Après les émotions aiguës de la semaine passée (voir ce billet), et cette histoire est malheureusement loin d'être terminée, il y a eu aussi cette scène surréaliste face à une jeune femme en furie, attaques au scalpel et délire à bas bruit, dont la violence des affects était telle qu'elle se traduisait à même mon corps au fur et à mesure, pic de rage, tremblements... de toute ma vie professionnelle, je n'ai rencontré cette violence d'impact émotionnel qu'à trois reprises ; et les trois fois, c'était absolument diagnostique : paranoïa, voire perversion en face.
La veille, j'avais reçu en urgence une étudiante franco-chinoise signalée par l'infirmière de son établissement ; entretien de crise suicidaire, clignotants tous au rouge - avec discours explicite : si cet entretien ne me retenait pas, je passais à l'acte aujourd'hui - pas comme une menace perverse pour le coup, mais comme un constat désespéré, l'appel à un arrêt immédiat de la souffrance. J'ai négocié le départ dans la foulée en service d'urgence, notre infirmière l'a accompagnée, elle est hospitalisée.
Ce même vendredi, il y a eu aussi cet étudiant en lettres qui attribue ses difficultés à son statut sociologique (le syndrome Edouard Louis), là où son inadaptation, sa déconnexion crèvent les yeux - nous avons fini par établir une communication fragile, mais là aussi je fais l'hypothèse d'une psychose encore endormie...
Puis en fin de journée les messages appels au secours de cette patiente expat' dont je n'avais plus de nouvelles, en crise comme c'était prévisible, couple de personnalités si fragiles et leur nouveau-né, seuls dans un pays étranger.
Ce n'est pas tous les jours comme ça, fort heureusement. Mais ce n'est pas tous les jours non plus que trois jours après, je reste migraineuse, nauséeuse, semi-déprimée-anxieuse, sans pouvoir attribuer cet épuisement à autre chose qu'aux détresses rencontrées ces deux dernières semaines - majoré peut-être par l'ouverture émotionnelle laissée par les jours de formation à l'hypnose. Quel métier...