28 février 2025

Anges gardiens

Et puis ce matin au milieu des consultations, il y a ce message audio de notre responsable d'équipe médicale à qui j'ai confié hier ce qu'Elsa et moi nous traversons, parce qu'évidemment ça impacte ma présence  - un message qui me remercie de la confiance que je lui fais, redit son engagement pour le bien-être de toutes et propose du soutien en cas de besoin. Une équipe qui va bien et où nous veillons les unes sur les autres - "N’hésite pas, on est là"- c'est un privilège si rare, et une telle chance en ce moment pour moi...

Un message qui nomme aussi, et c'est peut-être plus précieux encore, ce que j'apporte à cette équipe, à cette clinique, aux étudiants que nous suivons - et qui ce faisant me redonne mon identité de soignante, une reconnaissance de ma compétence et de mon expérience, et une raison de continuer à être là - ce qui me vient c'est cette expression anglaise, to show up - de me manifester, de me présenter dans ce que je suis. Je l'ai écouté deux fois d'affilée - ça m'a émue aux larmes...

Et puis dans ma boîte mail j'ai trouvé ça : 

"(...) Tu travaille comme psychologue indépendante (c'est ton métier, non ?) Ne gaspille pas ton énergie à te battre avec ton ex. C'est de l'énergie négative. Fais ce pour quoi tu est douée et développe-le. C'est là que réside ta force. Peut-être tu peux développer des choses commercialement dans ton domaine. (Aide aux parents avec des filles autistes ? Une association ?) Think outside the box. Chaque inconvénient a son avantage. Tu vas trouver des solutions. Fight like a girl 😃- If you want someone to brainstorm, I am here.

Si ta situation (ou d'Elsa) devient vraiment pénible tu peux frapper à la porte. Je ne fais aucune promesse mais peut être je peux aider."

...et re-sourire embué. Yes.  

Cette guerre

J'espère j'espère que tu vas la gagner cette guerre cette guerre celle dont tu parles à personne (...)

Faut la mener cette guerre même si tu la perds même si tu la termines même quand c'est la paix faut la mener cette guerre même si tu la perds même si c'est la dernière même quand tu la tais moi j'te reconnais entre nous on s'reconnaît entre nous nous qui traînons nos mal-êtres incognito dans le pub nous qui pensions ne pas l'être mais nous qui sommes fucked up nous qui purgeons nos colères en courant chaque matin qui soûlons nos chagrins nos douleurs dans le vin et la peur de la mort on la transforme en effort on l'évacue on l'évacue on l'évacue dans le sport tu règles rarement tes problèmes alors pour oublier tu cours et tu rêves de pause et de trêve de ranger ton glaive et ton bouclier (...)

D'abord on se promet d'arrêter d'arrêter de quoi ça dépend pour qui de quoi on se promet d'arrêter de le voir de fumer de boire arrêter l'espoir d'une rencontre rare dissipant le noir qu'on broyait personne ne va te sauver on se sauve tout seul tu peux te faire aider mais on se sauve tout seul (...)

C'est pas grave si tu le caches mais sache que tu n'y arriveras pas sans tache non tu n'y arriveras pas sans que ça se voie tu n'y arriveras pas sans clash non (...) tu n'y arriveras pas sans que tu nous l'avoues un peu  y a que ceux qui font rien qui feront jamais de bêtises y a que ceux qui font rien qui feront rien que juger pendant que toi tu combats tu reçois t'organises pendant que toi t'as tenté t'as perdu t'as gagné t'as reçu t'as donné t'as rendu t'as paumé t'as déplu t'as brillé t'as rien pu t'as raté t'as tout vu t'as coulé t'as trop bu t'es tombé t'as tenu des années t'as craqué t'as rien dit t'as menti tu t'es repris et tout seul dans la nuit t'es reparti dans ta guerre (...)

J'espère j'espère que tu vas la gagner cette guerre cette guerre celle dont tu parles à personne (...)

Ben Mazué

27 février 2025

J'avoue, j'hésite.


21 février 2025

De l'air

 
Je comprends bien le concept, du séjour de répit. Pour les aidants comme pour les aidés : s'éloigner de la ville, du bruit, de l'agitation, des charges mentales personnelles et professionnelles - et souffler dans un environnement paisible et chaleureux. Avec des gens bienveillants, des animaux, des arbres, de la verdure - de belles rencontres, Guilou toujours, Bo et sa fille à nouveau. Nous n'avons rien fait d'autres que quelques balades, deux ou trois brocantes, de la lecture, du papotage, et c'était parfait comme ça. 

...où elle pourrait sourire sans soupir et qu'on lui donne enfin de l'air... qu'elle s'abreuve sans fin de l'air... (Olivia Ruiz, De l'air)

Ah, je suis aussi revenue avec un petit kilo de plus, la faute à la sainte Trinité confit-magret-foie gras... (on ne peut pas être végétarien dans cette région) !

16 février 2025

"But when you touch me like this..."

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, cette semaine j'aurai dîné dans le noir avec un prof de philo burkinabé, déjeuné au Luxembourg avec un océanographe, mangé de la tartiflette avec un trio de super nanas avec lesquelles nous avons beaucoup ri de nos expériences sur les applis de rencontres, pleuré toute seule dans ma bière le soir de la Saint-Valentin - tout ça pour passer la nuit de samedi à dimanche dans les bras de Samir, parce que, malgré tout ce qui rend cette histoire de plus en plus impossible, c'est toujours là que j'ai envie d'être.

Ou : "On n'a pas le cul sorti des ronces", selon une de mes expressions favorites. 

04 février 2025

Illuminations


La visite de l'exposition Frison-Roche au Collège des Bernardins ce mardi, la journée de respiration holotropique le vendredi suivant, deux moments de connexion avec la dimension spirituelle. Les oeuvres de Frison-Roche sont inspirées, fascinantes non seulement par leur beauté - cette palette de bleus-verts et ors ! mais par leur profondeur, comme si leur auteur était touché par la grâce, intimement en contact avec l'invisible. Et dans l'exercice et le lâcher-prise du souffle, s'ouvre aussi une porte vers d'autres mondes, intérieurs ou supérieurs - après avoir littéralement expulsé l'ombre accumulée ces dernières semaines, ce fut une jolie surprise de découvrir Marie - en l’occurrence, sous la forme de la Guadalupe, au pied du matelas, en revenant à moi...

31 janvier 2025

Ca recommence...

...la fatigue, la saturation, l'envie de changer de métier. Les mois d'hiver sont rudes, et je redécouvre à chaque fois non seulement combien il est difficile de l'exercer quand on est soi-même chancelant, mais surtout, ce qu'il implique de responsabilités. 

J'oublie qu'heure après heure, notamment auprès des étudiants, ma disponibilité doit rester suffisamment constante pour ne pas passer à côté d'un signal faible ; et mon énergie suffisamment présente pour ensuite activer les réseaux, trouver des interlocuteurs dans un système de soins sinistré.

Et puis je me retourne, et je regarde les deux dernières semaines : un accompagnement aux urgences psychiatriques ; une gamine isolée dont l'anxiété lui fait faire des crises de tétanie terrifiantes - appel au secours d'une structure jeunes adultes dans la foulée, ouf, elle est prise ; une troisième qui flirte avec la prostitution et que je raccroche à une consultation externe où elle est déjà connue ; et cet autre dont le délire enfle sans pour le moment donner prise à une possibilité de soins, et celui-ci dont la compliance à toutes nos propositions masque mal le désespoir toujours tapi derrière son sourire poli.

Quelquefois sans qu'il y ait de drame en cours, il y a juste l'agilité mentale nécessaire pour passer d'un doctorant en informatique quantique à une étudiante en sciences de l'Antiquité qui apprend l'araméen, l'hébreu et l'égyptien, d'un futur chef d'orchestre à une jeune Martiniquaise qui travaille sur le post-colonialisme - en visio depuis Boston.

Toutes choses qui sont un magnifique cadeau et un privilège en temps normal. Mais là, comment dire, la batterie est un peu faible. Et parfois j'ai peur. Peur de passer à côté. Peur d'être trop près, plus à la bonne distance. Peur d'être trop loin, de survoler, de me défendre pour ne plus entendre. Peur d'oublier que ces jeunes adultes ont l'âge de mes enfants, peur de ne le savoir que trop. Bref, vivement les vacances.

28 janvier 2025

Et maintenant, on fait quoi ?

Surtout rien. On attend. On respire. On prend le temps d'accueillir la peine, la colère, toutes les peurs, et de relire l'histoire avec une grille de lecture nouvelle (et oui, ça fait remonter à la surface des blessures non cicatrisées).

Le temps de faire le deuil de ce qui aurait pu être différent, si on avait su. Et celui de ce qui ne sera pas. On comprend autrement, ça coche les cases, ça prend sens - "ça clique" - dit Elsa, qui pose et se pose des questions qui témoignent de sa maturité, de son intelligence et de sa lucidité.

On essaie de ne pas faire l'erreur habituelle de chercher aussitôt des réponses, des solutions, des stratégies - nous l'avons tant fait déjà. Il faudra bien sûr mais... pas tout de suite. L'hiver ce devrait être le temps du répit, du repos, de ce qui s'écoule doucement avant que quelque chose, peut-être, ne germe et ne refleurisse. Est-ce qu'on peut à la fois faire confiance et ne pas ignorer qu'il faudra du temps, un temps incompressible autant qu'imprévisible ? Je crois que oui. Est-ce que je peux ne pas m'oublier une nouvelle fois sur ce chemin ? L'avenir nous le dira. 

26 janvier 2025

Au musée Jacquemart-André

 

24 janvier 2025

That's it


22 janvier 2025

Faire avec

Ce n'étaient pas exactement ses mots, mais c'était l'idée, après un échange sur les blessures et les manques - ce que nous portons malgré nous ou à cause de nous, parfois pour toujours - handicaps, carences et traumas divers : "Peut-être que notre dignité, c'est de faire avec ce qui nous leste ?" - Inventer un chemin non pas contre, ou malgré, mais avec. Précisément avec. En toute humilité, en toute tranquillité - ce qui m'évoque aussi ce merveilleux titre de Gaëlle Josse, "De nos blessures un royaume".

Plus tôt aussi nous avons aussi rappelé - en tout cas il m'a semblé le redécouvrir - ce que la sollicitude extrême, si bien intentionnée soit-elle, peut paradoxalement empêcher chez celui ou celle qui en est l'objet ; et cette voie de passage possible peut-être d'être vis-à-vis de l'autre comme dans un regard de grand-parent - inconditionnel, intéressé par l'être mais désintéressé d'un quelconque résultat, ce regard sans pression ni enjeu, simplement aimant. Curieux, et confiant.

17 janvier 2025

Tout va bien

Aujourd'hui, c'était la fête pour les deux ans du Pot Commun, le café associatif adossé à ma librairie coopérative favorite. Ca voulait dire, retrouver dans ce petit espace nos libraires surmotivées, les bénévoles de l'association, le groupe de ukulele et celui de Gospel. Et les choristes du Labo de Clairie, dont je fais partie - un projet génial, mosaïque de chorales à travers le pays qu'elle a pour objectif de rassembler pour des concerts communs.

Bref, un concentré d'humanité engagée, chaleureuse, généreuse - grâce à ce lieu de liens qui attire des gens à son image - j'adore découvrir ce voisinage qui mélange âges, milieux et professions, autour de projets partagés mais surtout de valeurs communes. 

PS : "Tout va bien", c'est la chanson du Labo que nous faisons reprendre au public... 

14 janvier 2025

Et si ..?


 

11 janvier 2025

Noël après Noël

Celui où on se raconte les histoires de famille : "Et toi, les fêtes, c'était comment ?", les histoires de cœur, les histoires d'enfants et les histoires de boulot. Un Noël sans conflits, sans pression, avec plein de petits cadeaux attentionnés et surtout, l'expérience renouvelée de ce filet de sécurité, trampoline et refuge, qui nous accompagne jour après jour.

09 janvier 2025

Retrouvailles

Quand je suis arrivée avec ma hotte de Père Noël pour Samir et les twins, devant la porte il y avait pour m'accueillir un dessin, une petite boîte en origami avec un petit mot, et une avalanche de câlins et de joie non feinte, et ça m'a fait un bien fou. Enchantée aussi qu'ils aient encore l'âge de se réjouir des deux doudous-renards jumeaux que j'avais choisis pour eux - ils sont allés dormir avec - et attendrie par leur père disant, c'est parce que c'est toi, avec moi ils font les bonhommes genre on est grands on n'a plus besoin de doudous. On a joué, dansé, ils m'ont demandé si je restais dormir et nous avons décidé que dans l'état actuel des choses, c'était mieux que je rentre mais ça m'a vraiment, vraiment réchauffé le cœur.


31 décembre 2024

Winter Wonderland


Winter Wonderland, c'est cette chanson de Noël qui évoque pour moi les cartes postales kitsch avec des sapins pailletés et des rennes avec ou sans nez rouge, des clochettes de traîneau et un Santa Klaus hilare et bedonnant. Un fantasme de paysage hivernal - et dans les fantasmes de Nouvel An à la montagne, il y a ce soleil éclatant, une neige immaculée et des arbres couverts de givre, étincelants au soleil ; et des chalets avec une belle cheminée, du vin chaud et de grandes tablées chaleureuses autour de produits locaux savoureux. Parfois les rêves deviennent réalité. Nous avons eu tellement de chance ! Et la joie de découvrir, loin des interminables files d'attente en bas des télésièges (bienvenue dans le métro parisien, avec les mêmes gens pressés et agglutinés), la joie des randos à pied ou en raquettes : nous avons arpenté des chemins déserts, nous nous sommes roulées dans la poudreuse, et avons découvert des paysages époustouflants. De quoi entrer dans la nouvelle année tout en douceur et en complicité.

24 décembre 2024

Merry Christmas !


D'accord, c'est un tout petit Noël pour une toute petite famille. D'accord, derrière tout cela, il y a beaucoup d'absents, de peines qui ne se nomment pas. Mais... si j'écoute les proches, les patients, c'est avant tout un petit Noël béni, et infiniment simple et chaleureux. Beaucoup d'amour, des cadeaux très bien choisis, vraiment - avec beaucoup d'attention aux goûts de chacun, une conversation fluide, des rires, des jeux... Comme disait Elsa, pas de grands-parents racistes, d'oncle pédophile, de vegan intégriste ou de cousins réacs, mais de de quoi va-t-on parler ? De tout, de rien, du plaisir d'être ensemble, du repas que je me suis régalée à concocter pour nous - cette année, saumon gravlax, filet mignon aux poires et royal chocolat praliné. 

23 décembre 2024

Un peu de douceur

15 décembre 2024

Keep it simple


12 décembre 2024

Cercles

C'est un cercle de femmes, et à chaque rencontre c'est d'une telle richesse - en même temps il est si difficile d'en rendre compte. Mais de celui-ci je voudrais quand même garder quelques pépites ici :

"La tendresse reçue n'est pas perdue.
La tendresse donnée n'est pas perdue.
La tendresse demeure."

"...la prière non pas comme demande ou comme parole, mais comme écoute silencieuse, lumineuse..."

"Je repense à cette citation de Christiane Singer, voir l'autre comme Dieu le voit, que j'avais d'abord entendue comme « dans sa perfection d'être », et là je le comprends autrement – avec toute sa perfection ET toute son imperfection mais avec un regard inconditionnellement aimant."

Et puis il y a aussi la joie, les cadeaux échangés, les bonnes choses partagées, et le lien qui demeure entre les rencontres - un fil invisible dans la doublure de nos vies. 

10 décembre 2024

Maurice

Ses proches l'affublaient d'autres surnoms affectueux, mais plus la fin approchait et plus il insistait pour être appelé par son prénom, Maurice. Il était venu suite à une rechute de cancer, d'abord pour répondre à la demande inquiète d'une de ses filles, et puis il est resté.

Il est resté pour évoquer tranquillement sa mort avant que sa famille ne soit prête à l'entendre, son souhait d'arrêter les traitements, et ses retours d'espoir quelquefois. Il est resté, parce que nous nous sommes vraiment rencontrés, au-delà du cadre de plus en plus précaire des séances - d'abord au cabinet, puis à distance en visio lorsqu'il a été hospitalisé à domicile. Nous avons évoqué les drames de son histoire familiale, sa compagne et ses filles dont il parlait avec une tendresse rieuse. Mais aussi ses questionnements sur le sens de sa maladie et son rapport à celle-ci, sa représentation de la mort, la médecine chinoise et les spiritualités orientales, et sa gratitude pour la veille attentive de ses amis. La prise en charge de la douleur semblait très ajustée, et lui restait très pudique sur les limitations croissantes imposées par son état.

La dernière fois que je l'ai "vu", il portait une belle chemise blanche, et il m'a annoncé qu'il venait de se marier - chez lui, avec un officier d'état-civil dépêché là pour circonstances exceptionnelles. Rien de romantique cependant, juste le souhait de protéger sa compagne de toujours en accomplissant une formalité qu'ils n'avaient pas jugée nécessaire jusque là.

Il a annulé le rendez-vous suivant, trop fatigué, et les deux messages suivants ont été envoyés par son épouse, le premier pour m'annoncer son hospitalisation, et le second son grand départ.

Nos entretiens sont restés jusqu'au bout sous le signe d'une distance amusée, d'un profond respect réciproque, et de quelque chose de l'ordre d'une reconnaissance mutuelle - l'accompagner a été un privilège, et je me suis autorisée à le lui dire. Je pense que j'ai reçu de lui autant que ce que j'espère lui avoir apporté... Lorsque je pense à lui, je vois ce petit garçon métis sur le dos d'une tortue de mer de Guyane partir vers l'horizon... et je souris.

09 décembre 2024

Madeleines

 

D'abord il y a eu l'avant-première du documentaire sur Michel Legrand au MK2, avec son contrebassiste qui nous a joué en live la Chanson de Maxence, et puis un karaoké surprise à la fin avec le Cake d'amour et la Chanson des jumelles. Et dans la foulée, j'ai fait découvrir Yentl à Elsa et Sissou.

Et puis ce dimanche, dans un Châtelet entièrement rénové, il y a eu le retour des Misérables en version originale, quarante après. Magnifique mise en scène, voix remarquables, et une vraie émotion à retrouver ces mélodies que je connais toutes par cœur. Un peu trop par cœur - le livret a été entièrement remanié et je trépignais de ne pas y retrouver les textes d'origine - en rentrant j'ai trouvé en occasion sur le net un coffret de la version de 1981, ah mais !

01 décembre 2024

Cœur de verre

(...on peut tout voir à travers... disait Voulzy). Cœur de verre, pas de pierre... Ce n'est pas sur les bras qu'il me reste cet amour, mais sur le coeur, et ça pèse trop lourd. Ce qui me rend dingue, me fait me taper la tête contre les murs, c'est l'absence de raison apparente.

- Je ne sais toujours pas quoi te dire...
- Tu sais mais tu ne peux pas ou ne veux pas me dire ?
- Non, je parle pour moi, je ne sais pas déjà pour moi. 
(Mais - je ne veux pas te faire de peine, mais, je ne veux pas t'enfermer dans mes impasses, etc.)

Ca sonnait infiniment sincère, et l'espace de quelques heures, ça m'a apaisée, un peu. Dans cette optique, il n'y ni fautifs ni reproches - mais des mouvements psychiques qui nous dépassent...

Ma tête à moi gamberge sans fin, la psy s'en donne à coeur (sans) joie - un attachement évitant arrivé à la limite de ses possibilités, un trouble de l'attention lassé de sa dernière histoire et empêtré dans sa mésestime de soi, les traces mémorielles traumatiques réouvertes pour tous les deux cet été, l'impossibilité de prendre plus longtemps la main tendue qui voudrait le tirer vers le haut, l'anesthésie émotionnelle grandissante de la vie sous substance, ou juste un mode survie qui laisse de moins en moins la place à toute autre chose qu'à l'urgence permanente ? Un peu de tout cela à la fois sans doute. 

Le défi de ce jour c'était - dire au revoir aux jumeaux sans sombrer dans le pathos, en laissant la porte ouverte à un contact ténu peut-être là aussi - mais aujourd'hui, un temps de jeu partagé, un petit mot écrit pour chacun dont ils n'ont sans doute pas tout à fait mesuré la portée, un moment doux cependant - c'est ce que nous pouvions faire de mieux. 

24 novembre 2024

Quelques grammes de douceur

Cette année, pas trop le cœur à porter une organisation alors aujourd'hui, j'ai été invitée chez moi ! Menu conçu et réalisé par les enfants, plein de détails soignés - jolie table, assiettes bien présentées - Elsa à la direction artistique, Léo à la mousse au chocolat et Maman aux vin et champagne. La maison est toute fleurie, les cadeaux très bien choisis - je ne sais pas vivre sans Télérama ;-) et j'étais toute contente de retrouver Rien, parfum porté pendant de longues années et qui, pour mes enfants, reste "l'odeur de maman". Un doudou olfactif, parfait pour l'hiver.

23 novembre 2024

Traversée

52 ans pour construire l'Arche ? Pour le moment ce serait plutôt le déluge... il n'y a plus qu'à envoyer la colombe pour voir s'il y a quelque part une terre où me (re)poser.

08 novembre 2024

Res-source

J'avais cette intuition que ce serait la bonne personne, au bon endroit, au bon moment. Et ce qui est encore mieux, c'est que c'était vrai pour toutes les deux. Un week-end plein de douceur avec des échanges à coeur ouvert, des joies simples - barboter en thalasso, aller au marché, au ciné, découvrir un atelier de yoga-danse, marcher pieds nus dans la mer. Organiser le Nouvel An avec nos deux autres complices (mais quelle joie là de se découvrir à deux...). Partager nos questionnements "psy et spi", découvrir qu'ils se rejoignent...

J'ai redécouvert que les églises étaient aussi ce lieu où il est simplement possible de s'asseoir en silence et de laisser venir ce qui vient - émotions, pensées, larmes, prière, aussi longtemps et aussi librement qu'on le souhaite. Expérimenté qu'il est possible d'aller bien en allant mal, et d'être pleinement accueillie dans mon chagrin, sans pour autant en charger l'autre (et réciproquement). Très touchée par cette phrase dans le film "Sur un fil" : Je crois que je ne suis plus étanche... je crois qu'il y aurait beaucoup à dire là-dessus. Un prochain billet peut-être... En tout cas, c'était délicieux, ce mélange de profondeur et de légèreté. 

06 novembre 2024

Enchantement


...ou comment retrouver son âme d'enfant devant la magie renouvelée du Cirque du Soleil. Quand les lits s'envolent au ciel, que les marionnettes prennent vie et que les lustres dansent, comment résister ?

01 novembre 2024

Toussaint

“Grief, I’ve learned, is really just love. It’s all the love you want to give, but cannot. All that unspent love gathers up in the corners of your eyes, the lump in your throat, and in that hollow part of your chest. Grief is just love with no place to go.”

― Jamie Anderson

29 octobre 2024

Déborder

C'est bizarre, j'ai objectivement connu des moments bien plus durs que celui-ci, mais cette rupture amoureuse semble toucher au cœur de... quoi ? 

Peut-être de ce qu'il y a de très petite enfance au cœur de chaque lien amoureux profond, peut-être de la blessure qui se ravive avec la fin de cette famille adoptée et adoptive, peut-être parce que dans ce chagrin-là il n'y a que moi en jeu et que ça m'autorise à flancher - personne d'autre à soutenir cette fois. 

Peut-être parce l'absence d'une vraie parole sur cette séparation vient répéter d'autres silences. Peut-être à cause de mon coeur qui déborde d'un amour encore bien vivant mais qui ne trouve plus où se poser.

Peut-être simplement c'est le cumul des dernières années, une fois retiré ce filet amoureux qui m'avait rendue si heureuse depuis bientôt trois ans...

...alors, je reste en mouvement bien sûr - déjeuners ou dîners amicaux, le concert d'Arthur Teboul et celui de Nawel, le massage à quatre mains offert par Laurence et Denis, d'autres projets encore. Et surtout, c'est nouveau, je m'autorise à ne pas faire semblant. A appeler. A demander de l'aide et/ou de la présence. A pleurer aussi souvent que nécessaire, et c'est nécessaire tous les jours. A avoir (un peu) moins peur de peser sur l'autre, à ne pas (trop) juger de la légitimité de ma peine. 

Et tout est dans ce (un peu) ou ce (trop). Oui, c'est "juste" un chagrin d'amour. Ou plutôt d'amours. Mais... s'il me permet de baisser un peu la garde, et d'accepter d'être parfois fragile, bien plus que je n'en ai l'air, alors peut-être que ça en vaut... la peine.

PS : un autre regard : Vouloir se rencontrer à l’aide d’un autre qui souhaite se fuir, revient à se choisir un bourreau qui viendra décharger tout ce qu’il refuse de rencontrer à son sujet dans l’espace que nous lui offrons, et qui est à la mesure d’un amour qu’il ne peut contacter en lui.

Cet espace devient alors une abyssale crevasse laissée en plein milieu de notre poitrine par la rupture, devenue inévitable face à notre incapacité de transmuter sa fuite en rencontre.

Stephan Schillinger

24 octobre 2024

Sourire

On n'est pas fort de sourire. Le véritable courage, c'est de faire en soi un espace à la peine. Un lieu immatériel où elle peut s'exprimer. L'autoriser à habiter le coeur et les pensées. Sans la laisser tout coloniser. Juste à sa place. A sa juste place. La vivre comme elle vient, quand elle vient (...). Son sourire d'aujourd'hui ne nie pas sa peine. Au contraire, il la révèle. Il dit la cohabitation des sentiments. Non pas la lutte de puissances que l'on croit s'opposer, mais leur compagnonnage apaisé. Elle peut vivre la joie parce qu'elle sait pleurer dans le noir. 

Anne-Dauphine Julliand, Ajouter de la vie aux jours

23 octobre 2024

Submergée

Mais – il y a une part incontrôlable dans ce chagrin. Un truc enfantin, viscéral, quelque chose du tout-petit qui panique, un arrachement – un chagrin déraisonnable, qui me fait mal physiquement, me donne la nausée, me fait perdre pied et m'effondrer en gros sanglots, quand c'est possible, et ravaler mes larmes le reste du temps. 

Un truc insensé qui cherche ta présence tout le temps, me balance à la gueule tellement de souvenirs magnifiques, et puis tu es partout, depuis que je vis ici, dans chaque pas que je fais dans la rue, dans chaque détail de ma maison. Un truc qui me retourne le cœur dès qu'on me parle d'amour, de sexualité, de famille, de liens brisés, d'incompréhension, de solitude, et je suis payée à ce qu'on m'en parle tout le temps.

Et il y a les premiers secours envoyés par les amis. Celui qui dit, cet homme ne peut pas vous rendre cela, et faire vivre cet amour avec un minimum d'équilibre et de réciprocité entre vous deux, et il le sait. Ses colères sont en fait tournées vers lui-même, car il se sait impuissant à changer. Cette autre qui évoque la petite fille qui tambourine devant la porte d'une mère effondrée - ce n'est pas qu'elle ne t'aime plus pourtant, c'est qu'elle n'est pas en capacité de manifester son amour. Celui-ci encore, qui m'écrit, Arrête de voir des belles choses dans les failles des autres, arrête ! Et cet autre qui me transmet un article qui au titre évocateur, Rescuing the rescuer. 

21 octobre 2024

Un regard perdu

Et puis le lendemain, je suis partie avant le jour à Strasbourg, pour une audience avec le juge des tutelles dans l'EHPAD où réside désormais mon père. Là aussi, mission accomplie, nous les enfants prenons la main... mais tout était trop pour mon coeur, la désorientation si visible de Gene, les larmes de Clara essayant de dire à notre père que celle-ci n'est plus en état de prendre soin de lui, la colère rentrée de Cyril - sa façon à lui de gérer son anxiété je pense.. 

Et surtout le regard perdu de Patrice, incapable de répondre à une question du juge, puis prenant lentement conscience, après le départ de celui-ci que quelque chose s'est passé - quelque chose dont il ne saisit pas les enjeux, mais dont il interprète que ce ne peut être que contre lui... ses derniers mots auront été l'expression de sa déception, il s'est fermé, nous l'avons raccompagné non sans mal dans le service. 

J'ai souri tristement à l'aide-soignante qui l'a aidé à s'installer à table, elle m'a dit, vous avez le même sourire que votre papa - il y a eu un éclair de douceur dans ce mot spontané, et l'idée que peut-être alors, il lui arrive encore de sourire. 

20 octobre 2024

We did it !


Comme dans le dessin animé que les enfants regardaient autrefois, cette petite Dora qui devait franchir des épreuves, résoudre des énigmes. On l'a fait et tout le monde a fait le job, famille et amis, parce que l'important, c'était cette belle fête, pour Léo. Le mot de Grand-Mère, la chanson de YoYo, la présence, pour la première fois depuis longtemps de ses deux parents pour lui. 

Hello , les Amigos
Je vais me faire le héraut du héros Léo
Petiot, quand nous le gardions , avec Yoyo,
Il fallait compter les " dodos" !
N'aimant pas l'eau , pour la douche, fallait le chrono !
C 'est, n'est-ce-pas Elsa, un excellent frérot ?
Puis, aux sports accro, il s'est fait des abdos
Plus beau que le lavabo, il est devenu coeur d'artichaut !
Par la suite, voyages à gogo, études avec brio
Now, banco pour le bio
Il ira haut... peut-être, jusqu'au CHÂTEAU ?...
BRAVO Léo , notre écolo !!

Moi aussi, j'y suis allée de mon petit mot, tissé de ses mots d'enfant retrouvés ici même dans la Care Box. J'ai accroché mon plus beau sourire, essayé d'oublier l'absence de Samir et des jumeaux, bu un petit peu trop de champagne, et... we did it.

08 octobre 2024

Ailes

Tu m'as donné des ailes. Et je suis terrifiée à l'idée de marcher à nouveau seule sur cette Terre désormais. 

Mais : merci pour les ailes, c'était magnifique. Et merci pour hier, c'était tellement important pour moi de ne pas rester dans la colère, l'incompréhension et le silence. De dire merci. De dire je t'aime,  même si ça doit prendre une forme différente aujourd'hui.

(Ne pas oublier : mesurer ce que ça représente pour lui, d'avoir accepté de suspendre la fuite en avant, d'essayer de mettre des mots, dans la mesure de ses possibilités. De prendre le temps de m'écouter - d'accueillir une longue déclaration de gratitude, d'amour et de chagrin infinis. De dire lui aussi merci, de reconnaître ce que nous nous sommes donné l'un à l'autre, sur tous les plans, depuis presque trois années. D'évoquer ses fragilités, et ce pourquoi il lutte - un mode de survie dans lequel il n'y a pas de place pour moi, ni pour lui d'ailleurs. De m'ouvrir ses bras pour que je m'y endorme, même en larmes, une dernière fois).

27 septembre 2024

Under pressure


Alors comment dire ? Ajouté à ce qui précède, l'exposition professionnelle au viol et au meurtre de Philippine à Dauphine, les récits détaillés de violences sexuelles de victimes de trauma qui s'exposent en boucle dans une répétition mortifère, les patients ou compagnons de patients en fin de vie, une conversation sans issue avec David et les trois heures d'échange hier avec une Elsa infiniment fragile qui planque, minimise et compense en permanence, mais laisse parfois brusquement entrevoir les abîmes en-dessous, je crois que c'est trop là... Ce matin en regardant l'agenda de cet après-midi : deux étudiants à recevoir en anglais, puis une urgence (?), et une matinée de consultations blindée demain matin (quel "week-end" ?), je me suis demandé : je fonds en larmes ? Je demande un arrêt de travail ? Je retourne sous la couette ? Je me prends une cuite monumentale ? Jusqu'à quand ça peut tenir comme ça ? 

Guess what ? Je suis dans mon bureau, bien sûr. mais je repense à cette patiente qui m'avait dédicacé son livre "Je n'avais pas vu les sables mouvants"...

PS : j'ai fondu en larmes. J'ai annulé ma consultation de l'après-midi. Je suis rentrée chez moi. Et je me suis roulée en boule sous ma couette. 

26 septembre 2024

Sur un fil

Si je me suis trompé, en disant : je t'aime, je préfère avoir dit : je t'aime. On ne me fera pas envier celui qui a eu raison sans aimer (Philippe Léotard).

Mais je ne suis pas trompée, loin de là ! Et si c'était à refaire, je referais tout pareil. Parce qu'elle est très belle cette improbable histoire entre deux êtres que tout oppose, ce petit miracle funambule que nous aurons maintenu bien au-delà de toute attente... parce qu'il est émouvant le constat que l'amour ne suffit pas, que dans la décision de prendre de la distance il peut y avoir encore tellement d'amour - la volonté de protéger, de ne pas enfermer l'autre dans ses propres impasses d'un côté, une infinie tendresse de l'autre.
 
Parce qu'il y a quelque chose de magnifique à avoir "arraché à l'impossible", comme me l'écrit une amie, autant de moments de bonheur. Et un certain panache à l'avoir tenté en connaissance de cause - choisir de vivre ce qui s'offre comme un cadeau que l'on pressent rare - plutôt que de rester à l'abri de la raison raisonnante et de ses certitudes stériles.Dans la Care Box il y a tellement de souvenirs - quelques-uns en remontant le temps :  
 
Et  aujourd'hui ? Aujourd’hui je ne sais pas, je ne sais plus. Il y a le souhait, réciproque je crois, de préserver de la douceur, dans la mesure de nos possibles. Et pour moi, cette certitude bien antérieure : je ne me souviens pas avoir jamais totalement dés-aimé un être que j'ai aimé authentiquement, profondément à un moment de ma vie. Mon cœur s'agrandit, c'est tout.

Folie dure

C'est fou oui. J'ai beau avoir des dizaines (centaines ?) d'heures de travail sur moi à mon actif, j'ai beau savoir que dans ces brusques montées de chagrin incoercible se jouent non seulement le présent immédiat, mais toute la solitude de l'enfance face à l'abandon de l'un, à la dépression de l'autre, ici parfaitement combinées, condensées comme diraient les psys, je plonge quand même.

Largement aidée par l'absorption heure après heure des mêmes détresses archaïques chez ceux que j'accueille, sans plus avoir ce lest interne du - je suis celle qui aime et qui est aimée, voir post suivant. A chaque étape douloureuse de ma vie, je redécouvre non pas l'Amérique mais à quel point il est impossible de faire ce métier sans s'enraciner dans un amour. Et je le fais quand même - quelle est l'alternative ?

Grand bien vous fasse

Il y a un brin d'ironie douce-amère, dans le titre de l'émission dont cette interview est extraite... 

...parce que l'amour c'est à la fois le sentiment le plus puissant - d'une puissance à déplacer les montagnes - ce qui fait qu'on peut aimer par exemple une personne qui n'est pas du tout faite pour nous, mais c'est la puissance de l'amour, et absolument fragile parce que comme tout dans la vie, ça passe ! Et ça je crois que quand on aime on est à la fois tenaillé et angoissé par sa puissance - y en a jamais assez, on en veut encore plus, on n'aime jamais à satiété, et en même temps on a la phobie que ça puisse finir. Pourquoi ? Parce que je crois que l'amour est le seul sentiment qui nous donne une raison d'être immédiate. C'est-à-dire, qui suis-je quand j'aime et quand je suis aimée ? Je suis celle qui est aimée et qui aime. Donc imaginez qu'on me retire ça ? Je n'ai plus de sol, je n'ai plus de raison d'être. 

Avant, les intervenantes - toutes des femmes, tiens donc - parlaient du retour de l'instabilité, de la perte de ce qui fait repère, et du fait qu'on veut par conséquent à tout prix (à tout prix...) préserver cette stabilité, quitte à se mentir ou à mentir aux autres. Plus loin, elles parlent de la fin de l'élection amoureuse qui nous rend à l'anonymat - ce sentiment d'être à nouveau perdue dans la foule...

Alors ici - peut-être n'y est-on pas vraiment à ce jour dans le désamour, ou juste au bord, ce qui n'est pas moins douloureux peut-être - dés-espoir et haine de soi d'un côté, tendresse impuissante et désolée de l'autre. Mais chacun de ces mots me parle. Oui, je sais que j'existe en dehors de ce chagrin, oui, il y a néanmoins, du sens, du lien et des joies possibles dans cette vie. Ce qui ne me préserve nullement de ces moments récurrents et incontrôlables où effectivement le sol se dérobe sous mes pas, et où c'est l'enfance qui sanglote en moi.

15 septembre 2024

L'effet mer

 

...est-il éphémère ? Pas sûr, surtout quand on est aussi gâtées - météo, maison, activités - du Festival du grand n'importe quoi, épique, au jacuzzi dans le jardin en passant par le karaoké. Ah, et puis ce Saint-Emilion Grand Cru 2003, mais lui n'a pas fait long feu. Ce qui est moins éphémère encore, c'est la profondeur de nos liens, l'existence de ces témoins de nos vies sur le long terme avec qui parler de nos enfants, de nos parents, de nos ex et de nos présents, de nos petites joies et de nos grandes peines (ou l'inverse), parce qu'elles en savent presque tout depuis toujours. Et puis aussi des trucs légers, sextoys, séries Netflix et maillots de bain.

05 septembre 2024

Leçon d'acupuncture

La première aiguille, c'est ta présence. Ne travaille que ta présence. Si tu pries, si tu médites, si tu fais du Qi Gong, du Tai Chi Chuan, tu seras cette première aiguille, et dans le monde, tu dois être une aiguille d'acupuncture qui harmonise dans chaque rencontre, dans toutes les situations, que tu sois dans le métro, dans le train, dans une salle de conférence, tu dois être cette aiguille d'acupuncture c'est-à-dire, te nourrir du ciel, de la terre, et inonder d'amour ceux qui t'écoutent et harmoniser toutes les énergies, pour que ce soit à l'écoute du plus grand.

Marguerite Kardos

01 septembre 2024

Célébration

 

Écoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s'entend,
Entends la voix de l'eau.
Écoute dans le vent
Le buisson en sanglot :
C'est le souffle des ancêtres (...).

Birago Diop

Le feu. La mer. Le soleil. L'amitié. La couleur. La lumière. Un week-end dans toutes les dimensions, avec pour points cardinaux la joie, la liberté, la légèreté, la foi.

22 août 2024

Echos

"Je l’ai aimé parce que rien n’était fait pour.
Parce qu’il se moquait bien d’être séduisant avec moi.
Parce que faire des efforts pour plaire au monde semblait ne pas faire partie de ses volontés.
Parce qu’il avait quelque chose de triste bien caché au fond de l’âme.
Il avait dû naître comme cela, lui aussi, avec cette nostalgie collée aux poignets.
Je l’ai aimé parce que ses yeux observaient tout sans être retenus par rien.
Parce qu’il puait la liberté.
Parce qu’il était prisonnier.
Parce qu’il y avait sur ses lèvres un peu d’amertume et beaucoup de tendresse,
de l’amour qui a pleuré et l’envie de la passion.
Parce qu’il parlait peu.
Parce que lorsqu’il parlait, j’avais envie d’écouter.
Il était nu, même habillé.
Pudique de son âme et de son corps.
En y regardant de près, je l’ai immédiatement soupçonné de ne pas trop s’aimer.
Je l’ai aimé à sa place.
J’avais de la place dans le cœur.
Il y avait, au fond de son regard, un vieux truc perdu, hagard.
J’avais envie de l’aider à le retrouver.
Il souriait peu.
Pourtant, lumineux (...)
Je l’ai aimé parce qu’il était faussement détaché, fragile, sensible, agressif et démuni.
Parce qu’il le cachait.
Je l’ai aimé parce que personne ne s’y attendait.
Et je l’ai écrit.
Pour oublier.
Mais je n’y suis jamais arrivée."

 Romy Schneider - pour Alain Delon


En la lisant, je suis très touchée. Parce que cette petite musique est si familière, parce que j'aurais pu écrire ce texte, mot pour mot, encore une fois. Je l'ai écrit d'ailleurs, il y a des années - on ne se refait pas, sous la forme d'un poème qui s'appelle Solitaires. En la lisant je suis profondément en colère. Parce que c'est la porte ouverte à une souffrance garantie, l'excuse à tous les égocentrismes, l'éternel retour du masochisme romantique - ce syndrome de l'infirmière, quel ennui d'être un cliché. Elle le regarde, il se regarde.

15 août 2024

This little light of mine

This little light of mine
Used to be too scared to shine
When mine met yours it would run and hide
But in time I came to find
I wanna shine so bright
It makes this whole world smile
And pay back the beautiful feeling
That allows me to be
Whatever I wanna be
And I am gonna be
Free and easy 

Beautiful Chorus

11 août 2024

Diptyque

Hauts-fonds

J'ai su dès le début je crois que cette histoire serait une navigation en hauts-fonds – c'est beau, c'est excitant aussi, un peu comme un défi, ça demande de la vigilance et de la technique. Mais le risque est toujours présent, pour une erreur de calcul, une marée un peu rude ou un instant d'inattention, de s'échouer durement sur un rocher  affleurant, sans certitude que les avaries nous permettront de repartir.

Étoiles filantes

Et pourtant – ce qu'il faut d'amour pour, une nuit où le découragement et la rupture rôdent, poser les armes, s'allonger sur la terrasse au bord de la piscine, et compter les étoiles filantes la main dans la main, en silence – les apercevoir séparément d'abord, chacun dans son coin de ciel (ne pas oublier de faire un vœu). Rester jusqu'à l'instant où nos regards ont suivi la même. Contre toute attente, un moment suspendu de tendresse mélancolique, d'intimité apaisée.

09 août 2024

Alignée


Quand j'ai demandé aux enfants quel avait été leur moment préféré des vacances, Naïm a répondu sans hésiter "Les vagues !", et c'est le même pour moi. Il n'y a rien qui me reconnecte à la vie, à la joie, comme le contact avec l'océan, avec la puissance des éléments - la mer, le vent, la lumière.

Ce dîner côte de bœuf au barbecue arrosée au Pessac-Léognan, trésor local, était exceptionnel aussi - c'est le moment où Imrane a forgé le concept du "bonheurheureux". 

Et la villa avec piscine, trampoline et grand jardin (chat inclus), quelle chance ; et la diversité des paysages et des activités possibles - baignades, vélo, kayak, balades en ville ou dans les châteaux viticoles, océan, dunes, lacs, rivières, forêts - impossible de tout voir, de tout faire : j'ai déjà envie d'y revenir, de continuer à explorer cette région que je connaissais à peine. 

Est-ce que c'est ça que je vais choisir de retenir ? OUI. Parce que c'est un parti-pris de longue date chez moi. CHOISIR de garder le bon, et de laisser aller le reste. Pas dupe, pas dans le déni, mais consciente de la chance que nous avons eue, à commencer par le privilège de partir en vacances, ce qui n'est pas donné à tout le monde. De ces vacances, je garderai les instantanés lumineux, la gratitude pour ce qui a été beau, et bon.

25 juillet 2024

A tout petits pas


Le tout petit pas, c'est le pas de ma Maman aujourd'hui. La vitesse possible, celle d'une toute petite croisière entre ce balcon avec une jolie vue sur la mer et les pièces de cet appartement de vacances, coquet et bien placé. C'est la conscience des adaptations nécessaires, mais aussi de tout ce qui demeure possible, à commencer par être ensemble, ce qui est déjà beaucoup. Visiter une expo aux Franciscaines, faire quelques pas sur les planches de Deauville. Aller au cinéma, même si les escaliers sont un petit Everest. Ramener du marché des huîtres, des crevettes, du poisson frais. Partager une bière fraîche, un verre de rosé corse. Se réjouir de la présence de Léo et Marguerite, les emmener manger des moules, sur les planches de Trouville cette fois. Regarder jusqu'au bout cette ahurissante mais réjouissante cérémonie d'ouverture des J.O 2024. "Etre avec des gens qu'on aime, cela suffit" - dixit La Bruyère. 

17 juillet 2024

Témoin

Parce que le rythme est moins dense, je retrouve beaucoup de joie à accompagner les patients ces temps-ci, et la conscience que c'est un privilège d'être ce témoin de leurs vies. Témoin de cette femme de 75 ans, confrontée à des deuils multiples et transgénérationnels, mais qui dit aujourd'hui - j'ai (re)trouvé de la légèreté, quelque chose de l'enfance qui n'avait pas pu se vivre, et je suis contente : je mourrai en étant vraiment moi-même.

Témoin de de cette autre, à l'histoire fracassée mais qui a fait mentir nombre de déterminismes pour se forger une route professionnelle pleine de sens - j'ai une profonde admiration pour son parcours et pour son intelligence. Tellement en difficulté pour donner sa confiance, mais qui me fait l'honneur de me l'accorder, permettant ainsi une émouvante alliance thérapeutique.

Témoin de cette jeune femme franco-tunisienne, jeune maman, artiste, qui vient interroger notre rapport à l'intime, à la sexualité, aux conditionnements - héritière de deux cultures, de deux époques, de l'émergence du mouvement #metoo, lectrice des textes féministes et LGBT, il y a tellement de richesse dans ses identités multiples, apparemment contradictoires, dans ce travail de l'émergence d'une individualité singulière, portée par sa création.

Ou témoin de ce monsieur en grave récidive de cancer, qui m'interroge en riant sur, à quand la fin de la lune de miel thérapeutique ? Ancien psy lui-même, il n'est pas dupe de ce qui s'engage dans le transfert ; mais il vit aujourd'hui sur un plan spirituel où il a depuis longtemps endossé la responsabilité de sa vie, traversé sa part d'ombre. Alors je ne pense pas non, que notre rencontre sera autre chose qu'un échange d'humain à humain, un endroit où parler de la mort possible et de la vie toujours là, autrement qu'avec ses proches anxieux. Et c'est parfait ainsi.

04 juillet 2024

Regards (un air de famille ?)

Si je n'avais pas répondu à cette annonce locale d'une photographe qui cherchait des rideaux ou des draps pour un décor de studio, je n'aurais pas rencontré Sylvie. Qui ne m'aurait pas proposé de servir de modèle pour un de ses projets pro. Auquel j'ai associé Elsa. Ce qui n'aurait pas permis que nous repartions avec de magnifiques portraits de toutes les deux, séparément et posés pour son projet, ensemble et naturelles en duo mère-fille. Et de nous faire une nouvelle amie ici. Le don appelle le don. Une absolue conviction pour moi, que j'espère avoir transmise à mes enfants. 

30 juin 2024

Papa ?

Il m'a fallu longtemps pour me décider à écrire ce billet-là. Pour essayer de faire le lien entre l'homme que j'ai connu dans mon enfance, celui à qui j'en ai profondément voulu à l'adolescence (et dont l'absence et la violence sous-jacente conditionnent sans doute encore une part de ma vie de ma femme), celui dont je me suis détachée complètement à l'âge adulte, et ce monsieur dans la chambre de l'EHPAD. 

Parce que de lien justement il n'y en a pas. Entre lui et moi, entre lui et les autres - sa seconde femme, ses autres enfants, entre lui et lui-même sans doute non plus. Et je ne peux pas m'empêcher de voir cette déroute cérébrale comme l'étape ultime d'une vie de solitude, l'image révélée de la forteresse dans laquelle il s'est enfermé vivant bien avant l'apparition des premiers troubles neurologiques.

La maladie l'a désarmé, faisant de lui un enfant aphasique, perdu au milieu de grands vieillards mais absolument plus en état de vivre même dans une structure plus adaptée à son âge. Il est infiniment ralenti dans sa marche, presque totalement dans sa parole - et sa résignation apparente à laisser la plupart de ses phrases en suspens m'a laissée dans une profonde tristesse. Il nous reconnaît je pense, semble comprendre ce que nous disons, mais pas plus que lorsqu'il allait "bien", il n'y a le moindre accès à ce qu'il pense, ressent, perçoit (l'agressivité en moins cependant) - et il y a quelque chose de bouleversant dans cette mise à nu d'une incommunicabilité qui elle a toujours été là.

J'ai fanfaronné un peu ces dernières années je crois en disant - je trouve ça terrible humainement bien sûr ce naufrage d'un homme intelligent et cultivé, mais ce n'est pas comme si je perdais un petit papa chéri, un père qui m'aurait accompagnée, soutenue, qui aurait été présent pour moi et pour mes enfants. Ca reste vrai mais... sa vulnérabilité aujourd'hui me serre le coeur, autant qu'elle me laisse dans une complète impuissance. Il est trop tard, il est trop loin, et lui souhaiter de pouvoir quitter ce monde est une bien pauvre tentative d'évitement face au constat de ce qui est, et qui peut être encore longtemps.

Dans la chambre, son épouse a accroché plusieurs des tableaux qu'elle a peints. Celui qui fait face à son lit est un portrait de moi à treize ou quatorze ans peut-être, et je ne sais pas ce qui me donne le plus envie de pleurer ici - qu'elle ait eu cette délicatesse, ou la certitude que jamais je n'aurai su ce qu'il y a dans le regard de mon père.

28 juin 2024

Cadeau

Elle est vraiment très chouette, cette étudiante que je suis de loin en loin depuis trois ans. Et malgré l'intermittence de nos rencontres - il s'agit du service de prévention et non d'un cadre thérapeutique - je la vois faire son miel de ces entretiens, et se souvenir avec une acuité étonnante de nos échanges. Aujourd'hui, elle m'a fait un précieux cadeau en me confiant que non seulement elle m'avait adressé nombre de ses camarades, mais qu'ils avaient tous apprécié nos rencontres. Quelle jolie façon de terminer mon année !

24 juin 2024

Johanna & Bruce

Il y a 11 ans - 11 ans ? Déjà ? j'avais ce rêve d'emmener les enfants à New York pour mes 40 ans. Rêve qui s'est réalisé au-delà de mes espérances, grâce à l'échange de maison et au souhait de Johanna et Bruce de séjourner trois semaines dans notre appartement. Trois semaines d'hébergement à Manhattan ? Mais oui, avec joie ! Très europhile, ce couple d'artistes - elle prof d'art, lui photographe, revient régulièrement en France et en Italie. Le lien ténu entretenu grâce aux réseaux sociaux nous a permis de nous retrouver pour déjeuner à Paris - c'est toujours un plaisir, car ils s'intéressent à tout, courent les expos et les lieux de culture quand ils viennent en Europe - ils sortaient du musée Guimet, partaient voir l'expo Brancusi à Beaubourg. Nous avons parlé aussi politique, aux US et en France, familles, métiers... Je leur ai montré des photos de notre nouvelle maison, qui sait, après New York en été, je pourrais peut-être rêver à New York en hiver, faire du patin à glace au pied du Rockefeller Center comme dans mes comédies romantiques de Noël préférées ?

23 juin 2024

Et un dimanche à la campagne

...tout s'ajoute à ma vie
J'ai besoin de nos chemins qui se croisent
Quand le temps nous rassemble
Ensemble, tout est plus joli...

Jean-Jacques Goldman, Ensemble

20 juin 2024

Solstice d'été

Many tribes of a modern kind, doing brand-new work same spirit by side
Joining hearts and hands and ancestral twine, ancestral twine...

Xavier Rudd, Spirit Bird

16 juin 2024

08 juin 2024

Célébrer (2)


 ... l'amitié, le courage, la créativité, et la volonté de ne pas se laisser abattre. Ah mais !

30 mai 2024

Célébrer

Ca tanguait pas mal ces dernières semaines, et puis il a suffi d'une soirée douce d'anniversaire pour renouer le fil - peut-être grâce aux quelques jours qui avaient précédé, peut-être grâce au lieu et au cadeau choisis avec une vraie attention, intention, peut-être grâce à la bouteille de Pouilly-Fumé qui a remis de la parole là où elle commençait à disparaître dangereusement, peut-être grâce aux heures qui ont suivi. Il n'y a pas de photos de cette soirée des 50 ans de Samir ; mais peut-être n'est-ce pas un hasard (nous aurions pu demander au serveur), tant l'enjeu de ce moment était de restaurer quelque chose de l'intime. Pas de bougies (si, juste une le lendemain matin, date exacte), de bruit, de monde - juste être ensemble. 

27 mai 2024

Poupées russes

Dans la formation, il y avait la joie de retrouver l'enseignement fluide et profond dispensé par Nicolas, et d'une immersion dans un groupe de thérapeutes expérimentés, tous ouverts à la dimension transpersonnelle, de retrouver des visages connus et d'autres nouveaux.

Dans ce groupe, il y avait cette petite coloc de 6 avec laquelle j'ai partagé une petite maison de bois, comme un chalet de sports d'hiver. Et dans ce groupe de 6, il y avait celles que je connaissais déjà, et celles que j'ai découvertes, retrouvailles ou rencontres, bonheur. Et dans la formation, au-delà d'une pléthore d'outils de travail et de réflexion puissants, il y avait ce fil de l'invisible, et l'ouverture aux autres dimensions, et la joie d'en être témoin, et puis le privilège d'expérimenter à nouveau, au milieu d'un groupe restreint et bienveillant.

Ces expériences-là ne se laissent pas facilement attraper par des mots ; mais petit à petit elles construisent pour moi un nouvel être-au-monde qui va bien au-delà du professionnel. Cadeau... moi qui me sentait me rétrécir, presque me recroqueviller depuis plusieurs semaines, j'en suis ressortie debout, grandie, et l'esprit clair. Avec en guise de viatique ce très beau texte, attribué à tort à Mandela : 

Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur, notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toutes limites. C’est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraye le plus.

Nous nous posons la question: “Qui suis-je, moi, pour être brillant, radieux, talentueux et merveilleux?” En fait, qui êtes-vous pour ne pas l’être ? Vous êtes un enfant de Dieu. Nous restreindre, vivre petit ne rend pas service au monde.

L’illumination n’est pas de nous rétrécir pour éviter d’insécuriser les autres. Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous. Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus, elle est en chacun de nous, et au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même. En nous libérant de notre propre peur notre puissance libère automatiquement les autres.

Marianne Williamson

26 mai 2024

Emue aux larmes

Jour de fête des mères

J'en profite pour revenir sur un sujet sur lequel nous n'avons pas échangé : la remise de diplôme de votre fils, à Berlin.

Je me mêle peut-être de choses qui ne me regardent pas, mais ... mais ... je ne sais pas si quelqu'un vous l'a déjà dit, alors je vous le dis moi, de là où je suis pour vous :  cette remise de diplôme était aussi LA VOTRE.

Certes c'est Léo "qui a fait le taf" et il mérite amplement les félicitations et les honneurs de cette cérémonie. Mais c'est VOUS, et uniquement vous, qui avez rendu cela possible. 

Quasi sans aucune aide, jamais. Avec votre énergie seule, votre volonté et vos "petits poings", vos doutes et peurs, vos moments de découragement surmontés, votre courage d'oser le meilleur pour vos rejetons, votre opiniâtreté et imagination pour trouver des solutions improbables, et ... vos sacrifices matériels et personnels pour cela.

Bref votre amour inconditionnel pour vos enfants. 

Alors voilà, en ce jour de fête des mères, je décrète du haut de mes non-pouvoirs, que ce diplôme est aussi le vôtre.

Merlin.

20 mai 2024

21 ans


Chaque année, il y a des photos d'anniversaire - et c'est chouette. D'une année sur l'autre, parfois les visages changent, ou disparaissent - mais le rituel demeure : se ré-unir. Et quand j'entends les retours de fête de famille des uns et des autres, je me dis que nous avons beaucoup de chance. Parce que c'est toujours doux. Pas de rancunes sourdes ou d'explosions de colère, pas de petites phrases assassines, juste de la douceur, la volonté de chacun de faire au mieux, de faire plaisir, de faire attention

14 mai 2024

Les 50èmes rugissantes


04 mai 2024

Berlin

Léo a beau travailler depuis un an, ce rite de passage d'une remise de diplôme vient tout de même marquer la fin d'une étape, un accomplissement, une reconnaissance officielle du jeune adulte talentueux qu'il est aujourd'hui. Le cadre grandiose (bâtiment de Frank Gehry), les discours, tous ces jeunes gens brillants et ces parents si fiers, c'était très beau, et j'ai versé ma petite larme émue à l'appel de son nom. C'était tellement important d'être là pour lui ce jour-là, avec Elsa, d'avoir fait le voyage jusqu'à Berlin - en train, Master Sustainability oblige !

Et puis ces quelques jours tous les trois à parcourir la ville, je suis tellement consciente que c'étaient des moments privilégiés, si précieux, des souvenirs à partager pour longtemps. J'ai découvert Berlin, que je ne connaissais pas, que j'ai trouvée plus tranquille, plus verte, moins agitée et oppressante que Paris. Ca m'a rappelé nos échanges de maisons précédents - cette fois un charmant studio au coeur de Mitte, ces voyages tous les trois où nous explorions ensemble - ici les vidéos de la chute du Mur (je me souviens tellement bien de ce jour), la porte de Brandebourg, le mausolée de l'Holocauste, à la puissance d'évocation presque aussi forte que celle du Mémorial du 11-Septembre à New York. Et nous avons contemplé la ville depuis le presque ciel de la Fernsehturm. Restée seule quarante-huit heures de plus, j'ai longuement marché le long de l'Ile aux Musées, et adoré l'expo Berlin Global au Humboldt Forum. J'aime profondément ça aussi, visiter seule, à mon rythme, changer d'itinéraire, me perdre, un bonheur que j'avais oublié depuis longtemps.