26 novembre 2009

Arpèges

Jeudi soir, salle Pleyel. Devant l'Orchestre de Paris - plus de cent musiciens réunis, un très vieil homme entre en scène à petits pas mesurés, et s'asseoit au piano. Le temps d'un concerto, il est transfiguré : énergie, profondeur, subtilité - la musique emplit l'espace, j'observe ses mains qui volent sur le clavier, caressent les touches, dans le reflet du couvercle noir. Puis il se lève - retrouve son âge et sa fragilité - juste avant qu'il ne franchisse la porte des coulisses, je vois le jeune chef prodige (trente ans à peine) accompagner son aîné d'une délicate main posée sur l'épaule...

Lors du rappel, une oeuvre pour piano solo - et l'émotion des autres musciens, perceptible - la salle retient son souffle, et je mesure ce que doit être pour des gens qui ont consacré leur vie à la musique ce privilège : être parmi ceux qui auront joué avec Aldo Ciccolini.