03 novembre 2019

Refuge

L'espace sacré, c'est le lieu, matériel ou immatériel, où le coeur vient se ressourcer. C'est en lui que l'âme trouve le repos le temps d'une pause bien méritée. C'est un portail entre les mondes visibles et invisibles (...). Dans l'espace sacré, l'être a accès à la mémoire, à l'amour, à la sagesse, à la beauté - au calme et à la douceur (...).

Comment peut-on seulement vivre sur cette Terre, sans, de temps en temps au moins, prendre refuge ? Prendre refuge dans quelque chose qui nous protège, nous accompagne, nous guide ; prendre refuge dans la présence tout en grâce d'un colibri ou d'un rouge-gorge, dans la force minérale d'une montagne sacrée, dans l'indicible et bouillonnante sagesse d'une forêt que l'on aime ; prendre refuge dans quelque chose qui nous rassure, nous réchauffe l'âme, nous fait du bien  ; dans un chant qu'une amie de coeur nous chante ; dans un livre que l'on reçoit comme réfléchissant toute la lumière du monde, ou un ouvrage à l'épaisse couverture décrivant les peuplades gardant et soignant de leur sagesse la Terre-Mère ; prendre refuge dans un sourire que l'on nous a fait au cours d'une randonnée, dans la parole d'un sage vivant au sommet des montagnes : "La vie est un éclat de rire !" ; dans les valeurs nobles où le respect tient la part du lion ; prendre refuge dans les croyances qui nous emplissent d'espoir, dans un code éthique en phase avec le Tao ; ou encore, prendre refuge dans un lieu préservé, dans un jardin que l'on soigne de mille attentions, dans un sanctuaire que l'on garde comme un trésor ? (...)


Je chemine vers le coeur pur et je prends refuge en lui.
Je chemine vers la clarté, et je prends refuge en elle.
Je chemine vers le vivant, et je prends refuge en lui.

Laurent Huguelit, Mère

Le temps n'existe pas

Tu n'avais pas oublié, car on n'oublie jamais rien. Parfois, on croit oublier, mais il suffit de se reconnecter à la mémoire du coeur et tout est là. Tout est écrit quelque part, pour toujours, rien ne s'efface. C'est écrit dans la terre, dans l'eau, dans l'air, dans le feu. C'est écrit dans les larmes versées, dans les éclats de rire, dans le corps, dans le sang. La mémoire est partout présente et lorsque tu prends la plume pour fleurir la page blanche de tes mots colorés, tu la rends disponible, visible - tu la communiques. C'est une communication avec la mémoire qui est rendue possible par les mots.

Laurent Huguelit, Mère

31 octobre 2019

Je voudrais un miracle

Je voudrais un miracle.

Remonter le temps.
Il y a trois semaines.
Hugo était encore là.
Il y a deux mois.
Elsa était en soins et en classe.
Il y a trois ans.
C'était déjà dur mais encore gérable.
Il y a quatre ans.
Il y a dix ans.
Nous allions voir les vitrines de Noël des grands magasins et nous lisions les premiers Pico Bogue. 

Je voudrais un miracle.

Je voudrais avoir encore l'âge où il est possible d'appeler à l'aide, et de voir arriver une fée ou un bon génie qui console, protège, prend l'intendance en charge, essuie vos larmes et vous prépare un  bon chocolat chaud en vous assurant que tout ira bien (mais je pense que je n'ai jamais eu cet âge-là). 

Je voudrais un miracle.

27 octobre 2019

Croire

Ça me bouleverse le poids des mots, qui sont notre seul et fragile rempart contre ces jours si sombres. Je t'aime, je suis là, je te fais confiance, tu es forte, courageuse, mais je compte sur toi pour nous demander de l'aide quand tu en as besoin. Des mots si légers et si décisifs à la fois...

Au moment où tout paraît si difficile, il n'y aurait rien d'autre à poser qu'un acte de foi ? Croire en moi, croire en elle, croire en la vie. Croire que ce long chemin si imprévisible, si singulier, lui a donné les armes pour faire de cette ultime épreuve un moment de vérité. Croire que c'est précisément ce tutoiement du pire, ce coude-à-coude avec la mort qui peut lui permettre de choisir la vie, de décider de se sortir des peines enfantines et des colères adolescentes pour entrer pleinement dans la responsabilité de soi : se soigner, étudier, aimer, se donner les moyens de vivre sur tous les plans.

Elsa n'aura pas un chemin ordinaire ; mais en a-t-elle jamais eu un ? Si je relis ses mots d'enfant, sa vivacité, sa lucidité - parfois extra-lucidité, son humour ont toujours été là - ses fragilités aussi. 

Peut-être nous faut-il retrouver Blizzard ici : Parce qu’on est de ceux qui guérissent, de ceux qui résistent, de ceux qui croient aux miracles...

Hors service

Dix jours avant le drame, je me demandais déjà par quel miracle notre bateau-maison survivrait à une brutale sortie de soins d'Elsa, en l'absence de tout projet réaliste et organisé. Et j'étais terrifiée par le risque de vivre encore une fois les élans d'espoir fou, d'enthousiasme provisoire, puis la longue et dangereuse glissade vers le vide qui sont maintenant notre lot depuis des années. Mais là...

Comment repenser la vie, reconstruire le futur, à partir de ce point de non-retour ? Où trouver l'énergie, en travaillant à temps plein, de tenir en respect l'angoisse de laisser Elsa seule tout en continuant à chercher et à mettre en place des propositions, soins, CNED, associations, projets ?

Suis K.O depuis vingt-quatre heures. Nauséeuse, incapable de me lever, d'échapper au vertige et à l'envie de vomir. Terrassée par l'impuissance, l'inquiétude, l'ampleur d'une tâche qui n'en finit plus et qu'ici je ne sais plus par où commencer, enfin, reprendre, enfin poursuivre...

23 octobre 2019

20 ans de Léo, Part 2


 Le casting cadeau c'était, un moment à vivre, un moment d'échange et de partage privilégié, singulier, un moment d'exception qui reste dans nos mémoires, une expérience nouvelle, la découverte d'un univers. 

Je suis heureuse de m'être entendue dire en partant, cette soirée est exactement comme je l'avais espérée. Et même au-delà, parce que c'est si bon de se laisser surprendre. Par la qualité et la sincérité de nos échanges : plus de trois heures passées comme en rêve, par l'inventivité des plats (ce turbot avec sa mousse de potiron au rhum...), par l'élégance du service, attentif sans être guindé.


Parce qu'elle lui a offert tant de premières fois : premières huîtres (en gelée d'eau de mer, avec une crème de raifort et un petit morceau de poire comice), première invitation à goûter les vins, première découverte des rituels de la gastronomie française : cette attention portée aux moindres détails - la présentation, la vaisselle, les mises en bouche, les mignardises, le champagne exquis, les menus dégustation en plusieurs plats accompagnés chacun d'un vin différent, les mariages de saveurs inattendus, pigeon et grué de cacao, sorbet à la betterave couronnant le dessert supplémentaire offert par la maison pour l'anniversaire...

Parce que j'ai adoré qu'au moment précis où j'évoquais mes grands-parents paternels, qui m'ont donné le goût des belles et bonnes choses, l'accès à cet artisanat d'art que devient la cuisine quand elle atteint ces niveaux, on nous présente un joli vin blanc du Château de Jau, si étroitement lié pour moi au souvenir de chaque été passé avec eux, et où nous avions aussi emmené Léo et Elsa. J'y pense maintenant : le blanc de la seconde entrée venait lui du pays de la Loire, soit de l'histoire de mes autres grands-parents...

20 ans de Léo, Part 1


22 octobre 2019

Sur le fil

En escale entre deux séquences de travail, au milieu de cette semaine bouleversée et bouleversante, je me pose dans un bar de la Butte-aux-cailles. Au serveur un peu lourdingue, je demande "quelque chose qui me change les idées". Il y a un vieux monsieur au comptoir, que je ne remarque que lorsqu'il s'approche, et me propose... de l'accompagner à une lecture théâtrale faite par des élèves du Conservatoire le soir même . Pourquoi ? Parce que j'ai entendu que vous aviez besoin de vous changer les idées... je suis très touchée de son geste spontané (mais j'ai un groupe à animer après, qui s’avérera très émouvant aussi), on papote, c'est un homme de théâtre, qui vient prendre son café ici à 18h parce que le théâtre est un monde de la nuit...

En partant il me laisse un flyer - après avoir enseigné le théâtre pendant des années, aujourd'hui il invite les aspirants acteurs à...marcher sur un fil. Le thème comme l'illustration du flyer me vont droit au coeur, un ange est passé. 

17 octobre 2019

Le soleil noir

Ce même jour, ailleurs, quelques heures plus tard...

...mais un enfant est mort,
Là-bas, quelque part,
Mais un enfant est mort,
Et le soleil est noir...
Barbara

Le rire médecin

Ce n'est pas fréquent, une équipe de dix psys, d'orientations différentes, partageant dans un même lieu des missions multiples, riches d'une histoire institutionnelle complexe mais ayant su la traverser. Une équipe dans laquelle il est possible de poser, déposer aussi ce qui nous anime, nous bouleverse, nous habite. Ce matin-là, nous fêtions le départ de l'une d'entre eux, mais cette photo, nous l'avons faite pour celle qui manquait, hospitalisée ce matin-là.

"Parce qu'il sait qu'il faut rire de ce qui fait mal pour garder son équilibre, pour empêcher le monde de vous rendre complètement fou. Mac sait que rien ne va sans douleur. Mais il se refuse à laisser la douleur éclipser le côté humoristique des choses, de même qu'il se refuse à laisser l'humour prendre le pas sur le mal."

Ken Kesey, Vol au-dessus d'un nid de coucou

13 octobre 2019

Entre la poire et le gorgonzola

Elle attendait depuis des mois qu'il n'y ait pas trop de monde sur le stand, la vendeuse de notre traiteur italien adoré sur le marché. Pour me poser juste une question : "Vous ne seriez pas "médecin-psychologue" vous ?" Euh, médecin non mais... comment savez-vous cela ? Elle savait, parce que je l'avais reçue pour quelques entretiens conjugaux au Planning Familial de Vitry, il y a plus de dix ans de cela. Elle se souvenait de moi. De nos échanges, qui l'ont aidée à prendre la décision de sortir d'une situation de couple devenue intenable. Elle vit seule avec ses enfants désormais, mais se sent bien, en équilibre. Elle voulait juste me le dire. Mon cadeau du dimanche. 

11 octobre 2019

Golden Lights

Je suis fière
Fille de la Terre (...)
Fille de l'Eau
Comme la rivière
Fille du Vent
Pleine de mystères
Fille du Feu
Pleine de lumière

Je suis fière
Fille de la Terre.

A nouveau.

Je ne l'ai pas lu, je me suis juste fait happer par la phrase au détour d'une critique littéraire...

La fin d'une histoire d'amour - et encore plus d'une famille - assassine le pays miraculeux de l'enfance. La chute nous fait basculer de l'âge adulte à la fragilité de l'enfant abandonné que nous restons toujours plus ou moins.
Olivier Frébourg, Où vont les fils ?

Le propre du trauma : un passé qui n'en finit plus de redevenir présent.

29 septembre 2019

Retrouvailles

Je n'étais pas inquiète, même si je n'avais pas vu certains d'entre eux depuis, on a calculé, sept ans ! Parce que la liberté et l'authenticité de la parole sont fondatrices de ce petit groupe, issu de notre formation au Conseil Conjugal et Familial - achevée il y a 12 ans déjà. 

Région superbe - le Jura à l'automne, belles balades, joli gîte, fromages et bons vins, mais surtout, ce plaisir de se retrouver comme hier à parler du présent, du passé et du futur, conjuguer nos verbes aimer à tous les temps et à tous les modes, amour conjugal, filial, parental, au fond nous ne parlons (presque) que de cela, et c'est ce qui fait la force de ce petit groupe, ces partages d'expériences de vie dans une infinie bienveillance. 


Comme me l'a dit Isa au moment de nous dire au revoir, nous repartons chacun avec quelque chose en plus - un soutien possible, un regard différent, une expérience semblable mais jamais identique, du grain à moudre - mais ce qui en fait tout le prix c'est cette absence totale de jugements hâtifs, de conseils assénés ou de projections massives - juste une chambre d'écho, une humanité partagée. Il suffit d'écouter - et d'être si bien écouté, on s'écoute soi autrement.

Ce qui n'empêche ni les rires, ni les chansons : on s'en souviendra, de nos 24 kilomètres de dénivelés, et de la petite flûte à Papa !

27 septembre 2019

Les loyautés

Ce sont des liens invisibles qui nous attachent aux autres - aux morts comme aux vivants -, ce sont des promesses que nous avons murmurées et dont nous ignorons l'écho, des fidélités silencieuses, ce sont des contrats passés le plus souvent avec nous-mêmes, des mots d'ordre admis sans les avoir entendus, des dettes que nous abritons dans les replis de nos mémoires.

Ce sont les lois de l'enfance qui sommeillent à l'intérieur de nos corps, les valeurs au nom desquelles nous nous tenons droits, les fondements qui nous permettent de résister, les principes illisibles qui nous rongent et nous enferment. Nos ailes et nos carcans.

Ce sont les tremplins sur lesquels nos forces se déploient et les tranchées dans lesquelles nous enterrons nos rêves.
Delphine de Vigan 

23 septembre 2019

Symbole hic

Offre d'emploi : Recherche sens du symbolique et de la poésie ordinaire, regard attentif. 

Parce que leur absence est la source de mille petites douleurs plus ou moins invisibles, de blessures secrètes, de déceptions silencieuses (ou non, d'ailleurs).

Ce qui blesse sans tuer est si souvent là - dans le discours des patients, des proches, et dans le mien aussi, comme une langue seconde qu'on rêverait si fort d'entendre, souterraine mais essentielle.

- savoir reconnaître la valeur sentimentale des objets, l'importance de leur transmission 
- multiplier les petits gestes, cadeaux symboliques, attentions du quotidien, mots de gratitude simple qui reconnaissent et soutiennent l'existence du lien
- attraper au vol une phrase, une image, un rai de lumière (c'est si facile avec nos téléphones) et le partager ; autant de variations sur le thème : je pense à toi 
- inventer des rites, célébrer des passages ou des dates anniversaires, se donner les moyens de réaliser des rêves, fussent-ils tout à fait modestes (rêver donc, pour commencer), ménager des surprises, illuminer un visage...

Quelquefois c'est plus subtil encore, entendre un silence, une demande non formulée, savoir s'arrêter sur une émotion fugace, prendre garde à sa propre maladresse.

Qualités requises ? Imagination, empathie, capacité d'émerveillement - de soi, de l'autre - et... sens du symbolique. 

22 septembre 2019

Nourritures terrestres

On déjeune chez Grand-Mère, ça papote expos, cinéma et littérature, Fondation Cartier, Tarantino et nourrices au 19ème siècle, et à l'instant même où je me fais la réflexion, Maman souligne cette chance que nous avons, qu'un déjeuner dominical chez nous puisse aussi ressembler à ça, cet accès à la culture qui nous rassemble et nous nourrit - tout autant que son délicieux petit salé aux lentilles. 

06 septembre 2019

Océanique

Dans notre gîte magique, nous avions un bain nordique - genre de baignoire géante chauffée à 37°C,  au feu de bois, posée dans ce jardin au milieu des causses, le soir sous les étoiles. Nous avons testé, et pour moi ce fut un moment d'exception, une transe légère, comme une méditation spontanée - à la fois totalement présente et absolument ailleurs - incarnée et absente, vivante jusqu'au bout des ongles et grandie jusqu'au ciel, tournée vers l'intérieur et sensible au plus petit froissement des feuilles alentour, aux rires des canards (les canards rigolent, dans le Lot, et pourtant il n'y a pas de quoi :-)), à la multiplication des étoiles au fur et à mesure que la nuit avançait. Un moment de connexion intense avec soi, avec le monde.

04 septembre 2019

Veilleurs

Je ne suis pas une fana des cimetières. Au moment où nous sommes passés près de Capdenac, je n'étais pas sûre d'avoir envie de rechercher une tombe que je n'étais même pas certaine de pouvoir  localiser. Mais au moment où nous passions près du village, Deezer nous a proposé une chanson d'Aznavour pour moi étroitement liée aux obsèques de ma grand-mère. 

J'y suis donc allée. Je l'ai retrouvée. Le lieu était paisible, le marbre tiédi par le soleil, et je m'y suis sentie bien, en paix et pleine de gratitude. Aussi quand Ronan m'a proposé de redescendre au village chercher des fleurs, j'ai acquiescé avec joie. Papoté avec la fleuriste, en lui parlant de cette amie de la famille qui nous avait accueillis si généreusement lors des deux enterrements. Je n'aurais pas été capable de la reconnaître, mais elle était la seule personne que j'aurais eu envie de voir là-bas. 

La fleuriste la connaissait - mais ce n'est pas elle qui a permis qu'à cet instant précis, Anne-Marie apparaisse devant la boutique et que nous tombions dans les bras l'une de l'autre. Qu'elle m'apprenne qu'elle était la filleule de mon grand-père, me montre la maison de naissance de mon père et me promette d'arroser mon rosier.

On en pensera ce que l'on voudra, mais, si chaleureuse que soit cette femme, je suis néanmoins convaincue que cette rencontre parfaitement improbable et ce gros câlin que nous avons échangé, me sont venus directement de mes grands-parents, là-haut. 

J'aurais pu passer ma route. Ne pas retrouver la tombe. Ne pas revenir pour les fleurs. J'aurais pu le faire dix minutes avant, ou dix minutes après. Nous ne nous serions pas vues. Ce soir-là, je suis restée baignée par la sensation de leur présence aimante, d'être veillée par eux.

Et quand nous avons quitté le village - Aznavour chantait à nouveau.

01 septembre 2019

Se mettre au vert

La première bonne surprise, c'est ce luxe de partir quand tout le monde rentre - c'est doux comme une sieste crapuleuse, un délice clandestin. Accompagné de pas mal d’avantages en nature : routes tranquilles, sites touristiques sans foules bruyantes, restaurants paisibles.

(Et d'un peu d'anxiété anticipatrice : les cars entiers de cheveux courts et gris -bermudas unisexe - ou antisexe - Décathlon, qui donnent modérément envie de prendre l'âge). 

La deuxième bonne surprise, c'est de découvrir que je peux être heureuse en vacances loin de la mer, en marchant sur les chemins - du coup je reviens avec un fantasme de Chemin de Saint-Jacques nettement renforcé -  ou en pagayant sur les rivières - la descente du Célé en kayak restera mon souvenir favori de cette semaine-là.

Et ainsi de suite, de surprise en surprise - voir billets ci-dessus - à commencer par ce magique gîte Atypique le bien nommé, sis au Bout du Lieu, ça ne s'invente pas, et c'était vrai, une maison-jardin au milieu des causses, entre ciel et vallée - et si poétiquement mis en scène par ses deux créateurs, artistes et artisans tout à la fois. 


Les villages ravissants - Saint-Cirq Lapopie, Conques, les grottes - Pech Merle, Padirac, l'eau omniprésente (malgré la sécheresse), les arbres, les roches, le ciel qui se reflètent dans les cours d'eau - le calme enfin - si ressourçant. Le Musée de l'insolite, entre art brut et esprit Charlie, mais invitation à la rêverie, à l'exercice du regard aussi...

Les vacances de cette année n'auront pas été longues, ni lointaines ; et pourtant, cette semaine et celle avec les enfants à Antibes resteront parmi les plus charmantes des dernières années.

30 août 2019

Shallow

Tell me somethin' girl 
Are you happy in this modern world? 
Or do you need more? 
Is there somethin' else you’re searchin' for? 

I’m falling 
In all the good times I find myself longin' for change 
And in the bad times I fear myself 

Tell me something boy 
Aren’t you tired tryin' to fill that void? 
Or do you need more? 
Ain’t it hard keeping it so hardcore? 

I’m falling 
In all the good times I find myself longing for change 
And in the bad times I fear myself 

I’m off the deep end, watch as I dive in 
I’ll never meet the ground 
Crash through the surface, where they can’t hurt us 
We’re far from the shallow now 

27 août 2019

Ever after

Your inner being and his will always love each other (...). Lean in to this pain so it can wash through you and crop up less intensely in future. Remember it all, bless it even as you curse. Create a small ceremony (...) then get ready for what's next, you vibrant, wonderful woman !
Amy
So did I.

20 août 2019

Out of Africa



"...nous ne parlions de rien d’ordinaire (...) ni de quoi que ce soit qui fût étriqué ou concret. Nous vivions comme détachés du réel."

18 août 2019

Boucles

Et puis il y a le retour d'Elsa ce soir à l'internat, au pensionnat comme dirait sa grand-mère - autant de mots pour oublier que la vie n'est pas tout à fait comme elle devrait être, que les soins, la vie de famille en pointillés pour ne pas dire en miettes, la persévérance inépuisable autant qu'épuisante et la fragilité constante restent à l'ordre du jour - malgré nos sourires bravaches.

17 août 2019

Passage express !



10 août 2019

J'veux du soleil

... et on en a reçu, de la lumière, de l'amitié, de la générosité, du bleu plein des yeux. Ce qui vient en premier c'est la gratitude - pour tant de beauté - l'accès direct, constant à la mer, les levers de soleil, cette maisonnette simple et blanche comme un bateau à l'ancre, la bien nommée Coup de roulis. S'endormir en écoutant le bruit des vagues, le double coup du ressac sous les rochers comme un coeur qui bat.

Pour l'amitié qui nous a trouvé ce refuge de rêve, permis ce temps privilégié, cette intimité tranquille dont nous avions besoin tous les trois. Pour la confiance qui se transfère, l'accueil qui se partage, puisque le cabanon appartient à un ami de notre amie, un parfait inconnu qui nous a ouvert sa porte. (Plus inconnu maintenant, et tout à fait charmant).

Pour la vie de château quelques jours, cabanon sur le Cap d'Antibes, bateau invraisemblable (pour se rejouer Mamma Mia : Money money money...), journée dans les îles, restaurant de plage privée, wake-board pour Léo, virée shopping pour Elsa, Fly Fish pour tous. Rien d'indispensable au bonheur, rien qui ressemble à notre quotidien, et c'est justement ce qui fait le prix de chacun de ces instants : la conscience de l'exception, du privilège - tant de gratitude là encore.

Et puis il y a tous les petits bonheurs gratuits, saisis au vol : danser avec Elsa sur la terrasse, de jolies discussions avec Léo sur le chemin du club nautique, une minute de bonheur parfait le soir du dîner sur le bateau, me sentir submergée de tendresse pour tous les présents, sans rien en dire. Pas seulement à cause du ti'punch, mais pour les humains fragiles que nous sommes tous, la beauté des couleurs du soleil couchant, la douceur de l'air alors. Ma sauvageonne qui me dédie sans commentaires - surtout, sans commentaires - Ma merveille de Hoshi. Les enfants qui adoptent ma Ghislaine sans réserve - je ne les ai jamais vus hésiter quand il s'agit de reconnaître les personnes de coeur, et ça me touche absolument.


Nous avons de la chance. Beaucoup de chance.

31 juillet 2019

Shira

C'est l'histoire d'un transfert de confiance - une ostépathe consultée pour moi, qui m'a sollicitée pour un un drôle de challenge : patiente franco-américaine, trauma vieux de 35 ans + situation de crise au présent, à Paris pour un mois. Un cercle de femmes en quelque sorte : je me souviens avoir beaucoup aimé cette ostéo, je suis touchée qu'elle m'adresse une patiente, et... avant même le premier contact avec la personne adressée, j'ai un bon pressentiment : ça va le faire.

C'est une prise de risque aussi : ne pas se louper sur cette première adresse, ne pas promettre la lune sur un temps si court, donner un espoir raisonnable cependant, sans rien savoir à l'avance ni des traumas ni de la personne. J'ai bien fait. Je n'ai pas ressenti si souvent auparavant une alliance thérapeutique de cette qualité - ni que lorsque cette collaboration advient, devient responsabilité partagée, écriture commune, tout est possible.

Il y faut un peu de chance sans doute - ici une femme forte et touchante, un mélange rare entre un fonctionnement intellectuel de haut niveau et une possibilité de descendre dans l'émotion, de la soutenir et de la déployer par les mots, de se laisser associer et créer - le travail mené ensemble se terminera par "J'ai envie de raconter des histoires..." J'espère de tout coeur qu'elle le fera : elle a la générosité, l'intelligence et l'énergie vitale nécessaires.

Pari tenu : trauma traité - via l'EMDR, irremplaçable ici, ouverture sur la situation actuelle, pistes pour poursuivre le travail là-bas, de l'autre côté de l’Atlantique. 

Elle a revu l'ostéopathe avant son départ : le plus beau cadeau pour moi, c'est que celle-ci a constaté le changement énergétique, la levée du blocage inscrit dans le corps depuis si longtemps, la liberté retrouvée. Mais - cadeau aussi, la confiance donnée, l'intuition suivie, la prise de risque acceptée,  l'engagement dans le travail, pour cette femme comme pour moi - le cadeau ici est d'abord une rencontre, que je n'oublierai pas.

27 juillet 2019

L'ivresse des hauteurs


(...) tu savais que beaucoup de femmes
Ont une âme de guérisseuse
Elles ont posé leurs mains sur nous
On a tout de suite senti une chaleur se répandre
Dans tout le corps
Un courant d’énergie pure
Agissait à l’intérieur
Ce qui était tordu se redressait
Ce qui était obscurci s’éclaircissait
Ce qui était cadenassé se déverrouillait
Après tout a changé, on était
Vif, léger, ouvert, lumineux (...)

Arthur H

21 juillet 2019

Les Furtifs

"Les furtifs nous ont appris une chose : il n'y a pas de lendemains qui chantent. Il n'y a que des aujourd'huis qui bruissent."

Je ne lis jamais de SF. J'ai tort, peut-être. Mais le message autour des Furtifs est allé croissant, jusqu'au moment où je me suis laissée tenter. Je suis tombée dedans, j'ai avalé les sept cents pages en trois jours, et j'ai déjà envie de recommencer, parce qu'il est impossible d'embrasser tous les niveaux de lecture en une seule fois. C'est un livre-monde, foisonnant, incroyablement créatif et poétique - dans le genre, seul Hypérion m'avait fait cet effet-là, emmenée littéralement sur d'autres planètes.

Ici, c'est bien notre Terre, à peine avancée dans le temps, un brin augmentée, légèrement dystopique - à la Black Mirror : trop peu différente de ce que nous vivons pour ne pas être effarés par ce futur déjà si présent. Cest bien un roman, mais c'est aussi un essai - suffisamment pour que j'aie cherché (en vain) une bibliographie en fin d'ouvrage, avec l'envie d'approfondir, d'aller à la source - philo, socio, politique, critique radicale d'un libéralisme fou et sympathies évidentes pour toutes les ultra-gauches bigarrées, foutraques et rebelles. 

C'est bien un roman mais c'est aussi un poème, un texte oulipien, un calligramme où le fond, la forme, le son et l'écrit se répondent, se complètent, se poursuivent - à chaque personnage son lexique, ses signes, son registre de langage, il y a un boulot de fou là-dessous, un rythme, une musique, d'ailleurs le texte est accompagné d'un album, de créations radio qui brouillent encore la frontière entre les genres, entre la fiction et la réalité.

Pour moi l'histoire est presque secondaire - si ce n'est dans cette magnifique idée du furtif, de la réhabilitation de l'angle mort - les personnages sont indéniablement séduisants, mais tout cela est aussi un prétexte à déployer un monde, une ou plutôt des pensées multiples, des possibles, un hymne au vivant qui échappe à tout contrôle, un antidote au technococon qui nous isole et nous éteint, un appel à l'insurrection joyeuse. 

Tâtonner. Rater. Essayer encore. Rater mieux. Faire que nos expériences prennent corps, s'offrent le temps, ouvrent l'espace. Faire que quelque chose enfin se passe. Faire qu'il existe un dehors, une jungle, des ZAG et des zouaves, au zoo libéral qui nous encage. Du possible, sinon j'étouffe !

17 juillet 2019

A la claire fontaine

Ça fait un petit moment que je l'apprivoise, cet étudiant pakistanais avec qui nous communiquons en anglais, hypersensible, probablement HPI, traumatisé par des années de harcèlement au pensionnat dans l'enfance, cinquième d'une fratrie de six où semble-t-il, seul le premier et le dernier-nés ont trouvé grâce aux yeux d'une mère mariée bien trop tôt. Venu parce qu'il contrôle mal ses accès de rage, sa frustration, sa dépression qui prend parfois des accents mélancoliques, il peut aussi se montrer drôle, percutant, éminemment touchant.

La pension, il y est allé seul, parce qu'il était le plus prometteur, porteur des espoirs de la famille ; et de France, sur son maigre salaire de job d'étudiant, il envoie de l'argent à toute la famille, bien sûr. Pression financière immédiate ET obligation de réussite dans un environnement exigeant, parfois hostile : la norme, pour beaucoup des étudiants étrangers.

La semaine dernière, il m'avait émue en me restituant, à ma demande, ce qu'il avait retenu du chemin parcouru depuis quelques mois (quasiment tout, avec un degré de finesse et de précision inespéré). J'ai mesuré l'importance de nos rendez-vous, le repère qu'ils sont devenus dans une vie où tout ces derniers temps semble lui échapper - et l'ampleur de sa solitude, et par conséquent ce qui dans le lien est déjà soin - du simple fait d'être accueilli là, autrement.

Et cette semaine, je l'ai découvert "écriveur" - des pages et des pages d'un blog non publié,  littéraire (le blog est truffé de citations), et, alors qu'il termine une licence d'informatique, capable de citer de mémoire le cours optionnel de littérature française à son arrivée en France - les Calligrammes d'Apollinaire, la scène de la cassette dans l'Avare - et parmi les citations du blog, j'ai retrouvé un poème d'Eluard, et... le refrain d'A la Claire Fontaine. "But, did you know that is a sad love song, and not only a nursery rhyme ?" - oui, il savait. Il était même capable de le fredonner. Incroyable petit moment de grâce. 

14 juillet 2019

Atypical

Je me suis fait cueillir. Ou séduire. Ou les deux. J'ai souri souvent, ou été émue par cette famille pas moins tendre ni moins branque que celle de This is us.

Parce qu'au-delà des troubles autistiques, tout ça me parle. Etre parent d'un adolescent pas exactement comme les autres. L'impact sur le couple, sur la fratrie, le regard des autres. La navigation entre des professionnels plus ou moins bienveillants, plus ou moins compétents. Etre une mère anxieuse et coupable par principe, prête à tout (et n'importe quoi) pour amortir la violence de la réalité, mais qui étouffe aussi sous la charge, cherche désespérément à faire exister la femme au-delà de la mère. La relation fusionnelle d'Elsa (!) avec Sam - parce que le père fait défaut, et qu'elle est seule à gérer le quotidien,  à affronter la réalité du handicap - tout au moins au début de la série.

Parce qu'au-delà des adolescents en souffrance, la série est aussi pleine de détails bien vus sur la façon dont tout système familial est violemment bousculé par le passage à l'adolescence puis vers l'âge adulte, l'entrée dans la vie amoureuse, les revendications d'indépendance, la perspective du départ de la maison. Cette solitude que chacun doit affronter, une fois tournée la page de l'enfance, l'âge de la famille idyllique (ou presque ;-)). Le divorce y confronte plus tôt, et bien plus durement - sans le refuge d'une continuité malgré tout - mais les questions sont les mêmes : comment les liens trouvent-ils une nouvelle forme ? Comment établir de nouveaux repères pour tous ? Car c'est Sam le dit : "That's what rituals do : they make everything OK."

10 juillet 2019

GPS

Bonjour Lucile, j'ai écrit. J'ai le sentiment de renaître au monde. Merci.

Tu m'es source de vie.

I hope this slope ends here (...). Perhaps, the first two words of this sentence are keeping me alive: ‘I hope’.

Eh bien moi je le trouve très beau ce portrait !

Et quelques autres, pro ou perso. Derrière chaque phrase, une histoire, un contexte, un cheminement. En commun, la sensation que ces mots indiquent la même direction : celle où je suis juste, où je suis à ma place, celle où je peux donner, ou montrer, ou déployer, à ma très modeste échelle, le meilleur de ce que je suis. Le cadeau, c'est moins la gratification narcissique au passage que la boussole offerte : c'est par là qu'il me faut aller, c'est par là que je veux aller. C'est la conviction que ce qui m'en éloigne m'éteint, que ce qui m'en rapproche m'illumine. 

09 juillet 2019

Se regarder en face

Drôle d'idée, que de faire du portrait de face, noir et blanc, sans sourire, un thème de travail déclinable à l'infini : sexagénaires, barbus, asiatiques, femmes sans maquillage, et aujourd'hui, quadragénaires - nés entre 1969 et 1979, c'est tout nous, ça ! J'ai d'abord été interrogative à la découverte des portraits de mes amies, incertaine de me sentir suffisamment bien dans ma peau ces jours-ci pour me confronter à une image que je trouvais sévère. Et puis finalement - plus je les regardais, et plus je les trouvais intéressants, dans leur nudité, dans leur vérité, dans ce qu'il supposaient justement d'acceptation, de pacification. Dans la force des regards aussi. Dans leur façon de dire voilà, c'est moi, sans mimiques et sans coquetteries, sans l'éclat du mouvement ou du rire, moi sans paravents et sans masque. 

Je suis contente d'avoir finalement tenté l'expérience : photographe ouvert, curieux des autres, qui prend le temps de la rencontre - peut-être la photo n'est-elle qu'un prétexte, et/ou un moyen de circonscrire la rencontre, de ne pas s'y perdre - il raconte que lors de la préparation de la série des femmes sans maquillage, il a été quelque peu débordé par les récits de vie, tant ce choix de se montrer totalement à nu n'arrivait pas au hasard dans le temps... je peux imaginer - femmes en rupture, en maladie, en deuil... des regards encore plus nus, une confrontation à soi plus radicale encore. La démarche est belle - et je suis contente de ce portrait.

08 juillet 2019

Mike !

Ou Mik, ou Michaële. Amie depuis trente ans, pas croisée depuis six ans, relativement perdue de vue depuis dix, et retrouvée comme hier. En escale à Paris car actuellement à Wuhan avec son mari et ses quatre enfants - 9000 kilomètres entre nous,  et malgré tout cela, des chemins de vie et des questions qui se répondent, se ressemblent. Le temps d'un déjeuner place du marché Sainte-Catherine, pour un léger shoot de vie parisienne, une petite mousse en terrasse, un ciel vraiment bleu, cette ville si belle, et la liberté de tout (se) dire - autant de choses qui manquent semblent-il dans la lointaine Chine, mais pas dans notre lien ;-)

04 juillet 2019

La grille de l'évier, théorie

Ou comment un vieux monsieur désorienté par la mort toute récente de son épouse nous donne à vivre ce qu'est le déplacement en termes psychiques. Les obsèques ont eu lieu la veille, et voilà qu'il ne retrouve plus la grille de l'évier - ce petit morceau de métal qui filtre les débris alimentaires et protège les canalisations. Il s'inquiète, s'agite, interroge, retourne la poubelle, puis la cuisine : elle n'y est pas. Elle était là, depuis si longtemps, on ne fait plus ce modèle, elle est irremplaçable, où est-elle ? Il s'énerve, s'obsède, personne ne semble mesurer l'importance du problème - quelque chose de familier a disparu, qui ne peut être retrouvé.

Les mouvements psychiques ne sont pas toujours aussi transparents ; mais que nous les reconnaissions ou non, nous avons tous ces petites fixettes apparemment irrationnelles, ces préoccupations-écrans à ce que nous ne pouvons mettre en pensée : nos "petites grilles de l'évier".

01 juillet 2019

Peut-être

Cette femme dans ce film accomplissait exactement le même travail que toi, exactement le même : elle reliait les uns aux autres. Elle écoutait, veillait, confortait, acclimatait, tempérait. Elle faisait tenir ensemble une vie toujours en voie de morcellement.

Christian Bobin, La plus que vive

25 juin 2019

Happ'Hibou


20 juin 2019

Synchronicité

Après une relecture providentielle du Don du Pardon, je viens de relire Conversations avec Dieu. Quand dans le métro, j'ai vu une affiche pour une conférence de Neale Donald Walsch au Grand Rex, j'ai tiqué sur la date : aujourd'hui ? Il resterait des places ? Banco. Le bonhomme est lumineux et plein d'humour - et le discours un peu trop marketé, mais on s'en fout. C'était juste le bon moment, ou le moment juste. Pour écouter Dieu répondre à ces deux questions : quel est le prochain petit pas que je peux faire pour évoluer ? Et quel est mon don particulier - Florence Servan-Schreiber dirait, mon super-pouvoir ?

"Je parle à chacun. Tout le temps. La question n'est pas : à qui je parle, mais : qui écoute ?"

19 juin 2019

Incorrigibles optimistes

Attrapé au vol dans la rue, temps grisouille, un papa à sa petite fille qu'il tient par la main : "Ça va aller il y a un peu de ciel bleu là-bas !"

Voilà. C'est le regard qu'on devrait toujours trouver, toujours transmettre non ?

13 juin 2019

Imagerie

Deuxième perte auditive en deux  ans, deuxième IRM cérébrale de contrôle. Il paraît que j'ai un cerveau normal. N'importe quoi... :-) ! Marion : "Ils ont même pas trouvé une zone hypertrophiée du romantisme ?"

Apparemment non. La médecine passe parfois à côté de l'essentiel (qui comme chacun sait, est invisible pour les yeux). 

10 juin 2019

Un rêve (de) bleu

Evidemment, j'adore Pen Wern, qui reste une demeure d'exception, un petit paradis sur terre. Mais si je gagnais au loto, j'aurais un rêve beaucoup plus modeste, qui ressemblerait exactement à cette maison-là : une petite maison de pêcheur en pierre, avec des volets bleus et un petit jardin très fleuri, juste au bord de la mer. Une maison comme un dessin d'enfant, avec sa barrière, sa porte et ses volets colorés, bleu au-dessus, bleu autour, et le bleu de la mer si proche qu'on pourrait entendre les vagues les jours de tempête, et voir jusqu'à l'horizon les jours de lumière. En attendant le miracle, je lui fais un clin d’œil affectueux à chacun de nos passages en Bretagne. Je ne suis pas difficile, une petite sœur du même genre me conviendrait aussi ! Et si je rêve plus grand - alors ce serait la même sur une île - Bréhat ou Belle-Île. 

31 mai 2019

Fendre l'armure


30 mai 2019

Chabadabada

Ça ne m'arrive jamais ou presque, ce sourire ému, amusé ou attendri tout au long d'un film ? Pourtant, c'est peut-être ce qui pourrait me convaincre de retourner un peu plus au cinéma : que celui-ci m'émeuve à nouveau. 

Le cinéma devrait ressembler plus souvent aux films de Lelouch. La vie aussi. 

Plus de tendresse, plus de générosité, plus de mélancolie heureuse, plus de poésie bébête - ou non - Lelouch c'est comme la chanson pour moi, la chanson telle qu'en parlait Fanny Ardant dans La femme d'à coté : "J'écoute uniquement les chansons, parce qu'elles disent la vérité. Plus elles sont bêtes, plus elles sont vraies. D'ailleurs, elles ne sont pas bêtes."

Et puis Anouk Aimée est tellement belle, et puis, leurs voix à tous les deux, et puis, les images d'Un homme et une femme qui se superposent sont une telle invitation à vivre pendant qu'on est vivant... j'en suis sortie totalement sous le charme. 

28 mai 2019

Monstres et compagnie

J'aime les monstres, je crois. Celui-là, beaucoup, depuis toujours. Et ce livre, aussi - trop de phrases qui me parlent de coeur à coeur, une langue qui est la mienne aussi et qui trouve si peu de place dans le terre-à-terre, le quotidien, l'utilitaire. Il parle de cela aussi, de la médiocrité, du bruit omniprésent, de l'absence de la grâce ou de la poésie dans ce monde dit réel - de la nécessité de faire silence pour les créer, ou les (re)trouver. De s'extraire - de voyager. Dans l'espace, dans la rencontre sensible ou dans les mots. De prendre le temps d'écouter, de ressentir, notre part d'ombre comme notre part de lumière. De laisser la place au désir.

"On est tellement abasourdi, sans arrêt, par toutes les choses qui sont contre la vie. Si on les laisse nous envahir, on se ferme, il ne nous arrive plus rien. On ne fait plus qu'un avec ces saloperies, on devient chiant pour les autres comme pour soi-même (...). On en oublierait presque qu'on a un coeur qui bat, du sang chaud dans les veines, qu'on est fait pour être et désirer. C'est dans ces moments-là qu'il faut savoir faire le vide, le propre. Ne pas se réduire à ses refus mais au contraire se faire le plus large possible, retrouver cette innocence qui, seule, peut nous donner la grâce. Cela n'a rien à voir avec la volonté. La volonté m’emmerde, elle m'enraye. C'est juste une question de désir. Ce désir qu'il faut aller chercher au-delà de tout ce qui nous pèse et qui nous encombre. Lui seul peut nous ramener à la vie."

Less is more

Donc, cet après-midi, j'ai fait le soin buissonnier. Je me suis préférée. Pour ne pas devenir stérile, trop pleine ou vidée, pour moi, pour ceux que j'aime, et même pour les patients momentanément abandonnés.

Bien sûr, il y a les temps officiels - les weekends, les jours fériés du printemps, mais rien n'a le goût de cette brève solitude inattendue, volée à ce que Bobin appelle l'imaginaire du plein. Rien n'a le goût de ces absences légèrement transgressives, imprévues et vitales, que je m'octroyais plus facilement autrefois...

Quelques heures à ne rien faire. Dormir. Ecrire. Rêver. Caresser le chat. Faire une course minuscule et sans urgence. Partager un moment de détente, léger et rieur, en famille. Ne m’obliger à rien. Reprendre mon souffle, me sortir de cet état au bord de la chute, de l'évanouissement qui menace, au sens propre - les chutes de tension s'accélèrent - comme au sens figuré - je me sens disparaître dans ce rythme absurde.

Qu'est-ce que je peux donner, si je suis saturée par la parole de l'autre, par les changements incessants de lieu, par la précarité sous-jacente de cette excessive activité qui ne me laisse aucune énergie pour penser à la suite, à moyen (fin du CDD) comme à long terme ? Donc : faire un pas de côté, ne plus partir du nécessaire mais du possible. Qu'est-ce que je ferais si j'étais moins guidée par la peur, et plus par la confiance ? 

CPM

La récitation c'est toujours les mêmes mots, c'est la soumission à la langue du chef (...). On a ses diplômes comme ça, je suis un perroquet diplômé : c'est-à-dire que si j'ai eu mes examens c'est parce que j'ai récité la voix des maîtres. C'est pas l’authenticité de la poésie, c'est pas l'authenticité du théâtre, c'est pas l'authenticité du travail de la parole, l'agencement des prosodies. Et en neuro-imagerie, on voit que quand quelqu'un fait l'effort de chercher des mots pour les agencer, pour en faire une poésie, ça modifie le fonctionnement cérébral : on le mesure et on le photographie. L'effort intellectuel que provoque la parole, à condition de travailler, d'élaborer la parole, modifie la manière dont notre cerveau fonctionne, et à ce moment-là on voit le monde un peu différemment. 

Interview de Boris Cyrulnik

Du coup, après 15 ans de blog, et pas mal plus d'années en tant que psy, j'ai un cerveau  (totalement) poétiquement modifié ;-))) ?

26 mai 2019

Pioupious


Ca faisait longtemps que je n'avais pas fait de post libellé "Pioupious". Pioupious qui sont passés m'embrasser ce jour pour la fête des Mères alors que ce n'était pas mon weekend, pioupious qui votent et qui s'auto-portraitent sur Ipad pro, bref grands, grands pioupious - mais pioupious quand même. 

18 mai 2019

Les Saintes (ou pas)


...Souvent y a un collier 
Au fond d’leur sac fourre-tout
Qu’elles ont un jour trouvé
Personne ne saura où
Qu’elles me donnent en disant
Il était fait pour toi
Même si tu es belle tout l’temps
C’est bon pour ce que tu as

Une enveloppe de couleur
Dans la boîte aux lettres vide
3 mots, une petite fleur
Et je n’ai plus une ride
Y a toujours un thé chaud 
Qu’attend dans une tasse
Avec pleins de gâteaux
Qu’on papote, qu’on jacasse

Canonisez-les, canonisez-les
Ces bouts d’filles qui rafistolent
Mon coeur blessé et ma vie qui s’étiole
Canonisez-les Monsieur, Ce sont mes boussoles
Et puis ça leur plairait d’avoir dans les ch’veux
Une auréole...

Les Saintes, Amélie-les-crayons

17 mai 2019

Parés à virer

Trop de perfection incite à la paresse : zone de nav' parfaite, météo parfaite, équipage parfait... ce n'est pas demain que je vais me coller à nouveau aux eaux froides, aux courants et aux traîtres cailloux de la Bretagne... qu'espérer de mieux que ce rendez-vous annuel, jamais décevant, toujours différent, dans la lumière des îles d'Hyères ? Une eau un peu plus chaude, la prochaine fois ? Deux ou trois dauphins joueurs ? Il faut bien de nouvelles raisons de revenir.... et la nature offre chaque fois de nouvelles raisons de s'émerveiller - ici, un double arc-en-ciel, dont l'un parfaitement circulaire au-dessus de nos têtes - une lumière de fin ou de début du monde.

Arrivée épuisée, j'en suis repartie - pas moins épuisée en fait, malgré les siestes à bord, mais en équilibre à nouveau, le coeur et l'esprit lavés des histoires trop lourdes des patients, des émotions résiduelles qui s'infiltrent et usent lentement, et de mes propres soucis des derniers mois. Une détox de l'âme en quelque sorte ! Le droit à une respiration, à une parenthèse - sans responsabilité autre que celle de soi-même, pas de famille, pas de travail, et même plus de patrie autre que ces quelques mètres carrés flottants, cette petite communauté humaine éphémère, rieuse et touchante.

Il y a tellement de joies simples qu'on oublie - contempler un coucher de soleil, prendre une bonne douche chaude au port, écouter le bruit des vagues contre l'étrave... découvrir chaque année des lieux nouveaux à terre aussi - cette fois, la fondation Carmignac, tout aussi aussi magique que la fondation Maeght à Saint-Paul de Vence. Une architecture au service des œuvres, et qui se confond avec la nature, de grands espaces lumineux, épurés, un écrin de blancheur dans un écrin de verdure. J'adore aussi lorsque l'art contemporain se fait ludique, comme au Palais de Tokyo : ici un labyrinthe de miroirs dans une bambouseraie (le mot existe, j'ai vérifié), une marche dans le noir, du talc jusqu'aux genoux (infiniment sensuel, j'étais à deux doigts de me rouler dedans).

De tous mes stages de voile, celui-ci aura été le moins voileux pour moi - envie et besoin de me laisser porter. Avec quand même le plaisir de constater que certains automatismes sont acquis, et qu'il n'y a plus guère que les manœuvres de port qui m'inquiètent encore. Non le vrai cadeau cette fois aura été un équipage plus chaudoudoux que nature, une pochette-surprise improbable et complémentaire : une gamine pêchue et débrouille au rire communicatif, un ingénieur discret mais attentif et attentionné, un "génération 56" aux cent vies mais au coeur tendre, ma cousine chérie et bien sûr Yves (un autre 56 ;-)), dont la bienveillance permet sécurité et partage. C'était chouette d'avoir deux grands conteurs à bord ! Et autant d'authenticité, dès nos premiers échanges.

Ce matin j'écoutais Lelouch dire, "Le coucher de soleil est intéressant mais ce qu'il y a de plus intéressant, c'est ceux qui le regardent - le coucher de soleil dans les yeux, il est encore plus beau - je veux dire que j'adore la nature, mais je préfère encore le genre humain." Voilà - moi ce que j'aime dans le bateau c'est aussi, beaucoup, l'humain.


29 avril 2019

Ziggy


Il aurait pu s'appeler aussi Néo, Pixel, Mallow, Pilgrim mais finalement Ziggy, il s'appelle Ziggy... =^..^=

24 avril 2019

Véronique

Jamais un concert ne m'a autant bouleversée - une déferlante d'émotions, certaines partagées avec la salle : celle de la voir debout, vivante - et d'autres plus intimes - un torrent de chagrins et de nostalgies, si emmêlés avec le bonheur de chanter, l'énergie communicative de Celui qui n'essaie pas, ou la douceur de Bahia.

La veille dans une interview elle disait : J'avais en moi un vrai gros sanglot, qui a éclaté un jour. Moi aussi je crois - il a peut-être un peu fondu, hier, ce bloc de silence à l'intérieur... et c'est si étrange d'être submergée à ce point lors d'un concert - libérateur, aussi. Comme si je touchais le chagrin nu des dernières années, mois, semaines, tout ce que je mets de côté au fur et à mesure pour avancer, même pas peur, même pas mal.

Bouleversée pour elle, par elle aussi, si fragile, presque maladroite par moments - je suis une très mauvaise parleuse, sourira-t-elle, mais la voix intacte malgré le cancer des amygdales des derniers mois. J'ai senti la salle soulevée par des vagues palpables d'émotion pour Visiteur et Voyageur : On dit aussi Que j'ai beaucoup trop brûlé ma vie Que c'est honteux que je sois ici Avec des étoiles plein les yeux... ou encore pour Ma révérence, qu'elle a chantée juste après la précédente, au cas où quelqu'un aurait encore gardé les yeux secs...

Elle a eu 70 ans aujourd'hui, et ses chansons ont bercé ma vie, me racontent mon histoire de femme.

Celle de la sortie de l'adolescence : Porter les robes de nos grands-mères Chausser de hauts talons blancs Avoir le regard qui repère Les hommes qu'elle trouve attirants

L'amour des débuts : Une nuit je m'endors avec lui - Et je sais qu'on nous l'interdit Et je sens la fièvre qui me mord Sans que j'aie l'ombre d'un remords et la fin du tout premier : Il est parti comme il était venu avec un sourire au coin de ses lèvres et moi Je rêve encore de lui toutes les nuits...

L'innocence d'un amour de fiançailles : Mais si je sais que tu m'aimes La vie que tu aimes au fond de moi Me donne tous ses emblèmes Me touche quand même du bout de ses doigts

Les albums des espoirs tous permis encore, du temps des premiers pas, découverts ou sortis pendant ces quelques dix années : De l'autre côté de mon rêve, Comme ils l'imaginent, Sans regrets, Symphonique Sanson, écoutés et ré-écoutés.

Les amours clandestines : Il cache souvent sa tendresse Par pudeur ou par paresse Il est sûr de n'avoir jamais peur de rien - et les périodes troublées : Quand j'avais le goût des étincelles Que j'étais belle et puis rebelle Si j'avais toujours mes amours d'avant Parmi mes amis, mes amours et mes amants

La fin de l'amour - celle qui ne cicatrise pas  : Quand l'amour le plus fou de la terre Se débat dans une odeur de fin Je dis qu'c'est ça la vraie misère Je dis qu'le temps est assassin Et j'veux plus rien... et le chagrin indicible : Je me suis tellement manquée Je me suis tellement fait de mal... - qui se termine par ...je me suis pardonnée - et moi, me suis-je vraiment pardonnée ?

Mais aussi les chansons qui relèvent : Peut-être que j’aurai enfin trouvé Une autre façon de pleurer Mais là je serai fière de mes larmes Je ne serai plus abandonnée - ou encore
Mais celui qui n'essaye pas
Ne se trompe qu'une seule fois
Prends ton virage
Tourne-moi la page et va-t-en !

Et les plus récentes, celles de Dignes Dingues Donc et des Duos volatils - Véronique est toujours, toujours, toujours là, et dans ma vie ses chansons ressemblent à ce blog - tout est entre les lignes, derrière les mots.

22 avril 2019

Pâques


19 avril 2019

Agnès

- Est-ce que c'est constituer un puzzle, retrouver toutes les pièces du puzzle ? 
- Ah bah de toute façon on les retrouve pas c'est ça et j'ai complètement accepté, j'en ai même fait une structure (...) Et dans l'explication et dans la représentation il manque toujours des pièces du puzzle (...). Et cette idée qu'il manque des pièces, me semble très juste. C'est comme s'il fallait accepter qu'on n'a pas toutes les pièces, qu'on n'a pas toutes les clés. Même en amour, même en vie commune, y a toujours des pièces du puzzle qui manquent. Et je trouve ça assez beau qu'on ait l'acceptation que le savoir est partiel, que la connaissance est partielle, que même l'amour ne peut pas recomposer ce que l'esprit ne peut pas rassembler. J'aime bien l'idée que c'est dans cette imperfection et dans cette connaissance relative qu'on vit. J'aime bien penser qu'il manque des choses (...).

Mais je suis mélancolique ! Ce qui n'est pas triste, ce qui n'est pas déprimé - ce n'est pas la recherche du temps passé, ce n'est pas du tout ça. Il y a une mélancolie du temps qui passe, des choses qu'on a peut-être manquées, des choses qu'on aurait pu dire, moi je suis très mélancolique des légers petits glissements, de ce qu'on n'a pas fait, ce qu'on n'a pas dit, de ce qu'on n'a pas entendu et du fait que never more, vous voyez - et évidemment la mort c'est ce qui marque le plus, c'est le plus jamais, LE never more, mais il y a tout le temps des petits never more, y a des petits moments exquis qui sont passés, c'est fini, on les aura plus, y a des rencontres, y a des moments même dans notre vie professionnelle, qui sont extraordinaires (...)

Le Grand Atelier d'Agnès Varda, décédée le 29 mars dernier...

14 avril 2019

Se mettre au vert

Quand le quotidien manque un peu d'oxygène, il est temps de faire des projets, de se fixer des horizons. Une semaine de voile avec Milie, en Mai. Une semaine avec les enfants, encore à définir, courant Août. Et une semaine en amoureux, dans une trop jolie cabane, pas au Canada mais dans le Lot, fin Août début Septembre. Lorsqu'on a découvert le gîte, ou plutôt les gîtes, on est littéralement tombés amoureux. Coup de foudre, on ne cherche plus, on y est. Région magnifique, hameau en pleine nature, hébergement enchanteur : toutes les chambres ont des thèmes différents, déclinés de façon aussi créative qu'esthétique, c'était dur de choisir ! Mais j'ai savouré le moment d'allégresse qui a suivi le coup de fil à la gérante, rien que de l'entendre on a déjà fait le plein de soleil ! 

12 avril 2019

Exception

Dans la littérature comme dans les récits de patients, les beaux-pères et belles-mères ont rarement le beau rôle. Et chez cette petite Africaine ballottée d'abord entre différents membres de sa famille au Cameroun, puis parachutée en France à 6 ans avec un beau-père blanc et une mère auprès de laquelle elle n'avait pas grandi, je ne m'attendais pas à ce que cela fasse exception. Aussi je me suis fait cueillir par sa petite phrase au sujet de cette période - la mère s'est séparée de lui lorsqu'elle avait douze ans : "C'est l'enfance que j'aurais voulu avoir plus longtemps".

Le beau-père s'est occupé d'elle, lui a donné les clés et les codes de la France, l'a emmenée au musée, au cinéma, a d'abord refusé un nouvel enfant parce que cette petite fille lui suffisait - et de fait, c'est la naissance de ce nouveau bébé auquel il n'était pas favorable qui a précipité la fin du couple. Il s'est occupé des deux filles pendant que la mère travaillait tout en suivant une formation : les nuits, les week-ends, les vacances. Et : "C'est l'enfance que j'aurais voulu avoir plus longtemps". J'ai trouvé ça beau. Ai suggéré à la jeune femme de le lui dire, à ce beau-père. Que tout ce qu'il avait donné, avait été reçu.

05 avril 2019

Un petit vélo dans la tête

A la journée parfaite d'hier, s'ajoutait le fait d'aller d'un lieu de travail à l'autre en vélo, au soleil.

En parfaite résonance avec la restitution du questionnaire de profil motivationnel que m'a proposé l'APEC - qui résonne d'ailleurs bien au-delà de la dimension professionnelle ! 

Sans surprise, dans mon classement, on trouve les métiers au service de l'autre (et de la nature, massivement : on sent que le thème me préoccupe), porteurs de sens, où l'on apprend tout au long de sa carrière. A contrario, les métiers de la technologie, du business et de l’organisationnel n'ont aucun intérêt pour moi : 0%, oups, j'ai dû répondre avec une franchise un peu brutale.

Le contact avec l'autre et avec le terrain, le plaisir du collectif, l'engagement social, l'autonomie de pensée et de décision, la curiosité intellectuelle (et donc le besoin constant de changement et d'apprentissages nouveaux), le besoin de responsabilités, l'âme par essence nomade, le goût pour la nature et pour l’artistique - oui, ça me rappelle bien quelqu'un :-).

Très en écho avec l'atelier de Florence Servan-Schreiber fait il y a quelques années - l'exercice concluait que je donnerais le meilleur de moi-même dans un poste alternant contacts avec des publics variés et travail  de réflexion en solo, diversité des tâches, possibilité d'initiative et de création, confiance de la hiérarchie et liberté d'action, milieu interculturel. 

Cohérent aussi avec une liste faite intuitivement en début de recherche d'emploi- l'envie de mêler psychologie et écologie, engagement et création. Et... cohérent avec mes rêves d'enfance : médecine humanitaire, recherche en biologie médicale, conservation du patrimoine culturel via les musées et les bibliothèques - et d'adulte : voile, chant, rencontres internationales, réseaux et solidarités. Y a plus qu'à !

04 avril 2019

Une journée parfaite

Le matin, un temps de supervision de groupe et une expérience nouvelle : ce que peut donner un temps de supervision dans un groupe composé uniquement de psy : ça fuse, ça associe librement, ça fantasme en toute conscience, ça s'enrichit mutuellement (et j'espère que cela enrichira aussi l'accueil de la collègue qui a partagé sa situation) - ça me rappelle la dynamique de groupe au Cifp, ce double regard - être traversé(e) par l'expérience, et pouvoir la penser (presque) simultanément.

Et l'après-midi, trois entretiens, trois moments très différents mais tous émouvants :

- Une adulte au parcours atypique mais passionnant, à la recherche du mouton à cinq pattes : un thérapeute à l'intelligence aiguë (probable HPI, cette jeune femme...), solidement outillé intellectuellement et éthiquement, formé à l'accueil des traumas multiples et vraisemblablement transgénérationnels, ouvert à des orientations thérapeutiques variées et possiblement incompatibles mais aussi aux expériences dites para-psy. Ce qui me trouble moi, c'est la récurrence dans mon environnement mais aussi de plus en plus dans mes consultations de ces humains incontestablement sains d'esprit qui font état d'expériences extraordinaires, expériences qui ne les désorganisent pas mais au contraire les mettent en quête, élargissent massivement leurs horizons. De là à penser que quelque chose me concerne, m'attend de ce côté, il y a de moins en moins de pas...

- Un jeune homme qui jusque-là me semblait très inquiétant (ce que je maintiens cependant) mais qui s'anime tout à coup en me parlant de son rapport au monde mathématique, non sur un mode froidement intellectuel type Asperger mais avec amour - je ne vois pas d'autre mot, les maths comme un jeu où le plaisir et la créativité s'expriment, où il se retrouve, lui qui se sent si perdu par ailleurs. Impossible à ce moment-là de le penser uniquement du côté de la dépression sévère ou de l'inhibition sociale massive, tant il est vivant, réellement en relation avec moi dans cet instant-là. Idem lorsqu'il évoque un projet de physique et chimie appliquées sur les bulles de champagne - lui qui ne boit pas une goutte d'alcool - c'est presque un moment de poésie, en tout cas c'est ce qu'il communique de ce qui lui voit dans les phénomènes physiques associés. 

- Une jeune étudiante qui raconte comment dans une résidence universitaire située dans un quartier dangereux (et après plusieurs signalements à l'administration qui n'a pas bougé), les jeunes se sont organisés entre eux  pour créer un groupe de volontaires - merci WhatsApp ? - auquel envoyer un message pour qu'un ou plusieurs anges gardiens viennent chercher les filles à la sortie du métro quand elles rentrent tard. Réjouissant - non d'avoir besoin d'être chaperonnée quand on est une fille dans la rue le soir, mais pour l'initiative solidaire...