All of this seems to be perfectly unreasonable for a few good reasons - and at the same time totally makes sense. Sounded like "It's now or never and you know it". And like "If you don't make crazy decisions when you're in a transition period, totally free, young and healthy, then when ?". I love the idea of connecting again to the crazy part of me (I can feel it from time to time... but not as often as I would like).
Et le 23 juillet à 10h, je m'envolais pour Montego Bay... (à suivre)
14 juillet 2014
La maison du lac
C'est une belle histoire : celle d'une peur dépassée. Je n'aime pas conduire, c'est limite phobique, chez moi. Conduire seule les enfants, dans un pays dont je ne maîtrise pas la langue, pour rejoindre une maison isolée dans les bois et y vivre tous les trois quelques jours était un vrai challenge pour moi. Mais à la clé, il y avait ce fantasme scandinave, une petite maison de bois rouge au bord d'un lac au milieu des forêts... la maison d'été de nos échangeurs de Copenhague.
Résultat des courses - comme souvent peut-être ? ce fut je crois la meilleure partie de notre voyage... d'abord accueillis par nos hôtes, aussi charmants que leur préparation de l'appartement de Copenhague le laissait imaginer, et puis ce sentiment de liberté dans une nature somptueuse, le lac au pied de la maison, les lumières et les reflets changeants tout au long de la journée...
De la maison du lac, je n'ai que de beaux souvenirs : les baignades à toute heure dans des eaux sombres et fraiches mais tout à fait praticables, le sauna flottant (so swedish !), le barbecue fièrement préparé toute seule (on a les défis qu'on peut ;-)!), les longues heures à bouquiner au soleil, les jeux, une grande discussion avec Elsa un matin... et un lever de soleil inoubliable : la brume dans la fraîcheur de l'aube, le silence absolu, les oies sauvages glissant sur le lac, les premiers rayons qui frappent la surface des eaux... j'étais émue aux larmes, je garderai longtemps je pense ce sentiment d'un moment de communion silencieuse avec la beauté du monde.
08 juillet 2014
Copenhague
Il m'arrive de me demander, quand le travail ou la solitude pèsent trop lourd, si tous ces efforts ont un sens. Mais quand je vois les moments que nous avons passés cet été, alors tout s'éclaire : cette énergie, si elle à sert à bâtir et à partager des temps comme ceux-là, alors OUI, le jeu en vaut la peine.
Ma première étape avec les zouzous - et nous avons eu le plaisir de voir Ronan nous rejoindre quelques jours, a été Copenhague. Grâce à l'échange de maisons, nous avons bénéficié d'un appartement charmant dans un quartier très bobo-chic de la ville, où nous nous sommes sentis vraiment accueillis, plus que dans n'importe lequel de nos précédents échanges - fleurs sur la table, petit cadeau, petits mots d'explications ou d'invitation dans la maison (plus ça va et plus j'aime cette locution anglaise, "Please feel free to..." - ici, please feel free to feel just like you're at home !)
Grâce à la Copenhagen Card, nous avons sillonné la ville et ses musées, baguenaudé dans les rues aux maisons colorées et fleuries. Copenhague est une jolie ville, mais plus qu'un lieu en particulier, j'en retiens l'atmosphère, le sentiment d'une qualité de vie, d'une gentillesse, d'un souci écologique et social perceptibles partout. Un tiers de la population se déplace à vélo ; les eaux du port sont si propres que l'on peut s'y baigner, dans des piscines gratuites et esthétiques à la fois ; les voisins partagent des cours intérieures où l'on peut manger dehors ensemble, avec des jeux pour les enfants et des tables de ping-pong...
Tous ces aspects communautaires, écologiques, créatifs se condensent dans l'ahurissante ville libre de Christiania, que nous avons eu la chance de visiter grâce à une adorable CouchSurfeuse locale, Asa. J'étais enchantée de voir les enfants lire tous les deux le livre d'interviews de ses habitants commandé avant notre départ, et s'intéresser vraiment à cette utopie - peut-être parce que finalement, elle est assez proche de ce que nous leurs transmettons : l'importance du collectif, la mise en commun des biens, le soutien des initiatives individuelles, le respect de l'environnement, ce sont des notions qui leur sont familières.
Bien sûr, nous avons visité aussi les musées (Louisiana, splendide), le nouvel aquarium, les lieux emblématiques (Nyhavn, la Petite Sirène) et passé une soirée animée dans le parc d'attractions de Tivoli. Mais de cette étape, je retiens surtout ce sentiment d'une qualité de vie, et des rencontres : Asa, Maria (la mère d'une autre famille CS, qui nous accueillis le temps d'une balade à la plage et du partage de pizzas géantes dans son jardin), Bodil (une voisine de cour francophone, ce qui est exceptionnel là-bas !).

23 juin 2014
L'école est finie
Elle est un peu floue, peut-être comme un voile ému dans le regard... Terminé, l'école, les spectacles de fin d'année et les colliers de nouilles. Terminé en beauté, avec une classe découverte en pleine nature, auprès des chevaux, qui a soudé le groupe-classe comme jamais ; terminé avec un atelier théâtre, une comédie musicale aux couleurs de la tolérance et de la solidarité ; terminé cette école qui aura bien accompagné nos enfants, une petite école de quartier à l'architecture exceptionnelle - espaces ouverts et colorés, circulation libre, classes métissées mais harmonieuses, enseignants porteurs de projets culturels enrichissants. J'avais eu un p'tit coup au coeur quand Elsa avait quitté la maternelle, j'ai eu le même hier : à la rentrée, Elsa sera en sixième, Léo au lycée, nos enfants ont grandi.
13 juin 2014
07 juin 2014
Lost in translation... again
Suis complètement tombée sous le charme de cet OVNI - c'est le cas de le dire - qui parle si bien de ces périodes de rupture, de flottement, mais qui est aussi une invitation à regarder le monde (beaucoup d'images quotidiennes et magnifiées, de "lumières de la ville" dans ces zones étranges que sont les transports en communs et les aéroports), à accepter le merveilleux, pas seulement dans l'imaginaire (la transformation) mais aussi dans la tendresse humaine (la poignée de main finale) ou la création (le dessinateur japonais). Un film comme un poème plutôt que comme une histoire, un poème troublant - cette position de l'observateur, cette envie de rompre avec ce qui contraint, ces images de la ville attrapées comme au vol me sont tellement familières...
05 juin 2014
Patiences
Il y avait longtemps que je ne m'étais pas trouvée dans cette situation, à la fois bouleversante et exigeante, d'être en position de recevoir une histoire d'abus qui se dit pour la première fois, d'être témoin de ce courage et de ce pas vers une liberté à conquérir, la sortie d'un système totalitaire, de dix années sous terreur. Et il ne m'est jamais arrivé je crois lors d'un premier entretien d'observer une telle finesse, une telle acuité dans la parole - analyse des mécanismes de l'emprise, douleur de ce qui est perdu sans retour - l'enfance, l'innocence, les premières expériences amoureuses, cette capacité à nommer le tragique - l'apprentissage de la dissimulation, la grossesse avortée, la menace toujours agissante à ce jour et simultanément sa décision de vie : c'est fini, aujourd'hui je choisis ma vie.
Dans la même journée il y a eu aussi cette femme aux côtés de laquelle je me suis battue des mois durant, pour faire émerger une parole, un sens du gouffre au bord de laquelle elle se tenait et vers lequel je me suis plus d'une fois sentie aspirée, et qui a pu dire, "je vais bien".
Et cette autre qui m'épuise tant sa douleur est agitée, bruyante, quelle que soit la teneur de l'entretien je la perçois comme une note aiguë, discordante, blessure à vif qui s'est subitement apaisée à la suite d'un rêve où il était enfin question que cette souffrance soit vue, reconnue, nommée pour ce qu'elle est, une plaie béante et honteuse à la fois, une enveloppe déchirée, enfin rendue dicible, partageable. Depuis émerge une incroyable histoire de famille marquée par l'exil, la folie et la mort, qu'elle peut à la fois reconnaître et mettre à distance, dont elle peut progressivement se différencier.
Et cet homme confronté à la menace de récidive de son cancer, l'enveloppe de résultats qu'il vient d'ouvrir à la main - reparti apaisé - momentanément bien sûr, que faire, que dire face à la perspective de l'attente, de nouveaux examens, et peut-être, d'une nouvelle chimiothérapie - avec quel horizon ? Rien à dire, rien à faire, que d'être là...
S'il arrive que la parole de mes patients tombe parfois sur une blessure à vif, une zone fragile pour moi, il arrive également qu'ils soient une source d'émotion, voire d'inspiration. Parmi ceux-là, une flopée d'artistes - chanteuse, écrivain, peintre, photographe, costumière - d'artistes du quotidien aussi, comme cette brillante jeune femme handicapée par un problème neurologique à la naissance, douloureuse la plupart du temps, mais qui force l'admiration par sa joie de vivre, son courage, ou ce gay vieillissant, survivant étonné des premières années SIDA, qui vient se poser la question d'un avenir qu'il a toujours défié, mais qu'il ne s'était pas préparé à vivre...
S'il arrive que la parole de mes patients tombe parfois sur une blessure à vif, une zone fragile pour moi, il arrive également qu'ils soient une source d'émotion, voire d'inspiration. Parmi ceux-là, une flopée d'artistes - chanteuse, écrivain, peintre, photographe, costumière - d'artistes du quotidien aussi, comme cette brillante jeune femme handicapée par un problème neurologique à la naissance, douloureuse la plupart du temps, mais qui force l'admiration par sa joie de vivre, son courage, ou ce gay vieillissant, survivant étonné des premières années SIDA, qui vient se poser la question d'un avenir qu'il a toujours défié, mais qu'il ne s'était pas préparé à vivre...
03 juin 2014
Mots
...j'aurais dit à David, il y a quelques temps, que les séparations étaient faites de tout ce qui n'avait pas pu se dire en temps et en heure (je serais plus sage que je ne le pense ? ;-)). En écho à cela, j'ai entendu cette semaine que la colère qui demeure n'était rien d'autre que de l'amour qui ne trouvait plus à se donner, ce que je trouve être une très juste et sensible approche de la colère... et j'ai envie d'y ajouter une autre phrase, reçue par mail celle-ci : Et n'oublie pas que le plus grand des mantras est OUI.
01 juin 2014
Cycles
Il y a 28 ans, ma maman aussi m'avait offert un bijou, pour célébrer la même occasion : bienvenue dans le monde des femmes. Cette petite fée qui prend son envol - quel meilleur souhait formuler pour notre petite fille qui devient grande ? Si grande qu'elle a pu dire, j'essaie d'imaginer ce que c'est, d'être une maman qui reçoit cette nouvelle... La version de Léo a été, comme à son accoutumée, plus incisive : Bon ben si elle ne veut pas qu'on fête ses premières règles, on n'a qu'à fêter le fait que tu peux devenir grand-mère...
31 mai 2014
Île de Beauté(s)
Lorsque j’ai commencé à apprendre la voile, je venais juste de me séparer – et mon objectif était, d’être à la barre de mon propre bateau. Après deux années et demi à tenir la barre plus ou moins seule, je constate que, dans la vie comme en navigation, être une équipière polyvalente est peut-être une perspective plus douce ! Etre en mer, cette semaine plus particulièrement, aura été reposant : laisser glisser de mes épaules mes identités de femme en cours de divorce, de mère, de psy, pour juste me laisser porter par l’eau qui berce, le groupe qui entoure, le stage qui rythme, quelle chance (chance négociée tout de même : dégager le temps, l’argent, donc faire des choix)...
De stage en stage, il est de plus en plus question de retrouvailles – un rendez-vous amoureux deux fois l'an.
Retrouver la jubilation d’être à la barre au près – mon grand moment préféré, ici avec la cerise sur le gâteau : retour vers Bonif’ avec Alex Hepburn dans les voiles, Shut your mouth Miss Misery, I’ll shoot you down just you wait and see…
Retrouver l’ambiance des ports, les levers et couchers de soleil sur l’horizon, les petits bruits du bateau, les apéros prolongés, et quelques frustrations : je n’ai toujours pas intégré la chronologie de la prise de ris, la préparation des manœuvres de port (ou du mouillage) sonne à mes oreilles comme une langue étrangère - et rebutante, et… il m’arrive encore de me battre avec les nœuds de taquet (je sais, c’est mal). A côté de ça, j’ai dépassé ma trouille du point en mer et de la règle Cras, je crois que je saurais changer une voile d’avant toute seule, et j’ai commencé à apprivoiser la marche arrière au moteur.
Retrouver Yves comme chef de bord (il y faudrait un billet entier – sensibilité, humanité, générosité, pédagogie blanche, sentiment de sécurité), découvrir ses amis (dont un amiral au grand cœur), croiser la route de Max, recevoir un message de Charles à bord de son Inuit…
Retrouver tous les plaisirs de la convivialité : se régaler de fromages et de charcuterie corses, déguster une petite caïpirinha maison au mouillage (une compétence indispensable à bord, merci Thierry). Et rire. Chaque jour. Ce qui n’a pas de prix.
Retrouver la Corse, à l’origine de mon rêve de voile - Mai fut plus frisquet que prévu, mais la réputation des Bouches de Bonifacio est méritée : du soleil, du vent, peu de houle – conditions optimales, et paysages paradisiaques.
Et, plus fort encore, retrouver l’imprévu : un dialogue franco-germano-italien à coups de chansons au mouillage (je n’entendrais plus jamais Bella Ciao de la même façon), la vue à couper le souffle en haut du fort de Bonifacio, le petit port plein de charme de la Maddalena, une page d’histoire sur la fondation de Carthage dans une pizzeria sarde, la baignade dans une eau turquoise à la Cala Brigantina (et l’arc-en-ciel entraperçu au lever du soleil, comme un cadeau supplémentaire).
18 mai 2014
Week-end of love
De retour de Montlevon, une certaine idée du bonheur : la Zaza endormie au milieu de ses ballons d'anniversaire - après une belle journée ensoleillée et paisible avec ses parents, grands-parents, et même arrière-grand-mère et le grand Seb. Une journée ordinaire (champagne, barbecue) et extra-ordinaire à la fois, eu égard au contexte - une journée de l'intelligence du coeur.
...et le lendemain, une autre journée parfaite, un bonheur dont je ne me lasse pas, cette famille de coeur - même s'il faut bien avouer que tous ces enfants qui grandissent, ça ne nous rajeunit pas ! En même temps, c'est fantastique, les amitiés qui ne se démentent pas, la tendresse qui circule, et les voir émerger doucement de l'enfance...
16 mai 2014
Rêveurs
Grâce à l'anniversaire d'Elsa au Manga Café, j'ai découvert cette histoire triste et douce, délicate comme une fleur en papier, un idéogramme au pinceau. Le titre original est Hoshi Mamoru Inu, qui désigne les personnes recherchant toujours à obtenir ce qu'il impossible de posséder, à l'image d'un chien regardant fixement les étoiles et ayant l'air de vouloir les attraper.
14 mai 2014
11 mai 2014
Wonderwoman pète un câble
Je ne sais pas pourquoi. Ni pourquoi maintenant. Mais je sens que c’est trop – physiquement. Sommeil en miettes. Maux de tête quand je travaille, qui rendent mon écoute laborieuse. Nausée. Vertiges – me suis évanouie pour la première fois de ma vie au hammam, pourtant censé me détendre.
Je suis fatiguée d’être un héros. Toutes proportions gardées évidemment : je n’oublie pas que je suis une privilégiée parmi les privilégiés, à de multiples titres. Que je n’ai PAS de problème majeur – santé, travail, amitiés… Fatiguée de penser à tout, tout le temps, toute seule.
A l’utile – l’intendance quotidienne, les démarches – les impôts, le vétérinaire, le divorce, les factures, l’inscription de Léo au lycée, l’argent à économiser, la retraite incertaine, le sentiment de précarité.
A l’agréable – la fête d’anniversaire d’Elsa, les petits cadeaux pour les proches, le coup de fil à la grand-mère ou à l’ami(e) qui ne va pas bien, la planification de chouettes vacances ou sorties avec les enfants, de fêtes de famille, autant que possible dans ce contexte.
Aux enfants – de quoi ont-ils besoin, que se passe-t-il pour eux émotionnellement ce jour, est-ce que je passe à côté de quelque chose ?
Aux patients, qui jour après jour laissent leur lot de peines ou d’angoisses, leur folie apparente ou cachée, et attendent chacun, eux aussi, une disponibilité sans faille.
Aux trucs idiots qui peuvent me mettre au bord de la crise de larmes – le voyant de la voiture qui s’allume et que je n’identifie pas, le son du PC qui brutalement ne fonctionne plus, les courses et les valises trop lourdes, les petits travaux qu’il faudrait faire dans la maison et qui n’avancent pas. Rien de grave, rien que je ne puisse gérer toute seule – rien que je ne gère effectivement toute seule.
J’en suis fière, c’est vrai. Fière de cette autonomie sur tous les plans, même si elle est synonyme d’une importante charge de travail, et de la créativité comme de la vigilance qu’elle requiert au quotidien. Et plus fière encore des projets qui ont changé ma vie depuis deux ans – apprendre à naviguer, échanger ma maison, faire de belles rencontres humaines via CouchSurfing. Beaucoup d’énergie donnée – beaucoup d’énergie reçue aussi, et peut-être, quelques inspirations autour de moi…
Mais j’aimerais, juste un peu, parfois, être prise en charge. Faire un caprice. Etre un peu gâtée. Me laisser porter. Savoir que quelqu’un se soucie de moi. Ne pas être seule à assurer ma sécurité, et pour une bonne part, celle de mes enfants. M’autoriser à être bêtement envieuse, du mec attentionné, du couple qui traverse les épreuves sans se dédire, de la famille qui met à l’abri matériellement. Des transmissions, des héritages. Ne pas dormir seule : je ne dors bien que lorsque je ne le suis pas, ce qui est l’exception, pas la règle (et là aussi, arrêter d’être moteur – l’énergie de la rencontre, ancienne ou nouvelle, fugitive ou familière, ces jours, c’est encore moi…). Rire ensemble, pour des trucs idiots. Raconter ma journée. Ecouter celle de l’autre. Faire des projets à deux. Recevoir un cadeau, comme ça, sans raison. Que quelqu’un se demande ce qui me ferait plaisir, me fasse une surprise, allège tel ou tel point du quotidien, propose une sortie, un voyage – ou de cuisiner ce soir, de changer les draps, de passer chez le cordonnier, de faire le chèque de la sortie scolaire. Me prenne dans ses bras. Pas forcément parce qu’il y a un drame en cours, mais pour que j’aie le droit d’être fatiguée, triste, et fragile. Et même injuste, ou enfantine, ou fâchée – et que ce ne soit pas grave. De baisser les bras, de poser les armes. De retirer mon armure.
Faire comme si les amours, les familles, même pas peur, même pas mal. Comme si tout était normal, assimilé, accepté : les départs répétés des enfants, les projets de David... Le cœur en éclats…mes amours inachevées, comme autant d’éclats de verre tranchants : même pas mal. C’est faux – il y a des zones douloureuses partout, et l’incapacité à ce jour à me projeter – trop de fils de traîne, de blessures non cicatrisées.
J’ai réalisé récemment que je m’étais blindée : les chansons sentimentales ne m’arrachent qu’un ricanement, ou me glissent dessus ; mais les scènes d’amour – d’amour, c’est-à-dire : le soin et l’attention donnés à l’autre, gratuitement – me font mal. La LuLu fleur bleue est toujours là, je la devine sous l’armure, qui se craquelle ces jours. Le fugitif de Last days of Summer, l’éducateur de States of Grace, la petite attention tendre d’un proche, suffisent à me mettre au bord des larmes, parce qu’ils appuient là où ça manque. Et à cet endroit-là, ne pas donner manque autant que recevoir.
08 mai 2014
06 mai 2014
29 avril 2014
Imperméable
Guillaume arrive de sous la pluie avec son coupe-vent Salomon. Jaune.
Elsa : "Bah pourquoi t'es habillé en tente Quechua ???"
Elsa : "Bah pourquoi t'es habillé en tente Quechua ???"
27 avril 2014
Les vignes du Seigneur ;-)
Ou : un p'tit coin de paradis. Les villages pleins de charme accrochés à flanc de colline, les vignes à perte de vue, les sentiers de forêt où je suis allée courir chaque matin (moi qui déteste ça... je crois que j'ai enfin compris pourquoi, et comment, ce pourrait être un bonheur). Nos quatre enfants qui grandissent, le chat et le chien - On dirait le Sud - le temps dure longtemps - et la vie sûrement - plus d'un million d'années - et toujours en été. Ce sentiment de répétition doucement familière, comme une berceuse : gigot de Pâques, chasse aux œufs dans le jardin. Enfin le jardin... un jardin qui n'aurait pas de fin : aller au fond du jardin, c'est descendre les vignes et la falaise, jusqu'à la rivière dans laquelle les enfants se sont baignés. Chanter à tue-tête avec les filles sur le chemin du retour : Un crocodile s'en allant à la guerre disait au r'voir à ses petits enfants... Les bonnes choses - vins gorgés de soleil, paniers de fraises, verveine, huile d'olive maison ; balance au retour : + 2 kilos, elle doit être déréglée ;-).
Un délicieux repas en terrasse pour l'anniversaire de ma maman, verre de Beaumes de Venise à la main. Tremper dans les cascades sur l'Ouvèze. Grimper dans les arbres. Lire au soleil (et même relire : Just Kids, après New York et l'expo Mapplethorpe, ça vous a une toute autre allure). Découvrir Simon's Cat. Voyager en Inde (par procuration). Débarrasser les pêchers de leurs feuilles abîmées en papotant passé et projets. Lancer la baballe à l'inlassable Jingo - dont le museau grisonne. Voir les enfants se balancer sur un pneu au-dessus de l'eau, comme une image hors du temps, un rêve de vacances. Papoter avec Halo au Pérou (merci FB). Retrouver "notre" maison des vendangeurs, retapée de frais, et mon moment favori, ouvrir ma petite fenêtre sur la vigne le matin. Ressentir là plus fort qu'ailleurs, malgré les deux années écoulées, l'absence de David... Créer tout de même un petit album des moments parfaits à mettre en ligne pour nos amis du bout du monde.
15 avril 2014
Vus sur la toile
Tu es douce et sensible mais forte quand il le faut (de plus en plus souvent dans cette vie moderne malheureusement). Tu sais ce que tu veux et t'en donnes les moyens, tu sais ce que tu vaux sans pour autant rester sur tes acquis. Tu as envie d'avoir envie (fondamental !). Tu sais donner et recevoir mais pas à n'importe qui, pas à n'importe quel prix. Tu doutes mais luttes contre tes démons (a minima tu les connais et les acceptes petit à petit). Tu es exigeante sans devenir intransigeante. Tu as l'ambition de réussir ta vie (pas uniquement dans le modèle capitaliste que l'on nous a vendu !). Tu profites sans pour autant te perdre dans les méandres de la superficialité. Tu compliques les choses simples mais tu en as conscience et tu assumes. Tu sais accepter les différences tant qu'elles ne sont pas nuisibles à ton être. Tu te protèges sans te fermer, tu as gardé une certaine candeur mais la réserve pour les moments qui en valent la peine. Tu aimerais rencontrer l'Homme tout en sachant qu il faut du temps, de la patience, de la complicité, de la tolérance pour construire à deux. Bref, tu es une femme parfaitement imparfaite.
C'était moi :-) ! Mais ce n'était pas lui...
Imaginons que ce n'est pas ici un supermarché, mais une forêt. Les femmes s'en approchent plus ou moins, restant amusées en lisière, ou s'amusant à se faire peur en y pénétrant de quelques pas. Les plus aventureuses, les plus tristes, les plus effrayées, les plus en colère, les plus seules, les plus sincères s'y perdent pour mieux se retrouver. Il y a tant d'hommes par ici, tant d'arbres différents qui se côtoient. Des grands tout droits, des larges et bas, ceux qui piquent la lumière tout là-haut et ceux qui s'étiolent au ras du sol, des feuillus, des conifères, des fruitiers, des tout secs, des noueux, des pousses vertes de l'année. C'est toujours un enchantement des premiers pas pour une femme. Imaginons que je suis l'un de ces arbres, pas plus, et certainement pas moins. Pas planté en lisière, pas perdu dans la masse. C'est un exercice apaisant au bout du compte de mesurer sa juste place dans une forêt. Ça ne guérit pas du tout du fantasme d'être un jour, pour une femme, l'arbre qui cache la forêt.
12 avril 2014
Mapplethorpe
La lecture de Just Kids m'avait donné l'envie - et la critique de Télérama (académique, daté, etc.) même pas découragée. Tant mieux : suis tombée sous le charme de la beauté classique, sculpturale célébrée par Mapplethorpe au Grand Palais. La photographie comme façon rapide de voir et de sculpter, écrivait-il : oui. La beauté masculine, et notamment la beauté black - la sensualité de la lumière sur la peau, les correspondances avec le monde végétal, l'envie de toucher, comme j'ai envie de tendre la main vers les marbres immaculés de Rodin : oui et re-oui ! A revoir avec Patti Smith dans les oreilles ? Jesus died for somebody's sins but not mine... :-) De fait, l'exposition est une invitation au péché et à la liberté. Une incitation à jouir sans entraves... ou alors avec, mais seulement pour le plaisir.
05 avril 2014
01 avril 2014
Poissons d'avril
Lulu : Les enfants, vous allez avoir un p'tit frère !
Léo, du tac au tac : Ah ben, avec celui de chez Papa, ça nous en fera deux !
Elsa : Isabelle est enceinte, mais je crois que c'est une fille !
Léo : Isabelle ? Ah non, j'crois pas...
Léo, du tac au tac : Ah ben, avec celui de chez Papa, ça nous en fera deux !
Elsa : Isabelle est enceinte, mais je crois que c'est une fille !
Léo : Isabelle ? Ah non, j'crois pas...
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