07 mars 2010

Lue

Tu es lue gardée lionne lue comme un roman noir

Sous ma loupe ma lampe et sous ma couverture

Mon héroïne mon amante du cinquième art tu es lue

Je parcours dans mon lit tes ratures

Tu es lue entièrement complètement lue

Je te dévore des yeux je me paye ta tranche

Tu te livres à mes doigts de papivore goulu

Et j’annote nos marges avec mon encre blanche

Tu es lue et je pends au cou de tous tes signes

Pourtant je ne perçois de toi que les images

Si lue, de la première à la dernière ligne

Je m’endors glissant en toi mon marque-page

Lue, lue si, tu es lue, lue de la tête aux pieds

Couchée dans ma bibliothèque pirogue

Lançant par dessus-bord tes dessous de papier

Maintenant le suspense jusqu’à notre épilogue

Lue dans les coulisses du métro lue à la lune

Des journaux militants des hebdos à parfum

T’es à poil quoi dans une main qui tient la plume

Et tu laisses après toi ton silence écrivain

Allain Leprest