02 décembre 2010

Naître au monde

Achever de naître au monde et à soi-même.
Ne pas achever avant l’heure de vivre, d’imaginer, de créer.
Aider les autres à avoir une vie achevée.

Sacrifier avec élégance, avec sobriété, avec humour,
aux exigences contraires des principes de plaisir et de réalité,
de répétition et de différenciation,
de constance et de changement.

Marier le masculin et le féminin dans l’esprit,
l’immobilité et le mouvement dans le corps.

Tolérer l’angoisse et la joie, la haine et le rire.
Maintenir l’amour dans l’écart
entre l’abandon à l’autre et l’abandon de l’autre.

Déjouer les séductions, les perversions, les ruses
de la pulsion de mort.
Retourner le négatif contre lui-même.
Nier, trancher, s’arracher, transgresser, pour progresser.
Envelopper, déplier, dérouler, s’emboîter
pour exister, pour co-exister.
Pour donner indéfiniment, de notre humaine finitude,
une forme jamais définitive.

Didier Anzieu