Penser au lieu d’agir, ou mieux, avant d’agir. Au moins pire, après avoir agi. Auprès des adultes responsables, essayer de redonner du champ, du temps, la possibilité d’entendre et d’être entendus un peu autrement…
Auprès des adolescents, reconnaître de quel côté est la folie, la violence, l’absence de sens – donner un sens, à leurs propres violences. Je savais la violence des familles, celles des conditions de vie, inimaginables pour nous.
Cette jeune fille de 13 ans, arrivée d’Afrique il y a deux ans pour rejoindre le reste de la famille, cohabitant avec la maman et quatre petits frères et sœurs, dont un bébé constamment hospitalisé à cause de l’insalubrité d’un deux-pièces loué frauduleusement – et donc sous menace d’expulsion, comment s’étonner de ce qu’elle dérape parfois dans sa distance aux adultes, perde le contrôle ? Ce qui est étonnant là, ce serait plutôt son exceptionnel niveau d’élaboration, de vocabulaire, de recul, son émouvante volonté de bien faire, et de réussir, de faire en sorte que ses parents soient fiers d’elle… Dans ses racines africaines, des graines de résilience, semées par une grand-mère aimante assez même pour lui permettre de la quitter.
Ce qui est plus nouveau – et plus difficile à accepter, c’est la violence de l’institution, celle des adultes qui ont pour mission d’être un contre-pouvoir à un environnement social violent, d’être les garants de l’accès sinon à la soi-disant égalité des chances, tout au moins à une instruction minimale et à une initiation à l’art de vivre ensemble… Exclusions à la chaîne, punitions et réflexions humiliantes, adultes décidés à se faire justice eux-mêmes, professeurs mal traitants et identifiés comme tels – en souffrance également, mais pas aidés davantage…
Alors ? Alors… Pas renoncer. Considérer que la souffrance est partagée – ne pas choisir un camp, mais jeter des ponts – dans la mesure du possible. Et considérer avec Sœur Emmanuelle qu’aider ne serait-ce qu’une seule personne, c’est déjà beaucoup. Pour le reste – apprendre à faire avec l’impuissance.
Auprès des adolescents, reconnaître de quel côté est la folie, la violence, l’absence de sens – donner un sens, à leurs propres violences. Je savais la violence des familles, celles des conditions de vie, inimaginables pour nous.
Cette jeune fille de 13 ans, arrivée d’Afrique il y a deux ans pour rejoindre le reste de la famille, cohabitant avec la maman et quatre petits frères et sœurs, dont un bébé constamment hospitalisé à cause de l’insalubrité d’un deux-pièces loué frauduleusement – et donc sous menace d’expulsion, comment s’étonner de ce qu’elle dérape parfois dans sa distance aux adultes, perde le contrôle ? Ce qui est étonnant là, ce serait plutôt son exceptionnel niveau d’élaboration, de vocabulaire, de recul, son émouvante volonté de bien faire, et de réussir, de faire en sorte que ses parents soient fiers d’elle… Dans ses racines africaines, des graines de résilience, semées par une grand-mère aimante assez même pour lui permettre de la quitter.
Ce qui est plus nouveau – et plus difficile à accepter, c’est la violence de l’institution, celle des adultes qui ont pour mission d’être un contre-pouvoir à un environnement social violent, d’être les garants de l’accès sinon à la soi-disant égalité des chances, tout au moins à une instruction minimale et à une initiation à l’art de vivre ensemble… Exclusions à la chaîne, punitions et réflexions humiliantes, adultes décidés à se faire justice eux-mêmes, professeurs mal traitants et identifiés comme tels – en souffrance également, mais pas aidés davantage…
Alors ? Alors… Pas renoncer. Considérer que la souffrance est partagée – ne pas choisir un camp, mais jeter des ponts – dans la mesure du possible. Et considérer avec Sœur Emmanuelle qu’aider ne serait-ce qu’une seule personne, c’est déjà beaucoup. Pour le reste – apprendre à faire avec l’impuissance.