18 juin 2007

L'appel du réel

Ce qui finalement donne mouvement à notre vie, ce n'est pas un quelconque message, la découverte de significations nouvelles (de ce point de vue la vie n'a pas de sens), mais le fait d'habiter pleinement nos sens et notre chair, d' "écouter" les battements de notre être, de porter l'attention la plus vive au présent (ce cadeau ?) que nous fait la vie et que nous prenons trop négligeamment pour une banalité quotidienne. Quand nos fixations au passé sont lâchées et ne nous barrent plus l'accès au présent, quand nous sommes attentifs avec tous nos sens à notre vie immédiate sans cesse en ad-venir-devenir, la question du sens ou du non-sens ne se pose même plus, il y a adhésion à la vie et orientation par là même. C'est le goût de la vie et de la rencontre de l'autre qui devient alors le moteur.(...)

A l'inverse, l'intellectualisation est le nec plus ultra des mécanismes de défense et de fermeture. Tout mouvement de rationnalisation tend à clôturer et à supprimer en fait l'espace de conflit et de désir, c'est à dire à exclure l'affectivité et la vie.(...)

Le sujet sentant n'est pas le sujet du savoir, la conscience affective n'est pas la conscience intellectuelle et c'est pourquoi il n'y a aucune raison de caractériser l'expérience sensorielle ou l'épreuve émotionnelle comme illusoire, trompeuse, confuse et obscure. Ce n'est que dans le domaine du savoir que l'on peut parler du vrai et du faux, du confus et du clair.

Alain Amselek, L'appel du réel