04 février 2006

Qui tourne la clé ?

Karlfried Dürckheim raconte parfois l’anecdote suivante : Un docteur d’âge mûr, à l’emploi du temps surchargé, vivant, de rendez-vous en rendez-vous, au volant de sa voiture, lui dit : «Désormais, tous les jours je fais une minute de méditation pour vous.» Dürckheim le remercie et demande pourquoi. «A cause d’un petit exercice, répond le docteur, que vous m’avez indiqué la dernière fois que nous nous sommes vus.» L’exercice en question était le suivant : à chaque fois que le docteur se mettait au volant de sa voiture et tournait la clé de contact, il avait à arrêter un instant ce geste tout à fait banal et mécanique pour se poser la question : «Qui tourne la clé ?».(…)

Pratiquer une rupture dans la mécanique des actes, donc favoriser une «reprise» de conscience, peut être une première étape pour se ménager un espace de vie à «vitesse limitée». C’est-à-dire un espace ou un moment, au sein duquel je puis me demander si je suis «le rôle que je tiens actuellement», ou bien si je ne fais que l’assumer sur le plan social. Ou encore, si «j’occupe» une position particulière, ou bien si c’est elle qui «m’occupe» (au sens militaire du terme).


Préface à L’Esprit Guide, Entretiens avec Karlfried Dürckheim
Ce qui me séduit dans cet exercice, ce sont ses multiples niveaux possibles : "simple" exercice d'attention au quotidien, exercice d'attention aux mouvements psychiques (qu'est-ce qui m'anime ?), exercice spirituel, trouver le contact avec ce qui en nous est plus grand que nous, et que Dürckheim nomme, pour sa part, le Tout-Autre. Alors - qui tourne la clé ?