11 mars 2007

Shantaram

Ses mots simples, sans beauté, ont été l'expression la plus claire de ce que tous les prisonniers, et quiconque a vécu assez longtems, connaissent bien : la souffrance tient toujours à ce que nous avons perdu. Lorsque nous sommes encore jeunes, nous pensons que la souffrance, c'est quelque chose qu'on nous a fait. En vieillissant - quand la porte de métal se referme en claquant, d'une façon ou d'une autre -, nous comprenons que la mesure de la véritable souffrance tient à ce qui nous a été enlevé. (...)

Qu'est-ce qui caractérise le mieux l'espèce humaine, m'avait un jour demandé Karla, la cruauté ou la capacité d'en éprouver de la honte ? (...) C'est le pardon, qui fait de nous ce que nous sommes. (...) Sans ce rêve, il n'y aurait pas d'amour, car tout acte d'amour est en partie une promesse de pardon. Nous continuons à vivre parce que nous pouvons aimer, et nous aimons parce que nous pouvons pardonner.(...)

Mais je les aimais encore. Je n'avais pas le choix. On ne peut pas tuer l'amour. On ne peut même pas le tuer avec de la haine. On peut tuer le fait d'être amoureux, ce qui est adorable ou aimable. On peut tuer tout ça et le faire disparaître sous le plomb d'un regret intense, mais on ne peut pas tuer l'amour en soi. L'amour est la recherche passionnée d'une vérité autre que la sienne et, une fois qu'on l'a ressenti honnêtement et complètement, l'amour dure toujours. Chaque acte d'amour, chaque moment où le coeur s'ouvre, est une partie de la bonté universelle : c'est une partie de Dieu ou de ce que nous appelons Dieu, et elle ne peut pas mourir.

Gregory David Roberts, Shantaram