14 mars 2011

Doublure

Ce blog a l'âge de raison. Sept ans d'instantanés, de portraits esquissés, de mots d'enfants, de lectures, de films et de musiques à partager. Sept ans sans jamais plus de quelques jours sans quelques lignes. Une histoire de fous, au regard des blogs qui s'ouvrent chaque jour et disparaissent tout aussi vite...

Et depuis deux semaines... une question insistante, qui a, momentanément je pense, arrêté l'écriture : pourquoi écrire ? Pourquoi continuer - ou pourquoi ne pas arrêter ? Pourquoi, je le sais... la première version s'appelait la Boîte à Bonheur. Et mon souhait alors, était d'exercer mon regard - de trouver chaque jour, quelle qu'ait été la journée, un petit trésor à garder, un petit bonheur qui serait autrement passé inaperçu. Avec le temps, la Boîte à Bonheur devenue Care Box est devenue aussi un album de souvenirs doublement précieux : ceux qui y sont épinglés (j'aime bien cette image de l'épingle, du bâti, de l'atelier, de quelque chose d'un work in progress), et ceux que j'y retrouve entre les lignes, et qui font de la Care Box cet espace sur la frontière entre l'intime et le secret.

Sur l'envers de ce patchwork, visible dans la doublure pour peu que l'on y soit un peu attentif, il y a donc aussi la face cachée de la Lu - une mélancolie discrète au coeur de chaque instant de bonheur, et ce besoin de retenir l'instant précisément parce que je le ressens toujours comme menacé et fragile - une conscience de la perte toujours possible, et d'une certaine façon toujours certaine, qui me suit depuis l'enfance.

David me faisait remarquer hier qu'il me sentait plus touchée par les information sur le tremblement de terre au Japon que par les autres drames humains - politiques, militaires, sanitaires, qui frappent actuellement la planète. C'est vrai... il y a quelque chose de l'invraisemblable fragilité de nos vies et de l'irrémédiable, et aussi, la dignité des populations, qui m'accroche et me retient là.

Au regard des ces événements, la Care Box apparaît à la fois comme un exercice bien narcissique (pourquoi continuer à écrire ?), et pourtant sans doute essentiel pour moi - pour les mêmes raisons... mon propre petit barrage contre le Pacifique - une réponse minuscule à ce sentiment de la fragilité humaine.