12 juin 2016

We are Ocean


Dès le départ, c'était un beau projet : au Grand Rex, une journée d'interventions et de levée de fonds pour la préservation des océans - le poumon de la Terre, qui respire de plus en plus mal (saviez-vous que la moitié de notre oxygène - une respiration sur deux - est produite par des micro-organismes marins qui sont en train de disparaître à grande vitesse ? Que sur la totalité de l'eau disponible sur la Terre, il n'y a que 3% d'eau douce, dont seul 1% est accessible ?) Parrainée par Terre du Ciel et par Sea Shepherd, deux associations qui me tiennent à coeur, une journée de débats, de communications scientifiques, de moments de méditation guidés par des maîtres spirituels du monde entier, de musique aussi avec des artistes divers venus soutenir le mouvement. 

J'ai assisté aux communications du matin, pour le reste de la journée j’avais choisi de m'impliquer comme volontaire. L'après-midi, j'ai distribué des bracelets, vendu des cookies, mais je me suis quand même échappée pour voir le choeur de 100 choristes - premier grand frisson d'émotion - quoique les images de notre fragile planète vue du ciel m'aient beaucoup touchée aussi. Et le soir, j'ai eu le privilège de gérer l’organisation du planning des intervenants : faire face aux imprévus, retards et changements, aller chercher les artistes et les guider dans le dédale des sous-sols pour qu'ils soient en scène au moment voulu, ce qui m'a permis d'échanger quelques mots avec la plupart d'entre eux - responsabilité qui m'a valu quelques petits moments magiques.

Bavarder avec le leader d'I Muvrini, incroyablement accessible et simple, dans la même vibration que leurs si belles polyphonies corses.

Me retrouver comme une groupie intimidée devant Paul Watson, pour qui j'avais pourtant fait le premier gâteau végétalien de ma vie !

Vérifier l’organisation du planning avec Alain Michel, président de Terre du Ciel et fondateur d'Hommes de parole, comme si j'avais toujours fait partie de leur équipe.

Fredonner à une délicieuse et spontanée chanteuse d'opéra (qui venait d'interpréter en solo Casta Diva...) l'air de Blowin' in the wind en coulisses, You Tube à l'appui, afin qu'elle puisse aller faire le rappel prévu avec I Muvrini, papoter ensuite avec elle et d'autres interprètes classiques de haut niveau.

Croiser dans un escalier minuscule une cohorte de chanteurs soufis tout de blanc vêtus, être littéralement baignée par leur chant - une coulée de lumière spirituelle au milieu des couloirs écaillés. 

Reste à prier pour l'Océan... Voir les images de la manifestation ? Faire un don ? C'est ICI

04 juin 2016

Le Petit Prince a dit...

En écho à une récente discussion avec ma nouvelle thérapeute : parce que les anniversaires, les naissances, les mariages, les enterrements, on y va, la question ne se pose même pas. Même s'il y a des grèves et des inondations :-) ! Pas pour des raisons de conventions sociales, mais parce qu'il faut des rites, parce que ce sont des moments pour affirmer quelque chose du lien, même s'il peut être ténu hors de ces occasions, pour tisser une histoire commune. Parce que nous avons la chance d'être vivants, et que cette vie est fragile (je lisais l'autre jour : Ne nous plaignons pas de vieillir, c'est une chance qui n'est pas donnée à tout le monde). Je suis très heureuse de ce week-end. Nous avons bien fait !

15 mai 2016

J'veux du soleil


Et Bretagne côté face !
Conclusion : la face Nord de la Bretagne, c'est très joli aussi, surtout sous le soleil. Et la LuLu citadine, c'est très bien, mais après des mois urbains et gris, après cette triple dose d'air frais (Cairanne / Batz / Tréguier), j'ai la sensation de me retrouver enfin, vivante et debout. Note à moi-même : m'accorder ce temps. Régulièrement. Pas comme un luxe mais comme une nécessité pour ne pas perdre pied : un lieu et un temps sans avoir à penser, ni à prendre en charge qui que ce soit, enfants ou patients, en connexion la plus étroite possible avec la nature. C'est noté.

07 mai 2016

Y a d'la joie !



Bretagne côté pile...

03 mai 2016

Les liens qui libèrent

Plus je vieillis et plus je trouve qu'on ne peut vivre qu'avec des êtres qui vous libèrent, et qui vous aiment d'une affection aussi légère à porter que forte à éprouver (...). C'est ainsi que je suis votre ami. J'aime votre bonheur, votre liberté, votre aventure en un mot, et je voudrais être pour vous le compagnon dont on est sûr, toujours.

Lettre d'Albert Camus à René Char

29 avril 2016

Trousse à outils

J'ai commencé par relire Guérir sans psychanalyse ni médicaments, de David Servan-Schreiber. Puis à pratiquer la cohérence cardiaque (en journée grâce à une application, au coucher avec un petit outil malin, le Dodow). Puis je me suis inscrite pour la formation EMDR, et me suis intéressée à ce que le cabinet de formation proposait d'autre. J'ai acheté, sans grande conviction au départ, le Power Patate de Florence Servan-Schreiber, et me suis retrouvée à la fois en terrain familier, et avec de nouvelles pistes constructives. Du coup, j'ai commencé 3 kifs par jour. Intéressant. Et surtout, je me suis inscrite à un séminaire en ligne, Savoir ce que l'on veut vraiment. Par curiosité professionnelle et personnelle, et parce que c'est un sujet inépuisable ! Bilan d’expérience : positif. Comme les bouquins, c'est une synthèse intelligente, ludique, dynamisante, et pour peu qu'on joue vraiment le jeu (ce qui suppose d'y consacrer un vrai temps), pertinente. Mon kif du jour :-)!

28 avril 2016

I DO believe I can fly

Yes I am. Pour le meilleur et pour le pire, je suppose ! Ça s'est confirmé ces dernières années. Parce que, si elles ont pas été faciles, l'autonomie, la liberté, la volonté de me donner les moyens de ce dont j'ai vraiment envie, de m'entourer de gens inspirants, la créativité pour une vie plus colorée, plus riche, plus dans l'expérimentation, plus en cohérence avec mes valeurs (donner sans attendre, essayer plutôt que de ne pas essayer, concentrer mon énergie dans ce qui a du sens pour moi etc.) bref, plus VIVANTE - ben ça a été une expérience formidable. Et sans retour.

Je peux concevoir que ce soit parfois fatigant pour mon entourage - et il arrive souvent que ce le soit pour moi-même. Il faut, c'est vrai, que j'apprenne un peu à sérier, à choisir. Mais ce qui en épuiserait d'autres me nourrit au contraire : l'éveil à du nouveau, à l'imprévu, au poétique - ouvrir de nouveaux champs de connaissances ET danser au soleil (dance like nobody's watching) - ça me porte, ça m'illumine, ça me protège aussi, un contrepoids indispensable aux douleurs qui se déposent via mon métier, aux responsabilités d'une maman solo et travailleur indépendant.

Ces derniers temps je me régale à observer la convergence de mes centres d'intérêts : EMDR, cohérence cardiaque, TED Talks inspirants, psychologie positive (travailler sur les forces plutôt que sur les failles - ou sur les forces des failles), méditation, outils ludiques de développement personnel - autant de trouvailles - lectures, expérimentations - qui nourrissent ma vie et  ma pratique professionnelle dans le même élan, m'aident à travailler un indispensable alignement. Bien sûr jamais acquis et qui ne dispense pas des coups de blues et des moments de doute - mais c'est un horizon. C'est beau, non, les horizons ?

Avec mes patients - ce qui est un net changement de posture (m'autoriser à indiquer une lecture, une vidéo, une pratique), avec mes proches aussi - j'ai envie de partager mes bouquins, de faire goûter. T'en veux :-)?

25 avril 2016

Uber Thérapie

Retour de soirée en VTC, le chauffeur me demande quel est mon métier. Commence par me dire qu'il n'aime pas les psys, et puis se confie peu à peu - celle qu'il a vue sur injonction de la Préfecture lui a facturé deux séances de 30 minutes à 120 euros... 23 ans, p'tit gars des cités qui essaie de se construire une vie mais flirte encore avec la délinquance, parce que vivre seul avec son salaire Uber n'est pas suffisant... Étonnamment il se raconte (après avoir... demandé la permission ?! ce que j'accepte volontiers, en lui indiquant que son GPS nous accorde onze minutes :-)) en commençant par sa réticence à se livrer, l'absence de paroles à la maison, le père absent, la mère qui l'a rejeté et fichu dehors à de nombreuses reprises à la demande du beau-père, les petits frères élevés eux par leurs deux parents, son instabilité, sa conscience de rester sur une pente plus que dangereuse s'il continue à fréquenter ses anciens amis. Il a quitté sa copine, qui l'agaçait par son côté enfant gâtée quand lui galère depuis toujours. J'encourage, souligne les ressources, et termine par la question magique "Que feriez-vous si vous étiez certain de ne pas échouer ?". Et je suis touchée par sa réponse immédiate : "je retournerais à l'école". Et d'expliquer qu'il est déjà inscrit dans une formation d'ambulancier, pour septembre prochain. Je ne peux pas m'empêcher d’espérer que cette séance impromptue aura apporté, peut-être, une petite brique dans cette tentative de construction...

Le lendemain, j'ai fait hospitaliser un homme épuisé qui projetait de se jeter dans la Seine le soir même pour échapper enfin à ses persécuteurs invisibles #weirdjobnevertheless

20 avril 2016

11 avril 2016

Pépites

Et pourtant nous poursuivons, nous encourageons toutes sortes d'espoirs fous. Pour la rédemption de ce qui se perd, un éclat de révélation personnelle (...)

Insensiblement je m'enfonce dans un  malaise léger mais persistant. Non pas une dépression, mais une fascination pour la mélancolie, que je retourne dans ma main comme s'il s'agissait d'une petite planète, striée de bandes d'ombre, d'un bleu impossible (...)

- Peut-être devrais-tu entrer et allumer un cierge à Saint Sava. Il apaise la mer pour les navires.
- Ouais, peut-être. Je me sens en équilibre instable, j'ignore ce qui ne va pas.
- Tu as perdu la joie, a-t-il dit sans hésitation. Sans joie, nous sommes morts.
- Comment puis-je la retrouver ?
- Trouve ceux qui l'ont et baigne-toi dans leur perfection.

(...) Je sentais que mon blues commençait à fondre sur les bords.(...)

(...) je déteste être confinée, surtout lorsque c'est pour mon bien (...)

Je crois dans le mouvement. J'ai foi dans le monde, ce ballon au coeur léger. Je crois en minuit et en midi. Mais en quoi d'autre encore ai-je foi ? Parfois en tout. Parfois en rien. Cela fluctue comme la lumière qui miroite à la surface d'un étang.

Patti Smith, Train M

10 avril 2016

Récréation

Ce jour je me suis reconnectée à quelque chose qui m'est absolument essentiel : pouvoir être seule. Prendre un train, y lire des heures, bercée par la musique d'un texte, somnoler, me laisser rêver. Voir la mer. Planer tout là-haut avec le cerf-volant. Manger de façon erratique. Savourer un verre de Sancerre blanc au soleil. Marcher dans une ville presque inconnue. Etre portée par l'instant. Et puis par l'instant suivant. Respirer.

Souvent vous connaissez cette envie de sortir du jeu, pour aller voir la lumière blanche dans le ciel large. Ce désir d'aller contre vos intérêts immédiats de travail ou d'amour, au nom d'un intérêt plus grand peut-être, ou bien au nom de rien. Allez savoir. Vous vous faites confiance à ce sujet. Vous avez appris avec le temps à vous donner du temps. Vous avez appris à rompre pour continuer, pour continuer à votre façon, à votre manière inventée et personnelle.

Christian Bobin, La part manquante

Je ne sais pas, si je me fais plus confiance à ce sujet que lorsque j'ai rencontré ce texte, à dix-sept ans. Il est même probable que ça m'inquiète davantage aujourd'hui, tant je perçois ce que ce désir de liberté, de ruptures dans le quotidien, a quelque chose de sauvage, de non négociable, de vital chez moi. Non pas rompre pour tout foutre en l'air, recommencer de zéro ; mais au contraire rompre pour pouvoir continuer, rendre le quotidien habitable, désirable, parce que non synonyme d'étouffement paisible, de mort lente et douce. Peut-être je ne peux vivre que la fenêtre ouverte sur l'imprévu, la possibilité du mouvement, le droit à l'échappée - à la re-création.

03 avril 2016

Marguerite

"Les premiers pas main dans la main
Les mots tout bas dans les chemins
Creux de tes reins

Puis la vie qui donne la vie
Par le ventre arrondi
Ton coeur et mon coeur éblouis

Par Marguerite, par la Margot, la reine, la fleur, la pépite..."

Marguerite, c'était notre bébé-témoin, le tout premier des bébés de notre groupe de copains, celui qui nous a donné envie d'en faire tout plein ! Maintenant, c'est une belle jeune fille au caractère bien trempé et au rire éclatant, dont nous avons fêté les 18 ans ce dimanche, avec sa famille et les amis de toujours. Dimanche c'était aussi un moment d'émotion pour tout ceux qui ont accompagné de près ou de loin cette petite fille trop tôt orpheline de père, une affirmation renouvelée de l'importance de tout cet irremplaçable réseau familial et amical, et du choix résolu de la vie et du bonheur de sa maman. Bref, c'était chouette, euh... z'auriez pas un mouchoir :-)?

02 avril 2016

Familles

(voir post ci-dessous ; et ci-dessus !)

Du coup, je n'ai de cesse que d'en créer : famille-famille, famille de coeur, familles d'emprunt - adopter et me/nous faire adopter étant une des mes grandes joies depuis toujours. Cette semaine, c'était famille transatlantique et multicolore, la suite de notre Jobson love story, avec la venue d’Isaiah à Paris. Musée Branly, Musée Rodin, journée au lycée avec Léo, stand-up comedy en v.o dans une péniche sur la Seine, cinéma, déjeuner de Pâques à la française, 18 ans de Marguerite, les dix jours sont très vite passés. Comme YoYo, je fonctionne par absorption et non par exclusion, table ouverte et maison d’hôtes – « mieux vaut plus que moins » :-). LuLu ou les liens qui demeurent, s'additionnent, s'inter-tissent - des fois c'est un peu emmêlé mais ce qui est sûr c'est que c'est vivant !

01 avril 2016

FFF

LuLu Buse. Ou Fleur Bleue. Ou Panda. Parce qu’hier, en regardant Kung Fu Panda 3 (!), les larmes me sont montées aux yeux quand les pandas s’unissent pour sauver Pô et nomment chacun à leur tour ce qu’ils sont pour lui : un ami, un père… une famille. Et plouf.

Ce jour en tirant les ficelles technologiques (vive Messenger) pour organiser quelque chose pour les 70 ans de mon père, j’ai eu une autre petite bouffée d’émotion – parce que voilà, c’est fait.  Aussi parce que Cyril, Clara et Gene ont embrayé aussitôt – et qu’actuellement tout ce qui ressemble à un relais, une co-construction me touche aussitôt.

Ohana signifie « famille ». Famille signifie que personne ne doit être abandonné, ni oublié (Lilo et Stitch). Voilà, à 43 ans, mon idéal de la famille, c’est celui de Disney. Ou de Dreamworks.

Je souris en me disant que je suis définitivement, une LuLu FFF : Fighting For Family. Voire Fuckin' Fightin' for Family. Que c'est ma plus grande fragilité, mais aussi ma plus grande force. Faire du lien. 

31 mars 2016

Ecole buissonière

Jeudi matin, pluie glacée, pas de parapluie (perdu par les enfants) métro ralenti par les grèves. Arrivée au Centre, emploi du temps en gruyère, temps perdu à prévoir, première patiente en retard. A 13h, je me rends compte que la patiente de début d'après-midi a annulé, et décide de rentrer déjeuner à la maison. Pluie glacée, métro ralenti, etc. Il restait trois patients, en toute fin d'après-midi : repartir  (sous la pluie glacée, etc.) et finir tard, une heure de transport pour une heure trente de boulot mal payé ? J'ai appelé pour annuler. Avec une excuse bidon (encore meilleur).

Et passé l'après-midi sous la couette, avec le chat, à regarder des Ted Talks, lire le ELLE et le Télérama en buvant du thé. Et mis un point d'honneur à ne surtout RIEN faire d'utile, ni d'urgent. Ça m'a fait un bien fou. On a fini la journée avec des crêpes et Kung Fu Panda. 

30 mars 2016

Sometimes...

21 mars 2016

Hamster

Lundi matin, 10h : déjà besoin d'un café et d'un Doliprane. Pas bon, ça... Lundi, 18h : le dernier patient me donne envie de pleurer. Pas parce que ce qu'il raconte est triste, mais d'épuisement et d'exaspération, aussi parce que la migraine monte. Et que ces semaines qui sollicitent quasiment exclusivement de la disponibilité psychique, émotionnelle, intellectuelle, c'est trop - et que ça ne favorise ni un endormissement serein, ni un sommeil réparateur. Cercle vicieux. Que le week-end dernier, j'étais trop fatiguée pour utiliser ce qui habituellement me ressource - j'ai annulé le théâtre prévu avec Zaza, renoncé à une sortie musée.

Bien sûr, il y a la gentillesse de Ronan, qui amortit, arrondit, adoucit la rudesse de la réalité ; les retours des patients et des collaborateurs - mots gentils, moments de gratitude, il y en a eu plusieurs, cette semaine (voir ci-dessous) ; les petits moments chouettes, un câlin pour Alix, un massage aux huiles, un dîner avec Victor, l'arrivée d'Isaiah, mais quand même - batteries à plat. Je me sens comme un hamster dans la roue, commence à oublier des choses, à faire des erreurs, à laisser filer des délais ; je me réveille trop tôt et m'endors trop tard ; j'ai l'impression de repartir au combat quand je me lève ; je suis tentée de planter des journées de travail, dois négocier avec moi-même pour ne pas fuir ; je me perds dans des to-do lists jamais épuisées, elles !  - bref, j'ai besoin de débrancher.

Boîte à graous :

"Je vous souhaite une belle journée et vous remercie de votre implication dans notre travail qui me permet d'avancer, de grandir et d’être."
"Je suis très reconnaissante de votre soutien et aide."
" Bises et Merci pour ce beau travail !"

"Grand merci pour votre présentation hier - à la fois très utile et important."
"Chère Lucile, je n’ai malheureusement pas pu assister à la réunion d’hier mais je viens de lire avec attention votre document et je vous en remercie très vivement car je le trouve extrêmement clair, précis et très opérationnel. Je le conserve donc précieusement !"

09 mars 2016

EMDR

...comme Etonnante Méthode De Reconstruction, ou Etrange Mode De Rétablissement. Sur le papier, Eye Movement Desensitization Retreatment. Eye Movement, comme dans les phases REM du sommeil. Une forme de psychothérapie d'abord développée en post-traumatique, et dont les applications possibles semblent s'étendre rapidement. 

Qu'est-ce que c'est ? Une méthode fondée sur l'idée que nos symptômes, incapacités et souffrances sont reliées à des souvenirs non correctement traités, de l'information non intégrée. Qu'il est possible d'accéder rapidement à cette information, ou plutôt à ces groupes d'informations, pour les assimiler enfin (le "Retreatment") et leur donner le statut de simples souvenirs, débarrassés de leur charge émotionnelle invalidante, des croyances négatives et des symptômes physiologiques qui les accompagnent. Définitivement. 

J'étais dubitative. Et puis j'en ai parlé à des collègues formés. Puis à des gens l’ayant expérimenté en tant que patients. Et puis je me suis mise à lire, de la vulgarisation et aussi des articles scientifiques. Et pour terminer les forums, qui sont habituellement des défouloirs pour mécontents, et qui là étaient étonnamment élogieux. Et j'ai commencé à me dire qu'il fallait que je me fasse une idée par moi-même, parce que si les promesses étaient tenues, ce serait absurde de ne pas proposer cette opportunité à mes patients. 

Première session de formation : fait ! Première expérimentation en tant que patiente dans ce cadre de formation : ça fonctionne, les souvenirs remontent, effectivement avec de l'émotion associée. Et calme plat sur la situation de départ, contemporaine. Idem en tant que thérapeute : message quelques jours plus tard du collègue "cobaye" (pour une histoire un peu phobique), problème résolu. A suivre : l’expérimentation avec certains de mes "vrais" patients. Éventuellement avec des amis d'amis. Sur des choses simples. J'ai hâte ! 

08 mars 2016

#petitbonheurdujour

Un nouveau # sur mes albums photos - je me rends compte que je prends souvent en photo les fleurs dans la ville - magnolias, premières jonquilles, rose trémière incongrue. Mais aussi que, parce que cette année je peux me permettre un tout petit peu de superflu, j'ai un vrai plaisir à fleurir ma maison : mimosa, renoncules, branches de prunus, tulipes... ça ne coûte pas si cher au marché, ou même dans le métro, et c'est un bonheur toujours renouvelé.

24 février 2016

De l'air

Ça fait bien trop longtemps que je n'ai pas quitté Paris. Bien trop longtemps que je n'ai pas eu de "vraies" vacances, l'occasion de rompre avec le quotidien, avec la ville, d'aller respirer ailleurs. Je sais qu'il faudra que je le fasse, sous peine de voir lentement se vider mes batteries à travers ce métier passionnant mais épuisant, et maintenant celui de maman à plein temps, le nouvel enjeu du moment. 

Bon, ça n'était pas encore pour ces vacances là, mais c'était chouette quand même - emmener les enfants au théâtre, pour rire avec Karim Duval (franco-chinois-algérien) ou rêver avec Galilée au Lucernaire - et tant pis pour l'Eglise, qui a eu tant de mal à reconnaître que nous n'étions pas au centre de l'univers. Et pour leur faire découvrir les expos déjantées du Palais de Tokyo - comme on pouvait s'y attendre, Léo était perplexe que l'on puisse être reconnu et rémunéré pour ce type de création, et Elsa a adoré, et moi aussi - j'avoue m'ennuyer souvent dans les "grands" musées aux œuvres classiques, jamais dans ce Pays des Merveilles qui laisse mon imagination flotter, suggère plus qu'il n'impose, et met en prise avec l'incroyable capacité des humains à transformer leurs mondes imaginaires...

J'ai bien aimé aussi le passage à Meaux et un long temps d'échange impromptu avec ma Mémé - "Mais moi aussi, je t'ai connue toute petite !", ai-je rigolé. Et pouvoir revenir à Montlevon sans coup au cœur, juste dans le plaisir du feu de cheminée, du pot-au-feu maison et des premiers perce-neige - être là, simplement.

20 février 2016

Ollie Day

(Je sais, elle est mauvaise... :-)) Pack famille avec extension : les enfants de nos amis sont... nos enfants - filleul, ça compte encore plus ? Ça compte en tout cas :-) ! Surtout quand ça fait un joli prétexte pour une journée privilégiée, avec dèj au Jardin des Pâtes et expo à celui des Plantes - les grands singes donc - et le chouette spectacle des 7 doigts de la main, Traces, à Bobino - du cirque contemporain, poétique et technique à la fois. C'était touchant aussi d'établir ensemble une wishlist pour les prochaines fois ! 

15 février 2016

Petits moments magiques

Dans le désordre,  ces derniers jours :

Je le savais déjà, mais mon ami Ted me l'a confirmé : le secret du bonheur, c'est la qualité de nos relations. Alors ce mardi, j'ai été ravie de retrouver Céline et Laurence, dans un petit restaurant charmant, pour papoter comme si on s'était vues la veille alors que... ça devait faire deux ans ? Les enfants,  les parents,  les amours,  beaucoup de rires et d'énergie malgré les difficultés : des liens qui font du bien, en effet :-)!

Françoise, c'est une belle rencontre de 2003, quand je cheminais pour que la naissance d'Elsa soit plus douce que celle de Léo.  Son association, engagée dans ces questions de naissance non medicalisée et de parentalité alternative, m'a beacoup appris. J'y ai même été stagiaire ! Animer des groupes de jeunes mamans avec elle, c'est un cadeau.  Mais ce qui m'a autant émue que surprise,  c'est que le soir du premier groupe,  elle m'aie confié mon propre jeu de clés des locaux de l'association.  Je n'en n'ai pas vraiment besoin ; mais ça m'est allé droit au coeur. 

J'ai parfois du mal à communiquer avec les psychiatres de mon réseau - sans doute parce que les approches, mais aussi les conditions de travail, sont différentes, ce qui amène parfois des certitudes défensives et une attitude comptable et méprisante que je supporte difficilement, vis-à-vis du patient (et parfois aussi du psychologue ;-)). Et plus encore chez les jeunes professionnels. Aussi ce matin-là ce fut un vrai bonheur que de rencontrer cette médecin-chef d'un secteur pourtant énorme, riche d'une longue expérience, et d'avoir avec elle un échange sur la nécessité, dans nos métiers, d'apprendre à douter.

Au théâtre, une pièce renversante, Les chatouilles. Texte très fort, spectacle total - dans le jeu, la danse, la pantomime - bouleversant et drôle à la fois, une résiliente portée par l'humour et la rage, une intelligence et une sensibilité qui éclatent à chaque instant. Zéro temps mort, je suis restée scotchée à mon siège du début à la fin, au bord des larmes lorsque la salle s'est levée pour une standing ovation méritée comme jamais. Impossible de rester à distance, et pour avoir côtoyé, accompagné des victimes d'abus sexuels dans l'enfance, l'envie de lui dire merci et de saluer son courage.

Jeudi matin, la première heure de travail est éprouvante, récit de fin de vie bouleversant, je manque un peu d'air. Premier rayon de soleil, le patient me quitte en disant vous travaillez encore ensuite ? Et je suis touchée que dans sa solitude, il s'interroge sur la façon dont moi je vais poursuivre ma journée. Et peu après, j'ai Yves au téléphone, qui me propose de m'embarquer avec eux pour Cats, que j'avais très envie de voir. Et hop ! Jauge d'énergie à nouveau à plein.


Un micro-miracle comme il n'en n'arrive que quand cette fluidité, cette simplicité sont dans l'air : un homme s'est assis à côté de nous, un vieil hindou tout de blanc vêtu, pardessus et parapluie noirs, une classe folle, barbe et cheveux gris... il nous a souri, j'ai eu envie de le photographier mais n'ai pas osé. Nous avons échangé des regards tous les quatre, puis il s'est plongé dans un carnet rempli d'équations qui ajoutaient encore à son mystère. Au moment de quitter la rame, il s'est approché avec son petit carnet dans lequel il avait écrit, dans un français impeccable, j'ai été heureux de partager ce voyage avec vous. Et puis, il a disparu - un ange est passé...

Sortir de supervision et tomber sur les lions en folie du Nouvel An Chinois, sur la dalle des Olympiades.

Avec la ZaZa,  nous laisser toucher par la délicatesse des Délices de Tokyo, une bulle poétique et gourmande  autour de trois solitudes qui s'apprivoisent,  trois marginaux qui ré-apprennent à tisser des liens.

Etre la première à souhaiter son anniversaire à Halo, là-bas, de l'autre côté de l'Atlantique : 08h01 à Paris, 00h01 à Denver, Colorado.

Un brunch  - Taboo - théâtre sur une péniche sur la Seine avec la tribu Tagnard : Un New-Yorkais à Paris : que du bonheur. Tous presque Parisiens,  tous presque de retour de New York, nous avons beaucoup ri ! Et un nouveau joujou Tup pour faire des gâteaux presque aussi beaux que ceux de Sissou.

Il y a des années et des années de cahiers, de carnets et puis plus tard, de blog. Et puis, ce soir il y a une petite fille d'aujourd'hui qui ouvre le tout premier des cahiers d'hier. Celui de quand j'avais son âge. Et qui lit Les Yeux d'Elsa, recopié de ma main, quand j'avais 12 ans.

Prévoir un net surcroît de fatigue dans les mois à venir, agiter le bout du nez façon sorcière bien-aimée et constater que les anges gardiens existent - un lit confortable, une immense couette et des draps tout doux, ça rend les insomnies plus belles et le sommeil, quand il est possible, plus profond... Bonne nuit !

12 février 2016

Hope

As you begin to walk out on the way,  the way appears.
Rûmi

04 février 2016

Bébés

Ce n'est pas la première fois mais... je suis toujours émue quand une patiente m'offre un faire-part sur le mode "cette naissance, c'est aussi un peu grâce au chemin fait ensemble..."

31 janvier 2016

La vie quoi, le bordel

Le titre est emprunté à Higelin. En janvier j'ai :

Passé une après-midi délicieuse avec Charles au cours de laquelle nous avons discuté éducation et obéissance, navigation, thérapies de groupe et anthropologie !
Préparé des cookies pour quatre petits garçons que je ne connaissais pas encore.
Retrouvé et hébergé Laurent, de retour du Laos, et toujours curieux et enthousiaste.
Revu Josiane Pinson en psy plus vraie que nature dans Psy(cause) 2. Drôle ou tendre, émouvant ou féroce, elle passe par tous les registres et touche à l'universel. Hautement recommandé aux psys, aux femmes, et à tous les autres.
Mis à jour ma bucket list et préparé un montage photo pour illustrer les rêves déjà devenus réalité. Pour mesurer le chemin parcouru.
Animé un groupe de parole pour les jeunes accouchées (et commencé à réfléchir à un autre projet de groupe).
Signé une pétition pour une primaire à gauche.
Fait des bonds avec Halsman au Jeu de Paume et réfléchi à la séduction narcissique avec Lindon dans Les chevaliers blancs. 
Commandé de nouvelles lunettes, parce que la presbytie gagne.
Envoyé mon inscription pour la formation EMDR. Plus impatiente qu'un gamin avant le passage du Père Noël !
Reçu un certain nombre de patients, dont deux qui me bouleversent, un père endeuillé et une étudiante fracassée, pour laquelle je redoute un destin à la Amy Winehouse.
Signé le bail de mon cabinet. Fait enfin valider mon titre de psychologue, bientôt aussi celui de psychothérapeute, par les circuits officiels. Ce qui ne change rien à mon exercice quotidien mais a de l'importance à mes yeux.
Commencé à poser des jalons pour le prochain échange de maisons, mais chut, c'est une surprise !
Revu Itinéraire d'un enfant gâté, qui continue de m'émouvoir.

15 janvier 2016

Bucket List, le retour

Et si vous deviez mourir demain - que souhaiteriez-vous faire avant ? Celle-ci je n'y ai pas répondu : c'est trop court :-)!

Que feriez-vous si vous aviez des possibilités illimitées en termes de temps, d’argent ou de ressources ?
Un tour du monde – avec une partie en bateau. Des formations et des supervisions dans le champ de la thérapie. Créer et soutenir un projet humanitaire dans le champ du soin, de l’éducation et du développement personnel. Avoir une maison à moi...

Qu’est-ce que vous avez toujours eu envie de faire mais n’avez encore jamais fait ? Partir seule avec juste un sac à dos à l’étranger. Entre une semaine et trois mois ! Camper dans le désert. Participer à une mission humanitaire ou écologique à l’étranger.

Y a-t-il des pays ou des lieux que vous voulez vraiment visiter ? Emmener les enfants au Maroc. Lisbonne. Le Québec. Bali. Voir les chutes du lac Victoria. Et celles du Niagara. Retourner à New York, en hiver cette fois. Visiter le Colorado et revoir Halo, Maggie et Amy. Aller à Sedona, Arizona et faire un stage de yoga avec Sitara.

Quels sont vos plus grands rêves / principaux objectifs ? Voir mes enfants heureux. Naviguer le plus possible. Voyager le plus possible aussi. Devenir une thérapeute que je sois fière d’être. Avoir un chez-moi à moi (à nous ?! :-)), même petit, le rendre accueillant et beau. Avec un jardin ? Un lieu où être, un lieu-ressource, pour moi et pour les autres. Avoir le nécessaire et un peu de superflu quand je ne serai plus en capacité de travailler.

Que voulez-vous avoir vu de vos propres yeux ? Une aurore boréale. Un ballet à l’opéra Garnier.

Dans quels domaines souhaitez-vous réussir ? Pourquoi choisir :-)?

Quelles expériences voulez-vous avoir faites ? Quels sensations/sentiments voulez-vous avoir ressenti ? Prendre un avion de dernière minute pour une destination improvisée (avec Nadia ?). Fumer du cannabis légal (Amsterdam ou Colorado). Plus largement, essayer certains psychotropes si c’est en toute sécurité. Sauter en parachute une seconde fois. Chanter à nouveau dans une chorale. Nager à nouveau en eaux vives - rivières, cascades, mer.

Y a-t-il des moments particuliers dont vous voudriez être le témoin ? Voir grandir mes petits-enfants. Un lâcher de lanternes volantes en Asie. Une cérémonie au bord du Gange. 

Quelles activités ou compétences voudriez-vous découvrir/acquérir ? Naviguer de plus en plus en autonomie. Progresser en cuisine. Apprendre la guitare, la photo, le bricolage, le nom de quelques étoiles et de quelques fleurs. Apprendre la salsa. Me former à l’EMDR. Aller dans un club de tir et essayer, au moins une fois.

Quelles sont les choses les plus importantes que vous pourrez jamais accomplir ? Accompagner mes enfants au mieux vers les moyens de créer leur propre bonheur. Idem pour mes patients !

Qu’est-ce que vous aimeriez dire à d’autres personnes ou faire avec elles ? Les gens que vous aimez, votre famille, vos amis… Ne pas oublier de dire je t’aime à ceux que j’aime… autant que possible agir en conséquence, aussi. Le dire, le montrer, l’écrire, le chanter… avec la conscience, toujours, de la fragilité de la vie.

Voyager avec les enfants le plus possible (et leur donner l’envie de le faire par eux-mêmes ensuite). La Corse en bateau avec Yves – ou avec Charles, en embarquant Emilie ! Un road trip aux Etats-Unis avec Halo. Visiter Lyon avec Laurent. Revoir Gwen à Concarneau. Et Jill au Canada ! Et Julien en Colombie ? Et Ghislaine au Mexique ?

Y a-t-il des gens que vous souhaitez rencontrer personnellement ? Oui, des amis que je ne connais pas encore… des rencontres à la CouchSurfing : des humains à la fois ordinaires et courageux, inspirants, atypiques, stimulants… et chaleureux ! Des gens qui n’aient pas peur de rêver grand, et davantage (If your dreams don’t scare you, they’re not big enough).

Que voulez-vous accomplir dans ces différents secteurs : social (donner mon sang plus régulièrement, continuer à développer les idées collaboratives : CouchSurfing, HomeExchange… les accès gratuits à la culture : Ted Talks, MOOC, bibliothèques… consommation intelligente : Ruche qui dit oui, recyclage – voir comment intégrer les Colibris sur un axe ou sur un autre d’une vie locale, participative, éco-logique),

amour (trouver la paix, bâtir une belle relation dans le temps, faite de confiance et de sécurité mutuelles, retrouver cette sensation de famille qui est essentielle, fondamentale pour moi ; mais il m’arrive encore de rêver d’un modèle ouvert, libre, faits de rencontres – DONC : trouver la paix en choisissant un chemin. Probablement en cours :-))). Trouver des moyens créatifs de faire danser le Nous et le Je), 

famille (continuer de prendre autant que possible soin des liens, organiser des temps de famille restreinte ou élargie, prendre des nouvelles plus régulièrement de tous - pour la famille de cœur tout autant), 

carrière (pérenniser la Cité dans un cadre plus sécure, avec des responsabilités croissantes et une rémunération en conséquence ; développer le libéral, et le champ de la périnatalité avec Françoise – commencer à développer des groupes ?) , 

finances (changer de banque pour une banque d’économie solidaire ? faire des cadeaux solidaires - plantations, parrainages, mécénat ; penser à des solutions pour la retraite ? habitat partagé ?), 

santé (manger mieux, plus équilibré, plus respectueux pour l’environnement), 

spiritualité (plus de yoga et de méditation ; une retraite dans un lieu spirituel ; cultiver la gratitude ; dépolluer la pensée : moment présent, distance par rapport au discours social anxio-dépressif, engagement positif)?

De quoi avez-vous besoin pour donner à votre vie le plus de sens possible ? De… sens, justement. Principalement celui de contribuer, à mon petit niveau, à rendre les choses un tout petit peu meilleures, un tout petit peu plus justes, un tout petit peu plus douces. Pour ceux que j’aime, et pour les humains en général.

01 janvier 2016

Bonne résolution


31 décembre 2015

Lumière

En cette dernière soirée de l'année 
Se souvenir qu'il est toujours temps...
Temps d'aimer et temps de recevoir
Temps de changer et temps d'accepter 
Temps de recommencer et temps de partir
Temps de renaître et temps d'espérer 
Temps de promettre et temps d'agir 
Temps de vivre... tout simplement.

...oui mais lequel :-)?


27 décembre 2015

Contradictions


24 décembre 2015

Veiller

Comme on veille au grain, comme on veille un enfant, ou quelqu'un qui s'en va... une idée proche de ce que j'ai voulu pour cette Care Box, une tendresse attentive, un souci de l'autre, prendre soin des détails, du repas, du choix d'un cadeau pour chacun (ou de plusieurs !). Une bulle parfaite et fragile. Une illusion partagée, un chef-d'oeuvre commun, le temps d'une veillée - comme si tout était comme avant, et en mieux, quand rien n'est comme avant. Ce qui me ramène à une idée plus ancienne, celle que les histoires d'amour seraient avant tout la possibilité d'un récit commun... mais alors là, de quelle histoire s'agirait-il ? Et, de tous les scénarios possibles maintenant, lequel écrire ?

Quoi qu'il advienne... ou non, c'était joli : la messe de Noël et son signe de paix, pour une fois vivante, vibrante ; une pluie de cadeaux attentionnés ; un repas confectionné avec amour de l'apéritif au dessert ; des rires, de la bonne humeur, de la fluidité, et même, des chants et des danses, Léo ayant fait danser toutes ces dames, même son arrière-grand-mère !

Après les arbres il y a deux ans, cette fois, j'ai choisi de redistribuer une (petite) partie du budget cadeaux en dons solidaires : aussi chacun des invités a-t-il reçu une carte indiquant un don fait en son nom à une association caritative : un cartable avec ses fournitures scolaires, un ballon de foot, un oreiller et des couvertures, des arbres fruitiers, et même, pour Yoyo et Bizzou, cinq poules et un coq ! J'aime aussi beaucoup les cadeaux à vivre - un spectacle familial, deux en fait : un à partager avec ma mère et ma grand-mère, et un autre avec David et les enfants - ce qui devient comme une petite tradition, que j'aime beaucoup. Le lendemain, j'ai aussi invité les enfants à découvrir Out of Africa sur grand écran - ce n'était pas parmi les cadeaux, mais pour moi, c'en était un ! J'avais une ferme au pied des collines du Ngong...

Veiller...oui, nous veillons. Faisant de notre mieux. Tous !

22 décembre 2015

Un joyeux pré-Noël

...et puis il y a le remède (provisoire :-)?) au billet précédent, les liens qui traversent les âges, des ados devenus adultes devenus parents de bébés devenus enfants qui seront bientôt de jeunes adultes... et le temps d'une soirée il y a ce sentiment d'appartenance et de continuité, et de la joie partagée, une ronde de petits cadeaux, du champagne et des gourmandises de toutes sortes, des private jokes et de la complicité, de la fluidité dans les échanges et tellement de références communes, une forme d'humour semblable, des souvenirs sur plusieurs générations - les maisons, les chiens, les absents, les petits travers des uns et des autres, les sagas familiales, et maintenant les enfants qui conduisent, voyagent, cherchent leur voie professionnelle...

Et puis le lendemain, un autre petit Noël, tout aussi doux, improvisé et tendre, enveloppant comme une couette moelleuse et chaude ;-)!

20 décembre 2015

Back home

Bien sûr, c'est un film intéressant, à la construction originale - un kaléidoscope très humain de souvenirs, fantasmes, rêves, flashes-back, points de vue multiples et diffractés, en écho au métier de l'héroïne, photographe de guerre. Bien sûr, ce sont tous d'excellents acteurs, à commencer par l'adolescent dont le nom n'apparaît pourtant pas sur l'affiche aux côtés de ses aînés. Mais ce n'est pas cela qui m'a le plus touchée... peut-être plutôt cette démonstration du décalage irréductible des points de vue - l'ado qui inquiète le père a finalement des préoccupations de son âge et de la créativité à revendre, la mère, la femme des souvenirs de l'un n'est pas celle de la mémoire de l'autre - et de quel droit imposer une version plutôt que l'autre ? Et la solitude qui en découle, cette impression de n'appartenir nulle part, d'être toujours dans l'attente d'un ailleurs, ici ou là-bas... et la tendresse cependant, maladroite et profonde... il y a quelque chose qui me parle, là, qui ressemble fort à ma propre intranquillité.

15 décembre 2015

Ikigai

Je ne sais pas pourquoi.
Ou peut-être, pas encore.
Mais il me semble qu'il y a quelque chose d'important là. 

12 décembre 2015

En apesanteur

Le Cirque du Soleil, la compagnie XY : dans la démesure et la féerie de l'un, la sobriété de l'autre, on retrouve un même parti-pris, celui de l'humain dans toute sa créativité, sa force et sa fragilité. Quand je pense qu'un abruti de politique s'en est ouvertement pris aux formations qui préparent à ces métiers de faiseurs de rêve, autrement dit, à la beauté du geste, à la capacité d'émerveillement, à l'illustration soir après soir de la force du collectif et de la nécessité de la confiance en l'autre (pas de filets ni pour l'un ni pour l'autre ; mais une incroyable concentration, précision, et solidarité), je reste incrédule... Je préfère rester sur les mots qui terminent le spectacle de la compagnie XY : "A un élève d'école de cirque qui me demandait si c'était vrai que nous faisions trois colonnes à cinq, j'ai répondu que nous faisions quelque chose de beaucoup plus difficile : nous nous mettons d'accord."  Et de conclure : "Tout seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin."

05 décembre 2015

Mémé rocks !

C'était parfait : une jolie région, un gîte chaleureux, un restaurant-librairie-salon-de-thé, la famille réunie et pas de fausses notes, juste beaucoup d'amour. Pour la petite Mémé, il ne fallait pas un long discours ! Alors, nous avons choisi d'évoquer avec elle des souvenirs partagés, et des souvenirs, il y en a... à l’île de Ré, beaucoup, à Meaux et à Amboise, aussi. A travers les nombreux objets qu'elle a confectionnés pour tous, les décorations de tables de fêtes, les photos... et ce que nous ne pouvions pas matérialiser, nous l'avons dessiné, et fait deviner - pêche-surprise aux petits objets, dessins, abécédaire, autant de chouettes façons de faire participer ses six arrière-petits-enfants. Et de lui rendre un peu de la créativité dont elle a fait si longtemps preuve à notre intention - c'est notre tour maintenant (mention spéciale aux marque-place en biscuits-Scrabble de Delphine !).

90 bougies... mais elle ne veut pas de canne, ou alors, quand elle sera vieille. "Je veux être debout jusqu'au bout !", m'a-t-elle dit un peu plus tard. 

03 décembre 2015

Patientes

Bonjour
J'avais juste envie de vous dire merci.
Merci d'être présente et à l'écoute. Vous faites partie du cercle des personnes qui arrivent à me maintenir en vie et cela est inestimable.

Bonjour,
Une fois n'est pas coutume, je vous écris pour vous annoncer que je vais bien ! (...) Nous rentrons à Paris mardi prochain, et dès que j'aurai de nouveau la possibilité de téléphoner en France je prendrai rdv pour vous voir au centre (...).

Dans ce temps où je sens bien que je flirte avec le burn-out, je crois tout aussi inestimable de recevoir ce genre de messages. Qui me laissent émue bien sûr, mais aussi infiniment sérieuse - avec l'impression de tenir au creux de mes mains quelque chose de si fragile, si précieux... Pour l'une comme pour l'autre, le chemin parcouru ensemble se compte en années. Et cet "ensemble" n'a rien de facile. Mais j'ai la conviction d'y avoir moi aussi beaucoup appris, beaucoup reçu.

(Ce matin, j'ai testé un gadget Facebook qui permet de déterminer les mots que j'emploie le plus souvent sur ma page ; et un des premiers en occurrence était "Merci". Ça m'a enchantée.)

28 novembre 2015

Les cousins à Paris

Depuis le temps que Paul et Chloé voulaient voir la maison de Léo et Elsa... et la tour Eiffel, et la Joconde, et Notre-Dame, et aussi cette toute chouette expo aux Arts Décoratifs sur l'Ecole des Loisirs, où nous avons retrouvé les albums de plusieurs générations, Max et les Maximonstres, Les trois brigands, mais aussi les Ponti, et Léo, et Calinours, et les livres de Solotareff et de Jeanne Ashbé... une expo-madeleine, toute tendre et nostalgique, avec des dessins originaux et les albums mis à disposition, et des carnets de croquis sous chaque oeuvre pour les petits gribouilleurs et les artistes en herbe. 

23 novembre 2015

Plus de douceur

Cette année, il y aura eu un repas avec mon père chez Tempero, et un autre avec ma mère à l'Avant-Goût - mes deux tables préférées dans le quartier. Une pluie de petits messages du monde entier - c'est là que CouchSurfing a un effet magique : messages en anglais, en espagnol, et même en flamand traduit par Google (collector !), avec mention spéciale à celui de Mémé "Etre grand-mère pour la première fois, quelle joie, la vieille Mémé t'embrasse très tendrement" et à celui de Léo "Bon anniversaire à la meilleure maman du monde, à celle qui nous a élevés et qui est si courageuse et géniale !". Des fleurs incroyables (et un pull plume ;-)). Un massage salvateur. Des retrouvailles avec Françoise, la sage-femme qui m'a accompagnée pour Elsa, pour préparer un chouette projet. Un mot de gratitude d'une patiente. Des cousins à Paris, et ça aussi, c'était de la vie joyeuse, exubérante, et gourmande aussi.

21 novembre 2015

Une semaine après

Posté par David sur le blog de Co-Options. En individuel avec mes patients, en groupe avec les étudiants, dans les échanges avec les collègues, avec les amis, j'ai vécu les mêmes choses, entendu ou prononcé les mêmes phrases. Touchée par le respect des patients, la sobriété des étudiants, sensible cependant aux vagues d'angoisse, de chagrin, de peur, de colère qui ont déferlé sur tout un chacun, aux réminiscences de situations traumatiques et de deuils passés - et par conséquent sur nous, soignants, accompagnants, entretien après entretien, groupe après groupe. 

Peut-être c'est cela, qui m'a donné l'envie de partager ce texte - faire toucher du doigt ce que signifie être en situation de recevoir, de rassurer, d'accueillir - et ne mesurer qu'ensuite l'impact sur soi, démêler ce ce qui nous appartient en propre, en tant qu'humain tout aussi vulnérable que les autres, de ce qui a été déposé, déversé, vomi, confié, partagé, des heures et puis des jours durant...

Une semaine après les attentats du 13 novembre 2015

J’ai accompagné sept groupes cette semaine, et j’ai invité les participants à partager leur vécu sur ces événements.

L’authenticité, l’émotion, le choc, la peur, le ras-le-bol, la colère, tout y est passé. Sans jugement sur ce qui venait, j’ai d’abord été touché par l’implication de chacun dans sa parole. Tout le monde a été touché. Chacun pourra ici peut-être s’y retrouver.

Pas de commentaire, juste un partage des mots, dans le désordre comme ils sont venus.

Qu’est-ce que ça me fait ?
« J’avais besoin de m’informer, je suis resté sur BFM jusqu’à 3 heures, j’étais scotché ».
 « J’ai de la colère et envie de pleurer en même temps ».
 « J’ai appelé, j’avais besoin de savoir, de me rassurer sur mes proches, sur mes collègues ».
« Ca me rappelle le RER en 1995, le train gare de Lyon en 88 » ; « La Côte d’Ivoire », « moi le Liban », « la guerre en France » pour les plus anciens, et « le Togo en 91 où ça tirait à balles réelles ».
« J’imaginais que venir en France me permettrait de ne plus jamais revivre ça. Le bruit, les morts, les balles… ».
 « J’ai peur, on n’est pas en sécurité, je ne me vois pas ressortir dans Paris ».
« J’étais heureux de ne pas être à Paris ce week-end là, mais à la fois tous mes amis y étaient ».
« Sortir de chez moi pour travailler, ça m’a fait beaucoup de bien ».
« J’ai 30 ans, et ce que je représente a été attaqué. J’ai le sentiment d’être la proie ».
« Ça me fatigue, même quand on essaye de se couper, on ne peut pas ».
« Charlie pouvait cliver, ceux qui sont Charlie d’un côté et les autres ; là, ça pouvait être tout un chacun ».
« Je me sens fatigué, affaibli ».
« Ça me rassure d’avoir vu des gens dehors après les attentats, dans la rue, au stade en Angleterre, c’est possible ».
« Je suis sensible aux bruits, au bruit des sirènes ».
« CA va passer mais je me sens vigilante, je n’ai pas les mêmes filtres que d’habitude ».
« Je ne peux pas parler, ma sœur est inquiète, il faut la rassurer, et ma mère en rajoute ».
« Je vais arrêter de porter le voile, il y a trop de mauvais regards sur moi ».

 Heureusement …
« J’ai passé le week-end en famille, j’avais mes trois enfants avec moi ».
« J’ai reçu des appels de ma famille, des amis ».
« Je ne suis pas touché directement mais des amis à moi le sont. Je leur ai proposé de venir à la maison ».
 « J’ai mis une bougie, j’ai osé ressortir »
« Je devais y être » ; « ça pourrait être moi, c’est mon lieu de sortie, de vie… ». « C’est égoïste, mais j’ai de la chance ».

Qu’est-ce que j’en pense ?
« Va où tu veux, meurs où tu dois ».
« Il faut penser aux autres pays ; tous les jours des attentats, relativiser ».
« Qu’est-ce qu’on peut faire ? Il n’y a pas de solution, peut-être avancer différemment, et non ne plus vivre »
« Faire avec le fait de faire sans, sans le sentiment de sécurité ».
« On ne peut pas faire du mal comme ça, gratuitement ».
« D’habitude, la peur ne fait que peur ; mais là il y a un vrai risque ».
« Avant les familles tenaient les générations ; maintenant les parents n’ont prise sur rien du tout ».
« Je n’avais pas compris que ça allait si mal ».
« C’est arrivé au Petit Cambodge ; je vais être mon Petit Thérapeute ».
« Je n’ai pas aidé cette mère qui s’est effondrée, je ne l’ai pas bien écoutée, j’étais moi-même sous le choc ; mais je pourrai revenir la voir et lui parler un autre jour ».

Que faire de mieux ?
Mettre un avertissement « interdit -12 ans » sur l’écran de la télé, ne serait-ce que pour indiquer aux parents de protéger les enfants des images répétées, non-filtrées.
Etre attentif aux plus fragilisés, car les défenses psychiques sont sensibilisées. Mettre un peu de douceur dans les relations à la maison comme dans la rue, dans le métro.
Revenir à son sourire, aux petits mots gentils avec son voisin, sa voisine. Remettre du lien social, gratuit.
Ne pas me culpabiliser ni avoir honte de regarder de travers certaines personnes, pendant un temps peut-être, tant la vigilance est exacerbée.
Etre attentif aux personnes ayant coupé les liens avec leurs parents, leurs frères et sœurs, ceux qui se retrouvent isolés de leur système familial, premier environnement social et régulateur.
Expliquer des termes méconnus dans leur sens spirituel et souvent mal utilisés dans les médias, notamment le chemin personnel que représente « faire son djihad ». Revenir également au Coran qui n’utilise jamais le mot de martyr.
Qu’un terroriste potentiel souhaite vraiment faire son djihad, et comprenne qu’il s’agit là de combattre son désir de mort, sa haine, sa violence, sa colère, ses désaccords : combattre en somme son terrorisme intérieur.
Que les institutions, les entreprises, les familles, prennent le temps d’accompagner la violence générée par leur système et à tout niveau.
Prendre le temps de parler après. Et quand on peut, prendre le temps de faire parler.
Prendre le temps de comprendre, par exemple « comment ça commence pour être terroriste ? ».
Etre pris dans la télé et son déluge, mais aussi dire stop à un moment, quand c’est trop et même avant ; choisir quand aller rechercher l’information, choisir la taille de son écran aussi, de la télé à la tablette pour diminuer l’impact de l’image.
Questionner l’autorité à poser en tant que parent ; prendre aussi le temps d’expliquer, d’écouter.
Remercier Facebook pour avoir lancé une alerte permettant de savoir qui était en sécurité parmi « mes amis » parisiens.
Comprendre qu’un échec ou qu’un drame est une étape, que demain existe, et après-demain aussi.
Prendre le temps de lire, de mettre à distance, de s’informer et de penser autrement.
Les attentats rappellent des souvenirs passés. Voir en quoi il y a des similitudes entre deux événements, mais ne pas en rester là en montrant qu’il y a aussi et toujours des différences.
Les témoignages sont ancrés dans le réel, des faits, du vu ou du entendu. Rapidement, l’émotion est aussi présente. Proposer d’allumer une bougie, prier, méditer, envoyer de l’amour peut permettre de changer de niveau d’ordre et de passer par le symbolique ou par un rituel de soin.

Et vous, comment ça va ?

20 novembre 2015

Groupe de parole post-attentats

C'est pas tellement pour le poil qui brille et l'auto-satisfaction... mais plutôt pour le soulagement et la fierté. Car Dieu sait que j'ai énormément appréhendé ce moment-là, préparé à l'arrache en bouquinant la nuit sur les groupes en debrief post-traumatique en plus de ces journées de consultations à chaud déjà si chargées d'émotion. Parce que je ne me sentais pas le droit de me louper sur ce coup-là. Alors oui, ça fait du bien, ça donne du sens, ça me rappelle pourquoi par moments c'est OK de faire ce métier où la frontière entre le professionnel et l'implication personnelle est parfois si dangereusement mince, et l’épuisement jamais très loin. 

Un vrai grand merci de cette soirée ô combien nécessaire... Animer une telle discussion nécessite une implication et concentration profondes, la capacité d'agir et réagir en fonction des dires des uns et des autres... Une soirée menée d'une main de maître appréciée de tous et une soirée qui ne peut que renforcer et rendre légitime le travail du RSI ... Au vu des résidents et surtout des directeurs.

Mes remerciements personnels et aussi institutionnels, ce soir nous avons eu une soirée aux couleurs de la cité multiculturelle et à la hauteur de nos valeurs. 

Milles mercis 
Amicalement 
B.

19 novembre 2015

Tout petit tout doux

Jeudi matin, dans le métro - une maman voilée, une petite fille dans une poussette, je souris à la gamine et je m'installe à côté, mais debout. Et puis je sens une toute petite menotte qui se glisse dans la mienne, joue avec mes doigts, cherche à attirer mon attention - c'est la petite fille, elle sourit, ne me lâche plus, la maman sourit à son tour - un tout petit moment de douceur, dans un monde qui en a bien besoin. 

Juste après, démarrage d'une formation sur l'accueil des migrants, exercice sur les prénoms comme moyen de rencontrer l'autre, l'amener à partager quelque chose de son parcours sans être dans les questions intrusives, et lorsque je parle du mien (à un Chika-Abdulramane-Nicolas dont les prénoms retracent en effet le chemin accidenté de sa vie), ce cadeau : la lumière ? Mais c'est génial ça comme prénom ! Tu es obligée de rayonner, tu ne peux pas te cacher ! Plus tard lors de la restitution dans le groupe, il dira aussi, mais moi, si j'avais une femme qui m'annonce qu'elle s'appelle lumière, je trouverais ça trop beau ! Joli...

14 novembre 2015

Aimons-nous vivants

(oui, c'est kitsch ; mais c'était tellement de circonstance, qu'on se surprendrait presque à trouver la chanson pas si stupide, d'un coup... :-))

C'était le jour que j’avais choisi pour fêter mon anniversaire. juste avec les très proches, mais les très proches, et leurs amours, et leurs enfants, ça fait vite une petit vingtaine. On aurait pu annuler, mais on a eu besoin, ce soir-là, de se rassembler. De garder l'élan. De se tenir chaud. De parler aussi - mais pas trop, pour laisser aussi la place aux rires, aux chansons, à la gourmandise. Sans doute, ce n'était pas un anniversaire comme les autres - et j'aurais certes préféré qu'il soit fêté dans un tout autre contexte. Mais peut-être aussi n'avons-nous jamais ressenti aussi fort l'importance de ces amitiés de toujours ou presque, la joie apportée par la complicité entre nos enfants. 

J'ai apprécié la part de fantaisie apportée par le thème musical retenu, celui des duos plus ou moins probables : Julio Iglesias et Janis Joplin interprétant My way en espagnol, Sardou et Mireille Darc chantant Le Requin Chagrin, mais aussi Cali et Patti Smith, Camille et Matthieu Chedid... le choix de Roxane : le duo de Papageno et Papagena dans la Flûte enchantée, la classe ! Et la minute d'émotion à l'interprétation live de Manhattan-Kaboul, préparé avant les événements de la veille, bien sûr.

Et en fin de soirée, les mouflets agglutinés devant Non mais t'as vu c'que t'écoutes, qu'ils connaissent tous par coeur, et les rires des adultes - pas de doute, il y a des références communes dans le type d'humour, et tellement de souvenirs - je me revois encore chez les Baude devant Le Magnifique ou les Blues Brothers à leur âge. De la douceur, de la douceur et encore de la douceur, comme un antidote, un baume pour le coeur.

13 novembre 2015

Love is All

Tout a été dit, écrit, et pire, montré sur ce qui s'est passé ce soir-là. J'éprouve un profond dégoût pour la façon dont cela a été traité, pour les micros mis sous le nez des survivants, le harcèlement des familles endeuillées, la récupération politicarde avant même la fin des heures de l'urgence. Pour la haine vomie, pour le relais accordé aux paroles nauséabondes par les médias mêmes qui prétendent s'en défendre, pour les détails sordides exhibés et les récits terrifiants et/ou hagiographiques sur des hommes ou des femmes qui auraient peut-être apprécié un peu plus de discrétion ou de retenue, s'ils avaient été encore là pour donner leur avis.

Ce n'est pas ce que j'ai choisi d'en garder, ce n'est pas ce que j'ai souhaité dire à mes enfants. Très vite, je leur ai parlé de ma conviction que si tant d'êtres humains avaient échappé au piège du Bataclan, c'est parce que d'autres avaient gardé leur calme au milieu du chaos, ouvert des voies de secours, pris par la main, rassuré, apaisé de parfaits inconnus, posé des garrots de fortune, soutenu vers les sorties, etc. 

Très vite je leur ai parlé de l'incroyable courage des policiers, des soldats, des équipes hospitalières qui ont dressé un hôpital de campagne avant même que la zone soit sécurisée et se sont relayés jour et nuit dans les blocs opératoires. 

Très vite je leur ai parlé - et il n'est pas un patient, pas un étudiant qui ne l'ait mentionné - de l'émotion face à l'avalanche de messages de partout dans le monde, pour demander des nouvelles, adresser amour et soutien, accompagner par la prière. Des proches bien sûr, mais aussi des amis lointains, par la distance ou la fréquence - comme une chaîne d'attention et de tendresse tout autour du monde. Du bouton Facebook qui m'a d'abord agacée (cliquer alors que j'étais bien au chaud chez moi m'ayant semblé sur le moment indécent) avant de m'émouvoir : rassurer d'un geste, aller au-devant du besoin des autres de respirer plus tranquillement, même à des milliers de kilomètres de là, c'était simple et utile, juste. Quelqu’un l'a fait pour moi. Ça m'a touchée. J'ai laissé faire. 

De la dignité des proches de disparus, de cet époux et père qui se retrouve seul avec un tout-petit et affirme son refus de la haine dans une tribune que tous les étudiants ont lue - et nombre de mes proches aussi, ouvrant une voie vers la lumière : ne pas tomber dans le piège, rester unis, rester humains, refuser la haine pour affirmer la vie. De notre envie de nous réunir, de nous réchauffer, de dire "je t'aime" à ceux qu'on aime. De faire un bras d'honneur et de lever nos verres, mais aussi, de nous engager davantage, d'aller vers plus d'ouverture et de mixité encore.

Bref, ce que j'avais envie de partager à cette date-là, c'est cet extrait de Love Actually : Toutes les fois que je déprime en voyant ce qui se passe dans le monde je pense à la zone d'arrivée des passagers de l'aéroport de Londres. De l'avis général, nous vivons dans un monde de haine et de cupidité. Je ne suis pas d'accord. J'ai plutôt le sentiment que l'amour est présent partout. Il n'y a pas toujours de quoi en écrire un roman, mais il est bien là : père et fils, mère et fille, mari et femme, copains, copines, vieux amis.

Quand les deux avions ont frappé les tours jumelles, à ma connaissance aucun des appels téléphoniques de ces gens qui allaient mourir ne contenait de messages de haine ou de vengeance : c'était tous des messages d'amour. Si vous cherchez bien, j'ai la désagréable impression que vous constaterez qu'en définitive, nous sommes cernés par l'amour.

01 novembre 2015

Rester

J'ai la bougeotte. Partir, découvrir, naviguer, planifier des mois à l'avance un voyage à l'étranger, j'adore. Juste l'imaginer - j'ai déjà des petites étoiles dans les yeux. Mais pour ces vacances-là, j'ai choisi de rester à la maison, avec les enfants. Une semaine à rythme lent, à glandouiller, à papoter, à improviser. A faire des trucs incasables dans le tourbillon quotidien aussi : renouveler nos passeports (voir plus haut :-)), mettre à jour les vaccins, emmener Elsa voir un podologue, faire les analyses qui traînent depuis des semaines...

Une semaine qui permette de prendre le temps de cuisiner pour un anniversaire familial pour Léo - ma première blanquette maison ! (Si on m'avait dit qu'un jour ça me ravirait autant...:-)). Pour aller trois fois au théâtre (merci Starter) : un one-woman show sur Georges Sand avec Maman, Une vie sur mesure avec Ronan et les enfants (l'histoire d'un garçon... différent qui rêve de faire de la batterie), un show de magie malicieux et poétique. Et deux fois au cinéma - le dernier Woody Allen, et Lolo, avec Léo ! De découvrir Daria. Pour manger chez Hippopotamus, faire des photos rigolotes tous les trois dans le photomaton, un moment de complicité rieuse. Pour faire un super-brunch avec les Tagnard, se voir une expo entre filles au Musée des Arts Décoratifs (avec chocolat chaud à l'Intercontinental ensuite) et laisser les p'tits gars partir faire un tennis à Chateaufort. Récupérer le Léo seulement le lendemain, en profiter pour faire du shopping dans le Marais avec Elsa, et se regarder toutes les deux un film de filles. Expérimenter de ne rien faire de spécial, feuilleter ELLE en sirotant le septième thé de la journée, découvrir un jeu débile et addictif (Agar.io). Je n'ai même pas beaucoup lu, alors que j'ai une pile de bouquins en attente sur ma table de chevet ! 

J'ai retrouvé ma bonne humeur de la rentrée, le plaisir d'être avec les enfants, de m’émerveiller qu'ils aillent bien, qu'ils soient beaux, et drôles, et intéressants (oui bien sûr, ce sont mes enfants :-) ! mais plus sérieusement, je pense au genre d'émerveillement exprimé par Marie Cardinal dans la Clé sur la porte, cette stupéfaction heureuse à voir croître des êtres si proches et si différents à la fois, les regarder tâtonner, essayer, grandir...). On est tous les trois d'accord : c'étaient d'excellentes vacances.