27 décembre 2010

Alzheimer

Les familles, les soignants, se rassurent ainsi : il ou elle est perdu dans son monde, ne vous inquiétez pas, et ça vaut mieux comme ça. Une idée bien réconfortante, devant ces établissements remplis de personnes âgées immobiles et silencieuses.

Mais - lorsque nous sommes allés voir ma grand-mère, j'ai eu le sentiment qu'elle me reconnaissait, même si son signe de tête en assentiment à ma question n'est peut-être pas un indice tout à fait suffisant. Et Elsa s'est vue gratifier d'un chaleureux "Bonjour ma chérie !" - juste avant qu'elle ne retombe dans son mutisme.

Lorsque nous lui avons dit au revoir, j'ai eu l'impression de voir son regard perdu se voiler de tristesse, comme si elle avait compris ; et je n'ai pas pu m'empêcher de penser que, si veille quelque part en chaque être un autre niveau de conscience que celui du corps épuisé, elle savait peut-être, comme moi, que cet au revoir pouvait être le dernier...