11 juin 2025

Chanter rend heureux


C'est la devise de Clairie, et là-dessus elle a bâti un projet génial - 10 chorales cette année (ce soir-là on en a réuni quatre), 16 ou davantage l'année prochaine. Bon en vrai je ne suis pas soliste, on s'est divisé certains couplets phrase par phrase, mais c'était un vrai kif ! Et même si je n'en suis pas à ma première chorale, c'est toujours aussi puissant de se retrouver portée par le son au milieu du chœur. Je re-signe des deux mains pour l'année prochaine, d'autant que le projet est porté par mon cher Pot Commun - et que notre petit groupe est super sympa, c'est très beau aussi la façon dont ça tisse des liens de voisinage inattendus et précieux, permet d'ébaucher de nouvelles amitiés.

10 juin 2025

Créer des liens

08 juin 2025

Comment il sait tout cela, lui ?

Elle pense à tout, tout le temps.

Elle pense à tout, comme si le monde dépendait d’elle, comme si le quotidien des autres reposait sur ses épaules. Elle se dit que si elle lâchait, ne serait-ce qu’un instant, tout s’effondrerait. Alors elle ne lâche rien, jamais.

Elle tient, elle soutient, elle retient.

Elle s’occupe des rendez-vous, des devoirs, des courses, des Post-its sur le frigo. Elle pense à ce qu’il faut faire, mais aussi à ce qu’il ne faut pas faire, pas dire - pour ne pas déranger, pour rester cette femme qui assure, qui pense à tout, et qu’on oublie de remercier justement parce qu’elle le fait trop bien (...).

Elle pense à cette colère qu’elle maquille en bonne humeur pour ne pas contrarier.

Elle pense à tout ce qu’elle ne dit pas, à tout ce qu’elle ne demande pas, à tout ce qu’elle attend en retour – qu’on remarque, qu’on prenne le relais, qu’on la devance peut-être, qu’on la libère enfin d’avoir toujours à penser pour tout le monde sauf elle.

Mais elle ne dit rien, parce que dire, ce serait se plaindre, ce serait expliquer, ce serait affronter ce regard-là : celui qui ne comprend pas pourquoi elle est épuisée alors qu’elle n’a « rien fait de spécial ».

Et pourtant, elle fait. Elle fait sans qu’on voie. Elle pense sans qu’on sache. La nuit, quand le monde dort, elle le porte en serrant les dents…

Il lui arrive d'imaginer ce que ce serait de ne plus rien penser, de s'asseoir sans lister dans sa tête, de ne plus faire l'horloge, la boussole affective, le moteur humain qui tourne pour les autres jusqu'à dérailler.

Et malgré tout elle continue. Elle continue parce qu'elle aime, parce qu'on compte sur elle, parce qu'elle est devenue cette femme qu'on admire pour sa force, sans voir combien cette force est faite de milliers de pièces fragiles.

Elle pense à tout, tout le temps. Et elle aimerait juste qu'on pense à elle avec la même tendresse, le même dévouement. 

Elle espère qu'on la voie pour ce qu'elle est, et pas pour ce qu'elle fait. Elle espère qu'on la tienne. Qu'on la soutienne. Qu'on la retienne. Qu'on lui tire la chaise et qu'on lui dose :"Repose-toi. Je suis là."

Valentin Auwercz, alias ptitcrayon

Tu ne vas quand même pas sortir comme ça ?

Ou, meilleur thème de soirée pour que chacun exprime sa forme de dinguerie préférée... 
ce qui nous a fait à tous un bien fou je crois.

03 juin 2025

Une autre ZAD

Imaginez un temps et un lieu où on puisse discuter avec de parfaits inconnus de tout, de rien, mais surtout de sexe et d'amour. Où tous les goûts, genres, pratiques, formes relationnelles soient représentés, où toutes les questions pourraient être posées, sans que nul ne soit attaqué ou moqué pour son inexpérience ou ses fantasmes étonnants. Un lieu où l'on ne met en rien en acte, mais où tout peut être dit, en sécurité ; aucune attitude déplacée, inquisitrice ou méprisante ne sera tolérée. Un petit territoire utopique d'une diversité infinie, où le respect, l'humour et bien évidemment le consentement, qui ne s'applique pas qu'à la sexualité, soient rois. 

Ben ça existe. Dans un bar lambda, avec des gens apparemment lambdas, même si on note de-ci de-là quelques spécificités. Je trouve ça génial en fait. Cette diversité, cette bienveillance où pour une fois le mot n'est pas galvaudé, cette liberté de parler de tout ce dont on parle rarement (dont on ne parle jamais) dans les dîners en ville, n'est-ce pas (dommage) !

Cette variété de goûts, de genres, d'allures, de pratiques, d'expérimentations amoureuses ou sexuelles, c'est inspirant, et rassurant aussi – il y a donc encore des humains qui font des trucs plus ou moins fous, mais qui sont sympas, respectueux, ouverts au dialogue et pas complètement tarés.

Ce n'est banal en rien, ni dans le contenu ni dans la forme – échanger quelques instants à propos de trucs dont on n'a peut-être jamais parlé à ses amis, changer d'interlocuteur.ice quand on le souhaite, poser des questions, se confier aussi, et s'ouvrir à l'inattendu...

31 mai 2025

Bouffée d'air

C'est compliqué en ce moment, arriver à savoir ce qui est bon pour moi. Ou pas. Mais partir 48h, c'était la bonne décision. Même à fleur de peau. Si l'exposition Salgado m'a mise au bord des larmes, c'est sans doute que je n'en étais pas loin. Mais quel plaisir ensuite de simplement me poser d'abord dans cette extraordinaire bibliothèque des Franciscaines, puis de prendre un café sur leur terrasse. D'échanger avec cette drôle de dame qui parle aux chats, à moins que les chats ne soient une explication à peine plus plausible des informations qu'elle tient d'un ailleurs. C'est ce qu'elle m'a dit en tout cas. Que j'étais perdue, que je ne savais plus ce qui était bon pour moi : dans le mille. Mais ce qui est sûr, c'est que cette échappée a été bonne pour moi. Dans le plaisir de me commander une douzaine d'huîtres et de me baigner, comme dans la liberté de pleurer quand j'en ai eu besoin, ou de lire jusqu'à pas d'heure. Je crois que ce qui est bon pour moi, c'est de temps à autre, même très brièvement, de ne me charger de rien ni de personne, de n'avoir à m'occuper que de moi.

22 mai 2025

Step by step


Enfin j'essaie, parce que la fin de l'année est bien chaotique, sur tous les plans, et que la conséquence directe du mode survie-je-pare-au-plus-pressé vient impacter le dernier domaine qui n'était pas encore (trop) touché cette année, après les amours, la famille, la santé, celui du travail. Et, comme pour les amours et la famille, ça vient résonner en profondeur dans d'autres failles. Donc, un jour après l'autre. 

20 mai 2025

Notre-Dame


Malgré les troupeaux de touristes, le brouhaha constant, impossible de ne pas être saisie d'émotion en découvrant Notre-Dame dans sa splendeur renouvelée. C'était troublant de ressentir à la fois mon agacement devant l'énergie brouillonne de la foule, mon admiration pour les artisans du passé et ceux de cette renaissance au monde, et... un immense silence intérieur, l'espace d'une Présence invisible mais vibrante, vivante, incontestable. 

Comme si la cathédrale devenait une sorte d'écrin précieux pour un joyau impalpable - non pas un somptueux  artifice pour suggérer aux hommes l'existence d'un Dieu hypothétique, mais un espace d'accueil pour l'In-Fini, quel que soit le nom qu'on souhaite lui donner, un chant de louange devenu pierre et lumière non pas pour l'édification des masses mais comme un rappel, une invitation à s'ouvrir au moins à la question, quand bien même on n'aurait aucune réponse.

10 mai 2025

Boussole

Vous êtes prise dans un cercle infernal, et seule pour l'assumer. Ne rien faire ou penser pour Elsa est juste impossible pour vous, mais tout ce que vous faites et pensez vous est (ou sera) potentiellement reproché un jour ou l'autre. Alors ... ne pensez surtout pas que "quoi que vous disiez ou fassiez, vous faites mal" (...). 

Pour vous accompagner, je vous suggère modestement (en mesurant bien la "facilité" de ces propos pour moi envers vous) d'adopter ma maxime, celle que j'ai décidé d'appliquer quand j'ai eu l'impression de ne plus rien maîtriser dans ma vie et dans celles qui dépendaient de moi, que tout mon univers s'écroulait et se liguait contre moi, que j'étais définitivement nul et sans avenir...

Cette maxime ? 

FAIS CE QUE DOIT, ADVIENNE QUE POURRA.

Alors, oui, ne vous abstenez surtout jamais de penser et de faire, pour tenter de réduire les conséquences de situations présentes ou prévisibles. 

Faites et pensez à chaque instant ce que vous pensez devoir faire, chaque jour qui passe, à chaque instant. Et surtout en ne vous oubliant JAMAIS dans les équations posées.

Mettez en œuvre ce que vous pensez "juste" de faire, ou ce que vous parvenez à imaginer de "moins cata que possible" à l'instant T. Et ajustez quand vous le jugez nécessaire, en  n'hésitant pas à faire des demi-tour complets si cela vous apparaît alors "juste", ce jour-là. Et laissez advenir ce qui doit advenir.

Admettre ce qui advient n'est pas de la soumission ni de la lâcheté, mais c'est admettre que nous ne sommes "que" des humains, très imparfaits et si souvent démunis pour agir sur le cours de nos vies, et sur celui de ceux que nous aimons.

Mais toujours "faire ce que doit..." transformera votre vie et celles qui vous entourent, progressivement et très sûrement. Et vous permettra de continuer A VIVRE en tenant debout !

Merlin

09 mai 2025

Une balade avec Elsa

08 mai 2025

Célébrer



Elle a dit Lalie - une de ces sœurs jumelles nées sous le signe du Taureau - il faut célébrer. Faire la fête. Quand on peut. Dès qu'on peut. Je suis d'accord. Et puis c'était très chouette que cette année, ce soit Léo qui prenne la main pour organiser l'anniversaire d'Elsa : ça c'est un grand frère <3!

07 mai 2025

Transmission

Ce jour-là, nous n'aurons pas seulement parlé du petit Moi pris dans les aléas du quotidien, mais aussi des repères sur lesquels peut s'appuyer notre être-thérapeute. Oui, notre. Peut-être parce qu'il m'accompagne depuis si longtemps que le lien thérapeutique s'est très légèrement décalé, s'autorise parfois une transmission qui n'est pas supervision, mais qui est apparue spontanément là, tout en étant nommée - "qu'est-ce qui fait que nous souhaitons transmettre ?" - a-t-il interrogé dans un demi-sourire, comme pour lui-même.

Peut-être parce que j'ai évoqué la redécouverte, lors du week-end précédent, de cette vérité sans cesse oubliée : lorsque je m'épuise en travaillant, c'est que je travaille en force, en prenant sur moi, au lieu de me laisser traverser, habiter par le mystère de ce qui danse entre l'autre et moi.

Au détour d'une question sur la distance thérapeutique, le dévoilement mesuré, il m'a donné une boussole intéressante - s'il y a trop de plaisir, c'est qu'il y a trop de Je, là où nous nous devons d'être transparents, traversés justement.

En sortant j'ai pris quelques notes au vol, et ce n'était pas la première fois que nous en parlions - la version thérapeutique du primum non nocere, qui s'écrirait comme, ne pas interférer avec le libre-arbitre de l'autre, l'infini respect de la vérité et de la liberté de celui-ci - l'anti-coaching donc ; ne pas perdre de vue l'Être (qui n'est pas le Sujet) au-delà de l'être ; la peur qui nous indique que nous ne travaillons plus depuis un endroit d'amour au sens profond du terme. Si j'appréhende la relation avec tel patient, c'est que je ne me situe pas, ou plus, dans cet accueil inconditionnel, ce Namaste du soignant : je m'incline devant toi (et je laisse à la porte techniques et théories).

Ce qui n'a pas été nommé, mais qui est profondément apaisant et réparateur pour moi, c'est la reconnaissance implicite de ma qualité - dans tous les sens du terme - de soignante, par un pair dont je respecte la parole - par un père symbolique (qui ne joue pas à l'être dans je ne sais quelle séduction) mais qui occupe cette place par ce qu'il incarne et par ce qu'il  transmet, justement.

01 mai 2025

Âmies


Cette jolie orthographe, je l'emprunte à Charlotte. Des âmies, oui, entre lesquelles circulent librement, comme l'écrira Cécile quelques jours après, les bonheurs, les douleurs, les pantalons en lin et aussi l'amour. Quelques jours dont la bande-son pourrait être le joli Merci de Jeanne Cherhal, un chant de gratitude simple et joyeuse. Un filet d'amour invisible, une connexion silencieuse qui nous enveloppe aussi en dehors de ces précieux moments partagés. Quelle chance, et ce n'est pourtant pas faute que nous ayons, les unes et les autres, nos valises de pierres ou de plomb. Mais pas ensemble - ensemble c'est léger, rieur, et si nous vidons nos sacs c'est pour mieux profiter ensuite de la mer, du soleil et du jardin. Quelques jours sans patients, sans parents, sans hommes et sans enfants, à juste être - à ne rien porter d'autre que soi, tout en veillant les unes sur les autres. De vraies vacances, donc !

27 avril 2025

Entre nos mains

Et quand il n'y a plus de mots possibles, on peut toujours prendre par la main. Une main qui serre, retient, étreint à sa manière, la seule désormais possible, une main qui presque... joue ? Comme on ferait des jeux de doigts avec un nouveau-né...

Une main qui renoue le dialogue, permet pour quelques instants de rencontrer aussi le regard. Assez pour dire : "Tu veux un câlin ?", entrevoir un assentiment, ce tout petit oui de la tête. Pas facile, un câlin, quand on est sanglé dans un fauteuil d'hôpital. Mais possible. 

J'ai senti un minuscule baiser sur ma tempe, et j'ai décidé de pleurer plus tard. Au moment de partir, je lui ai dit, "Je suis contente de te voir", et j'ai deviné dans le mouvement de ses lèvres un "Moi aussi."

22 avril 2025

Gentil coquelicot

...mesdames, c'est une ronde enfantine que ma grand-mère me chantait. Moi je le trouve courageux ce petit coquelicot - au nom ravissant - dans sa manière de (se) pousser entre les failles, le long du bitume parfois, ou au hasard des talus. Et j'adore ce contraste entre son infinie fragilité et sa couleur éclatante, si fièrement affirmée à la face du monde. Impossible à semer - il ne se déplace qu'en liberté, impossible à cueillir - sous peine de le voir mourir, plus éphémère encore que nos courtes vies... et j'aime aussi son nom anglais, qui aurait toute sa place dans les nursery rhymes : poppy !

20 avril 2025

Décider d'être heureux

...ça ne marche pas toujours, et les vagues plus ou moins souterraines sont hautes, quelquefois submersives, et pour tous en ce moment. Mais parfois on y parvient, et ça offre quelques instants de répit, ou même de petits instants de grâce, une version faite maison de "Ensemble, c'est tout". Comme chez Anna Gavalda, nous sommes un petit groupe un peu branlant mais solidaire, avec son (gros) lot de défis, de handicaps et d'inquiétudes ; une toute petite famille, deux grands-mères, deux "grands-petits-enfants", et moi. C'est fragile mais ça tient chaud, et ça ne manque ni de courage ni de panache - comme le coquelicot ci-dessus.


10 avril 2025

Ground Control (to Major Tom ?)

Je l'ai fait ! Avec la trouille d'aggraver mon problème (non), des bouchons d'oreille et une migraine ensuite, mais ça en valait carrément la peine. Avec nos 4 chorales parisiennes, plus de 100 choristes (je me demande si un jour on réunira les 10 en France, mais déjà là, c'était magique). Ground Control plein à craquer, ils ont dû filtrer les entrées. J'ai pris beaucoup de plaisir à planer sur les harmonies de Space Oddity et à reprendre Respire encore, alors que ces deux choix de chansons ne m'emballaient pas du tout initialement - la Symphonie des éclairs, très chouette aussi - sur une vidéo du public, on entend distinctement le type dire, "Heureusement que je prends des anti-dépresseurs sinon je serais déjà en larmes", j'adore, meilleur compliment ever !

08 avril 2025

Sourire et pleurer

Parfois tellement de gravité, de confiance, de profondeur, de sourires et de larmes dans une seule matinée de ce boulot... La première a déposé son souhait profond de pouvoir un jour confier à un homme qu'elle rencontrerait la totalité de son histoire aux multiples traumatismes sans que cela ne bouleverse l'équilibre de la relation ; en attendant, c'est dans la sécurité du cabinet qu'elle en a déployé le cours - sans doute encore bien plus complexe que ce qui a été évoqué. Quelques jours après : Je voulais vous faire un message mais je n’ai pas osé, je voulais aussi être certaine que certains démons étaient partis. Un grand merci.

La seconde a égrené les thèmes de la honte - la nôtre ou celle que l'on hérite de nos parents, les questions des transfuges de classe, les échecs réels ou vécus comme tels, l'impression de ne jamais être à sa place - dans le bon pays, la bonne langue, le bon milieu, la bonne carrière. Mais aussi la suspicion peut-être d'un abus oublié dans la prime enfance, qui viendrait frapper à la porte sous forme de cauchemars récurrents, et au travers de l'omniprésence de cette question de la honte, et d'une menace sourde, d'une insécurité précoce.

La troisième, au-delà de la période actuelle difficile pour elle, a partagé spontanément plusieurs expériences spirituelles profondes qui nous ont amenées sur la question de la psychothérapie transpersonnelle, de la possibilité d'une souffrance qui ne concernerait pas seulement notre petit moi mais qui résulte de la coupure d'avec ce qui en nous est plus grand que nous - et des chemins qui permettent de s'y relier. 

Le quatrième... a eu le bon goût d'oublier sa séance, et je l'en remercie - bouleversée, ravie, épuisée, et possiblement incapable de m'engager plus dans la relation ? Non - je sais que j'en aurais trouvé les ressources, mais, à quel prix, ces jours-ci ?

Bonnes questions

Entends-tu le son de ta propre respiration ? De ton coeur qui bat ? De la forêt qui pousse ? Il y a de ces sons qui ne font pas appel à l'oreille. Il y aussi, le son du silence.

Il y a aussi des bruits infernaux qu'on entend sans l'oreille : ceux de nos pensées en boucles.

Pourrais-tu te réfugier quelque part ?

Carsten

06 avril 2025

Les Fabuleux

... ce qui est plus surprenant, c’est sans doute ce lien bizarre qui en résulte, une forme d’intimité amicale. Les amis. Ça ne ressemble à rien, mais c’est joli.

Ah, et puis un des deux m'aura aussi offert ceci : Je ne crois pas à ceux qui "cherchent une relation sérieuse", la relation devient sérieuse toute seule si elle en a envie. Ca semble évident dit comme ça, mais j'ai trouvé ça infiniment libérateur. 

05 avril 2025

Sourde oreille

Bon mais ces jours-ci je ne suis pas sûre qu'on soit même à 12/20 - il y a la grande Histoire qui semble foncer dans le mur chaque jour un peu plus vite, la Terre qui brûle, et nos petites vies, l'avenir de mes enfants déjà grands, chacun avec ses questionnements, légers ni l'un ni l'autre pour l'instant. J'ai peur pour ce monde, j'ai peur pour eux.

Et puis ces jours-ci pour moi il y a cette oreille en folie qui démultiplie acouphènes, migraines et vertiges, menaçant à la fois mon exercice professionnel et tellement des choses que j'aime dans cette vie - annulation d'un concert que je me faisais une joie de partager avec Léo et Elsa, peut-être abandon de la chorale (?), sillonner Paris oui mais avec des bouchons d'oreille, aller bavarder avec ceux que j'aime dans un café, un restaurant, c'est non, le niveau de bruit n'est plus tolérable pour le moment. L'ORL dit, il faut vous calmer madame, la fatigue et l'anxiété décuplent vos symptômes - elle est marrante la dame... 

J'ai peur - que ça ne revienne jamais à la normale, des dépenses de santé qui se démultiplient, des résultats de l'IRM avec injection qui se profile, d'être appareillée, de finir chaque journée en pleurant d'épuisement parce que me concentrer sur la parole de mon interlocuteur en luttant contre l'acouphène d'un côté, l'hyperacousie compensatrice de l'autre, c'est infernal.

Il y a pourtant un effet de vérité là - dans ce double mouvement, une envie folle de faire la sourde oreille à toutes ces détresses, de fermer les écoutilles, et en même temps de l'autre côté ça rentre à flots, me submerge et m'abîme. Et puis "Sinon, il y a la vie", comme l'a soufflé François Roustang à Nicolas Demorand. Chercher des premiers secours. Du côté du corps - traitement(s), ostéo, massage. Du coeur - ne pas renoncer aux rencontres, amoureuses, amicales, humaines. De l'âme - chercher le Soi derrière les nuages du mental, cette part intangible et tranquille, ce silence contemplatif - un nénuphar flottant tranquillement entre la terre et le ciel.

04 avril 2025

Santé mentale

La vie est trop courte
pour souffrir sans remède
se ramasser sans demander de l'aide
la vie est trop courte
pour la vivre à demi
devenir son propre ennemi...

Jeanne Cherhal, qui chante... son traitement anti-dépresseur.

Et je me suis déconnecté avec cette idée que ça allait aller. Vraiment.(...) Ca va pas forcément aller, mais on VA y aller (...). Moi j'ai toujours voulu que la vie soit 20/20, j'attendais le moment où ça allait s'aligner pour que ça devienne 20/20 mais je crois que c'est en acceptant que ce soit toujours 12 qu'en fait on se retire la pression de la note.

Panayotis Pascot, cité par deux patients cette semaine.

Et puis Nicolas Demorand, qui assume un matin pas comme les autres sa souffrance psychique devant des millions d'auditeurs "Je suis malade mental dans un monde qui ne sait pas ce qu'est la maladie mentale. Qui pense, d'ailleurs, que ce n'est pas une maladie (...). La maladie mentale, sauf cas extrême, reste prise dans un nuage de mépris, de déni et de morale", écrit-il dans son bouleversant  petit livre Intérieur, nuit. 

Voilà - ça bouge, je crois. Et ça ouvre enfin la parole. C'est beau. 

30 mars 2025

Comme une caresse

- Je me sens belle quand tu me touches...
- Tu es toujours belle. Mais tu es belle quand tu arrives, et encore plus belle quand tu repars... 

J'adore. La délicatesse de ce qui n'est pas dit, et de ce qui pourtant est si transparent... et puis, c'est VRAI (et c'est fou que cet homme qui a si peu de mots dise de temps en temps des choses comme celle-ci.)

22 mars 2025

Ordonnance de joie

C'est une question récurrente dans les métiers du soin, la façon dont nous nous chargeons de toutes sortes d'émotions qui ne nous appartiennent pas. Cette semaine, une drôle de dame m'a offert une image intéressante là-dessus - l'idée que cela repose aussi sur une croyance, celle qu'accueillir/aimer l'autre impliquerait de garder tout ce qu'il nous donne - un peu comme on se sentirait obligé de garder le cadeau moche offert par un proche. Elle dit, vous pouvez retenir l'information, sans garder la charge émotionnelle (ou lire le livre puis le faire circuler, autre comparaison intéressante). 

Et elle a lourdement insisté sur ces idées vaguement révolutionnaires : votre joie n'est pas un détail / votre vie compte autant que celle des autres. Ah, oui ? Une invitation à la joie - pas uniquement au plaisir, mais à la joie, sans enjeu et paisible - quelle que soit la forme qu'elle prenne mais un peu chaque jour. A votre façon à vous - une façon de vous nourrir/recharger par vous-même et pour vous-même. Laissez venir. Créez - pas sur un mode mental ou technique mais spontané. Laissez de la place à l'espièglerie, à la magie, à la légèreté - à ma Fée Clochette intérieure donc. Ça me va très bien, comme prescription !

Ce qui m'aide et me connecte aussi, c'est la culture - récemment, Carmen., époustouflante mise en abîme - féministe de surcroît - sur la création de cet opéra qui fête ses 150 ans, Nos assemblées, jolie réflexion - terriblement d'actualité - sur les façons de faire peuple, On ira, film léger et profond sur la liberté de choisir sa fin de vie, et j'attends avec impatience Coup fatal (musique baroque et danse "sapée" congolaise), mardi prochain, qui devrait être un concentré d'énergie atypique et de bonne humeur. Ah, et puis il y a eu aussi Histoire de Souleymane, bouleversant, et Flow, très joli...

15 mars 2025

Cycles de vie

On considère la visite à sa mère comme un événement privé et banal : il va falloir lui installer WhatsApp parce qu’elle ne comprend rien à son téléphone, l’aider à faire sa déclaration d’impôt, toutes ces activités que l’on juge triviales. Mais si l’on comprend que cette visite s’inscrit dans des cycles cosmiques, elle change de valeur. Votre propre existence, au moment où vous faites ces choses-là, change d’intensité. La visite que l’on rend à sa mère devient une sorte de cadeau métaphysique que l’on fait et que l’on reçoit. Si l’on comprend que notre présence a pour fonction de démontrer sa survie à la mère, de dire : « Maman, je suis là, j’ai survécu à tes défaillances qui m’ont heurté dans ma plus grande vulnérabilité, et, ensemble, nous continuons à survivre », alors cet échange devient tellement chargé de valeur qu’il en est à pleurer de beauté.

Il faudrait, au fond, avoir dans ces moments-là un sentiment comparable à celui que l’on a devant les vagues de l’océan ou devant un coucher de soleil. Or, les vagues, le coucher de soleil, nous ne les observons que comme spectateur. Ce qu’il y a de bouleversant dans le rapport cosmique entre la mère et l’enfant, c’est que l’on y est acteur et actrice. Il permet certaines formes d’amour, qui semblent minuscules, mais ont des enjeux très grands : on participe à quelque chose que j’appelle la régénération. Cette régénération, elle est de très grande amplitude.

Maxime Rovere, interview dans Le Monde

"Emerveillable"

C'est ma grande aptitude. Comme on disait "apte au service militaire", je suis apte à l'émerveillement. En quête. Je me fabrique des étonnements heureux. Je veux toujours voir apparaître le soleil à travers les arbres. 

Je suis sans cesse en recherche de lieux, d'instants qui vont déclencher ma capacité d'enchantement. C'est mon savoir-vivre. Je jubile fréquemment. Ma capacité jubilatoire peut naître sur un coup de vent, sur le ronflement particulier de la mer. 

Certaines lumières m'enflamment. Alors je vibre. Mais ça peut être aussi bien le chant d'une alouette.

Pour un guetteur de ma sorte, il peut y avoir beaucoup de moments pleins de perfection absolue. J'ai l'oeil. Je me le suis fait.

Olivier de Kersauson
De l'urgent, du presque rien et du rien du tout

11 mars 2025

L'Enchanteur

Un lien du coeur inclassable, a diagnostiqué le psy. Ou inc(l)assable ? ou in(c)lassable ? Une bulle multi-dimensionnelle où les catégories amitié-amour-famille-de-coeur n'ont pas vraiment cours, et c'est très bien ainsi. Pas le premier ni le seul, et pourtant tout à fait singulier, autant qu'irremplaçable. J'aime beaucoup ces liens qui libèrent, cette invention permanente en dehors des normes établies de la relation. Cet infini respect de l'altérité. "Peut-être est-ce que toutes les relations devraient s'écrire ainsi - dans ce respect infini de la liberté de l'autre", écrivais-je aussi au début de la relation avec Samir. Peut-être c'est toujours cela qu'on perd et qui nous perd, quelle que soit la relation, et qu'elle soit amicale, amoureuse ou familiale - peut-être est-ce toujours à réinventer. 

08 mars 2025

La beauté du coeur

...il n'est pas de plus grand courage que d'être gentil.

Damien Saez

07 mars 2025

Ouvrants

J'explique à une patiente ce qu'est la "fenêtre de tolérance" - grosso modo, la gamme de situations et d'émotions à laquelle nous pouvons faire face sans en sortir par le haut - agitation, colère, passages à l'acte - ou par le bas - prostration, atonie, dépression. En gros, ce que notre système nerveux est capable d'encaisser sans dérailler. Et là elle me répond du tac au tac - ah oui, moi j'aimerais bien avoir une baie vitrée, et là, c'est plutôt un hublot... 

Cheerleaders

"La force vous l'avez en vous. Votre fragilité est d'en douter, toujours et encore (...) combattez là où vous êtes efficace : dans l'humain... et accompagnez. Vos patients, vos enfants, avec toute la puissante empathie qui est en vous."

"Une des raisons d'espérer c'est ta force et cette bonté en toi, si belle et si puissante (...). Tu es un si joli paradoxe de sensibilité, de fragilité, et de force, et de détermination."

"Tu ressens que tu es seule, ne reste pas coincée là-dedans. Tu es une belle personne, et également communicative. Fais de nouveaux contacts, il y a tellement de gens intéressants. Assure-toi d'être alimentée par une énergie positive (...). You are not all egoistic if you limit to help other people. You are not on this planet only to give and to give. Change this expectation you have on yourself."

"Vous avez des ressources ! Vos enfants, vos patients le savent, Samir et les jumeaux le savent...  il faut que vous en retrouviez le chemin mais elles sont là."

Bon, si avec ça je ne me remets pas debout !!!

01 mars 2025

L'Attachement

L'Attachement, c'est un drôle de petit film inattendu et délicat. Une série de portraits de "gens qui doutent", fragiles et forts, se débrouillant tant bien que mal avec la solitude et les deuils, la parentalité, le couple, et navigant entre l'amour et l'amitié dont les frontières sont parfois si floues - et alors ?

J'ai adoré.

Cette libraire si vivante, indépendante et tendre - "tu es tout et son contraire", lui dit son voisin.
Ce brouillage des frontières d'âge, des liens du sang et du coeur.
Cette infinie tendresse du regard posé sur la façon dont chacun des personnages essaie, à sa façon, d'avancer quand même.
La justesse et la douceur dans la parole de tous et chacun - ah, si seulement nous pouvions avoir toujours cette clairvoyance et cette délicatesse dans la vraie vie...
Et cette façon d'entendre, de devancer ce qui se dit à demi-mot, dans un infini respect de l'autre - ou comment une histoire de compote pour bébé permet à chacun de reprendre son chemin, non sans chagrin mais néanmoins avec une reconnaissance tendre de ce qui a été vécu.
Ces pères de sang ou d'adoption, mais unis dans la recherche du meilleur possible pour leurs enfants - qui m'ont évoqué cet autre joli film sur un père de coeur, Le roman de Jim. 
Les liens de Sandra avec ces petits enfants qui ne sont pas les siens, qui m'a évoqué si fort celui que j'ai avec les jumeaux. Cette intimité du corps - les câlins, les jeux, se mettre à hauteur d'enfant.
Et ce moment si bouleversant où elle remonte les bretelles d'Alex - qui le mérite par ailleurs largement - en lui faisant remarquer à quel point il est entouré d'amour... 

28 février 2025

Diagnostic

Ce n'est pas, et heureusement, le deuil d'un "mieux" possible. Mais c'est sans doute celui d'une vie "normale" - et c'est le nombre de petits deuils intermédiaires qui en découlent. En même temps, ce serait quoi, normal ? Et est-ce que notre vie a jamais été normale, depuis dix ans ou plus de toute façon ?

C'est encore bien plus d'incertitude, dans un monde qui l'est déjà tellement, incertain... ou trop de certitude, sur le fait que maintenant, il n'y a plus d'autre horizon que d'adapter. De s'adapter. D'inventer. D'anticiper - mais en même temps, anticiper quoi, et comment ? Admettre que les possibles se restreignent. Mais aussi qu'il est trop tôt pour entrevoir ceux qu'on avait pas encore envisagés.

Accepter de regarder en face les peurs les plus vertigineuses, et d'affronter nos solitudes, sans le soutien régulier d'un père pour Elsa, d'un compagnon pour moi. Qu'est-ce qu'il change, ce diagnostic, et même, qu'est-ce qu'il signifie ? 

Il est si difficile à cerner ce handicap invisible, dont les contours changent d'un jour à l'autre, parfois d'une heure à l'autre, sans anticipation possible. Si difficile à vivre, et si difficile à expliquer, tant il entraîne des décalages et des incohérences, un grand écart permanent entre maturité intellectuelle et empêchements fonctionnels, créativité tout azimuts et fatigue écrasante, finesse relationnelle et limitations sociales...

Nous sommes probablement encore loin d'en mesurer les implications... qui de toute façon évolueront au cours du temps. Pour le moment il s'agit de trouver la force de rassurer, de tenir, d'accompagner, et de trouver des raisons d'espérer. C'est le moment d'avoir foi - c'est si beau, d'avoir la foi.

Anges gardiens

Et puis ce matin au milieu des consultations, il y a ce message audio de notre responsable d'équipe médicale à qui j'ai confié hier ce qu'Elsa et moi nous traversons, parce qu'évidemment ça impacte ma présence  - un message qui me remercie de la confiance que je lui fais, redit son engagement pour le bien-être de toutes et propose du soutien en cas de besoin. Une équipe qui va bien et où nous veillons les unes sur les autres - "N’hésite pas, on est là"- c'est un privilège si rare, et une telle chance en ce moment pour moi...

Un message qui nomme aussi, et c'est peut-être plus précieux encore, ce que j'apporte à cette équipe, à cette clinique, aux étudiants que nous suivons - et qui ce faisant me redonne mon identité de soignante, une reconnaissance de ma compétence et de mon expérience, et une raison de continuer à être là - ce qui me vient c'est cette expression anglaise, to show up - de me manifester, de me présenter dans ce que je suis. Je l'ai écouté deux fois d'affilée - ça m'a émue aux larmes...

Et puis dans ma boîte mail j'ai trouvé ça : 

"(...) Tu travaille comme psychologue indépendante (c'est ton métier, non ?) Ne gaspille pas ton énergie à te battre avec ton ex. C'est de l'énergie négative. Fais ce pour quoi tu est douée et développe-le. C'est là que réside ta force. Peut-être tu peux développer des choses commercialement dans ton domaine. (Aide aux parents avec des filles autistes ? Une association ?) Think outside the box. Chaque inconvénient a son avantage. Tu vas trouver des solutions. Fight like a girl 😃- If you want someone to brainstorm, I am here.

Si ta situation (ou d'Elsa) devient vraiment pénible tu peux frapper à la porte. Je ne fais aucune promesse mais peut être je peux aider."

...et re-sourire embué. Yes.  

Cette guerre

J'espère j'espère que tu vas la gagner cette guerre cette guerre celle dont tu parles à personne (...)

Faut la mener cette guerre même si tu la perds même si tu la termines même quand c'est la paix faut la mener cette guerre même si tu la perds même si c'est la dernière même quand tu la tais moi j'te reconnais entre nous on s'reconnaît entre nous nous qui traînons nos mal-êtres incognito dans le pub nous qui pensions ne pas l'être mais nous qui sommes fucked up nous qui purgeons nos colères en courant chaque matin qui soûlons nos chagrins nos douleurs dans le vin et la peur de la mort on la transforme en effort on l'évacue on l'évacue on l'évacue dans le sport tu règles rarement tes problèmes alors pour oublier tu cours et tu rêves de pause et de trêve de ranger ton glaive et ton bouclier (...)

D'abord on se promet d'arrêter d'arrêter de quoi ça dépend pour qui de quoi on se promet d'arrêter de le voir de fumer de boire arrêter l'espoir d'une rencontre rare dissipant le noir qu'on broyait personne ne va te sauver on se sauve tout seul tu peux te faire aider mais on se sauve tout seul (...)

C'est pas grave si tu le caches mais sache que tu n'y arriveras pas sans tache non tu n'y arriveras pas sans que ça se voie tu n'y arriveras pas sans clash non (...) tu n'y arriveras pas sans que tu nous l'avoues un peu  y a que ceux qui font rien qui feront jamais de bêtises y a que ceux qui font rien qui feront rien que juger pendant que toi tu combats tu reçois t'organises pendant que toi t'as tenté t'as perdu t'as gagné t'as reçu t'as donné t'as rendu t'as paumé t'as déplu t'as brillé t'as rien pu t'as raté t'as tout vu t'as coulé t'as trop bu t'es tombé t'as tenu des années t'as craqué t'as rien dit t'as menti tu t'es repris et tout seul dans la nuit t'es reparti dans ta guerre (...)

J'espère j'espère que tu vas la gagner cette guerre cette guerre celle dont tu parles à personne (...)

Ben Mazué

27 février 2025

J'avoue, j'hésite.


21 février 2025

De l'air

 
Je comprends bien le concept, du séjour de répit. Pour les aidants comme pour les aidés : s'éloigner de la ville, du bruit, de l'agitation, des charges mentales personnelles et professionnelles - et souffler dans un environnement paisible et chaleureux. Avec des gens bienveillants, des animaux, des arbres, de la verdure - de belles rencontres, Guilou toujours, Bo et sa fille à nouveau. Nous n'avons rien fait d'autres que quelques balades, deux ou trois brocantes, de la lecture, du papotage, et c'était parfait comme ça. 

...où elle pourrait sourire sans soupir et qu'on lui donne enfin de l'air... qu'elle s'abreuve sans fin de l'air... (Olivia Ruiz, De l'air)

Ah, je suis aussi revenue avec un petit kilo de plus, la faute à la sainte Trinité confit-magret-foie gras... (on ne peut pas être végétarien dans cette région) !

16 février 2025

"But when you touch me like this..."

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, cette semaine j'aurai dîné dans le noir avec un prof de philo burkinabé, déjeuné au Luxembourg avec un océanographe, mangé de la tartiflette avec un trio de super nanas avec lesquelles nous avons beaucoup ri de nos expériences sur les applis de rencontres, pleuré toute seule dans ma bière le soir de la Saint-Valentin - tout ça pour passer la nuit de samedi à dimanche dans les bras de Samir, parce que, malgré tout ce qui rend cette histoire de plus en plus impossible, c'est toujours là que j'ai envie d'être.

Ou : "On n'a pas le cul sorti des ronces", selon une de mes expressions favorites. 

04 février 2025

Illuminations


La visite de l'exposition Frison-Roche au Collège des Bernardins ce mardi, la journée de respiration holotropique le vendredi suivant, deux moments de connexion avec la dimension spirituelle. Les oeuvres de Frison-Roche sont inspirées, fascinantes non seulement par leur beauté - cette palette de bleus-verts et ors ! mais par leur profondeur, comme si leur auteur était touché par la grâce, intimement en contact avec l'invisible. Et dans l'exercice et le lâcher-prise du souffle, s'ouvre aussi une porte vers d'autres mondes, intérieurs ou supérieurs - après avoir littéralement expulsé l'ombre accumulée ces dernières semaines, ce fut une jolie surprise de découvrir Marie - en l’occurrence, sous la forme de la Guadalupe, au pied du matelas, en revenant à moi...

31 janvier 2025

Ca recommence...

...la fatigue, la saturation, l'envie de changer de métier. Les mois d'hiver sont rudes, et je redécouvre à chaque fois non seulement combien il est difficile de l'exercer quand on est soi-même chancelant, mais surtout, ce qu'il implique de responsabilités. 

J'oublie qu'heure après heure, notamment auprès des étudiants, ma disponibilité doit rester suffisamment constante pour ne pas passer à côté d'un signal faible ; et mon énergie suffisamment présente pour ensuite activer les réseaux, trouver des interlocuteurs dans un système de soins sinistré.

Et puis je me retourne, et je regarde les deux dernières semaines : un accompagnement aux urgences psychiatriques ; une gamine isolée dont l'anxiété lui fait faire des crises de tétanie terrifiantes - appel au secours d'une structure jeunes adultes dans la foulée, ouf, elle est prise ; une troisième qui flirte avec la prostitution et que je raccroche à une consultation externe où elle est déjà connue ; et cet autre dont le délire enfle sans pour le moment donner prise à une possibilité de soins, et celui-ci dont la compliance à toutes nos propositions masque mal le désespoir toujours tapi derrière son sourire poli.

Quelquefois sans qu'il y ait de drame en cours, il y a juste l'agilité mentale nécessaire pour passer d'un doctorant en informatique quantique à une étudiante en sciences de l'Antiquité qui apprend l'araméen, l'hébreu et l'égyptien, d'un futur chef d'orchestre à une jeune Martiniquaise qui travaille sur le post-colonialisme - en visio depuis Boston.

Toutes choses qui sont un magnifique cadeau et un privilège en temps normal. Mais là, comment dire, la batterie est un peu faible. Et parfois j'ai peur. Peur de passer à côté. Peur d'être trop près, plus à la bonne distance. Peur d'être trop loin, de survoler, de me défendre pour ne plus entendre. Peur d'oublier que ces jeunes adultes ont l'âge de mes enfants, peur de ne le savoir que trop. Bref, vivement les vacances.

28 janvier 2025

Et maintenant, on fait quoi ?

Surtout rien. On attend. On respire. On prend le temps d'accueillir la peine, la colère, toutes les peurs, et de relire l'histoire avec une grille de lecture nouvelle (et oui, ça fait remonter à la surface des blessures non cicatrisées).

Le temps de faire le deuil de ce qui aurait pu être différent, si on avait su. Et celui de ce qui ne sera pas. On comprend autrement, ça coche les cases, ça prend sens - "ça clique" - dit Elsa, qui pose et se pose des questions qui témoignent de sa maturité, de son intelligence et de sa lucidité.

On essaie de ne pas faire l'erreur habituelle de chercher aussitôt des réponses, des solutions, des stratégies - nous l'avons tant fait déjà. Il faudra bien sûr mais... pas tout de suite. L'hiver ce devrait être le temps du répit, du repos, de ce qui s'écoule doucement avant que quelque chose, peut-être, ne germe et ne refleurisse. Est-ce qu'on peut à la fois faire confiance et ne pas ignorer qu'il faudra du temps, un temps incompressible autant qu'imprévisible ? Je crois que oui. Est-ce que je peux ne pas m'oublier une nouvelle fois sur ce chemin ? L'avenir nous le dira. 

26 janvier 2025

Au musée Jacquemart-André

 

24 janvier 2025

That's it


22 janvier 2025

Faire avec

Ce n'étaient pas exactement ses mots, mais c'était l'idée, après un échange sur les blessures et les manques - ce que nous portons malgré nous ou à cause de nous, parfois pour toujours - handicaps, carences et traumas divers : "Peut-être que notre dignité, c'est de faire avec ce qui nous leste ?" - Inventer un chemin non pas contre, ou malgré, mais avec. Précisément avec. En toute humilité, en toute tranquillité - ce qui m'évoque aussi ce merveilleux titre de Gaëlle Josse, "De nos blessures un royaume".

Plus tôt aussi nous avons aussi rappelé - en tout cas il m'a semblé le redécouvrir - ce que la sollicitude extrême, si bien intentionnée soit-elle, peut paradoxalement empêcher chez celui ou celle qui en est l'objet ; et cette voie de passage possible peut-être d'être vis-à-vis de l'autre comme dans un regard de grand-parent - inconditionnel, intéressé par l'être mais désintéressé d'un quelconque résultat, ce regard sans pression ni enjeu, simplement aimant. Curieux, et confiant.

17 janvier 2025

Tout va bien

Aujourd'hui, c'était la fête pour les deux ans du Pot Commun, le café associatif adossé à ma librairie coopérative favorite. Ca voulait dire, retrouver dans ce petit espace nos libraires surmotivées, les bénévoles de l'association, le groupe de ukulele et celui de Gospel. Et les choristes du Labo de Clairie, dont je fais partie - un projet génial, mosaïque de chorales à travers le pays qu'elle a pour objectif de rassembler pour des concerts communs.

Bref, un concentré d'humanité engagée, chaleureuse, généreuse - grâce à ce lieu de liens qui attire des gens à son image - j'adore découvrir ce voisinage qui mélange âges, milieux et professions, autour de projets partagés mais surtout de valeurs communes. 

PS : "Tout va bien", c'est la chanson du Labo que nous faisons reprendre au public... 

14 janvier 2025

Et si ..?


 

11 janvier 2025

Noël après Noël

Celui où on se raconte les histoires de famille : "Et toi, les fêtes, c'était comment ?", les histoires de cœur, les histoires d'enfants et les histoires de boulot. Un Noël sans conflits, sans pression, avec plein de petits cadeaux attentionnés et surtout, l'expérience renouvelée de ce filet de sécurité, trampoline et refuge, qui nous accompagne jour après jour.

09 janvier 2025

Retrouvailles

Quand je suis arrivée avec ma hotte de Père Noël pour Samir et les twins, devant la porte il y avait pour m'accueillir un dessin, une petite boîte en origami avec un petit mot, et une avalanche de câlins et de joie non feinte, et ça m'a fait un bien fou. Enchantée aussi qu'ils aient encore l'âge de se réjouir des deux doudous-renards jumeaux que j'avais choisis pour eux - ils sont allés dormir avec - et attendrie par leur père disant, c'est parce que c'est toi, avec moi ils font les bonhommes genre on est grands on n'a plus besoin de doudous. On a joué, dansé, ils m'ont demandé si je restais dormir et nous avons décidé que dans l'état actuel des choses, c'était mieux que je rentre mais ça m'a vraiment, vraiment réchauffé le cœur.