08 janvier 2006

Après - coup

"Autrement dit, dans la parole, il s'agit d'aller à la rencontre de ce qui justement nous échappe. Le dire, on ne l'a pas. Ce que supporte la parole, nous n'en éprouvons le poids que dans l'après-coup. Etant donné la nature de la parole et du langage, chaque signifiant éclatant, toutes portes ouvertes à l'équivoque et à la multiplicité des significations relayées par l'inconscient, il faut bien se rendre à l'évidence : nous ne savons pas ce que nous disons. Ce n'est que dans la reprise, dans l'après-coup, que nous pouvons construire le sens des paroles prononcées, le sens de ce qui nous arrive."
"Ce qui a été dit dans le temps où ça a été dit nous échappe. (...) Le dire exige un déplacement dans le temps. Pas tout le temps et pas tout dans le même temps. (...) Peut-être alors s'agit-il dans la clinique, comme nous le suggère Jacques Derrida, de "donner le temps". Donner le temps, ce n'est pas donner quelque chose, c'est donner ce qu'on n'a pas. On n'a pas le temps. (...) Donner ce qu'on n'a pas, n'est-ce pas ainsi que Lacan nous propose de définir l'amour ?"
Joseph Rouzel, Psychanalyse pour le temps présent