Quand je pense à toi, la première chose qui me vient c'est la densité de ta présence, la vibration de ta voix, la profondeur de ton regard qui prenait toutes les couleurs de la mer. C'est la force de tes mains, qu'elles soient à la barre d'un voilier ou se réchauffent autour d'un thé brûlant, ces mains qui savaient réparer, apaiser, combattre, guider, et tellement d'autres choses encore...
Quand je pense à toi je pense à ces îles atlantiques que tu aimais tant, au rythme des marées, flux et reflux, le temps change vite, le ciel se couvre, le grain n'est jamais loin... mais comme pour les îles océanes, il suffisait d'un rayon de soleil pour t'illuminer à nouveau, ton regard était alors comme un immense ciel bleu, lavé de tout, baigné d'une telle lumière...
Quand je pense à toi je vois cet homme qui exaspère ou séduit tour à tour, parfois les deux en même temps... ce Taureau qui incarne le courage et la persévérance, cette énergie tellurique, tellement irrésistible...
Quand je pense à toi je pense générosité profonde, et droiture - toi qui a joué avec toutes les limites ta vie durant, tu es pourtant un des êtres humains les plus intègres, les plus nobles que j'ai rencontrés.Un homme de parole, un grand seigneur, un homme de cœur, avec qui tout était bigger than life, plus grand que la vie, tellement au-dessus de la bêtise, de la mesquinerie, de la petitesse humaine...
Les humains, tu ne les aimais pas beaucoup ; il faut dire qu'ils t'ont si précocement et si souvent blessé, trahi, déçu... et pourtant, ils ne sont jamais parvenus à éteindre cette flamme d'amour en toi - c'est toi qui me l'as dit un jour : il vaut mieux être allumé qu'éteint. Cette flamme qu'une thérapeute t'avait restituée un jour de la façon suivante : au fond, vous êtes un transporteur d'amour...
Quand je pense à toi, je pense à cette intelligence aiguë, à cette lucidité ravageuse, à cette capacité à lire en l'autre comme dans un livre ouvert. A cette façon que tu as d'entendre ce qui n'est pas dit, de voir au-delà des apparences, de redonner courage, d'amener l'autre à être toujours un petit peu plus grand que lui-même, à faire un pas de plus... Cette capacité à insuffler de la vie, de l'élan, de l'espoir, à nous faire croire, à chaque fois, que la vie commence AUJOURD'HUI, toi qui as si souvent recommencé la tienne.
Quand je pense à toi, je pense à la tendresse infinie de ton cœur, à la profondeur du regard que tu savais poser sur les choses et sur les êtres, à ta sensibilité aiguë à la beauté sous toutes ses formes – à ton immense pudeur aussi, mal dissimulée par ton apparente brusquerie.
Pour la façon dont tu as si souvent bouleversé ma vie, pour tout ce que tu m'as offert et qui ne sera jamais perdu, MERCI... Parce que je sais que de là-haut, tu vas continuer à veiller sur tous les êtres que tu aimais, MERCI... Parce que ton absence va nous inviter plus que jamais à vivre à la hauteur de ton âme, MERCI... Toi qui savais aimer comme personne d'autre au monde, tu avais tant de mal à te croire aimé : regarde, Hubert, regarde mieux : tu n'es pas seul, tu as été, tu es, tellement aimé...