22 février 2007

Observations

A transcrire depuis quelques temps les rencontres d'un groupe mère-enfant, me sont venues des interrogations sur ce avec quoi j'observais, ce qui de moi (et invisible pour moi) se sur-imprimait dans l'écrit, dans ce que je restitue comme dans ce que je ne restitue pas - parce que je m'attache à la lettre à ce qui est dit (et pourquoi ?), je sais par exemple que je manque une part du non-verbal...

J'observe avec ce que je suis, avec ce que je sais ou crois savoir, que je ne sais pas toujours savoir - une grille de lecture, peut ouvrir le regard ou encore l'enfermer...

Observatrice vagabonde, je focalise sur telle dyade, reviens dans le groupe, laisse résonner en moi une proposition de la thérapeute, reviens à l'enfant que j'étais, à ceux que j'ai eus, finis de noter une phrase alors qu'une nouvelle interaction est entamée, souris à l'enfant intrigué par mon cahier...

"Dans le séminaire, il apparaît évident dès le début qu'il est difficile "d'observer", c'est-à-dire de recueillir des faits libres de toute interprétation. Dès lors que ces faits sont traduits en mots, nous remarquons que chacun d'entre eux est chargé d'un sens sous-jacent. (...) ... car observation et pensée sont inséparables." Esther Bick

Ce que même "l'objectivité" d'une bande son ou video ne saurait prétendre restituer :

"Ainsi, il ne reste plus qu’une trace de ce réel : la bande-son. Soumise à la qualité technique de la machine ainsi qu’à l’écoute et la compréhension du re-transcripteur. Il s’agit de son : de bruits, de paroles parfois mêlées et de tout ce que la voix humaine peut produire. Et ce qu’on va lire ici est un texte. Ecrit. Le travail du comédien est à l’exact opposé lorsqu’en répétition il cherche à prêter sa voix, son corps à l’incarnation du personnage d’un texte dramatique.

Le passage du son au texte est un travail d’écriture. Méthodique, poétique. J’ai choisi de saisir avec exactitude le discours énoncé espérant par là saisir l’exactitude de la pensée. Pourtant, le texte qui suit est davantage fidèle à l’enregistrement du discours qu’à la pensée qui s’y déploie car elle s’y déploie aussi dans les silences, les ruptures, les hésitations. Le pas dit. Ce qu’en écoutant, j’ai trouvé beau."
Stéphane M.

Intraduisible aussi, la façon dont cette pensée, celle de chacun mais aussi celle du groupe, qui ne se réduit pas à la somme des précédentes, est portée, contenue, nourrie, par cet espace partagé - le fil invisible qui circule, entoure, tisse des chemins imperceptibles.