17 août 2012

...

 Je t'ai croisé quand je cherchais un homme à pleurer
Comme on ne pleure qu'en rêve
Une douleur lumineuse, la perte d'un possible resté intact
Hors de l'usure du temps et de la réalité du monde
- la perte de celui-là qui était autrefois un homme à venir
De celui qui serait le compagnon d'une vie
Et le père des enfants que je n'avais pas encore ?

Je t'ai croisé quand je cherchais un homme à vouloir
Comme on ne désire qu'en rêve
Ou peut-être au seuil de l'adolescence
Une obsession douce, un délire à bas bruit
Qui soudain prendrait corps et visage
Pour y déposer quelque chose de plus grand que lui-même
Un désir comme une délicieuse douleur
Qui laisserait au ventre une brûlure insatiable
Mais rendrait à une imprévisible virginité

Je t'ai croisé quand je cherchais un homme à guérir
Comme on ne peut guérir qu'en rêve
Parce que c'est toujours la faille en l'autre qui m'appelle
Même et surtout lorsqu'il l'ignore
Et parce qu'il me fallait aussi traverser
Pour me remettre au monde
Accepter de recevoir et de laisser partir
Dans le même mouvement
Ne rien garder que la vie, et remercier

Je t'ai croisé quand je cherchais un homme à aimer
Comme on ne peut aimer qu'en rêve
Celui qui me désarmerait sans un geste
Et me rendrait à la nudité de l'enfance
Enchanteur malgré lui, féroce à son insu
Inconscient pas de deux...
Un homme du passage, qui me tendrait la main
Mais pour mieux disparaître - une étoile filante.

A toi, à moi et à toutes les autres !


Les miss Mojito

Mères et femmes éternelles, un vent de liberté souffle sur nos têtes - funambules aux racines profondes, équilibristes tissant milles filets invisibles, attentives, soucieuses... Libres comme l'air et liées pourtant. Faut-il se sentir aimée,  pour voler sans oublier la terre, ne pas perdre les sens, le haut et le bas, upside down. Ne pas foncer dans le soleil... 
Lalie
Les oiseaux ont eux aussi le vertige (Camille).

11 août 2012

Du vent dans mes voiles


Cette semaine, je serai LA.

07 août 2012

Quelques sources d'inspiration



Here's to the crazy ones, the misfits, the rebels, the troublemakers, the round pegs in the square holes... the ones who see things differently -- they're not fond of rules... You can quote them, disagree with them, glorify or vilify them, but the only thing you can't do is ignore them because they change things... they push the human race forward, and while some may see them as the crazy ones, we see genius, because the ones who are crazy enough to think that they can change the world, are the ones who do.



What is a journey ? A journey is not a trip.It is not a vacation. It's a process. A discovery. A process of self-discovery. A journey brings us face to face with ourselves. A journeys shows us not only the world, but how we fit in. Does the person create the journey, or does the journey create the person ? The journey is life itself. Where will life take you ? 

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Lorsque vous contestez la réalité, vous perdez. Mais seulement à 100%.
Soit vous croyez vos pensées, soit vous les questionnez. Il n'y a pas d'autre choix. 
Le pardon c'est réaliser que ce que nous pensions être arrivé, ne l'est pas. 
Comment puis-je savoir que je n'ai pas besoin de ce que je veux ? Je ne l'ai pas. 
Je ne lâche pas mes concepts - je les questionne. Ensuite ce sont eux qui me lâchent.
La réalité est toujours plus bienveillante que l'histoire que nous nous racontons à son sujet.
Si j'avais une prière, ce serait : "Dieu, libère-moi du désir d'amour, d'approbation et d'appréciation,  Amen."

Byron Katie

05 août 2012

Love at first sight

En m'inscrivant sur CS, j'espérais à la fois faire de belles rencontres et mettre en oeuvre les valeurs d'accueil et d'échange qui sont les miennes (et mon intime conviction que 1. plus l'on donne, et plus l'on reçoit et 2. prendre le risque de faire confiance, c'est essentiellement prendre le risque d'être heureux, et stupéfait que la vie et les êtres soient si simplement généreux). Ce que j'espérais aussi, c'est que ces rencontres soient inspirantes, viennent nourrir ma capacité d'imaginer une vie différente, ouverte à tous les possibles.

Ma dernière expérience... est juste au-delà de mes rêves. Une fantastique famille de l'Arizona voyageant pour un an autour du monde, ouverte, chaleureuse - je dois dire que j'ai eu une espèce de coup de foudre pour toute la famille et notamment pour Bridget - thérapeute transpersonnelle et femme solaire. Nous avons eu de très beaux échanges, et voir comment nos enfants ont trouvé des moyens de partager au-delà de la barrière de la langue a été un pur bonheur... voir Elsa expérimenter l'acro yoga aussi.

Je les ai emmenés voir les Nymphéas à l'Orangerie, nous sommes restés dans la continuité de cette expérience contemplative et poétique avec l'exposition "Vu de ma fenêtre" d'Ahae - incroyable travail de deux années dans une démarche assez proche celle de Monet - changements de saison et de lumière, attention aux détails et à la nature - scénographie apaisante, un peu comme une balade dans un livre de haïkus. Les enfants s'en sont aussi donné à coeur joie dans les manèges des Tuileries...



Le lendemain, j'ai fait découvrir à Bridget la Grande Bibliothèque, la passerelle Simone de Beauvoir et le parc de Bercy - l'occasion de nouveaux échanges à coeur ouvert (sur la colère, sur les croyances - quelques pistes ici). Peut-être ce que j'en retiens de plus important est son invitation, après tout ces mois durant lesquels j'ai avancé sans reprendre mon souffle, à réapprendre à recevoir, baisser ma garde, accepter ma propre fragilité...


30 juillet 2012

El ultìmo dìa

 


Pour terminer en beauté, nous avons quitté la ville et pris le train pour Sitges, délicieuse petite station balnéaire branchée, festive et gay-friendly - je ne suis jamais allée à Ibiza mais j'imagine l'ambiance un peu comme ça... à l'arrivée, un petit bar à tapas (recommandation du Routard, qui ne nous aura donné que des bons conseils), arrosés d'un verre de Rioja, et  une magnifique journée sur une vraie plage aux eaux transparentes.

Les enfants s'en sont donné à coeur joie, et nous sommes restés pour pique-niquer sur le sable à la nuit tombante - l'occasion de leur faire découvrir que ces baignades-là, quand la plage se vide, que l'eau est tiède et que le ciel vire au violet - avec le soleil qui descend et la lune qui apparaît - ont un charme fou. Un moment de pur bonheur, où j'ai oublié tout ce qui n'était pas l'instant présent - un temps de plénitude. Nous sommes rentrés tard, épuisés, et heureux.

29 juillet 2012

Barcelona sì !

C'est une de mes grandes fiertés de l'année - moi qui appréhendais ce premier été seule avec les enfants et plus les mêmes moyens - leur offrir tout de même deux semaines de rêve - un immense appartement en plein coeur de Barcelone, la plage au bout de notre ligne de bus et toute la vie culturelle de la ville accessible à pied. Pour le prix des billets d'avion, et c'est tout - merci encore à cette merveilleuse idée qu'est le troc de maisons.

Nous avons poursuivi notre parcours Gaudì entamé il y a deux ans avec la Casà Battlò, à travers la Sagrada Familia et la Pedrera, ainsi que le Parc Güell.Visité la fondation Mirò et le Musèu de la Xocolata, les parcs de la Ciutadella et de Montjuïc (en prenant le funiculaire pour monter jusqu'au fort, et en redescendant par les jardins), admiré le son et lumière des  Fonts Magicà (voir ci-dessous). Profité des plages presque chaque jour, et passé deux jours dans un parc aquatique extérieur à côté duquel notre Aquaboulevard aurait presque l'air d'une piscine municipale. Vu les danseurs de sardane devant la cathédrale, et fait quelques emplettes au marché aux timbres et aux monnaies Plaça Reial. Et, bien sûr, nous nous sommes perdus des dizaines de fois dans les ruelles du Barrì Gotic, du Born et du Raval.

Le plus précieux, nous ne l'avons pas trouvé dans notre inséparable Routard, mais dans les interstices, dans l'imprévu, dans les à-côtés.

Observer, dix fois, vingt fois par jour, la complicité des enfants, leur joie dans les vagues, dans les rues, dans les parcs. 

Savourer de vrais temps d'intimité avec chacun au moment du coucher, une qualité de parole qu'il faudrait cultiver de retour à Paris, malgré la fatigue et la disponibilité forcément moindre... Mes moments préférés, peut-être.

Déguster des bières au bien-nommé Belchica, point de rencontre de Couch-Surfeurs francophones juste sous nos fenêtres. 

Me lever tôt et lire dans le jardin d'hiver - élu pièce favorite de toute la famille - Just Kids, de Patti Smith, qui m'a beaucoup touchée alors que je ne connaissais rien de son univers - ai regardé un peu le travail de Mapplethorpe depuis, et le Club des incorrigibles optimistes, bon roman d'été mais pas inoubliable malgré son excellent titre !

Déjeuner chez un adorable couple italo-belge rencontré aussi sur CS - globe-trotters aussi - j'adore que les enfants soient en contact avec des humains curieux, ouverts et voyageurs... et leur transmettre implicitement le message que tous les choix de vie sont possibles.

Les voir suivre consciencieusement les explications de l'audioguide et en redemander. Leur donner un maximum de clés historiques et culturelles - quand je les avais ! M'étonner silencieusement que jamais ils n'aient protesté à propos des visites ou de la marche (et nous avons beaucoup crapahuté). Sourire. Des années de boulot ;-), pour ce bonheur : aujourd'hui cela va de soi.

Leur faire découvrir Skype pour la première fois (la claque !) et bavarder avec Ghislaine au Mexique et Tokunbo en Norvège - magique !

M'ouvrir une bière fraîche laissée à cette intention par Ronan venu nous rejoindre un week-end.

Entendre Elsa dire, Maman, c'est comme une machine à chansons, il suffit que tu chantes le début et hop, elle continue... (et chanter en choeur - Dalida, des chansons de Disney, Piaf, Jamait, la Grande Sophie, ABBA... et même Sexion d'assaut !!!)

Rédiger ce billet avec un *** de clavier espagnol qui transforme mes a en q, ne connaît pas les accents mais veut bien des ò et des ì ainsi que des ñ... ce qui fait finalement partie du plaisir ! 

Nous sommes à deux jours de la fin. Et je crois que je peux dire que j'ai gagné mon pari.

14 juillet 2012

Comme une grande

Suis fatiguée, il pleut une heure sur deux, personne n'a envie de venir avec moi, tant pis ! Un concert gratuit de Juliette, ça ne se refuse pas. Et puis c'est fête aujourd'hui, que diable ! (et le Diable est une femme, c'est elle qui le dit). Bien m'en a pris : je me suis régalée. J'avais oublié à quels point ses textes sont de petits bijoux - et babioles ! -  (une des rares en chanson française, aujourd'hui : élégance de l'écriture, humour, mélancolie du clown qui affleure parfois), et surtout, à quel point c'est une énoooorme bête de scène qui ne boude pas son plaisir et le partage... généreusement.


Soledad me parle


...et pas seulement à travers la série des Paresseuses, ou de la dernière page de mon ELLE... ;-)

13 juillet 2012

Trésors

Savourer pêches jaunes et brugnons. Humer dans les rues parisiennes (mais si...) l'odeur de la lavande et celle du chèvrefeuille. Me coucher trop souvent trop tard - parce que je suis presque en vacances. Partager l'humour noir et tendre du film de Podalydès, Adieu Berthe. Bavarder chanson française avec de charmants Canadiens (connaisseurs d'Anne Sylvestre !) au Limonaire. Envoyer un mail de réclamations bien senti ! Terminer la soirée chez Ranis, star et pizzaiolo du quartier, avec des amis d'amis. Découvrir qu'un nouveau fleuriste-café-mini-marché bio vient d'ouvrir au coin de la rue (le QG bobo qui nous manquait) et repartir avec une botte de roses odorantes mêlées à des tiges de menthe. Délirer jusqu'à pas d'heure sur les noms à donner à un lapin : Salinge, Sanrire, Tade, Ture, Dicite, Polaise, etc... Choisir les bouquins de l'été - Le club des incorrigibles optimistes (!) et Just kids pour moi, Hypérion pour Léo, Deux pour une et Sacrées sorcières pour Elsa. Peut-être l'un et l'autre essaieront aussi L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux... Préparer des surprises minuscules pour le retour des enfants. Et notre départ à Barcelone, la semaine prochaine, grâce à l'échange de maisons. Attribuer le prix du film le plus délicieux de l'année à l'inénarrable Starbuck. Décider d'apprendre à naviguer seule, et pas seulement au sens figuré. 

06 juillet 2012

Cantique

Heureuse comme tout, heureuse malgré tout
Heureuse, heureuse, heureuse
Il le faut, je le veux... (...)
Heureuse d'avoir enfin une part
De ciel, d'amour, de joie (...)

Heureuse demain, heureuse de tout et de rien (...)

Edith Piaf

Il faut l'entendre, elle est là, elle est juste magnifique. Si j'ai retiré la suite, c'est que Piaf n'est pas vraiment l'héroïne du bonheur dans l'indépendance... ce qui me la rend à la fois si proche (je l'écoute en boucle en ce moment, parce que je me reconnais dans cette femme dont la seule grande affaire est l'amour) et là, différente - parce que mon enjeu à ce jour est de trouver déjà cela, seule :

Heureuse comme tout, heureuse n'importe où,
Heureuse, heureuse, heureuse,
Il le faut, je le veux...

05 juillet 2012

Sablier

Aujourd'hui il n'est pas déraisonnable de penser qu'on peut être productif jusqu'à 70 ans, voire plus selon ses activités. Si vous avez 40 ans et que votre vie productive s'étale de 20 à 70 ans, il vous reste 30 ans soit 60% de votre temps de productivité ! (...) Cette méthode de calcul a été conçue (...) pour montrer que nous avons plus de temps que nous le croyons pour nous lancer dans ce que nous avons toujours voulu faire et qu'être trop vieux n'est pas une bonne excuse. Quand on réfléchit sur le long terme, les obstacles et les difficultés prennent une autre dimension. (...) Dix ans, c'est le temps qu'il faut pour être expert dans un domaine. Nous souhaitons tous progresser aussi vite que possible, mais les modèles de succès rapide que nous avons à l'esprit sabotent nos chances réelles, car nous oublions le temps de gestation entre une idée initiale et sa réalisation. (...) Le temps est souvent une excuse pour ne rien faire ou ne pas prendre de risques. Je propose de cesser d'envisager le temps comme un obstacle et de le voir plutôt comme un ingrédient nécessaire à la réussite de nos projets. 
Tom Butler-Bowdon

03 juillet 2012

Fashion fauchée

Plus fort que les soldes ou que le très bobo Merci voisin, la boutique Bis du Secours Catholique : les donneurs vident leurs armoires pour une bonne cause, les vêtements ont une seconde vie, les vendeurs et les responsables du tri sont tous en contrat de réinsertion, et les acheteurs sont ravis par une vraie sélection de vêtements impeccables et rangés par forme et par couleur - l'anti-Guerrisol (des heures de farfouille dans des tas de chiffons parfois douteux). Bilan de la première descente (réassort tous les deux jours) : un petit haut Comptoir des Cotonniers, une tunique Sandro, une robe combinaison Tara Jarmon, un jean See by Chloé, l'addition s'il vous plaît ? 51 euros. Il y a aussi des vêtements homme et enfant, et de jolis sacs en très bon état... et l'accueil est sympa.

29 juin 2012

Au commencement était...

...la Boîte à Bonheur, pré-blog qui se voulait un exercice du regard, trouver dans chaque jour vécu au moins un instant, minuscule ou décisif, qui soit le sel de la vie, comme l'écrit si joliment Françoise Héritier. Partant de la lettre d'un ami qui lui parle d'une "semaine volée", elle s'interroge : "Qui vole quoi ? Vole-t-il donc un peu de répit à un monde auquel il devrait tout ou au contraire ne se laisse-t-il pas déposséder de sa vie par cet entourage dévorant, par ce travail trépidant, ces responsabilités multiples accablantes ? Nous lui volons sa vie. Il Il vole lui-même sa propre vie. J'ai alors commencé à lui répondre en ce sens : vous escamotez chaque jour ce qui fait le sel de la vie (...) et me suis interrogée sérieusement sur ce qui fait, a fait et fera, j'en suis certaine, le sel de la mienne."


Ces jours, ce qui a fait le sel de ma vie, c'est justement ce livre envoyée par une amie, cette lettre d'espoir affectueusement transmise par une autre (merveilleuse idée : je t'envoie une lettre écrite par une autre femme,  que tu ne connais pas mais qui a parcouru un chemin semblable au tien), c'est le spectacle de fin d'année en danse orientale et cette nouvelle marche franchie par la femme qui croyait ne pas savoir danser. Ce sont les Solidays, l'émotion au concert de Debout sur le Zinc et la belle énergie d'Izia, mais au-delà, le soleil descendant sur un festival incroyablement bon enfant : ni violence, ni alcool, ni dégradations, un côté peace and love, même pour les concerts plus rock. Un dimanche câlin et paresseux. La création d'une boîte e-mail pour ma Zaza qui décidément grandit, une ceinture verte pour mon Léo, à qui nous avons terminé de faire une chambre de grand, ensemble. Une jolie rencontre via Couch Surfing, d'un lumineux African Columbian Norwegian Rastaman - qui a donné aux enfants sous le charme leur première leçon de reggae, et qui m'a rappelé celle-ci, que j'ai tendance à oublier ces jours : "It's not about to think, but about to feel". Thank you Tok ;-).

21 juin 2012

Quo vadis ?

Je ne l'ai pas encore ouvert - cette année, où m'emmènera-t-elle ? 

17 juin 2012

Au choeur

Il y a peut-être cinq ou six ans, je faisais partie d'une chorale de Gospel - pour mon plus grand bonheur. Je n'en ai plus le temps pour le moment, mais j'ai eu un plaisir fou à les rejoindre le temps de deux chants pour les 20 ans de Voice of Freedom, suite  à l'invitation du chef de choeur en direction de tous les anciens. Je ne sais pas ce que j'adore le plus - ce répertoire qui me donne le frisson, insuffle une formidable, irrésistible JOIE, la façon dont Marc en fait un espace d'humanité collective - dans cette invitation des anciens, mais aussi dans sa façon d'inclure le public dans cette commune célébration, jusqu'à le faire encercler par les choristes sur certains chants, et dans la participation active à laquelle il l'invite, ou ce que je ressens de porteur de guérison - je ne vois pas de meilleur mot - dans cette puissance vocale, harmonique, humaine et spirituelle à la fois (deux nouveaux chants africains, fabuleux). Avoir le privilège de me retrouver par deux fois au coeur du choeur, durant ce concert, a été un formidable cadeau, dans ces temps difficiles. Merci !

The storm is passing over, Hallelujah...

16 juin 2012

Humanité

Derrière la colère, une douleur infinie, quasi constante, saturée d'enfance et de solitude - celle aussi d'un amour et d'un espoir contre toute évidence encore vivants mais si fragiles, mais non reçus, la main qui se tend et retombe faute d'être saisie. Un poignard au coeur qui a pour nom irremplaçable, l'angoisse au ventre face à une précarité qui ne s'annonce pas qu'affective, une rage d'animal blessé, qui menace jusqu'à ceux que j'aime. C'est juste trop... 

Trop de courir derrière de nouveaux projets, sans lesquels mes revenus chuteront de moitié avant même le divorce et les conséquences que l'on sait ; trop d'accueillir jour après jour la misère de patients pour lesquels il me faut en temps normal le meilleur de mon énergie ; trop de garder le sourire pour les enfants et de leur proposer autant que possible de jolis moments de tous ordres. Je fais pourtant tout cela - quel autre choix ?

Je croyais que Paris était une ville où on peut crever la gueule ouverte. Hier, je sanglotais dans ma rue appuyée contre un mur - prise de vertige, j'avais la sensation de ne plus tenir sur mes jambes - en quelques minutes, pas moins de quatre personnes sont venues vers moi, ont proposé leur aide, un mouchoir, un numéro de téléphone, quelques mots d’encouragement... un peu de douceur dans un temps d'une incroyable brutalité.

12 juin 2012

Trop vert

Texto de Léo : La prof d'allemand a dit, vous allez mûrir. Je suis trop jeune pour mûrir...

08 juin 2012

Rendez-vous

Chaque année (la précédente, c'était là), nous nous retrouvons à 7 ou 8 - un petit groupe qui chemine ;-) - c'est un peu vrai, je nous vois comme des marcheurs sur des routes différentes, mais qui se croisent une fois l'an pour dire les joies et les peines, échanger tous azimuts bonnes idées et galères, les histoires de vie se mélangent, les nôtres et celles de ceux que nous accompagnons, les renoncements nécessaires et les projets à venir se partagent aussi.

Petite joie supplémentaire pour moi cette année, celle de recevoir tout ce petit monde dans ma maison - un nouvel avatar de mon fantasme à la "Clé sur la porte", et beaucoup de douceur au sens figuré comme au sens propre : nougats, galettes, guimauve, chocolats, bons vins, fleurs, bougie parfumée et petits "sent-bon" pour la maison... Un groupe à géométrie variable en fonction des impératifs de chacun, et pourtant une vraie cohérence d'un temps à l'autre - balade à Vélib, repas partagés, petits déjeuners à rallonge, couchage en dortoir improvisé, échanges de bons livres, films à voir, tuyaux de tous ordres, et ce qui nous relie, les souvenirs d'une formation qui nous aura tous fait bouger dans nos vies.

Vu l'expo Helmut Newton - un peu déçue pour ma part, tant l'esthétique porno chic est devenue tristement banale dans la publicité. Par contre, j'ai pris plaisir à observer, dans la salle la plus représentative des fantasmes du maître, non pas les images mais les visiteurs - fascination, dégoût, excitation, airs faussement blasés - comme si cette mise en scène du pouvoir dans le rapport au corps et à la sexualité ne pouvait pas les atteindre, ne les concernait pas...

La balade qui a suivi dans la lumineuse forêt de Buren - malgré un ciel voilé, les jours de soleil doivent être féeriques - m'a semblé une vraie bouffée d’oxygène, un temps suspendu, un peu contemplatif, enfantin aussi - jeux de reflets, lumières multicolores, un pur bonheur.

Et le soir, ce cadeau inespéré - dans un petit restau iranien complètement paumé mais que je savais chaleureux, danser avec le groupe manifestement familial qui fêtait je crois un anniversaire ce soir là. Le lendemain, Les femmes du bus 678 nous ont rendus à la tragique réalité des femmes d'Orient, mais samedi soir, c'était juste... la fête.

07 juin 2012

Apesanteur

Je n'y connais rien en danse, encore moins en danse contemporaine, mais j'avais très envie de voir Panorama, spectacle-rétrospective de la carrière (à ce jour !) de Philippe Découflé. Le voyage m'a enchantée : ballet d'ombres chinoises, clins d'oeil au cirque, aux sports de combat (réels ou virtuels !) et au cabaret, images burlesques ou infiniment poétiques, le spectacle est un régal... (à savourer jusqu'au 1er juillet).


Projets minuscules

C'est un nouveau concept - celui du moment. Rassembler cette énergie si fragile, fluctuante, pour de menus projets. Sortir de bon matin en semaine m'acheter un croissant parce qu'il n'y a plus de pain. Répondre à l'invitation de mon ancienne chorale à chanter les bis de leur concert avec eux un prochain dimanche. Faire enfin recoudre la bretelle d'une robe d'été en prévision des beaux jours. M'attacher à n'oublier aucun des anniversaires de juin. Répéter avec Elsa la chorégraphie du spectacle de fin d'année de la danse orientale. Vernir mes ongles de pieds. Aller chercher des fruits et des légumes frais au marché. Me ramener des fleurs. 

05 juin 2012

Evidemment

Y a comme un goût amer en nous
Comme un goût de poussière dans tout
Et la colère qui nous suit partout
Y a des silences qui disent beaucoup

Plus que tous les mots qu'on avoue
Et toutes ces questions qui n'tiennent pas debout
Evidemment

Evidemment
On danse encore sur les accords qu'on aimait tant
Evidemment

Evidemment
On rit encore pour des bêtises comme des enfants
Mais pas comme avant
Et ces batailles dont on se fout

C'est comme une fatigue, un dégoût
A quoi ça sert de courir partout ?
On garde cette blessure en nous

Comme une éclaboussure de boue
Qui n'change rien qui change tout
Evidemment

Evidemment
On danse encore sur les accords qu'on aimait tant
Evidemment

Evidemment
On rit encore pour des bêtises comme des enfants
Mais pas comme avant
Michel Berger

04 juin 2012

Anachronix ?

Elsa doit se documenter sur les Gaulois. Elle voudrait savoir si elle peut trouver des photos pour son exposé ?

28 mai 2012

Coup de grâce

C'était la maison des barbecues de printemps, des anniversaires, des fêtes et des Noëls au coin du feu, la maison de ceux qui demeurent à ce jour mes beaux-parents, des gens que j'aime profondément et qui me le rendent de leur mieux, la maison dans laquelle je me suis mariée - de la porte à la mairie, de la mairie à l'église, il n'y avait qu'un pas. Une maison dans laquelle les photos de notre couple, de notre famille, de nos enfants, éclairent chaque pièce... une maison pour moi qui n'ai pas de maison. Un endroit sacré pour eux et pour moi, un lieu de paix et de simplicité.

Est-ce que c'était possible d'y emmener une autre femme, alors qu'aucune décision n'était posée, que le divorce n'est pas prononcé, alors qu'il n'y a pas de projet avec elle, alors que les blessures sont à vif pour chacun d'entre nous, enfants et grands-parents compris ? J'aurais voulu croire que non - il faut bien admettre que si.

Est-ce que c'était possible de tendre la main une dernière fois, malgré cela, de poser le plus délicatement possible ceci : la porte est encore ouverte, mais c'est le dernier appel, parce que je ne veux plus jamais avoir à recevoir ce genre de coups - et de me heurter à une nouvelle fin de non-recevoir ? J'aurais voulu croire que non, il faut bien admettre que si. 

Est-ce qu'il m'est possible de renoncer à ce qui a été patiemment bâti dix-sept années durant ? De dépasser cette conscience aiguë que, quel que soit ce que l'avenir me réserve, ou plutôt quel que soit l'avenir que je me construirai, rien ne pourra remplacer cette profondeur de lien, cette histoire partagée, cette... maison commune ? J'aurais voulu croire que non, il faut bien admettre que si. 

23 mai 2012

Quitte à choisir...

...autant être heureux - c'est ce que dit mon éphéméride du 8 janvier, aimanté sur mon frigo. Alors j'égrenne les petits bonheurs - comme un chapelet de bonne humeur les jours où l'humeur est moins bonne.

Un dîner chez Theresa, neuf convives, cinq nationalités - au moins : une Italo-américaine, une Californienne d'origine iranienne, une pure New-Yorkaise, un Chypriote, un Israëlien (aux origines multiples également), une Russe, et, deux ou trois Français...

Ce week-end dans une maison du coeur à Bruxelles, avec les enfants. Beaucoup d'amitié et de douceur, un carnaval étrange, une initiation au tir et à l'arc et à la carabine, les bains-bulles à leur faire découvrir puisqu'en Belgique ces espaces hammam-sauna-jacuzzi sont ouverts aux familles (Elsa a même tenté l'expérience de la partie nudiste !), fouiner sur une brocante à Waterloo (ce n'est pas tous les jours, tout de même) - ah, et boire du bon vin en bonne compagnie - pour arroser croquettes et fricadelles dans une autre très jolie maison, et au soleil dans le jardin de Dominique.

Une conversation surprise entre deux gamins à la bibliothèque, qui semblaient avoir beaucoup lu, et de tout - classiques, policiers, SF, et auxquels j'ai demandé conseil pour mes enfants - ce qu'ils ont fait très gentiment, mais le plus touchant, c'était leur fierté quand je suis partie :
"T'as vu, elle a dit qu'on est des LECTEURS !".


Me réjouir de l'arrivée d'une petite Floriane (les annonces de naissances et les photos de mariage me mettent invariablement en joie - et de très jolies photos de mariage, j'en ai vu aussi ce dimanche...)

Deux CouchSurfeurs à venir, un Norwegian Columbian African Rastaman (!), mi-juin, et une fashion casting director/tarot reader de Brooklyn, début juillet - tant qu'à ouvrir au monde, autant rencontrer des humains différents ?

Un nouveau foulard-doudou menthe à l'eau ;-) - et des mouchoirs fleuris pour pleurer en beauté. Ce qui reste utile.

Un massage aux pierres chaudes dans un lieu qui porte bien son nom, un brunch à la Rotonde, le bouleversant De rouille et d'os d'Audiard, un jogging (mais si !) aux Buttes-Chaumont, un mojito le long du canal Saint-Martin.

Je n'ai pas encore mis à jour ma bucket list, mais trois rêves commencent à se préciser, reste à en construire la possibilité : faire un stage avec l'école de voile des Glénans en Corse ; fêter mes 40 ans comme il se doit ; emmener les enfants à New York en Mai 2013.

12 mai 2012

Perfect day

Ce samedi au soleil, balade à Belleville pour les portes ouvertes des ateliers d'artistes - peut-être une centaine d'exposants en tout ? Nous n'avons pas tout vu, bien sûr... mais découvert quelques pépites : une céramiste inspirée, un photographe talentueux, un sculpteur sur bois fascinant, un peintre semble-t-il renommé mais dont j'ai surtout, comme souvent, apprécié les dessins, une lumineuse dame aux poissons vagabonds. Et aussi des coins et recoins fabuleux : cours pavées, maisons avec jardinets, vastes ateliers sous verrière, terrasses privées - des endroits où je rêverais de vivre, petites surfaces mais charme fou. Un bonheur aussi, la diversité des ambiances sonores d'un lieu à l'autre, des odeurs aussi : cuir, bois, colle, peinture... et puis, la cerise sur le gâteau, l'époustouflant concert de Camille - créativité tout azimuts, incroyable maîtrise vocale, inventivité visuelle... un des meilleurs concerts que j'aie jamais vus. Les reprises de ses albums précédents étaient bouleversantes - son interprétation, lors du rappel, de Que je t'aime, aussi.

07 mai 2012

Du pont la joie !

Léo me harcèle pour faire le pont. Ce matin, il prend l'oeil mourant et et la voix pâteuse, et m'explique doctement qu'il y a deux sortes de ponts qui sont de vraies maladies, les Dupond et les Dupont, et que là c'est un Dupont-avec-un-T, donc que c'est très très grave, etc. Oui oui oui... Et puis il ajoute, rigolard, tu vois, je suis TRES malade, mais je ne perds pas mon sens de l'humour ! (Il est allé en classe, tout de même ;-)).

Et : la Zaza s'accroche à moi. Tu es mon koala, lui dis-je ! Ou mon koalu... - Non, ton Colle-à-Lu, me répond-elle. (Ou Colada, comme la Pina ?)

06 mai 2012

In vino veritas

Intéressant choix des vins, pour une première communion... ;-)

And the winner is...

...NOUS TOUS, je l'espère. Ceux qui veulent une France autrement, où l'éducation, la santé, la justice, ne soient plus systématiquement sacrifiées. Une France qui sanctionne le cynisme, le clientélisme, le racisme, le mensonge, l'exploitation honteuse des peurs. Il n'y aura probablement pas de miracles pour autant, mais "tant qu'à être pieds et poings liés, autant que ce soit avec un ruban rose ?" (Copyright : Marion). Pour ma part, j'en retiens surtout ceci : un espoir, un élan. A 20h, quand les cris de joie ont éclaté dans la cour intérieure de notre immeuble, toutes fenêtres ouvertes, je me suis sentie heureuse pour moi et pour mes enfants.

Texto spontané de Za à ses grands-parents ce soir-là : C'est holande. Esque tu as regardé a La télévision. A Paris c'estait la fête!!! On entend des cris de joie ZAZA bisous

01 mai 2012

Ils sont venus, ils sont tous là

(mais personne ne va mourir..! enfin, ce n'est pas prévu pour maintenant, en tout cas)

Juste, ils étaient tous là sur le quai pour nous dire au revoir sur le quai, après le mariage de Guillaume - les cousins, les grands-mères, les oncles et tantes, et même les jeunes mariés - et ça, ça m'a VRAIMENT touchée, fait chaud au coeur. Il y a une jolie photo qui en témoigne...

Mariage impeccablement préparé, et gîte dans un endroit de rêve - en pleine nature, vue sur la montagne et le troupeau de vaches des propriétaires, lait tout juste trait le soir et oeufs frais le matin. Quatre générations sous le même toit... Me suis baladée un peu aussi, seule, sur les petits chemins - cf billet précédent : j'avance, et le chemin se crée.

27 avril 2012

Premières fois

...qui sont autant d'anciennes fois, mais seule avec les enfants. Faire les valises. Prendre le train, pour ne pas faire les sept cents bornes seule au volant. Nous installer dans la maison des vendangeurs. Retrouver les cousins, la gentillesse de tous. Inventer des vacances sympa - initiation à l'escalade, musée de la Soie, atelier sur les plantes aromatiques, piscine... et les incontournables, lancer la baballe au chien Jingo, prendre un verre de vin pendant que le soleil se couche sur la vallée, chanter Bateau sur l'eau à Chloé sur la balançoire alors que la nuit est déjà tombée mais qu'il fait si doux, bouquiner au soleil sans rien entendre que le vent dans les oliviers et le chant des oiseaux (ou tous les trois sous les couvertures du grand lit).

Me surprendre instant après instant - il faudra bien que je trouve une façon de dire ce monde si semblable et si différent, ce cataclysme silencieux : la disparition de dix-sept années de vie qui semblent (semblent...) ne laisser aucune trace, la peine qui affleure chaque jour - et pourtant je suis debout, et même, je marche, à petits pas hésitants, sur une route qui s'invente au fur et à mesure.

21 avril 2012

Et c'est pourquoi...

A elle et à ses partisans, je leur dis : nous sommes chez nous, nous les Français et les Françaises, métèques venus des quatre coins du monde pour faire la France. Nous les métis et les immigrés, qui travaillons sur les chantiers, nous cassant le dos pour ériger des bâtiments, nous sommes chez nous. Nous les nègres, bougnoules, youpins, norvégiennes ménopausées, nous sommes la liberté d'aimer, l'égalité devant la loi, la fraternité.

Eva Joly

20 avril 2012

Cuculte

Brain-storming sur un projet de groupe.
- Un truc sur l'amour, c'est un peu cucul non ?
- Bah oui mais en amour il faut du cucul...
- Oui mais aussi du cul !
- Plutôt deux fois ququ'une !


(Copyright : Stéphane)

Ça commence bien

... le titre, c'est Extrêmement fort et incroyablement près. C'est important, les titres, celui-là arrive directement dans mon top 3 actuel, avec Et que le vaste monde poursuive sa course folle, et Le jour avant le bonheur.

Extrêmement fort et incroyablement près, c'est un roman inventif aussi bien dans le fond que dans la forme, le premier depuis longtemps qui m'ait émue aux larmes et fait sourire à la fois. C'est un récit choral atypique, narration intérieure du petit garçon, lettres du grand-père, journal intime de la grand-mère. C'est un récit du deuil et de la perte, un livre pour apprendre à vivre qui est apprendre à perdre et vivre cependant, formulation qu'Oskar - le petit garçon - ne renierait pas je crois.

Il nous faudrait des poches bien plus grandes, je me suis dit ça dans mon lit en comptant les sept minutes qu'il faut en moyenne aux gens pour s'endormir. Il nous faut des poches énormes, des poches assez grandes pour notre famille, et nos amis, et même les gens qu'on n'a jamais vus mais qu'on veut quand même protéger. Il nous faudrait des poches pour les districts et pour les villes, une poche qui pourrait contenir l'univers. Huit minutes trente-deux secondes... Mais je savais qu'il ne pouvait pas y avoir de poches si énormes. Pour finir, tout le monde perd tout le monde, il n'y avait pas d'invention pour dépasser ça, et alors, cette nuit-là, je me suis senti comme une tortue qui a tout le reste de l'univers sur son dos. Vingt-et-une minutes onze secondes... (...) Moi, je suis resté éveillé des heures et des heures. Buckminster s'est roulé en boule contre moi et j'ai conjugué un moment pour ne pas avoir à penser aux choses. Je suis, tu es, il/elle est, nous sommes, vous êtes, ils/elles sont, je suis, tu es, il/elle est, nous*...

Jonathan Safran Foer,
Extrêmement fort et incroyablement près

18 avril 2012

Avenue Q

J'ai un penchant immodéré pour les comédies musicales - leurs mélodies sucrées, leurs deuxièmes voix qui donnent des frissons, leur morale bon enfant. Je me suis régalée avec celle-ci, qui relève le défi d'aborder pêle-mêle les galères d'argent, l'homosexualité, le racisme ordinaire (le nôtre, donc), les amours foireuses et les amis pourris, tout en portant un regard tendre sur nos increvables espoirs. C'est drôle, gentiment provocateur, parfois acide mais jamais méchant, et la troupe est excellente : à ne pas manquer !

14 avril 2012

Bucket list

Une des raisons qui m'ont fait choisir d'inviter Theresa, c'est d'avoir lu dans son profil que venir prendre des cours dans une des meilleures écoles de cuisine françaises était un des items de sa bucket list - quelque chose comme, la liste des choses à faire dans le temps où nous sommes vivants. Et voilà que je découvre que l'adorable jeune couple de Buenos Aires que j'ai accueilli dans la foulée se balade dans toute l'Europe avec une liste semblable (il faut regarder la photo de près, c'est délicieux... tout comme eux). Je crois qu'il va falloir que je mette la mienne à jour, la dernière version datant de 2001. J'en ai réalisé une partie - sauter en parachute, visiter Prague, d'autres restent à faire - voir une aurore boréale, apprendre à reconnaître les étoiles. Un autre point aurait pu être, avoir des amis partout dans le monde, faire se rencontrer les gens que j'aime (celui-là est sur la "liste permanente"). Le dîner d'hier soir a été un rêve réalisé - Tomàs et Ivy, Theresa, Jean-Charles, Ronan, Nadia - chacun amenant simplement ce qu'il a et ce qu'il est : moment parfait.

10 avril 2012

Entre les deux

...il y a une plongée dans une forme de désespoir récurrent, sommeil fracassé de longue date et P'tit Lu en miettes. Mais...

Y a pas de berceuse pour adultes

Parce qu'on a voulu grandir
On avale notre pilule
On en a besoin pour dormir
Parce qu'on s'est laissé vieillir
Y a pas d'berceuse pour les grands
Parce qu'on a tous voulu fuir
Ce qui reste en nous d'enfant
On n'peut plus s'assoupir
Avec ce tendre sourire
Parce qu'on s'est laissé vieillir (...)

Lynda Lemay

08 avril 2012

Montlevon - San Francisco

Voilà, c'est fait, ma pétulante Californienne a fêté Pâques dans la campagne française, et bu le champagne au soleil dans le jardin. Goûté foie gras, navarin d'agneau, plateau de fromages français. Pris une leçon de cuisine familiale - ce qui l'aura changée je pense du Cordon Bleu, motif de sa venue en France. Elle aura aussi appris à jouer successivement au Chromino, au Triomino, au Rummykub (indispensables à un week-end réussi à Montlevon). Et rencontré le lapin Nookie (et elle nous a appris au passage qu'en argot, "nookie" est quelque chose comme un p'tit câlin... amoureux). Le tout avec traduction simultanée all by myself, ce qui, compte tenu du débit de Theresa et de celui de ma belle-maman, n'a pas été un petit défi ! Mais... ce fut un week-end plein de charme et de coeur de part et d'autre. Yoyo : "Vivre c'est aimer." / Theresa citant sa grand-mère "What is not to love ?" - ces deux-là ne pouvaient que s'entendre...

03 avril 2012

Bonheurs de la semaine

- Le film de Julie Delpy, Two days in New York. Je ne sais pas si c'est en écho à mon fantasme américain du moment, mais j'en suis sortie légère et amusée - l'anti-film français plombant et plombé donc (bien que Télérama ait approuvé celui-ci ;-)).

- L'expo Paris en chansons dans le Marais - la ville sous toutes ses facettes, de Charles Trenet à Pigalle en passant par Gréco, Piaf, Mistinguett, Gainsbourg, Bruant, Renaud, les Têtes Raides - des documents audio, vidéo, des classiques incontournables : Le ciel de Paris, Le Poinçonneur des Lilas, J'ai deux amours... - impossible de ne pas sortir en chantant.

-Et puis, notre invitée californienne - exactement ce dont je rêvais lorsque je me suis inscrite sur le site de CouchSurfing : ouverte, drôle, futée, serviable, curieuse de tout... charmante avec mes enfants, mes amis - même le chat l'a adoptée ! Mon anglais s'est amélioré, je lui ai fait découvrir l'ïle Saint-Louis en Vélib' et goûter les glaces Berthillon, bref, nous sommes l'une et l'autre enchantées de l'expérience (et nous nous reverrons, puisqu'elle est ici pour trois mois). It's official - I'm a CS host now.

27 mars 2012

Funny family

Ma petite Mémé (qui fait un mètre cinquante les bras levés, ou presque) - me parle de son expérience de New York : "Ah non hein, moi je n'ai pas aimé, tout est trop haut là-bas !".

Nous jouons au Taboo, je taquine mon pré-ado de Léo en désignant sa (trop longue) frange : "Qu'est-ce qu'il y a là derrière, un cerveau ?" - "Non, des boutons !", me répond-il du tac-au-tac.

Même jeu, Elsa propose la définition suivante : "Le Superman des Grecs ?" - "Hercule !" répond Léo (bien vu...). C'était Ulysse, finalement... (Batman, alors ?)

19 mars 2012

Les petits bonheurs

...ne manquent pas, pourtant... j'ai vu le décapant spectacle de Sophia Aram, fêté les 2 ans de Roxane et les 10 ans d'Hippolyte, convoyé une brochette de mômes sur la Butte Montmartre après Lili Lampion, chanté Le Forestier et Hugues Aufray dans la cuisine le même soir, joué à Just Dance avec Elsa et Marguerite, retrouvé Ghislaine et Julianna, fêté la Saint-Patrick et regardé Angleterre-Irlande du côté de Mouffetard - Go on Ireland ! (by the way, they've lost), dîné au Passage qui reste une de mes petites tables préférées... et pourtant, et pourtant, je n'arrive pas à retrouver mon souffle, à sentir mon coeur battre sans douleur.

14 mars 2012

Boucle

Enfant j'étais tellement sûre que ce ne serait pas pour moi, un amour, une famille, l'inscription dans une vie partagée. Très jeune, je me souviens avoir aimé cette chanson-là, qui me semblait le seul chemin probable, et même, l'avoir partagée avec mon amie d'adolescence...

Est-ce toi la femme dans ce jardin
Est-ce moi qui ce soir encore prendrai le train
Est-ce toi qui a des enfants et des chiens
Est-ce moi celle qui toujours choisi son chemin
À l'école on se donnait la main

En ce temps-là nous chantions les mêmes chansons
En ce temps-là nous parlions des mêmes garçons
Et nous rêvions alors de tout avoir
Tu as une maison et moi mon piano noir

Est-ce à toi cet amour sous le mûrier
Est-ce à moi de n'avoir que le temps d'y penser
Est-ce à toi les saisons à savourer
Est-ce à moi les platanes que je vois défiler
À l'école on nous confondait

Au cinéma nous pleurions au même moment
Dans les cafés nos ambitions changeaient tout le temps
Et nous rêvions alors de tout avoir
Tu as un amour et moi un piano noir

Pense à moi si tu éprouves un regret
Comme à toi le bonheur ne m'a pas tout donné
Toi tu vis toujours au même midi
Moi je vis quand s'allument les lumières dans la nuit
Et pourtant parfois on s'écrit

Toi tu m'envoies quatre pages avec des photos
Moi je t'écris une carte postale en trois mots
Et tu retournes alors à ton histoire
Et je retrouve alors mon piano noir

Marie-Paule Belle


Je n'ai à nouveau plus de famille, en tout cas au sens de cette communauté de vie, de projets, de sécurité, de créativité - et le piano noir est parti lui aussi - et j'ai le vertige - parce que j'ai l'impression et l'inquiétude de m'en retourner vers le monde auquel j'appartiens - celui d'une relative solitude, d'une certaine sauvagerie - de m'en retourner vers la petite fille à la fenêtre, petite fille au regard interrogateur. J'ai de merveilleux enfants, j'ai tant gagné en tendresse et en confiance, je suis entourée d'amour et d'amitié - et pourtant je me sens ramenée là, incapable à ce jour de me projeter dans une autre vie de couple, parfois tranquillement heureuse dans le silence, parfois dans des petits moments d'une grâce inattendue, souvent le coeur serré, affolé.

02 mars 2012

(Re)création

"En Argentine, j'ai oublié. Toute chose nouvelle que j'apprenais en effaçait une antérieure". Erri de Luca, Le jour avant le bonheur (quel titre !). En ce moment moi aussi j'oublie. Peut-être est-ce un phénomène propre à ces périodes de (re)création - un allègement, un espace vital à retrouver, une p(l)age vierge. J'oublie des choses présentes, dois vérifier mon agenda régulièrement - j'oublie des choses passées, relis avec étonnement des mails anciens, des textes d'il y a quelques années. Je n'oubliais jamais rien, auparavant...

Simultanément l'énergie revient, et avec elle l'envie de faire que certains rêves deviennent réalité. Cet hiver je l'ai traversé comme un long tunnel - cette semaine j'ai pris la résolution de contacter les gens que j'aime et dont je n'ai pas de nouvelles depuis trop longtemps. Quatre coups de téléphone, et sans avoir rien demandé, une offre de week-end, une autre de travail, une invitation au Mexique, un petit tango.

Il y a un mois je désespérais de pouvoir emmener mes enfants en vacances en solo ; aujourd'hui je reçois des propositions du monde entier, sans autres frais à prévoir que les billets d'avion.

Hier je rêvais d'une maison ouverte aux amis et aux amis d'amis - demain peut-être nous accueillons notre première hôte étrangère, une étudiante américaine qui cherche à être hébergée quelques jours à Paris.

Love life sometimes.

28 février 2012

Convictions

Le texte qui suit est l'exact reflet d'une politique qui impacte, et aujourd'hui menace, chacune de mes activités professionnelles - qu'elles soient individuelles ou groupales, destinées aux ados ou aux adultes, et qu'elles soient tournées vers la prévention, le soin ou l'accompagnement des équipes. Une hospitalité de la folie... si je ne travaille qu'à la marge de la psychiatrie dite "hospitalière", je crois que cet appel vaut tout aussi bien pour une hospitalité de la fragilité, qu'elle soit liée à l'âge, au statut social, au niveau d'éducation, à la situation familiale, aux représentations de la société.

...Nous leur dirons aussi combien la politique sécuritaire amalgamant les malades mentaux à des délinquants ou à des criminels potentiels est, au-delà du caractère insultant et erroné de cette affirmation, une entrave majeure à une politique de soins digne de ce nom.

Nous leur dirons comment la dimension relationnelle, spécificité centrale de la pratique soignante, ne peut pas être standardisée, protocolarisée, normée, référencée à des « normes qualité » comme des objets, ou des produits de consommation, promue comme tel par les procédures d’évaluation, d’accréditation.

Nous leur transmettrons à quel point ces procédures ont généré depuis une dizaine d’années dans les établissements, une bureaucratie tatillonne, abêtissante, détournant la mission de soins vers des critères comptables et de productivité deshumanisante.

Nous leur expliquerons qu’hélas la Haute autorité de santé (l’H.A.S.), à travers ses conférences de consensus, de recommandation ou de processus de certification, tente de faire appliquer des conceptions opposées et étrangères à ce qui fait le fondement de nos pratiques cliniques.

Nous leur démontrerons que les pratiques évaluatives prônées par L’H.A.S. tentent d’exclure la dimension psychopathologique du champ de notre discipline.

Nous leur dirons comment l’utilisation abusive et idéologique de découvertes scientifiques récentes envahit le discours social ambiant, toujours en quête de sensationnalisme, espérant des issues rassurantes aux inquiétudes del’époque. Ces excès tentent de détourner les soignants, les patients et les familles des vrais problèmes auxquels nous sommes confrontés : pénurie de moyens, insuffisance de la formation, conception réductrice de la souffrance psychique.

Nous leur dirons aussi combien la psychanalyse a été et reste une compagne fidèle et indispensable de la psychiatrie, ou tout au moins pour ceux qui pensent que la maladie mentale est une maladie de la relation aux autres, à soi-même, au monde. La psychanalyse n’est pas une technique comme une autre. Elle représente un apport culturel indispensable à la compréhension du fonctionnement psychique humain. Ses concepts peuvent être d’une aide précieuse dans le travail au quotidien pour les équipes soignantes dans leur confrontation avec la psychose, avec les angoisses et les complexités des enjeux institutionnels.

Nous dirons avec force que nous refusons ce système qui demande en permanence de se plier à la norme des «trois P»:

- apporter la preuve de résultats immédiats quant on sait que l’évolution pour les pathologies les plus complexes se mesure dans la durée,

- prédire l’avenir,

- instaurer la peur à l’égard des malades mentaux.

De telles perspectives sont inconciliables avec une hospitalité de la folie.(...)

Texte complet ici.

27 février 2012

Malhabile

Il y a une idée qui me trottait dans la tête depuis un moment - ce constat qui m'émeut entre tous, celui de la précarité de nos vies, de la vulnérabilité de nos corps. Corps désirant ou désiré, corps en souffrance, corps en sommeil, corps vieillissant, corps menacé - ce mystère si souvent oublié, le battement de nos coeurs, la profondeur de notre souffle. De cette émotion je voulais écrire quelque chose - qui m'est venu à peu près comme suit : la main sur le coeur, un souffle ténu / celui de l'amant encore endormi / celui de l'enfant qui sourit en rêve / celui du mourant battement têtu / celui du vivant, un souffle fragile.

Parce que...

...la misère, mais aussi la solidarité humaine, ici pour les Restos du Coeur, ce n'est pas seulement ailleurs ou hier, mais aussi ici et maintenant.

(Et un petit merci à Marie-Madeleine, chez qui j'ai trouvé cette bonne idée ;-))

Libertés

Après l'été en hiver, le printemps avant le printemps, et les vacances le temps d'un week-end - ce week-end, un soleil timide mais lumineux... une expo photo sur le Mexique à la fondation Cartier-Bresson, des crêpes délicieuses à Montparnasse, un brin de shopping rue de Rennes (il y avait longtemps que je ne m'étais pas donné ce temps), une balade à vélo le long du canal Saint-Martin puis aux Buttes-Chaumont, il y avait dans l'air tant de douceur.

Et puis, le remarquable film d'Angelina Jolie sur la guerre en Bosnie - Au pays du sang et du miel, glaçant et sans complaisance, mais aussi subtil et poignant - universel je pense - si cette guerre-là a été particulièrement atroce, l'incroyable sauvagerie des hommes ne me semble pas différente en Syrie aujourd'hui, au Rwanda hier - ni les dilemmes humains auxquels elle confronte.

J'en suis sortie émue, plus consciente que jamais du privilège de vivre dans un pays en paix, dans lequel je suis libre de mes opinions et de mes croyances, libre de voter, de m'instruire, libre d'être une femme sans que cela fasse de moi une victime désignée par
avance, libre d'aimer qui je choisis.

23 février 2012

Senti(mentale)

Centre d'hébergement d'urgence, un groupe de très jeunes femmes, intervention de prévention autour de la sexualité (que j'étends -!- toujours aux questions relationnelles, d'estime de soi, etc.), et LA question récurrente :
- Mais alors, qu'est-ce qui compte, si ce n'est pas les centimètres ?
- Les sentiments ! me répond l'une d'entre elles du tac au tac. Joli, non ?

20 février 2012

Another day in paradise

L'été en hiver, une bulle de rêve dans un hiver de tristes réalités : huit jours d'exception à tous points de vue... Maintenir ce projet en famille - décidé il y a plus d'un an - était une gageure - et une bonne décision. Huit jours durant j'aurai oublié les questions sans réponse, la surcharge de travail, les inquiétudes financières, le sentiment parfois de ne plus supporter la misère du monde (et l'envie de changer de métier corrélative), et mon coeur en éclats de verre, pour juste me laisser porter.

J'ai nagé au milieu des coraux et des poissons tropicaux, fait du ski nautique sur la lagune (avec les crocos, pour plus de mordant), me suis envolée au trapèze, ai navigué sur catamaran et kayak de mer, et j'en oublie ! Dégusté des plats délicieux, bu des mojitos et des pina colada jusqu'à plus soif (open bar every night and day), parlé anglais avec les touristes américains et canadiens, profité de la joie des enfants enchantés, et de la belle énergie de G.O très charmants. Le Club vend du rêve, mais tient ses promesses et même dépasse toute attente - buffets pharaoniques, soirées féeriques, sens du détail et du service inégalés, gentillesse réelle, vrai talent à faire naître de la beauté et de l'émotion, dans les lieux, dans les fêtes, entre les êtres.

je n'ai rien vu du Mexique (excursions hors de prix) à part Chichen Itza, remarquable site maya restauré et classé par l'Unesco comme une des sept merveilles du monde actuel ; et, à la même occasion mais à travers les vitres du bus, un peu de la réalité du pays : cabanes au sol de terre battue, enfants et chiens pouilleux, alcool et violence domestique, rebelles mayas et nids de serpents.

Elsa m'a dit ensuite, mais, le Club Med, c'est un mensonge, le pays n'est pas comme ça ? Exact ma chérie... mais c'était un merveilleux mensonge (et il fait vivre la quasi-totalité de la population de cette province). Quant à la fin du monde annoncée pour cette année, les descendants des Mayas rigolent doucement - mais les Occidentaux achètent, ce qui est le but du jeu, après tout.

Ces huit jours auront été une double leçon, à la fois sur le plaisir possible et un goût de la vie retrouvé, une forme d'apaisement aussi, et sur la misère réelle (est-elle si différente de celle que je côtoie au quotidien ?) - une belle façon de relativiser : il y a tant d'autres façons de vivre.

02 février 2012

Dis-moi ce que tu chantes

Lors d'un séminaire récent, le psychiatre parlait du long chemin qu'il nous faut parcourir pour reconnaître ce que nous ressentons vraiment, et de la dimension... pédagogique des chansons populaires à ce titre - qui nous permettent d'identifier les émotions d'abord chez les autres, avant de le faire pour nous-mêmes.

C'est ce qui me fait aimer la chanson je crois - cette puissance d'évocation immédiate, même et surtout quand elle est apparemment naïve.

Une de mes patientes ne rêve pas, en tout cas se souvient rarement de ses rêves, mais arrive très souvent avec la chanson du moment, qui nous renseigne sur ses humeurs plus ou moins pré-concientes - au point où j'en arrive à lui dire, alors, quelle est la bande-son aujourd'hui ?

Pour ma part, je fredonne fréquemment - quand je vais bien, quand je vais mal, souvent sans m'en rendre compte - et quand je prête attention à ce qui s'est mis à me trotter dans la tête, le message est souvent explicite. Au point qu'il m'est arrivé de changer d'air (!) afin que l'autre n'entende pas ce qui m'habite à ce moment-là - c'est comme si je me baladais toute nue d'un seul coup...