05 janvier 2009

Prévert

J'ai grandi avec lui - je l'ai appris à l'école - Dans la nuit de l'hiver galope un grand bonhomme blanc - j'ai fredonné les Feuilles mortes, je l'avais rencontré dans les livres de textes de ma mère, derrière le scénario du Roi et l'Oiseau, des Visiteurs du soir, des Enfants du Paradis, dans l'Opéra de la Lune qui me parlait parce que c'était l'histoire d'un enfant seul et triste rêvant à un monde chaleureux et gai - dans Paroles, dont j'ai appris certains poèmes par coeur à l'adolescence... Je suis comme je suis, je plais à qui je plais... ou encore : A cette époque, le mot délinquance juvénile n'existait pas. Et de même que celui de l'Immaculée Conception, la virginité de mon casier judiciaire reste encore pour moi un mystère. Par la suite... enfin, raconte pas ta vie.

En parcourant l'expo Prévert à l'Hôtel de Ville, j'avais l'impression de retrouver un ami de longue date. Et une liberté qui fait écho à celle de Varda (voir post précédent) : écriture, cinéma, chanson, collage, dessin, un touche-à-touche frondeur et tendre, définitivement fâché avec la police, l'église et l'armée, mais doux aux enfants, aux chiens crottés, aux étranges étrangers...

Un poète qui télégraphie à son éditeur son refus de concourir pour quelque prix que ce soix - la poésie n'a pas de prix, même la mienne - excepté pour le Nobel de poudre aux yeux et fumisterie ou quelque chose d'approchant...

Ai ramené aux enfants un livre de poèmes et histoires conçu pour eux, que nous avons lu après la fabrication de voiliers en coquilles de noix - pour voyager "à pied à cheval en voiture... et en bateau à voile."

PS : Le désordre des êtres est dans l'ordre des choses.
Jacques Prévert