14 septembre 2018

Richard

Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles
A certaines heures pâles de la nuit
Près d'une machine à sous, avec des problèmes d'hommes simplement
Des problèmes de mélancolie
Alors, on boit un verre, en regardant loin derrière la glace du comptoir
Et l'on se dit qu'il est bien tard...

Richard c'est cette chanson de Ferré, c'est aussi ce Bohringer dont je suis amoureuse depuis l'adolescence - depuis C'est beau une ville la nuit, et  dont la langue parle directement à mon coeur :

"Nous ne sommes responsables que de poésie."
"En fait, il était conteur. Il écrivait avec sa voix. Le son des mots. Il était sculpteur de phrases."

Cette voix... ce phrasé, ce rythme... je l'ai entendu ensuite dans une interview parler de sa rencontre avec le jazz, et de ses premiers écrits : "J'avais pas la syntaxe, mais j'avais la syncope". Et la tendresse à fleur de peau, et la séduction vertigineuse des grands fracassés, ceux qui n'ont plus rien à perdre et se débrouillent pour le perdre tout de même. Ce désespoir trop bon prétexte à tous les excès, et cette profondeur du regard, cette générosité invraisemblable qui les rachète en un mot, en un geste.

Hier, sur la scène du théâtre de l'Oeuvre - je l'ai trouvé beau.

13 septembre 2018

Minimiracles

La Zou dessine à nouveau. Peint. Coud. Travaille son ukulele. Est partie en cours matin et après-midi sans soucis majeurs cette semaine. Raconte en détail sa journée de cours. Dit qu'elle adore apprendre, que ça lui manquait. Commente le genocide arménien et les Confessions de Rousseau. Veut aller en stage. Demande si elle peut aller au parc demain avec des filles de sa classe. Et moi, je marche sur un fil, vaguement incrédule et tout à fait émue.

PS du lendemain  : j'ai peut-être parlé un tout petit peu vite. Mais ces allers et retours font partie de tout mouvement de croissance, n'est-ce pas ?

11 septembre 2018

Pense-bête


08 septembre 2018

Marchons, marchons...

Bien sûr, c'était ensoleillé, joyeux, spontané et bon enfant. Plein d'humour et de créativité. Je suis Charlie Je recycle mes panneaux / De Rugy à l'écologie, non mais Hulot quoi ! / De l'air, pas du vent / 2 cm en plus OUI ! Mais pas dans les océans / This episode of Black Mirror sucks

Mais... 50 000 seulement - et encore, selon les organisateurs ? Pas de quoi impressionner les politiques, ni de quoi faire sourciller les puissants de ce monde. Rien  qui indique une prise de conscience suffisante, ni une compréhension du caractère global, systémique, encore moins de l'urgence du problème. Dans les pancartes cependant, celle-ci : La planète survivra. Pas nous. 

04 septembre 2018

Dragon au grand coeur

Et puis un petit clin d'oeil tendre, 
parce qu'avec Léone 
c'est aussi une part de mon adolescence qui s'en va.

(un gros bisou à Sissou et Zazou s'ils passent par ici)

03 septembre 2018

Bonne résolution de rentrée ?

J'ai survécu à pas mal de colères.
Je les ai remplacées par de l'amour.
La vie n'est qu'une longue guérison.

- Sean Penn

01 septembre 2018

Love, actually

J'aime beaucoup l'idée qu'en 2018, on puisse inventer la façon dont on souhaite se marier - créer de nouveaux rites, personnaliser les mots, et proposer une façon de fêter l'événement qui nous ressemble. Il y a eu Antoine et Vincent, Clara et Thibaud - aujourd'hui c'était le tour de Guillaume et d'Hugo - et je ne sais pas si cela ressemblait à Guillaume, que j'ai découvert ce jour-là (mais je suppose fortement que oui :-)), mais je suis sûre que cela correspondait bien à l'idée que j'ai de mon ami Hugo.

Un petit comité de passionnés, de littéraires, de créateurs - enseignants, artistes, ou les deux. L'amour des mots est omniprésent - et la première conséquence de cela, c'est une série de discours tous plus émouvants les uns que les autres, personnels, talentueux - bien loin de l'exercice convenu et habituellement très ennuyeux des mariages dits classiques. Au point qu'à la fin de la journée, Elsa rêvait mariage ne serait-ce que pour le déluge de déclarations d'amour et de jolis textes - poétiques, humoristiques, oniriques... Les mariés, les témoins, les parents - chacun y est allé de sa plus belle plume - et quel cadeau plus personnel, plus intime que des les partager devant les proches réunis ?

Le petit groupe, c'est aussi la possibilité de rencontrer, d'interagir, de jouer - bien plus que dans les grandes réceptions. A fortiori quand tout le monde est assis sur l'herbe, à se distribuer des salades bio-bobo-vegan-ou-pas - ça crée des liens ! Jouer à Blanc Manger Coco avec les parents du marié aussi, je pense... Plus sérieusement, un pique-nique sur une île du Lac Daumesnil, c'était une idée de génie non ? Au milieu des cygnes et des paons, avec un chien, un bébé et un chapeau (accessoires réglementaires du mariage réussi), à l'ombre ou au soleil, et la possibilité de faire un tour en barque, une sieste sous les arbres ou juste de papoter avec des gens sympas déjà croisés auparavant, Colin, Matthieu, Mathilde, Vivien et Iris...

Ah, et puis sur notre quatuor recomposé, Matthieu a eu cette jolie phrase : "J'étais tout embrouillé, ils ont tous l'air à la fois si jeunes et si adultes !" - A bien y réfléchir, c'est assez juste - des adultes dont affleure la part d'enfance (et qui sont encore à peu près bien conservés ;-)), des ados à la maturité parfois surprenante, il y a de quoi s'y perdre un peu en effet.

31 août 2018

Remous

Insomnies systématiques depuis dix jours. Pourquoi ? Ah mais peut-être parce que tout est mouvant, émouvant, confrontant, dans le même temps ?

Le retour d'Elsa à l'école, essentiel, mais tellement sur le fil - et les démarches préliminaires, le collège, le CMP, la vigilance à la glisser à nouveau dans un cadre de vie plus structuré.

Le départ de Léo, qui bouleversera l'équilibre de tous, sans qu'il soit possible de prévoir comment. Les réorganisations matérielles et financières inévitables.

Les questions sur la façon dont la grossesse de Clémence va les toucher, les touche déjà - Elsa dans le besoin de réassurance et la colère, Léo dans cette ligne qui est la sienne - depuis des années : "Si Papa est heureux comme ça...", et dont je me demande parfois si elle ne renferme pas une bombe à retardement.

Et moi ? Je n'ai par conséquent même pas eu le temps encore de me poser la question. Mais je m'interroge sur ce projet à ma connaissance sans vie commune, ce qu'il répète, ce qu'il va engendrer, ce qu'il envoie comme message à nos enfants.

A la Cité, le changement de hiérarchie et le décisif recrutement d'une coordinatrice pour mon service me laissent pour le moment en suspension, interrogative - pas encore confiante. Les charges du libéral deuxième année me rattrapent férocement, les impôts de nos changements de situation restent à évaluer...

"Un peu" anxieuse, moi ? C'est bien possible ;-)
(...mais je suis bien contente qu'il y ait mon hibou :-P...)

28 août 2018

#crèmedenuit

Ce soir, Clara : "Tu sens bon, comme une maman qui va se coucher. Ça sent toujours bon les mamans avant d'aller se coucher".

La douceur, c'est bien aussi comme soin anti-rides ;-)

12 août 2018

Le Clos des Fées

 C'est un joli vin, ce pourrait être aussi le nom de cette maison, non que les hommes n'y soient charmants, mais parce qu'elle m'apparaît comme puissamment habitée par une forte lignée de femmes, et aussi comme bénie des dieux (avec ou sans majuscule - hantée par quelques démons aussi), tant elle déborde de talents divers.

Les maisons de famille sont mon talon d'Achille et ma drogue douce, depuis toujours ; celle-ci, que je retrouve d'année en année, m'est tout particulièrement chère. 

Des bonheurs-poupées-russes (comme les filles de la maison, aux prénoms de princesses slaves) : une région toute de bleu et de lumière, et dans cette région, une maison paisible et ouverte, et dans cette maison, des êtres à retrouver ou à découvrir, comme autant de trésors.

Cette année, un trio de jeunes gens lumineux, drôles, curieux, si vivants - et un couple de créateurs trop poétiques pour ce monde - des humains émouvants par leur force autant que par leur perceptible fragilité. Comme tous les humains ? Oui, mais un peu plus, ou un peu autrement... légèrement extra-terrestres. Flottant un tout petit peu au-dessus de notre sol. 

Le Clos des Fées, donc. Fées qui circulent aussi discrètement dans la lumière sur la terrasse au couchant, qui s'invitent dans les tableaux de Marina (dans un regard, ou sous une plume), qui scintillent sur la crête des vagues, qui s'évanouissent dans l’œil bleu glacier du chat Queenie, qui s’endorment dans la sérénité des jardins de la Fondation Maeght, ou sous la robe d'un vin gorgé de soleil. Voilà, je reviens d'un séjour chez les fées !

10 août 2018

Un moment de liberté

Les horaires de la vie devraient prévoir un moment, un moment précis de la journée, où l'on pourrait s'apitoyer sur son sort. Un moment qui ne soit occupé ni par le boulot, ni par la bouffe, ni par la digestion, un moment parfaitement libre, une plage déserte où l'on pourrait mesurer peinard l'étendue du désastre. Ces mesures dans l’œil, la journée serait meilleure, l'illusion bannie, le paysage clairement balisé. Mais penser à notre malheur entre deux coups de fourchette, l'horizon bouché par l'imminente reprise du boulot, on se goure, on évalue mal, on s'imagine plus mal barré qu'on ne l'est. Quelquefois même, on se suppose heureux !

Daniel Pennac, Au bonheur des ogres

J'adore. Le ton, l'humour, l'ambivalence de la chute. L'effet de vérité. C'est le luxe de ces jours-ci - mesurer l'étendue du désastre (voir posts précédents), mais aussi la taille du bonheur (qui prend de l'embonpoint), la surface de la chance. Plonger dans le passé, photos, courriers, souvenirs, mesurer le chemin parcouru, retrouver des émotions, des éclats de rire, toute une richesse dont les fils forment la trame de ce que je suis, même quand je ne m'en souviens plus. Regarder avec tendresse la Lu que j'étais, constater les invariants (ouch ! ça fait un peu mal à l'ego :-))), les évolutions aussi. Choisir de garder le tout, comme à la fin de Eternal Sunshine of the spotless mind : s'il faut tout faire disparaître ou tout garder, la douleur et la joie, alors je garde tout. 

06 août 2018

Un cadeau tombé du ciel

(...) je sais que je ne le montre pas beaucoup mais Ronan et toi comptez tellement pour moi. Je vous aime fort, gros bisous de la miss Za !

30 juillet 2018

Disney Thérapie

Du coup j'ai pris le temps de revoir Bernard et Bianca. Et j'ai compris pourquoi il avait longtemps été mon Disney préféré. Tout me parle chez Penny, sa solitude, son insatiable désir d'être adoptée, sa fragilité lorsque Medusa lui balance que jamais personne ne voudra d'une petite fille quelconque comme elle. Mais aussi son courage, sa capacité à s'auto-rassurer (avec l'aide de son fidèle Teddy), à garder l'espoir, et aussi l'énergie et l’inventivité de l'enfance, et à savoir s'accrocher aux plus petites mains tendues (même si ce sont celles de deux petites souris).

D'une façon plus large, les Disney me font du bien. Fonctionnent comme un lieu sûr en EMDR - un endroit où le système nerveux s'apaise, où les ressources sont activées, notamment à travers les chansons. C'est à la fois une surprise (et un petit secret vaguement honteux :-))) et une évidence - si on en écoute plusieurs à la suite, tirées de films différents, elles font toutes appel aux qualités énumérées ci-dessus, et aussi au rêve et à l'appel du large, qui me constituent tout autant.

27 juillet 2018

Lâcher prise

De la nécessité de pouvoir me déprimer. Parce que ça fait sept ans que je lutte pour continuer d'avancer, faire des projets, offrir une belle vie aux enfants « quand même », me relever toujours. Et dix-huit mois qu'avec la maladie d'Elsa, cette lutte est devenue non plus de maintenir de la vie, mais déjà de survivre psychiquement. Je suis épuisée, j'ai besoin de faire le deuil de ce qui ne sera plus, de regarder cette dernière année et de pouvoir dire à quel point c'était intolérable. Arrêter de tout tenir, d'être un bon petit soldat. Arrêter d'être dans le soin, partout, tout le temps, avec tous. Me laisser plus de place, enrayer la machine contre-dépressive. Accepter d'être vulnérable, pouvoir demander à être accueillie, rassurée, bercée.


Maintenant c'est possible - parce qu'Elsa va mieux, parce que je suis plus en sécurité sur tous les plans. Maintenant c'est possible, parce que les enfants ne sont pas là, que je ne travaille qu'a minima ce mois-ci. Souffler. Ralentir. Pleurer quand c'est nécessaire, et rire quand c'est possible. Redécouvrir qu'il peut y avoir une lueur de sérénité dans le chagrin, quand celui-ci est juste. Ne rien faire mais le faire bien, me suggérait mon ami Stéphane.

PS : quelques jours plus tard Léo m'a envoyé cet extrait de livre : "Je ne veux plus de tes mensonges, c'est fini ! Arrête de vouloir être la plus forte partout... tout le temps, je m'en fous, Mom ! Tu m'entends... Je m'en fous. Ce n'est pas pour ça que je t'aime. Je t'aime quand tu ne penses pas comme moi et que tu me le dis. Je t'aime quand tu me dis "Non !". Je t'aime quand tu n'aimes pas toujours ceux que j'aime. Je t'aime quand tu as peur et que tu me l'avoues. Je t'aime quand tu es jalouse. Je t'aime pour rien. Je t'aime pour tout. Je t'aime sans raison. Je t'aime parce que je suis capable de t'aimer."

05 juillet 2018

Kifs de voyage Bangkok-Cambodge, été 2018

Au début je me suis dit que j'allais en choisir un pour chaque jour, mais il y en a trop qu'il aurait été dommage de passer sous silence. Et puis il y a les "kifs transversaux", comme la chance et le privilège considérables d'avoir pu faire ce voyage à quatre, de découvrir le monde ensemble.

Comme la conscience que vivre des moments comme ceux-là après l'année que nous avons passée est un petit miracle et une grande récompense pour toute l'énergie investie. Non que tout soit simple ou parfait ; mais parce que déjà avoir pu faire ce projet et le réaliser est un vrai cadeau et  le signe du chemin déjà parcouru.

Comme la concrétisation d'une ligne de vie à laquelle je crois profondément : Collect moments, not things. Et d'une autre : celle d'accepter de se laisser surprendre : sans l'annonce de Pierre et Sabine, pas de Cambodge. Mais aussi de se donner les moyens de la chance : sans Trocmaison, pas de Cambodge non plus !

Kifs donc. 
- Le soleil qui se lève en avion. Je ne m'en lasserai jamais, j'epère
- Le premier temple à deux pas de l'hôtel, les bonzes en robe orange
- Madame Musur ! Un délicieux petit restau de Rambuttri Soi, devenu notre QG : bon, beau, bon marché, cadre cool et exotique à la fois (et la WiFi of course ;-)))
- Les moyens de transports : tuk-tuks, vélos, taxis, ferries, long tail boats et l'avion, donc
- La balade en vélo à Bangkok, avec étape en bateau sur les klongs
- Les piscines - sur le toit à Bangkok, toute en pierre avec cascade à Siem Reap, nichée dans la verdure à Phnom Penh
- Les esprits farceurs du temple Wat Pho à BKK
- Les marchés - fleurs, fruits, légumes, soieries... me faire faire une robe sur mesure
- La nourriture, variée et délicieuse
- Les merveilles de chez Ambre
- Le bar à chats et son chat nu
- Accéder à l'histoire : S21 et le documentaire de Rithy Panh, un autre sur Angkor, le film d'Angelina Jolie sur la période Khmers Rouges. un autre kif, voyager au temps d'Internet où toute l’information vient enrichir ce que l'on découvre.
- L'échappée verte dans la campagne de l’île de la Soie
- La chef française super sympa du délicieux Bistrot Pepe, juste en bas de "chez nous"
- Les dédales des temples d'Angkor, la vibration spirituelle qui s'en dégage encore (malgré les cars de Chinois !), l'incroyable poésie des ruines dont la nature a repris possession, la richesse technique, esthétique, architecturale de cette civilisation
- Pub Street à Siem Reap, et la folle ambiance de la finale de la Coupe du Monde de foot dans un minuscule bar rempli de Français
- La  déception que la saison des pluies nous ait privés de notre escale "Île paradisiaque" (et même du plan B à Kampot), mais notre capacité de rebond : matches de boxe locaux, cours de cuisine, et l'émouvante visite de Pour un sourire d'enfant, là aussi après avoir revu Les Pépites grâce à Internet
- Rebond 2 : un vol annulé nous oblige à reprendre une nuit à Bangkok ? Nous y avons fait deux de nos plus belles expériences : le bar en rooftop pour découvrir la ville à nos pieds, quasi en exclusivité car la pluie juste avant avait découragé les touristes ; la merveilleuse maison-musée de Jim Thompson, un joyau caché dans un jardin-écrin ravissant
- Un moment d'exception à quatre, initié par Léo : le temps d'échanger, avec infiniment d'authenticité, sur nos qualités et nos défauts respectifs, tels que nous les percevons et tels qu'ils sont perçus
- La douceur et la gentillesse des gens, le sourire omniprésent. La confiance possible, les échanges courtois, le service attentionné et prévenant, le sens de l'esthétique - chambres préparées, plats joliment décorés, et même dans les rapports marchands, de la négociation dans le respect et le rire.

26 juin 2018

Ivry-sur-Espoir

Ça me trotte dans la tête depuis longtemps - quelle forme d'engagement citoyen trouver. Aussi, quand j'ai entendu parler du Centre d'Hébergement d'Urgence pour les Migrants, destiné spécifiquement aux familles et aux femmes isolées et situé à deux pas de la maison, je me suis dit qu'il fallait que j'aille les rencontrer. Le lieu est exemplaire - super projet d'architecture, très justement primé, lumineux, propre, et très vivant du fait de la présence d'enfants de tous les âges et de toutes les nationalités.

La gestion est assurée par Emmaüs, d'autres associations sont présentes sur le Pôle Santé, géré par le Samu Social. Mon souhait à ce jour est plutôt de participer à des choses simples, plutôt qu'ajouter du psy (dont ils sont au demeurant déjà pourvus). Mais à voir... Le lieu donne envie en tout cas, laisse de la place à la souplesse dans l'engagement dans le temps (ce qui le rend possible), et à la créativité. A expérimenter au retour des vacances, mais comment refuser l'appel silencieux de cette minuscule gamine venue glisser sa main dans la mienne lors de la visite ? 

25 juin 2018

Le mieux est l'ennemi du bien

...disait Papi, et ça m'énervait, parce que je trouvais ça petit joueur, un peu désengagé. Mais parfois...

Il aura fallu pas mal de vagues émotionnelles depuis un an et demi (début des troubles sérieux), depuis 12 mois (hospitalisation temps plein), depuis 4 mois (hospitalisation de jour), depuis 3 semaines (le dernier entretien avec la psychiatre) pour que j'arrive à formuler ceci à Elsa, qui me reproche de lui mettre "trop de pression" (ce qui n'est pas faux) et de la considérer comme autant en souffrance que l'année passée (ce qui est résolument inexact) : 

Parce que je t'aime tellement, j'ai eu tellement peur, depuis tellement longtemps, et je me suis sentie bien trop seule face à cette angoisse. 

Alors oui, peut-être qu'aujourd'hui j'avance moins vite, par rapport à cette angoisse et à cette solitude, que toi tu ne guéris - et que ça me fait sur-réagir, souvent. C'est possible. C'est probable, même. OK.

Et probablement aussi que cette pression, mi-objective mi-subjective car largement interne, est contre-productive. Et sérieusement intriquée avec les blessures des adultes, et celles des enfants-dans-les-adultes.

Ce que je pense cependant, c'est que la vérité est bien plus complexe que ça - et qu'il reste des motifs d'inquiétude - a minima, d'interrogation. Mais d'accord, je prends, et vais faire ma part - sur l'angoisse et la solitude, et le sentiment d'injustice et de non-reconnaissance, qui ne sont pas nés avec les difficultés d'Elsa, mais trouvent leurs racines dans ma propre histoire et dans ce que la séparation d'avec David a laissé à vif. Pas tous les jours facile d'être parent, et adulte, et ex-enfant... et de repérer (le correcteur suggère, réparer :-)) les endroits où ça s'emmêle !

20 juin 2018

Voir les étoiles tomber

I try, I cry, I live, I die

J'avance sans peur dans la dead zone
De toute labeur tenir la chose
A marcher seule sur le volcan
Le feu déclenche parfois le vent

Le doute est un collier d'épines
Je reste pour percer l’énigme
L’énergie sismique qui nous guide
Déclenche parfois de longs soupirs

J'ai toujours aimé danser sur les chemins de traverse
Le temps est mon allié il n'y a rien que je regrette
Une seule crainte peut être à force de tant parier
C'est un jour ou l'autre de voir les étoiles tomber

Toujours je tremble face à l'éclipse
La lumière est mon meilleur guide
C'est contrôlé, pas de côté
Il faut être bien accompagnée

Toute chance n'est pas bonne à saisir
La peur du vide et ses abysses
Ne prenons plus les autoroutes
Où se posent nos pieds l'herbe repousse

J'ai toujours aimé danser dans les jardins de l'ivresse
Le temps est notre allié il n'y a rien que l'on regrette
Une seule crainte peut être à force de tant planer
C'est un jour ou l'autre de voir les étoiles tomber


Barbara Carlotti

Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas eu un coup de foudre pour une chanson :-)!

18 juin 2018

Ça me rappelle quelqu'un

Soixante-trois ans. Vouloir la vie comme si j’en avais trente. Un sac à dos épuisant. Des bouts de santé qui foutent le camp. Être au mieux avec la mémoire. En couleurs ou noir et blanc. Selon le bouleversement. Toi qui lis ce bouquin, j’écris le désir de la vie. Écrire à toutes pompes. Comme un fou. Ne pas savoir où aller. Se perdre. Me réfugier.

(...) -Écrire par tous les temps. Au bout des champs. Derrière l’horizon. Les phrases odeurs, les phrases souvenirs. Il y aura celles écrites, il y aura celles sans traces. Juste pensées. Juste vécues. Tout ne sera pas écrit. Trop d’intime à deviner entre les lignes.

- Richard Bohringer, L’ultime conviction du désir

Et j'espère que ça me rappellera moi, aussi, quand j'aurai cet âge.

16 juin 2018

Courant d'air

Où est la vie vivante, pour moi ? Dans ce qui a du panache, de la gueule, de l'allure - ce projet de voyage en Asie, sans tour operator mais à partir de nos envies (et des bons conseils de notre correspondant). Partir au Cambodge, je n'y aurais jamais pensé sans cette offre d'échange, et c'est ça qui me plaît, le Et pourquoi pas ? 

Dans l'émerveillement, les mondes fantastiques de TeamLab ou de l'Atelier des Lumières (Klimt),  la confrontation à la beauté mais ça ne suffit pas tout à fait, il faudrait créer, ce blog, ou les photos volées, instantanées, ce regard sur le monde. Je n'ai pas de talent particulier cependant, ou aucun qui m'habite assez (si ce n'est celui de créer des liens). Rien d'assez fort sinon pour me soulever au-dessus de moi-même, vivre de poésie et de musique - assez cultivée pour savourer, pas assez douée pour créer.

Dans la poésie, dans la surprise pensée pour l'autre, dans la petite attention ou la grande intention inattendues, ces Choses qui font battre le coeur, comme dans les listes de Sei Shonagon :
"Des moineaux qui nourrissent leurs petits.
Passer devant un endroit où l'on fait jouer de petits enfants.
Se coucher seule dans une chambre délicieusement parfumée d'encens.
Se laver les cheveux, faire sa toilette, et mettre des habits tout embaumés de parfum. Même quand personne ne vous voit, on se sent heureuse, au fond du coeur.
Une nuit où l'on attend quelqu'un. Tout à coup, on est surpris par le bruit de l'averse que le vent jette contre la maison."

Un graffiti dans la rue - L'imprévu c'est la vie.

Dans l'humain - donc souvent, dans mon travail, mais aussi dans une envie de sens qui dépasse ce cadre-là, d'engagement, mais comment ? Deux pistes en ce moment, à suivre, et une question : cet engagement, est-ce que ce serait "plus de la même chose", mettre en service mes compétences, ou au contraire revenir à la simplicité, à l'humilité, donner du temps, de la présence, et puis c'est tout ? Dans ces minuscules instants de grâce où l'autre me bouleverse, qu'il soit proche ou plus lointain. Quand un rayon de soleil, réel ou intérieur, vient se poser sur un visage...

Dans la découverte, l'apprentissage, l'exploration de champs nouveaux - apprendre à gratter quelques accords de ukulele, ces jours-ci. Et le défi des 7 jours de kifs, mais j'avais aussi aimé le challenge des photos du quotidien en noir et blanc, ou des films qui ont marqué nos vies - toutes ces invitations à une modeste créativité, à un partage. Et quand je chante, seule ou avec d'autres, et quand je danse, même si ça n'arrive plus du tout assez souvent.

Dans la chasse aux routines mortifères, aux idées arrêtées, fussent-elles dérisoires, changer de trajet, essayer un autre commerçant, prendre un petit déjeuner salé, décider de remettre des jupes droites et m'en trouver fort bien. Ce qui ronronne trop me tue (excepté le chat :-)).

Ce que suggérait le tirage de tarot proposé par Hugo : la structure, la stabilité retrouvée, oui, mais au service de la vie ! D'un nouveau cycle, d'un agrandissement de l'horizon : laisser l'air circuler.

04 juin 2018

Dans ta tête

Vous le connaissez, ce truc qui marche à tous les coups, vous fredonnez un air, ou encore plus sournois, vous y faites référence dans un texte écrit - et ça y est, votre interlocuteur l'a dans la tête - et plus c'est une ritournelle et plus il restera scotché, jusqu'au soir et parfois au-delà. Hier Léo m'a demandé s'il existait un mot pour désigner ça - la chanson-qui-colle. Ça manquait, alors avec Elsa nous avons décidé de l'inventer, mais on hésite encore : le glusson ou le glusong ?

03 juin 2018

Texto !

Ce serait une idée d'article, une recherche à faire, sur ce que l'informel et non orthodoxe texto, permet d'exprimer à son thérapeute, qui ne se dirait peut-être pas autrement. Et sur ce qu'il permet au thérapeute en termes de soutien ponctuel, signe de présence légère, assurance d'une continuité. Et sur la façon dont la gratitude - la reconnaissance ? - réciproque nourrit le lien thérapeutique. 

Ces petits cadeaux que j'ai envie de vous faire je ne crois pas que ce soit dans l'idée de faire une séance mutique mais bien un présent pour vous remercier du confort que vous m'apportez à travers votre présence, votre écoute, votre réflexion et votre sensibilité. Trop pudique, je n'ose pas en fin de séance vous le dire ainsi, tout comme je n'ose pas vous faire ce petit cadeau... Un jour peut-être. Merci beaucoup.

...votre message me touche. Je vais mieux car j'ai un peu mieux dormi cette nuit, et mieux respiré hier, la séance m'a fait beaucoup de bien (...). Merci pour vos conseils et votre précieux soutien, ils m'évitent de sombrer. 


Bonjour, comme promis je vous donne de mes nouvelles. L'opération s'est bien passée. La dernière séance m'a permis de passer un excellent weekend entre amis et d'appréhender l’opération avec sérénité et surtout sans angoisse. Mes parents étaient présents en pensée et cela m'a bien soutenue. Je vous remercie beaucoup pour votre aide et je vous dis à bientôt.

29 mai 2018

Un an

Hier dîner épatant avec David et les enfants. Objectif : bilan de l'année, de chacun sur chacun et sur lui-même. Étonnant de voir que nos deux ados non seulement jouent le jeu mais tiennent le processus tout le long du repas et l'enrichissent - et Dieu sait que cette année a été dense en événements et en émotions pour tous... 

Nous avons beaucoup ri, beaucoup pleuré (d'émotion, définitivement tous des hyper-sensibles), et pour ma part j'ai été très touchée par la finesse et la précision de ce qui s'est dit. Émue aussi de retrouver ce mélange ultra-fluidité - rapidité - un regard, une tendresse, une forme d'humour, des valeurs qui sont la co-création familière et familiale dans laquelle nos enfants ont baigné, et dont ils sont si évidemment les héritiers. 

De les voir mûris, grandis par les épreuves et les bonheurs de cette année, et pourtant si proches des promesses de leur enfance - et pour Elsa c'est d'autant plus remarquable qu'elle a dû parcourir une longue boucle pour se retrouver. Peut-être c'est elle qui a fait le chemin le plus dur... mais un chemin vers la lumière.

Mais Léo n'a pas perdu son temps non plus : BAFA, permis, Brevet de secouriste, concours brillamment réussis, maturité gagnée et la perspective de quitter la maison, vivre une nouvelle étape vers l'autonomie fort de tout ce qu'il a vécu aussi comme frère, comme petit ami, comme fils.

Et leurs parents ? Grandis par la tempête aussi, des choix de vie qui se posent, une nouvelle vie et une nouvelle maison pour moi, des projets de famille(s), des avancées pro, le départ de Mémé - qui veille de là-haut sur nos projets grâce à Grand-Mère - la vie quoi, le bordel, comme disait le grand Jacques.

Un chouette moment, sur la Butte aux piafs.

27 mai 2018

Bonheurs


On a bien fait d'attendre Mai pour fêter crémaillère et PACS : journée radieuse, champagne dans le jardin, batailles au pistolet à eau. Et la brillante admission de Léo à l'IMT. Et la Fête des Mères. Et les amis de toutes nos vies qui se mélangent et dont les visites s'égrennent au long de la journée. Trop chouette !

24 mai 2018

Sex and the City

Ça faisait longtemps - après dix ans de Planning, d'interventions scolaires, d'écoute téléphonique - que je n'avais pas eu le plaisir d'un échange de groupe autour de la sexualité - ici porté par un collectif d'étudiantes motivées et malignes, qui nous a offert un contexte parfait pour une intervention vivante et engagée ! Psy - Conseillère Conjugale - Gynécologue - Militante féministe, nos regards croisés se sont complétés à merveille, et nous aurions pu je crois largement dépasser les deux heures prévues... 

Un beau lieu, un petit cocktail, des animations et interventions qui venaient relancer notre quatuor, qui s'est trouvé tout de suite - les prises de parole ont été fluides, parfois émouvantes, parfois drôles, la salle très participative, y compris les hommes présents, pour notre plus grand bonheur. 120 jeunes adultes de toute la Cité, des questions intéressantes, du partage de ressources, de vidéos, de livres, du débat mais respectueux et constructif - un des petits moments de grâce que peut offrir la Cité. 

22 mai 2018

Aligot

Pourquoi l'aligot ? Parce que je pense à ce long fil qui se tire et n'en finit plus - ou au fil d'Ariane, plus littéraire, ou aux rhizomes qui s'entremêlent... Il y a quelques années, j'ai lu Mon traître et Retour à Killybegs, et commencé à découvrir Sorj Chalandon. Ce qui m'a donné envie d'aller voir l'adaptation théâtrale du Quatrième Mur (qui m'a laissée K.O). Qui m'a fait écouter l'interview du même Chalandon dans le Grand Atelier, et fait découvrir son réseau d'inspirateurs, incluant Isabelle Autissier. 

(J'adore ces émissions - le Grand Atelier et Remèdes à la mélancolie, qui donnent accès à ce qui porte ceux qui nous portent - oeuvres, auteurs, musiques, films, comme une façon d'entrer dans les bibliothèques de leurs têtes, de converser avec leurs amis.)

Ces écrivains engagés, qui écrivent au plus près du réel, développent mon envie de cette littérature qui n'est pas évasion dans la fiction mais ouverture au monde à travers elle (récemment aussi, Les petites chaises rouges, d'Edna O'Brien ; en cours, Désorientale, de Negar Djavadi). Qui m'ont amenée à lire sur l'Irlande du Nord, sur le Liban, sur la Serbie, sur l'Iran. 

Ce qui m'a amenée aussi à lire La voix de ceux qui crient, bouquin clinique et documentaire cette fois d'une psychologue d'Avicenne qui travaille avec les migrants. Indication de Télérama, comme, sur le même thème, le documentaire sur cet avocat qui défend les réfugiés déboutés par l'Ofpra. C'est nouveau pour moi, la culture pas uniquement comme pont vers la création, la poésie, l'imaginaire, mais comme clé du réel... un nouvel espace à explorer.

Et puis une petite phrase en cadeau : Tu es la part claire de mon âme.

18 mai 2018

Alliés

Dans ce métier, il y a des moments où c'est chaotique, laborieux, confrontant - est-ce que je sers à quelque chose, est-ce que je suis à ma place, est-ce que c'est la bonne intervention, la distance juste, le bon timing ? Est-ce que j'ai vraiment l'envie, ou la force, de supporter l'agressivité à peine voilée de celle-ci, la noirceur obstinée de celui-là ?

Et puis il y a des moments où c'est tout simplement fluide. Des moments où l’alliance dans le lien donne des ailes, allège, éclaire - et je suis de plus en plus persuadée que quel que soit le référentiel théorique, c'est elle qui fait à minima la moitié du chemin. Hier matin quatre patients, dont deux retrouvés - ils reviennent après un an, deux ans, la vie a changé mais le lien interne demeure, et le dialogue reprend.

Il y a cette jeune femme que j'ai rencontrée au bord de la décompensation après un drame familial, bataillant pour terminer une thèse, et que je retrouve mariée, jeune maman, avec un travail intéressant et gratifiant ; cet homme gay qui s'est défait d'une relation maltraitante et s'apprête à devenir père ;  cette patiente toujours en crise mais dont je sens comme elle s'accroche à la bouée de nos rencontres, et dont le courage me touche ; cette autre dont je pensais que je n'arriverais jamais à la sortir du deuil mortifère de sa mère (il y a vingt ans de cela), et qui aujourd'hui me donne une leçon de vie alors même qu'elle est à son tour atteinte par la récidive d'un cancer. Les humains sont incroyables... et les accompagner, un privilège.

17 mai 2018

You

You, c'est le vous et le tu, le vous du respect que je porte à la femme de tête enthousiaste, engagée, volontaire qui a si bien accompagné équipes et résidents à la Cité jusqu'à ce dernier jour ; you, c'est la tendresse pour la femme au grand coeur mal cachée - pas cachée du tout :-) ! - derrière la Directrice, pleine d'humour - cette distance amusée si british - et d'attention sincère pour l’autre.

Il y a beaucoup de qualités qui me manqueront chez Beverley, car ils ne sont pas si nombreux les managers qui savent faire confiance, voir le meilleur en l'autre, faire grandir leurs troupes. Et j'ai une immense gratitude pour le cadeau qu'elle me fait en partant, la promesse tenue : pouvoir pour de bon poser mes valises à la Cité, où comme elle le dit si joliment, on peut faire le tour du monde en traversant le parc.

10 mai 2018

Ascension


02 mai 2018

Idiosyncrasie

J'adore ce mot, à la fois pour son côté mystérieux et désuet, et aussi pour l'idiotie présente comme en écho, ou le idem, qui a la même racine - là où nous ne sommes qu'obstinément semblables à nous-mêmes. Il me revient ce passage de La plaisanterie de Kundera : "Je suis idiote, c'est possible; mais les autres ne le sont pas moins avec leur scepticisme mondain, je ne vois pas pourquoi je devrais renoncer à ma bêtise pour adopter la leur, je ne veux pas couper ma vie en deux, je veux que ma vie soit une, d'un bout à l'autre."

(Et soit dit en passant, je trouve assez magique qu'avec une bribe de citation qui voltige dans votre esprit, il soit possible de retrouver l'original sur le web, quasiment à coup sûr).

Bon, pourquoi l'idiosyncrasie aujourd'hui ? Parce que je m'interroge sur nos marottes, nos fixettes, nos points aveugles récurrents, ces petites (ou grandes) névroses qui sont comme notre signature. J'en identifie plusieurs chez moi - dont ce blog témoigne abondamment, y compris d'ailleurs dans son existence même : écrire pour ne pas laisser disparaître, garder une trace ; écrire pour donner forme, voir apparaître ce que l'on n'attendait pas.

Ce jour : ma capacité à ressentir au présent ce qui est passé, à retrouver l'émotion intacte, et préférentiellement ce qui est lumineux (quitte à écarter ce qui ne l'est pas) ; c'est une force souvent (continuité, persévérance,  capacité à redonner sa chance à l'autre, émerveillements renouvelés), mais aussi un danger (déni, décalage, illusion, nostalgies insensées). C'est comme ça, mais force est de constater que, pour le pire et pour le meilleur, c'est... moi. 

25 avril 2018

London Calling

Ça me tenait à coeur, après cette année chaotique, un temps privilégié pour toutes les deux, loin de l'hôpital, du soin et des inquiétudes. Un temps léger, gratuit, pour découvrir ou re-découvrir mais ensemble, un cadeau d'anniversaire qu'on n'oubliera pas, Collect moments, not things. Une folie mais raisonnable, et même, salutaire.

Un temps pour être la maman que j'ai envie d'être, qui ouvre à d'autres mondes, un temps pour qu'Elsa soit une ado de son âge, qui préfère Camden et Portobello à la British Library ou à la National Gallery, mais qui peut cependant apprécier les deux ! Et crapahuter sans broncher, en sachant apprécier cette chance d'être là - paisibles - ancrer le mieux que je vois croître en elle de jour en jour, et nos retrouvailles avec la véritable Elsa, si sensible, vive et malicieuse. 

21 avril 2018

Pense-pas-bête

Parce que c'est important de ne pas oublier qu'il suffit de pas grand-chose, et de ne pas NOUS oublier : un verre en terrasse, une balade à Paris (et re-découvrir la délicieuse Shakespeare Library), un restau sympa, un petit théâtre confidentiel, une longue marche dans le bois de Vincennes... rien de très compliqué ou de spectaculaire, mais juste du temps main dans la main. 

13 avril 2018

Pochette-surprise


Le jardin au printemps : où l'on découvre que nous avons un lilas, du muguet, des fougères, et un certain nombre de plantes inconnues mais qui fleurissent les unes après les autres :-)

12 avril 2018

08 avril 2018

Petit Poucet (2)


Un vélo à moi, tout beau tout neuf,
libre dans la ville à nouveau
Premier déjeuner sur NOTRE terrasse

06 avril 2018

Higelin

Ah ben merde, le grand Jacques est mort ! L'autre fou chantant, l'homme que jai le plus vu en concert - 4, 5, 6 fois ? Au Zénith, au Bataclan, aux Solidays, pour le concert de ses 70 ans, et je ne sais plus quand encore...

Parce qu'Higelin, c'est un écho instantané avec ma part la plus vivante, rebelle, poétique, romantique, avec mon goût immodéré pour les écorchés vifs et le "bigger than life". Higelin c'est un amour d'adolescence, dangereux parce que déraisonnable. Higelin, c'est mon Antigone : Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu'ils trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n'est pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite ou mourir !

Mais une Antigone joyeuse, dansante, enfantine, généreuse, insupportable probablement mais tellement dans la vie...

Voilà, Higelin, avec quelques autres, c'est mon rappel, ma fenêtre ouverte. Parce que, si la vie demande un peu plus de sagesse et de compromis, il reste vital de se souvenir qu'elle n'a de sens que si souffle, au moins de temps à autre, aussi ce vent-là...

L'oreille cassée

En parlant des handicaps invisibles... en fait je ne m'y fais pas. A faire répéter. A ne plus supporter les réunions bruyantes, les salles de restaurant. A changer de côté lorsque je marche avec quelqu'un dans la rue. A stresser parce que j'ai souvent l'impression que ça s'aggrave, à ne pas oser le faire vérifier (en fait, oui, ça s'accentue en fin de journée ou lorsque je suis fatiguée, mais c'est probablement assez stable). A m'agacer parce que la branche de mes lunettes rend l'appareil gênant, et me fait doublement sentir être une petite vieille. A ne pas entendre les mots doux lorsque j'ai la tête posée sur l'oreiller. A être définitivement privée de quelque chose qui me semblait un droit fondamental, une évidence.

C'est sans gravité, indolore, invisible, pas gênant en séance parce que l'environnement est silencieux. C'est sans importance. C'est passé inaperçu, y compris pour moi-même, dans le tumulte de cette année. Mais ça fait déjà un an, et je ne m'y fais pas.

Petit Poucet

Hier, Elsa m'a dit, tu veux une bonne nouvelle ? J'ai acquiescé - évidemment. "Là, tout de suite, à cet instant, je vais bien." Ça m'a fait sourire - pas seulement parce qu'après ce début de semaine, c'était une bonne nouvelle en effet ! Mais parce que c'est peut-être précisément là qu'est cette voie de passage, instant après instant, comme autant de petits cailloux de Petit Poucet. En être conscients, les partager, les savourer. Un début de sagesse.

Mal à l'âme

Parfois je me demande si une maladie du corps ne serait pas moins douloureuse que cette souffrance de l'âme. Parfois j'imagine, bien à tort, que l'ennemi serait plus facile à cerner, à combattre, que nous aurions à notre disposition des protocoles, des antalgiques, des statistiques - et pas ce monstre informe et hors de toute temporalité prévisible. Que même le risque vital serait plus facile à envisager - car délivré de l'aléatoire, de l'insensé, de la culpabilité. Qu'un handicap physique, mais qui n'altérerait pas la capacité de penser, ni celle de ressentir, et la possibilité de projets, serait infiniment plus simple à accompagner.

C'est débile. Il n'y a qu'au cinéma que les humains gravement atteints dans leur corps restent lucides, profonds, et même, soyons fous, joyeux et sages. Et que leurs proches sont à leur tour exemplaires. N'est pas Mistral gagnant qui veut. Bien sûr, que l'angoisse et la dépression s'ajoutent le plus souvent au drame en cours, pour la personne malade comme pour son entourage. Et la médecine du corps souffre tout autant d'impuissance et d'incertitudes que celle de l'âme.

Alors quoi, de quoi ça parle cette question cependant récurrente chez moi (avec sa jumelle de chagrin, "mais pourquoi elle et pas moi") ? D'une colère, probablement, d'une révolte devant l'insaisissable, et aussi de la solitude spécifique à ces maux - pour celui ou celle qui en souffre, pour les proches eux-mêmes traversés par ces mouvements d'angoisse indicibles, invisibles - et face à l'entourage pour lequel il n'y a pas toujours de mots pour expliquer, ou rassurer, impossible de se raccrocher à une cause, un pronostic, une stratégie thérapeutique éprouvée. Peut-être n'y a-t-il pas d'autre voie de passage que le lâcher-prise...

Un lâcher-prise sans abandon, ni résignation - une longue patience... ce n'est pas ce que je sais faire le mieux. C'est peut-être l'occasion d'apprendre. Peut-être que nous en sortirons grandies, Elsa et moi. Qui sait ?

03 avril 2018

Rien qu'une fois (2)

Je sais. Que guérir prend du temps, et que, comme les progrès des tout-petits et la croissance des végétaux, cela ne va pas sans allers et retours, sans phases de palier, sans régressions parfois. Je sais que notre regard est essentiel, et m'efforce à chacun instant de valoriser les petites avancées - et il y en a, de souligner l'évolution, de soutenir chaque initiative. De penser projet, étapes, toujours ; d'envisager un plan B pour chaque plan A. D'aménager le temps au mieux, parfois au détriment de mon travail, généralement au mien, et trop souvent à l'arrache - consultations annulées, allers-retours en urgence, encore heureux que j'aie des employeurs exceptionnellement compréhensifs. De garder sang-froid ET bienveillance, recul ET tendresse, et l'oeil sur le verre à moitié plein - même si je suis parfois bien tentée de le vider d'un trait et de m'en resservir un aussi sec.

Parce que... aucun parent ne devrait être confronté des mois durant au désespoir et au désir de mort exprimé par son enfant. C'est juste inhumain... C'est juste inhumain chaque élan d'espoir si vite fracassé par une rechute, un refus, un recul. C'est juste inhumain l'impuissance, et l'impossibilité d'arrêter ce qui circule avec les seuls outils de la raison et de l'envie de faire au mieux. Et ce qui m'est le plus insupportable, c'est de voir et de sentir la bonne volonté d'Elsa, de la voir essayer, faire de son mieux, s'efforcer, quitte à faire un peu semblant pour forcer la chance, et s'épuiser, et sentir la menace du découragement qui rôde, parce que cela fait si longtemps maintenant.

Cette confiance que je la vois essayer de soutenir, cette menace silencieuse, et aussi ce que cela répète de ma propre histoire, l’incapacité à vivre de ceux qui me sont le plus chers - est-ce que j'ai le droit de dire que je n'arrive plus à le supporter, que c'est trop long, que j'ai de moins en moins la force ? Juste une fois, juste là, avant de reprendre la route, et d'avancer, encore.

31 mars 2018

Bien joué !


30 mars 2018

Sous le signe du lien

Ça, c'est le dos de ma carte de visite pro à la Cité. Ce n'est pas moi qui l'ai choisi, c'est la nouvelle devise de la Cité. Mais, tout comme la conclusion de l'exercice d'un petit séminaire que j'avais suivi il y a deux ans, c'est un signe de plus pour moi que j'y suis bien à ma place. 

L'exercice concluait que je donnerais le meilleur de moi-même dans un poste alternant contacts avec des publics variés et travail  de réflexion en solo, diversité des tâches, possibilité d'initiative et de création, confiance de la hiérarchie et liberté d'action, milieu interculturel. J'avais souri, j'y étais déjà :-) !

La nouvelle base-line de la maison est du sur mesure pour moi : cette question du lien, et du lien durable, elle traverse toute ma vie, mes choix perso, ma trajectoire professionnelle, c'est ma question, c'est LA question. Et la Cité est un lieu de lien en effet  - entre pays, entre disciplines, entre les différents partenaires qui permettent à ce lieu unique d'exister, entre les résidents qui sont sa raison d'être. Et moi - j'y suis bien. 

Rêves d'Asie

Je devrais attendre qu'on aie les billets - ce weekend je pense mais... je suis trop contente ! Projet d'échange de maisons pour Juillet : trois semaines au Cambodge, appart en plein coeur de Phnom Penh, avec vue sur le Palais Royal et sur le Mékong, et la possibilité d'une escale à Bangkok à l'aller ou au retour puisque de toute façon il faut passer par là. Un voyage de rêve avec les enfants, peut-être un des derniers parce que Léo aura de plus en plus ses propres projets ! J'ai déjà acheté les Routards... pas pu m'en empêcher ;-)

18 mars 2018

Back to CS

J'étais super heureuse le jour où Ronan m'a dit qu'il voulait que notre nouvelle maison soit tout aussi ouverte que la précédente aux amis, aux étrangers, à la rencontre, incluant les Couch Surfers. Isaiah l'a inaugurée, mais les Jobson, maintenant, c'est la famille ;-) !

Cette semaine, nous avons accueilli Bruno, venu d'Utrecht, et qui est un concentré de ce que j'aime sur CS : rencontrer des humains atypiques, ouverts, curieux, porteurs de grand rêves ou de projets originaux - ici, celui d'une transformation de voitures classiques en véhicules électriques, pour lequel il venait participer à un forum de start-ups. Bruno a beaucoup voyagé, eu plusieurs vies, et a beaucoup de choses à raconter - quel plaisir de voir que les enfants aujourd'hui passent à l'anglais sans difficulté, bavardent, plaisantent  - outre la langue vivante, c'est l'autre grande leçon de CS, aborder l'autre sans appréhension, être curieux de ce qui peut s'échanger dans la rencontre.

Facile quand on a affaire à un Bruno - la crème de la crème sur le plan de l'esprit CS - qui a conseillé Léo pour son LinkedIn, et lui a offert de le mettre en contact avec son réseau d'entrepreneurs (finalement impossible pour cause de concours, mais la proposition était là). Et qui a très vite cerné les besoins du moment de notre Elsa, et a trouvé une manière créative de lui offrir une expérience tout aussi précieuse. Il a repéré qu'il y avait une salle d'escalade à côté de la maison, et l'a invitée, seule, à venir grimper avec lui. Partager une activité nouvelle avec un étranger, se dépasser physiquement, deux challenges qu'elle a relevés, et avec un grand sourire : cette idée a été un super cadeau, et une prescription pertinente, très attentionnée - ça m'a vraiment touchée. Cerise sur le gâteau, je les ai rejoints dans un second temps et je me suis régalée aussi !

11 mars 2018

Portes ouvertes

J'aime bien cette idée d'une maison ouverte, et le printemps arrive, et c'est un lieu qui s'y prête bien... Aujourd'hui c'était le tour des grands-parents, parce qu'il nous a semblé important que YoYo et Bizzou sachent aussi à quoi ressemble le lieu de vie de leurs petits-enfants. C'était important de les voir là, avec Maman, c'est une chance aussi que j'ai soulignée auprès de Léo et d'Elsa, ce n'est pas dans toutes les familles de gens divorcés que les liens perdurent de cette manière entre tous, il y faut beaucoup d'amour et d'intelligence du coeur de la part de tous, et c'est vraiment chouette.

03 mars 2018

Coup de coeur

Je sais que la vie revient au fait que nous allons à nouveau au ciné, au théâtre, voir des expositions... merci Starter pour le théâtre ! Ça peut être juste bon (Fills Monkeys), très bon (En attendant Bojangles), ou incontournable, coup de coeur et coup AU coeur, et ça, c'était Vous n'aurez pas ma haine, d'Antoine Leiris, porté par un Raphaël Personnaz bouleversant.

Nous nous souvenons tous de la lettre qui avait circulé sur les réseaux sociaux au lendemain du 13 novembre, lettre endeuillée du père soudain solo d'un petit garçon de 18 mois qui ré-affirmait que sa réponse serait le choix du bonheur, pour lui et pour son fils.

Cette lettre est peu à peu devenue un livre - un texte magnifique non pas sur les attentats mais sur le deuil et l'absence, et aussi sur l'humanité de son auteur - un humain faillible, et qui réclame le droit de l'être, fragile, courageux, toujours juste dans une lucidité parfois ravageuse. Je ne sais pas comment fait Raphaël, seul en scène - je ne crois pas que l'on puisse sortir indemne de porter soir après soir un texte aussi dense, aussi grave, aussi drôle parfois, mais ce que je sais, c'est que c'est un beau cadeau que de le recevoir - une émotion d'une densité rare au théâtre - le seul qui m'ait touchée à ce point était un autre cri, Les chatouilles, d'Andrea Bescond - probablement pour des raisons assez similaires : une rage de vivre au-delà de la blessure.

02 mars 2018

Un effet secondaire

...du déménagement (et des Vélib' hors service jusqu'à nouvel ordre) : je prends le bus et le tram. Donc, je peux écouter les podcasts de France Inter. Entendre Vincent Lindon se payer le luxe de lire in extenso le discours de Camus recevant son prix Nobel dans Boomerang, ou Michel Jonasz égrener ses Remèdes à la mélancolie. Sourire bêtement dans le vide. Me sentir plus futée en allant travailler. 

24 février 2018

Barcelona

Cinquième fois ? Mais toujours pas lassée, de revoir la casa Battlo, décidément magique (top, le guide en réalité augmentée, avec les tortues marines dans l'entrée ou la vague dans le grenier), de trouver encore des merveilles à visiter - le Palau Guell cette fois-ci, de boire du chocolat chaud et de manger des churros (à moins que ce ne soit l'inverse), de flâner dans les petites rues du Barri Gotic ou dans la Bocqueria. De re-découvrir qu'à une heure d'avion il fait beau, et que la plage est au bout de la rue. De remercier encore une fois le Routard pour ses bons plans extra : deux restaurants exceptionnels, un concert dans une cave voûtée Plaça Reial. Juste une échappée de quelques jours, mais parfaite telle quelle, et assez méritée je crois ;-) - avec aussi une petite incursion dans les montagnes vers l'abbaye de Montserrat.
Hôtel cinq étoiles, super buffets de petit déjeuner - merci les offres de dernière minute, chambre design et oreillers moelleux (je veux les mêmes !) mais les meilleurs souvenirs seront gourmands - l'incroyable créativité du Semproniana, dont les assiettes de dégustation n'ont rien à envier à un restau étoilé, et les délices de la Pepita (bien arrosés de mojito à la carafe et de vin local). 

21 février 2018

17 février 2018

Fan club ;-)


Parce que, le mari de sa femme est un mec génial ;-)

04 février 2018

Doigts de fée(s)

Il doit y avoir des photos de ma petite Mémé avec sa robe de chambre écossaise - je vais en trouver. Une robe de chambre qu'elle avait confectionnée elle-même, et que je lui ai toujours vu porter. Une robe de chambre en coton, parce qu'elle était toujours en mouvement et n'avait pas besoin d'un vêtement trop chaud. Je ne voulais pas la voir disparaître, et l'ai rattrapée au vol dans la pile des vêtements à donner. Et je l'ai confiée à mon amie Cécile, qui l'a transformée en pochettes à linge pour nos futurs voyages. J'adore tout particulièrement la petite qui conserve l'encolure du vêtement originel. Touchée :-) !

01 février 2018

Mood indigo

Scénographie toute de bleus variés, simple et sophistiquée à la fois, choeurs et percussions en trios, et au milieu la puissante, fragile, inventive, étonnante, étourdissante Camille : mais quel concert ! Suis arrivée épuisée, à la limite de l'envie de fuir, et repartie pleine d'énergie, d'envie de chanter, de danser et de me mettre à la danse africaine où à la batucada.

Qu'elle décline son dernier et merveilleux album ou qu'elle égrène ses anciennes chansons-signatures (Paris, Ta douleur), elle surprend, et emporte - son registre vocal et technique est tellement étendu, et sa liberté de mouvement et d'interprétation tellement grande - c'est fou cette liberté, ça donne envie, ça redonne la pêche, envie de s'accrocher à cette femme si incarnée, si terrienne, si VIVANTE - un concert inspirant, respirant, super bonne pioche encore cette fois, un chouette moment à conserver précieusement.