Puisque chacun sa route et chacun son chemin
Aimons-nous amis de loin en loin
Aux giboulées de mars ou au cœur du mois d’août
Aimons-nous amis aimons-nous un peu beaucoup
Le baiser pour la fleur le sou pour le couteau
Aimons-nous amis aimons-nous comme il le faut
Comme des oiseaux fous un retour de hasard
Aimons-nous amis aimons-nous sans crier gare
Quand le ciel se crépit et se fait menaçant
Aimons-nous amis aimons-nous de temps en temps
Par lointaine pensée ou par tendre souci
Aimons-nous amis aimons-nous sans préavis
Sans même se le dire sans même se parler
Aimons-nous amis aimons-nous sans l’avouer
Sans révéler aux autres de peur de chagriner
Aimons-nous amis aimons-nous même en secret
Dans les rues désertées ou la ville en émoi
Aimons-nous amis aimons-nous comme il se doit
Sans en faire le Saint-Graal et sans goûter l’hostie
Aimons-nous amis aimons-nous dans l’hérésie
Parce que le bonheur ne viendra pas tout seul
Aimons-nous amis aimons-nous du coin de l’œil
Et parce que c’est vous et parce que c’est eux
Aimons-nous amis aimons-nous comme il se peut
Sans cette église molle convenant les départs
Aimons-nous amis aimons-nous sans faire-part
Au creux de la mémoire et non dans un fichier
Aimons-nous amis aimons-nous perpétuité
Par nos mains en étreinte avant le grand fossé
Aimons-nous amis aimons-nous comme jamais
Et si chacun sa route et chacun son chemin
Aimons-nous amis de loin en loin
Michèle Bernard