18 octobre 2008

Toiles

Deux regards sur l'adolescence, La belle personne et Entre les murs - deux rapports au langage - élaboré, presque précieux, outil de connivence et de reconnaissance sociale, la maîtrise d'autres idiomes allant de soi pour les uns (l'exposé sur Lucia di Lammermoor) - fragmentaire, insuffisant, explosif pour les autres - la question de l'identité, de l'insulte, du sens littéral ou multiple des mots comme fil conducteur... Eric me disait, sa lecture de la "bêtise" calculée des adolescents, qui prennent au pied de la lettre les mots du professeur, cette ignorance délibérée de la polysémie des mots, comme un retour à l'envoyeur, une réponse à la surdité des adultes que nous sommes - adressée au moins sourd d'entre eux...

Je pense aussi à ces recherches qui ont montré le lien proportionnel entre la pauvreté du vocabulaire et les passages à l'acte de tous ordres ; ces enfants sont pourtant souvent, comme ceux de La belle personne, au moins bilingues... et cette richesse, n'est jamais exploitée - ni source de valorisation.

Quoi qu'il en soit, pour moi qui les côtoie au quotidien, les adolescents d'Entre les murs sont plus vrais que nature ; comme sont plus vrais que nature - quoi qu'un peu moins violents que là où je travaille, les entretiens au planning familial des Bureaux de Dieu, vu en avant-première l'autre semaine... La construction du film - de vrais entretiens joués pour les conseillères, par des actrices prestigieuses, pour les consultantes, par des comédiennes non professionnelles, est lumineuse. Et quel bonheur, que quelque chose de ce métier invisible soit restitué avec tant de justesse !

En guise de dessert, Vicky Cristina Barcelona, qui malgré ses images splendides et son séduisant trio d'actrices, nous a laissés mélancoliques : passion ou raison ? ennui ou souffrance ? danger ou sécurité ? telle est la question, mais la réponse n'est pas livrée avec...