31 janvier 2009

Séparation

Sur les mots d'Adriana, une invitation à écrire sur le thème de la séparation :

Je vais vous parler de la séparation
comme d’un éternel renouvellement.
Une séparation à deux faces, le yin et le yang.

On n’en finit plus de se séparer…
La vie comme une succession de séparations
Jusqu’à la dernière
Revenir en arrière, tourner en rond, repartir à zéro

Mais aussi

Le cycle des saisons
L’hiver avant le printemps
La chance d’une nouvelle donne
De rencontres inattendues

Un clin d’œil à « quelque chose qui ne meure pas »
Nous n’en finissons pas de mourir
Nous n’en finissons pas de naître
La fleur qui meurt pour donner le fruit

La continuité assurée non par l’immobilité
Mais au contraire par le mouvement de la vie.

Mes propres mots étaient : accueillir l'amour et la tristesse,
la tristesse et l'amour.

Gracias a la vida

Gracias a la vida, que me ha dado tanto
Me dió dos luceros, que cuando los abro
Perfecto distingo, lo negro del blanco
Y en el alto cielo, su fondo estrellado
Y en las multitudes, el hombre que yo amo

Gracias a la vida, que me ha dado tanto
Me ha dado el oído, que en todo su ancho
Graba noche y día, grillos y canarios
Martillos, turbinas, ladridos, chubascos
Y la voz tan tierna, de mi bien amado

Gracias a la vida, que me ha dado tanto
Me ha dado el sonido, y el abecedario
Con el las palabras, que pienso y declaro
Madre, amigo, hermano y luz alumbrando
La ruta del alma del que estoy amando

Gracias a la vida, que me ha dado tanto
Me ha dado la marcha, de mis pies cansados
Con ellos anduve, ciudades y charcos
Playas y desiertos, montañas y llanos
Y la casa tuya, tu calle y tu patio

Gracias a la vida, que me ha dado tanto
Me dió el corazón, que agita su marco
Cuando miro el fruto del cerebro humano
Cuando miro el bueno tan lejos del malo
Cuando miro el fondo de tus ojos claros

Gracias a la vida, que me ha dado tanto
Me ha dado la risa y me ha dado el llanto
Así yo distingo dicha de quebranto
Los dos materiales que forman mi canto
Y el canto de ustedes, que es el mismo canto
Y el canto de todos, que es mi propio canto
Y el canto de ustedes, que es mi propio canto

Violetta Parra


Une traduction ?

30 janvier 2009

Sauvageons ?

Penser au lieu d’agir, ou mieux, avant d’agir. Au moins pire, après avoir agi. Auprès des adultes responsables, essayer de redonner du champ, du temps, la possibilité d’entendre et d’être entendus un peu autrement…

Auprès des adolescents, reconnaître de quel côté est la folie, la violence, l’absence de sens – donner un sens, à leurs propres violences. Je savais la violence des familles, celles des conditions de vie, inimaginables pour nous.

Cette jeune fille de 13 ans, arrivée d’Afrique il y a deux ans pour rejoindre le reste de la famille, cohabitant avec la maman et quatre petits frères et sœurs, dont un bébé constamment hospitalisé à cause de l’insalubrité d’un deux-pièces loué frauduleusement – et donc sous menace d’expulsion, comment s’étonner de ce qu’elle dérape parfois dans sa distance aux adultes, perde le contrôle ? Ce qui est étonnant là, ce serait plutôt son exceptionnel niveau d’élaboration, de vocabulaire, de recul, son émouvante volonté de bien faire, et de réussir, de faire en sorte que ses parents soient fiers d’elle… Dans ses racines africaines, des graines de résilience, semées par une grand-mère aimante assez même pour lui permettre de la quitter.

Ce qui est plus nouveau – et plus difficile à accepter, c’est la violence de l’institution, celle des adultes qui ont pour mission d’être un contre-pouvoir à un environnement social violent, d’être les garants de l’accès sinon à la soi-disant égalité des chances, tout au moins à une instruction minimale et à une initiation à l’art de vivre ensemble… Exclusions à la chaîne, punitions et réflexions humiliantes, adultes décidés à se faire justice eux-mêmes, professeurs mal traitants et identifiés comme tels – en souffrance également, mais pas aidés davantage…

Alors ? Alors… Pas renoncer. Considérer que la souffrance est partagée – ne pas choisir un camp, mais jeter des ponts – dans la mesure du possible. Et considérer avec Sœur Emmanuelle qu’aider ne serait-ce qu’une seule personne, c’est déjà beaucoup. Pour le reste – apprendre à faire avec l’impuissance.

27 janvier 2009

Sujet subversif

Il ne s’agit pas en psychanalyse de permettre aux gens de se mieux adapter, il s’agit d’acquérir cette liberté qui implique le risque, qui implique un choix qui vient prouver, montrer, démontrer que la vie n’est pas le plus précieux des biens. (…) …le sujet inventé par la psychanalyse est un dépassement de l’individu exclusivement préoccupé de sa survie. Or, si vous vous frottez à nos contemporains, nous constaterons que l’ennui qu’ils sécrètent découle de ce que leur seule préoccupation est une préoccupation de survie et si possible de survie dans le confort. Il n’y a aucun autre intérêt, aucune autre préoccupation et tout ce qui peut compromettre la stabilité de l’adaptation est honni et prohibé comme délit par les lois, comme péché par les religions. Renoncer, c’est un impératif, renoncez au désir et vous vivrez vieux et heureux. C’est pourquoi la psychanalyse est condamnée. Car ce qu’elle propose n’est pas gratuit mais coûteux, ne favorise pas la longévité, ne favorise ni le travail ni la famille ni la patrie. Par quelle folie, par quelle aberration est-on amené à entreprendre ce cheminement, cette recherche, je n’en sais rien, ou du moins c’est encore trop tôt pour le dire.

Lucien Israël, La parole et l’aliénation.

25 janvier 2009

Et si tu me vois vivre

22h47, un chagrin anonyme se faufile entre le sommeil et moi. Un petit bout de phrase me tourne dans la tête, une voix d’homme, la fin d’une strophe – Et si tu me vois vivre. A force de la tourner et de la retourner, je retrouve sa trace – c’est le début parlé d’une vieille chanson de Sardou :

Si tu pars avant moi,
Promets-moi, par un signe,
De me dire où tu vas,
De me dire ce qu'il y a,
Si tu restes toi-même
Et si tu me vois vivre.

Et si tu me vois vivre. Le texte parle d’un amour au-delà de la mort, mais ce soir ce qui m’arrête c’est ce regard extérieur, cette mise en perspective… Qui que puisse être ce Tu – ce soir j’aimerais qu’il existe. Un Tu présumé bienveillant, un Tu dégagé des œillères humaines, un Tu plus sage et plus indulgent à la fois – un Tu qui saurait dire – va, tu es sur la bonne route, ou bien au contraire, regarde, tu passes à côté de ce qui fait la vie, de ce qui fait ta vie… Ce soir j’aimerais croire en Dieu, peut-être, supposer une veille attentive et silencieuse, l’idée d’un sens, et d’un amour qui ne se démente pas… Ce soir j’aimerais ne pas savoir que la solitude est une donnée première, que le sens est celui que nous nous construisons, que ce regard que j’appelle – et qu’aussi je crains – n’est autre que le mien.

24 janvier 2009

Fragile

Pourtant... un merveilleux texte inédit sur l'accompagnement - dans la lignée de Martin Buber - un dîner chaleureux et plein de connivence, arrosé d'un bon cru italien, l'expérience enfin réussie de me laisser tomber, rattrapée par le groupe - au sens propre comme au sens figuré, des échanges à coeur ouvert avec des professionnels engagés, un outil inconnu de bonne santé relationnelle - je t'en veux de... je te demande d'être vigilant à... je peux prendre soin de moi en... - un concert de Patricia Kaas comme un espace d'apaisement et de présence simple, des amis vigilants... une expo chouette à la BnF avec les pioupious, sur les livres d'enfants... deux ou trois moments de belle affirmation, voici ce que je suis, voici où je me trouve - là, et pas ailleurs. Un rêve éloquent, celui d'une petite fille sur les voies du métro, ne trouvant sa survie que dans le mince interstice entre les rames, figure familière de l'entre-deux qui m'habite depuis toujours. Alors ? Je ne sais pas. Mais je devine. Il s'agit à la fois d'attendre et de lâcher prise, de laisser faire et d'accepter l'inconnu.

Il ne suffit pas de lever les mains
Ni de les abaisser
Ou de dissimuler ces deux gestes
Sous les embarras intermédiaires
Aucun geste n’est suffisant
Même s’il s’immobilise comme un défi
Reste une seule solution possible :
Ouvrir les mains
Comme si elles étaient des feuilles

Roberto Juarroz

10 janvier 2009

Anne

Qui donc peut réunir pour un concert mon mari, ma maman (une sorcière comme les autres ;-)), une amie proche (qui aurait bien pu être rejointe par une seconde), une collègue de formation avec qui nous l'avons chantée - et, trouvées sur place, quelques collègues d'il y a dix ans ? Qui se repasse de génération en génération, en commençant par la Petite Josette et les Fabulettes pour aller doucement vers les merveilles tendres, vachardes ou poétiques du répertoire adulte ? C'est Anne Sylvestre bien sûr, revue au Trianon hier soir... 75 ans bientôt, la voix plus fragile peut-être, mais l'humour et l'énergie intacts.

08 janvier 2009

Au revoir…

Amina Leyla Salimata Habibatou Kadiatou Marie-Ambre Elicia Mariama Fatoumata Sharmila Gwenaëlle Clarisse Nadège Marine Fanny Amandine Aliza Floraline Zaël Célanie Aïcha Hayet Alika Elsa Viviane Khadija Cécile Jessy Annabelle Linda Assa Nabila Malika Ibtisam Linda Kheira… et merci.

07 janvier 2009

Dernière semaine au CPEF

Rassurer une gamine de quinze ans enceinte, lui obtenir une échographie le jour même, recevoir une jeune femme avant le RV fixé pour qu'elle puisse bénéficier d'une IVG médicamenteuse, quotidien du travail en Centre de Planification.

Une patiente que je connais depuis mon arrivée là-bas, qui m'oriente sa... maman ! Un entretien joli, avec une dame d'une soixantaine d'années très vivante, drôle, et qui a manifestement déjà parcouru un bout de chemin en termes de travail sur soi - j'étais perplexe au début, que faire en un seul entretien, faut-il faire sortir la fille, bien qu'elles se réjouissent manifestement de venir ensemble, pourquoi amène-t-elle sa mère dans son espace ? Encouragée à la liberté d'action par la conviction que cet entretien serait unique, je les ai accueillies comme elles sont venues. Et pour ma part, j'ai reçu comme un cadeau un retour de mon travail simultanément par quelqu'un qui me connaît depuis que j'ai pris cette fonction, et par une personne que je n'aurai vue qu'une fois...

Un couple illégitime mais de longue date - elle est veuve avec deux grands enfants, il est marié, a une fille de 13 ans. Un bébé s'annonce - et ces vrais amants, vrais parents sont confrontés à toute une série de questions sur le devenir de leur amour, les décisions à prendre, les précautions nécessaires, leurs représentations de ce qu'est une famille, le temps psychique incompressible malgré l'urgence de la situation... J'ai rarement vu, dans ces entretiens, une telle capacité d'élaboration, un tel souci de l'autre, de prendre la décision juste, de tout mettre en oeuvre pour faire le moins de mal possible, à l'autre, à tous les autres... Ils étaient beaux, très émouvants, et je le leur ai dit. En partant, elle a eu ce joli lapsus : Merci d'avoir éclairé nos lumières...

Aimons-nous amis (2)

Je ne raffole pas des chaînes Internet, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais j'ai trouvé ce texte-là sympathique...

Un simple copain , quand il vient chez toi, agit comme un invité.
Un véritable ami ouvre ton frigo et se sert.

Un simple copain ne t'as jamais vu pleurer.
Un véritable ami a les épaules trempées de tes larmes.

Un simple copain ne connaît pas les prénoms de tes parents.
Un véritable ami a leurs numéros de téléphone dans son carnet d'adresses.

Un simple copain apporte une bouteille de vin à tes fêtes.
Un véritable ami arrive tôt pour t'aider à cuisiner et reste tard pour t'aider à nettoyer.

Un simple copain déteste quand tu appelles après qu'il soit allé se coucher.
Un véritable ami te demande pourquoi tu as mis tant de temps à appeler.

Un véritable ami s'informe de ta romantique histoire d'amour.
Un simple copain pourrait te faire du chantage avec.

Un simple copain pense que l'amitié est finie quand vous avez une dispute .
Un véritable ami t'appelle après une dispute.

Un simple copain s'attend à ce que tu sois toujours là pour lui.
Un véritable ami est toujours là pour toi.

Un simple copain lit ce message et le supprime.
Un véritable ami le fait passer et te le renvoie.

06 janvier 2009

CM1

Bulletin de Léo : Léo est un élève discret et amusé qui travaille avec sérieux et sait participer activement à la classe. J'aime beaucoup, beaucoup, discret et amusé... C'est tout à fait cela.

Bulletin de Lulu au même âge : Travail très suivi, expression orale très active et intelligente. Mais aussi : Ne tient aucun compte des remarques qui peuvent lui être faites. Je ne suis pas contre une certaine fantaisie, mais il y a des limites à ne pas dépasser... Well, je n'ai pas tant changé que cela.

05 janvier 2009

Prévert

J'ai grandi avec lui - je l'ai appris à l'école - Dans la nuit de l'hiver galope un grand bonhomme blanc - j'ai fredonné les Feuilles mortes, je l'avais rencontré dans les livres de textes de ma mère, derrière le scénario du Roi et l'Oiseau, des Visiteurs du soir, des Enfants du Paradis, dans l'Opéra de la Lune qui me parlait parce que c'était l'histoire d'un enfant seul et triste rêvant à un monde chaleureux et gai - dans Paroles, dont j'ai appris certains poèmes par coeur à l'adolescence... Je suis comme je suis, je plais à qui je plais... ou encore : A cette époque, le mot délinquance juvénile n'existait pas. Et de même que celui de l'Immaculée Conception, la virginité de mon casier judiciaire reste encore pour moi un mystère. Par la suite... enfin, raconte pas ta vie.

En parcourant l'expo Prévert à l'Hôtel de Ville, j'avais l'impression de retrouver un ami de longue date. Et une liberté qui fait écho à celle de Varda (voir post précédent) : écriture, cinéma, chanson, collage, dessin, un touche-à-touche frondeur et tendre, définitivement fâché avec la police, l'église et l'armée, mais doux aux enfants, aux chiens crottés, aux étranges étrangers...

Un poète qui télégraphie à son éditeur son refus de concourir pour quelque prix que ce soix - la poésie n'a pas de prix, même la mienne - excepté pour le Nobel de poudre aux yeux et fumisterie ou quelque chose d'approchant...

Ai ramené aux enfants un livre de poèmes et histoires conçu pour eux, que nous avons lu après la fabrication de voiliers en coquilles de noix - pour voyager "à pied à cheval en voiture... et en bateau à voile."

PS : Le désordre des êtres est dans l'ordre des choses.
Jacques Prévert

04 janvier 2009

Sincère

C'est un travail d'horloger, qui demande beaucoup d'intelligence, mais il existe plein de solutions ! On cherche, on tatônne, on évolue. Mais on ne peut pas faire non plus comme si c'était facile de s'adapter à tout. Il faut y aller avec douceur, être délicat avec soi, avec ses sentiments, ne pas prétendre qu'on est toujours fort et que tout va toujours bien.

Sophie Marceau parle de sa famille recomposée, Interview ELLE

C'est pas que ce soit génial ; mais voilà - c'est sincère - ce n'est pas du prêt-à-ronronner, papier glacé. Et ça me plaît.

03 janvier 2009

Vent du large

Dès les premières minutes, nous étions sous le charme : les miroirs sur la plage, les couleurs, la poésie, la simplicité du ton, la curiosité indéfectible pour l'humain, qui la fait délaisser les retrouvailles avec la maison de son enfance pour mieux filmer le couple qui s'y est installé...

Une leçon de vie, de sensibilité et de créativité, appel à la liberté de ton, de regard et de moyens - à l'humour, à l'émotion. Une incroyable vitalité - 80 balais, tout de même ! Et un hymne à l'amour - du cinéma, de l'amitié, du couple, de la famille. De ses proches elle dit, je ne sais pas si je les connais vraiment, ou si je les comprends - mais je sais que c'est eux qui sont mon bonheur.

02 janvier 2009

Aimons-nous amis

Puisque chacun sa route et chacun son chemin
Aimons-nous amis de loin en loin
Aux giboulées de mars ou au cœur du mois d’août
Aimons-nous amis aimons-nous un peu beaucoup
Le baiser pour la fleur le sou pour le couteau
Aimons-nous amis aimons-nous comme il le faut
Comme des oiseaux fous un retour de hasard
Aimons-nous amis aimons-nous sans crier gare

Quand le ciel se crépit et se fait menaçant
Aimons-nous amis aimons-nous de temps en temps
Par lointaine pensée ou par tendre souci
Aimons-nous amis aimons-nous sans préavis
Sans même se le dire sans même se parler
Aimons-nous amis aimons-nous sans l’avouer
Sans révéler aux autres de peur de chagriner
Aimons-nous amis aimons-nous même en secret

Dans les rues désertées ou la ville en émoi
Aimons-nous amis aimons-nous comme il se doit
Sans en faire le Saint-Graal et sans goûter l’hostie
Aimons-nous amis aimons-nous dans l’hérésie
Parce que le bonheur ne viendra pas tout seul
Aimons-nous amis aimons-nous du coin de l’œil
Et parce que c’est vous et parce que c’est eux
Aimons-nous amis aimons-nous comme il se peut

Sans cette église molle convenant les départs
Aimons-nous amis aimons-nous sans faire-part
Au creux de la mémoire et non dans un fichier
Aimons-nous amis aimons-nous perpétuité
Par nos mains en étreinte avant le grand fossé
Aimons-nous amis aimons-nous comme jamais
Et si chacun sa route et chacun son chemin
Aimons-nous amis de loin en loin


Michèle Bernard

01 janvier 2009

Nouvel An


Une année qui débute sous le signe de l'amitié, de la couleur et de la fête. Et ce matin, au réveil, cette pensée : Garder les yeux fixés sur ce que nous n’avons pas nous empêche de voir ce que nous avons – qui est incroyablement riche, complexe, chaleureux, multiple et de laisser l’espace, le temps et la joie nécessaires à l’avènement d’autre chose. En 2009, changeons d’angle de vue !