25 juillet 2009

Franchir le pas

Entre le premier aspect, la première formulation : « il est important de satisfaire une certaine attente » et la deuxième formulation : « ce n’est important que pour nous », il y a un gouffre, une faille par-dessus laquelle il nous faut sauter. Cette faille nous menace, il faut que nous la franchissions. C’est ça le pas à franchir ! Cette faille pourrait s’exprimer par « ça n’a aucune importance ». Entre « c’est important pour l’autre » et « ça n’est important que pour nous » il y a ce passage menaçant, ce passage devant lequel bon nombre de gens échouent, ne fût-ce que provisoirement, ce passage du « ça n’a pas d’importance ».

C’est un piège. Le piège de la dépendance, le piège qui s’illustre dans ce que je vous rappelais tout à l’heure de la fonction du témoin. Tout se passe, au moment de ce piège ou de la chute dans ce piège, dans cette béance, tout se passe comme si notre existence n’avait de d’intérêt qu’à être valorisée par un autre désirant, par un témoin (…) comme si notre désir n’avait de valeur, n’avait d’importance que parce que justement un autre comptait sur nous, que c’était en fait le désir d’un autre. (…) Suivre son propre désir, c’est témoigner envers soi-même de l’aptitude à un risque qui, lui aussi, comporte la mort. Mais l’aliénation vise à une garantie de vie qui prolonge peut-être l’existence mais au détriment du sujet.

Lucien Israël, Marguerite D. au risque de la psychanalyse