04 janvier 2006

Métamorphose

Penchez-vous.
Encore.
Si vous êtes attentif au tout petit,
vous finirez par voir l'invisible.


La désormais « Care Box » est née de deux années d’exercice patient du regard, d'attention aux très petites choses, de volonté délibérée de trouver ce que chaque être, chaque journée avait à offrir, et de le rendre en le partageant : "Take each moment as a gift, and give it back again." Deux années d'attention à ce qui tisse ma vie.

Elle s’appelait Boîte à Bonheur ; à l’aube de sa première année, elle se présentait ainsi :


« L'année nouvelle aidant, j'ai eu envie de matérialiser la boîte à bonheur, d'inventer un journal différent...pour ne pas faire la chronique de jours ordinaires mais pour induire une attitude intérieure d'observation et d'accueil, pour trouver un regard neuf, plus curieux, plus attentif… pour apprendre à remercier pour ce qui est, pour ouvrir l'espace au Tout-Autre, pour attirer l'attention sur le corps, le souffle, les sens, le sens… pour garder une trace des petits pas, des découvertes minuscules, et des questions fugitives, pour savoir si et comment ce regard peut tenir, dans le calme plat ET dans les bourrasques, pour (me) donner l'envie de créer d'autres instants encore... Aussi : pour en repérer les harmoniques... et plus si affinités. »

Et puis l’envie est venue d’élargir la boîte, grâce aussi à ses lecteurs attentifs :
"Ah ! C'est que moi, en lisant votre boîte de temps en temps, je vous imagine heureuse et comblée, picorant les moments de bonheur et vous régalant de rencontres. Il faudrait, tiens, imaginer une double boîte (bonheur/malheur), pour vous avoir entière..."

Non, pas de double boîte… ou, en tout cas, de boîte bonheur/malheur. Peut-être, une boîte à questions, à craintes, à tristesses, à doutes… une boîte à fragilités, à émotions, à fleur de peau - mais déjà là nous ne sommes plus si loin de la boîte telle qu'elle existe ? C'est le choix mesuré, et l'exercice au double sens du terme, d'un regard ; pas le choix d'un optimisme forcené et béat, ni d'un aveuglement délibéré à l'obscurité. Ce n'est pas une boîte à déni, mais une boîte à mémoire.

« Et une boîte à larmes, avec des mouchoirs en papier pour souffler dedans ; pour les jours de cœurs gros, déposer le trop plein ? Et une boîte à bisous, pour recueillir religieusement (?!) les gentils mots, les beaux blonds lumineux, les "tu es tellement...", les bruns irrésistiblement ténébreux, les grands capitaines dans lesquels on joue à se perdre et toute la collec' des fabuleuses chimères (she-mére ? ;o)) multi-têtes, multi-tout-de ? Et une boîte à grand-air, pour les jours d'asphyxie ; inspirer, souffler... vite... avant d'aller voir les pommes de trop près ? Et une boîte à hurlements ? Une autre à chuchotements pour les secrets ?.. Une boîte à claques, avec élection du Mister ou de la Miss du mois et palmarès en fin d'année, pour le prix spécial du jury ? Une boîte à pfffffffffff aussi, pour stocker les idées de bêtises, en prévision des jours de disette ?! »

Et d’enrichir la notion de bonheur :

"... mais un seul bonheur, tout d'une pièce, terrestre et céleste à la fois, temporel et éternel d'un tenant : le bonheur d'être au monde, en ce monde-ci, de l'habiter pleinement et de l'aimer tout en le reconnaissant inachevé, traversé d'obscures turbulences, troué de manque, d'attente, meurtri, raviné par d'incessantes coulées de larmes, de sueur et de sang, mais aussi irrigué par une inépuisable énergie, travaillé de l'intérieur par un souffle à la fraîcheur et à la clarté d'aurore - caressé par un chant, un sourire." Sylvie Germain, La chanson des mal-aimants