06 décembre 2010

Deux remèdes

Deux griffes sur le coeur ces jours, l'absence de l'un, la peine sans fin de l'une. Mais là, j'ai trouvé apaisement :

...j'ai choisi d'explorer la douleur de l'absence d'un être aimé. Il m'est aussitôt apparu que cette douleur était une maladie guérissable (...). Plutôt que de t'enfermer dans le chagrin ou l'indifférence, cultive les sensations que l'être aimé a laissé en toi, redonne vie, dans tes dedans, à la tendresse, à la douceur. Si tu revivifies ces instants de bonheur passés, si tu les aides à pousser, à s'épanouir, à envahir ton être, la distance peu à peu se réduira, la douleur s'estompera. (...) Je me suis émerveillé de ce pouvoir et de mes capacités à explorer cette vaste bibliothèque que j'avais en moi. Alors j'ai choisi, entre mille autres choses, une journée d'amour éblouissante et douce. (...) Je suis entré dedans. (...) J'ai pensé, pourquoi ne ferais-je pas de ce jour-là, de temps en temps, ma prière du matin ?

- Faire que son enfant soit plus léger que soi, c'est un grand bonheur pour un père, et pour un homme pauvre, une grande fierté (...). Il nous a dit que chacun, quelle que soit sa vie, devait faire tout ce qui était en son pouvoir pour se débarrasser de ses propres fardeaux et malédictions, afin de ne pas avoir à les charger, au moment de quitter le monde, sur le dos de son propre fils. Car selon lui nos peines ne s'effaçaient pas avec nos existences, elles demeuraient vivantes, et nos enfants en héritaient aussi naturellement que l'on hérite d'un âne ou d'une maison lézardée.

Henri Gougaud, Les sept plumes de l'aigle