Jardin du Luxembourg, aire de jeux : et moi, j'ai pas droit au petit tampon poussin (violet, ce jour) sur la main, si je veux revenir dans la journée, je demande au monsieur de l'entrée ? Il sourit : vous avez votre ticket d'entrée, c'est suffisant, mais je crois que ça vous fait plaisir, non ? Oui. Pas de Luxembourg sans poussin, de foire du Trône sans pêche aux canards et sans barbapapa, pas de pochette sans surprise. C'est comme ça !
To care : j'aime ce mot, qui dit à la fois la précaution, l'attention, la responsabilité, le souci, l'importance, le soin. Care box : un néologisme pour quelque chose comme, boîte à attention (littéralement en anglais imaginaire, trousse de secours).
02 février 2007
Travail social
Je ne vous permets plus de me traiter comme vous le faites. Maintenant quand je rentrerai dans cette pièce je veux autant de considération que n'importe qui d'autre. Je suis comme vous. Je suis une personne et une mère. Sauf qu'on n'est pas du même côté du bureau. Et ça change tout n'est-ce pas ? Si je le retournais ce bureau, de quel côté vous vous retrouveriez ?
Restez assise j'ai dit ! Ma gamine elle a pas seulement besoin de vitamines et de calcium, elle a aussi besoin de vivre le plus beau jour de sa vie. Je ne suis pas venue réclamer. Je suis venue en tant que mère pour que nos gosses gardent un peu d'espoir.
Dominique Bourgon, Un sens à la vie
Restez assise j'ai dit ! Ma gamine elle a pas seulement besoin de vitamines et de calcium, elle a aussi besoin de vivre le plus beau jour de sa vie. Je ne suis pas venue réclamer. Je suis venue en tant que mère pour que nos gosses gardent un peu d'espoir.
Dominique Bourgon, Un sens à la vie
Inch'Allah
Un petit groupe de jeunes entre 17 et 20 ans, une majorité de filles, quelques-unes déjà mariées dont une de force, une ou deux déjà mères - je présente le centre et ses missions, je prends le temps de re-situer ces combats invraisemblables pour elles, à la fois parce qu'elles sont nées avec ces droits acquis et parce que leur culture leur interdit de les penser, l'accès à la contraception, le droit à l'avortement, ce qu'ils ont changé dans notre société.
Et quand j'ajoute que malgré toutes nos avancées scientifiques, une part des mystères de la fécondité nous échappe et nous échappera toujours, l'une d'elles me dit avec le sourire de l'évidence : bien sûr, ça, c'est la part de Dieu.
Et quand j'ajoute que malgré toutes nos avancées scientifiques, une part des mystères de la fécondité nous échappe et nous échappera toujours, l'une d'elles me dit avec le sourire de l'évidence : bien sûr, ça, c'est la part de Dieu.
31 janvier 2007
Inconditionnel
Parce que nous n’aimons jamais nos enfants, nos conjoints, nos familles d’un amour si inconditionnel, ni si totalement désintéressé, m’est venue l’idée que le seul amour inconditionnel peut-être, est celui que nous accordons, ou tendons à accorder, à nos patients, celui que nous recevons de nos thérapeutes. A ébaucher quelques lignes autour de cette idée – la place du thérapeute, et ce qui m’anime, je retombe sur ceci (2004) :
Ce serait si beau si pour chaque être, il existait quelque part un autre être pour veiller sur lui de loin, une présence constante mais invisible, un souffle d'air, une veilleuse allumée. Un être à qui il ne serait rien qu'on ne puisse dire, vers qui aller quand nous serions ou perdus ou blessés, quelqu'un dont nous puissions dire, il ou elle ne me fera jamais de mal.
Quelqu'un auprès de qui trouver ce que jamais nous n'aurions trouvé ailleurs, quelqu'un auprès de qui reprendre des forces avant de repartir vers la vie, plus légers et plus forts. Quelqu'un pour accueillir nos timides tentatives d'être et de dire, nos retours en arrière et nos avancées maladroites.
Quelqu'un à qui confier le plus fragile et le plus vulnérable en nous, dans une absolue confiance. Quelqu'un auprès de qui abaisser nos armes, déposer nos armures. Quelqu'un auprès de qui trouver, retrouver, la paix profonde d'après les sanglots, le sentiment d'être enfin arrivés - mais pour mieux repartir.
Quelqu'un qui serait porteur d'un respect et d'une tendresse infinie, bien au-delà des liens de l'amitié, de l'amour ou du sang. Quelqu'un vis-à-vis duquel être dans une absolue liberté réciproque. Quelqu'un qui nous prenne par la main et nous ouvre les yeux, qui berce nos chagrins et nous pousse vers la vie.
Ce serait si beau si pour chaque être, il existait quelque part un autre être pour veiller sur lui de loin, une présence constante mais invisible, un souffle d'air, une veilleuse allumée. Un être à qui il ne serait rien qu'on ne puisse dire, vers qui aller quand nous serions ou perdus ou blessés, quelqu'un dont nous puissions dire, il ou elle ne me fera jamais de mal.
Quelqu'un auprès de qui trouver ce que jamais nous n'aurions trouvé ailleurs, quelqu'un auprès de qui reprendre des forces avant de repartir vers la vie, plus légers et plus forts. Quelqu'un pour accueillir nos timides tentatives d'être et de dire, nos retours en arrière et nos avancées maladroites.
Quelqu'un à qui confier le plus fragile et le plus vulnérable en nous, dans une absolue confiance. Quelqu'un auprès de qui abaisser nos armes, déposer nos armures. Quelqu'un auprès de qui trouver, retrouver, la paix profonde d'après les sanglots, le sentiment d'être enfin arrivés - mais pour mieux repartir.
Quelqu'un qui serait porteur d'un respect et d'une tendresse infinie, bien au-delà des liens de l'amitié, de l'amour ou du sang. Quelqu'un vis-à-vis duquel être dans une absolue liberté réciproque. Quelqu'un qui nous prenne par la main et nous ouvre les yeux, qui berce nos chagrins et nous pousse vers la vie.
27 janvier 2007
Avis d'absence
Ai suivi, en direct, les cérémonies pour l'Abbé Pierre ; les compagnons d'Emmaüs, édentés, échevelés, mal fringués, au 1er rang à Notre-Dame, devant les Grands ( petits? ) de ce monde ; beaucoup d'émotion. Sur sa tombe : "j'ai essayé d'aimer" ...le voilà, en "grandes vacances", selon son expression. Copyright : Mum.
Chasseur d'instants

Ce qu'il y a de bien avec Doisneau, c'est la tendresse dans son regard, qui transfigure ceux qu'il photographie - enfants, commerçants, prostituées, simples passants... Ce qu'il y a de bien avec Doisneau, c'est que ses photos évoquent toujours un peu nos albums de famille. Au hasard de l'exposition de l'hôtel de ville, ce sont des mots que j'aurais voulu retenir, des extraits d'interviews radio, perles sonores sur le sens de ce travail, retenir l'éphémère - et aussi, "j'ai photographié la vie telle que j'aurais voulu qu'elle soit, une vie où la tendresse dont j'ai besoin serait présente" (je cite de mémoire !) - et encore, son humilité "J'ai fait peut-être, 300 bonnes photos ? Au 100ème de seconde, ça fait 3 secondes volées à l'éternité - pas de quoi pavoiser...".
23 janvier 2007
N'importe quoi :
Expression d’angoisse professionnelle chez les psychothérapeutes relationnels et psychanalystes, désignant la sortie inopinée de cadre. Cette expression pointe le souci constant de disposer au cours du processus de suffisamment de repères, même en période de confusion et de chamboulement, de stabilité ontologique et de sécurité de base, pour pouvoir poursuivre le travail. Une bonne supervision peut aider à se retrouver quand la situation tend à devenir erratique. L’alliance d’audace et de maintien en conformité avec un modèle de référence est toujours limite, la progression clinique requérant une inventivité constante et une insécurité sûre parfaitement paradoxale.
Invitation à la méditation, sur le Glossaire du Cifp
Invitation à la méditation, sur le Glossaire du Cifp
20 janvier 2007
Formation : miscelléanées
"L'important n'est pas que vous les compreniez (de l'art de renoncer au désir de savoir), mais qu'ils se comprennent..." et puis, sur le ré-examen des supposées "évidences", voir Eliacheff : "C'est quand je comprends que je pose des questions !"
"Le sujet n'a pas d'âge."
Autour de l'IVG - une sage-femme confrontée à ces questions du point de vue du soignant explique qu'elle s'aide de l'idée que l'embryon fait partie intégrante du corps de la mère, qu'il ne survivrait pas sans elle - la formatrice précise, qu'à la différence de la vie animale, la vie humaine ne se soutient que du désir de l'autre... et aussi, cette expression attrapée au vol : la grossesse non désirée, "un désir indésirable".
A une interpellation sur l'ennui au cours de la session, une multitude de pistes proposées, toutes ramenant à l'enfance : désir d'être sollicité, sentiment de n'être pas assez investi, souhait de présence, incapacité à jouer seul, ennui qui viendrait en lieu et place de la colère, temps constructif de la rêverie et du fantasme ou espace mortifère et dévitalisé...
"La tolérance est TOUJOURS secondaire". Apprendre à faire la place de l'autre, ne va pas de soi... la différence heurte, toujours.
Et où je retrouve Prévert - "Soyez heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple" - mais dans une lecture inédite, celle de la place possible des parents, dans leur rôle d'adultes vivants et désirants.
"Le sujet n'a pas d'âge."
Autour de l'IVG - une sage-femme confrontée à ces questions du point de vue du soignant explique qu'elle s'aide de l'idée que l'embryon fait partie intégrante du corps de la mère, qu'il ne survivrait pas sans elle - la formatrice précise, qu'à la différence de la vie animale, la vie humaine ne se soutient que du désir de l'autre... et aussi, cette expression attrapée au vol : la grossesse non désirée, "un désir indésirable".
A une interpellation sur l'ennui au cours de la session, une multitude de pistes proposées, toutes ramenant à l'enfance : désir d'être sollicité, sentiment de n'être pas assez investi, souhait de présence, incapacité à jouer seul, ennui qui viendrait en lieu et place de la colère, temps constructif de la rêverie et du fantasme ou espace mortifère et dévitalisé...
"La tolérance est TOUJOURS secondaire". Apprendre à faire la place de l'autre, ne va pas de soi... la différence heurte, toujours.
Et où je retrouve Prévert - "Soyez heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple" - mais dans une lecture inédite, celle de la place possible des parents, dans leur rôle d'adultes vivants et désirants.
19 janvier 2007
Gare ta g... à la récré
Elsa raconte, ils ont mangé une galette des rois à l'école maternelle cet après-midi. C'est Alicia qui a eu la fève. Ah bon, et qui a-t-elle choisi comme roi ? Elle a choisi Camille, répond Elsa. Et, sur un ton subitement combatif : Moi ze vais lui casser la binette elle a pas le droit parce que Camille c'est MON amoureux et que moi je vais me marier avec lui parce que c'est le plus beau !!!
Et ajoute-t-elle un peu plus tard, je veux me marier avec mon copain Camille parce qu'il est pas de notre famille ! (de l'interdit de l'inceste bien compris...)
Et ajoute-t-elle un peu plus tard, je veux me marier avec mon copain Camille parce qu'il est pas de notre famille ! (de l'interdit de l'inceste bien compris...)
... et boule de gomme
Une intervention scolaire ordinaire, un adolescent de 4ème se lance dans un schéma anatomique représentant le sexe féminin. Il nomme les grandes et les petites lèvres, le clitoris, l'urètre... arrivé à l'ouverture du vagin, il inscrit la légende suivante : Mystère.
18 janvier 2007
Donne-moi ta main
Quand nous partons à l'école, le plus souvent Léo marche devant, genre je les connais pas la dame et la naine derrière. Mais ce matin, moitié nostalgique, moitié taquine, je le prends par la main, et quand il se dégage, je lui fais une scène tragi-comique sur le mode, mais mon bébé chéri, tu n'as que 7 ans, tu es trop petit pour lâcher la main de ta môman, etc, etc... Et là, le Léo hilare me répond d'un ton sans appel : "Maman, tu as trente-quatre ans maintenant !" - i.e t'es quand même ASSEZ grande pour me lâcher la main (et arrêter tes clowneries, je pense).
16 janvier 2007
Free hugs
C'est la tendance qui court tout autour de la planète et se propage à l'aide de vidéos diffusées sur internet. Tout a commencé par un gros coup de blues : il y a deux ans, un jeune Australien, de retour chez lui après un long séjour à Londres, se rend compte qu'il n'y connaît plus personne. En quête d'affection, il lui vient l'idée de se balader dans la rue avec une pancarte où il a écrit en grosses lettres Free Hugs. Au bout de quinze minutes, une dame inconnue vient l'embrasser. La première campagne d'accolades spontanées est née, qui sera suivie de beaucoup d'autres.
(Edito du ELLE de cette semaine.)
Je ne résiste pas au plaisir d'y ajouter la citation du mois sur le site, qui par ailleurs vaut le détour (how to hug, hugstories, and so on).
"Twenty years from now, you will be more disappointed by the things you did not do than by the things you did do. So, throw off the bowlines. Sail away from the safe harbor. Catch the trade winds in your sails. Explore. Dream. Discover."- Mark Twain
11 janvier 2007
La lune et le miroir
Un proverbe local dit : ce n'est pas être patient que de ne pas s'énerver quand vous appelez quelqu'un trois fois et qu'il ne répond pas. Etre vraiment patient c'est quand on vous appelle trois fois et que vous ne répondez pas. Laissons le temps à l'oreille de se tendre. Laissons le temps de mûrir aux mots. (...)
J'avais fait ma devise d'une pensée notée dans mes carnets : "je choisis tout" sans trop insister sur le fait qu'elle était de sainte Thérèse de Lisieux... Parce que choisir bien évidemment c'est renoncer. (...) Je ne savais pas dire non parce que je ne savais pas dire oui. (...) Ma seule excuse est que la première victime de cette façon de fuir la vie en lui courant après était moi-même.
Jean-François Deniau, La lune et le miroir
J'avais fait ma devise d'une pensée notée dans mes carnets : "je choisis tout" sans trop insister sur le fait qu'elle était de sainte Thérèse de Lisieux... Parce que choisir bien évidemment c'est renoncer. (...) Je ne savais pas dire non parce que je ne savais pas dire oui. (...) Ma seule excuse est que la première victime de cette façon de fuir la vie en lui courant après était moi-même.
Jean-François Deniau, La lune et le miroir
Confiance
17 ans, à l'extrême limite du délai légal pour l'IVG - et quasi-muette. J'explore piste après piste, tirant parti des moindres indications - mais quelque chose fait barrage - peut-être sa propre impossibilité à penser une situation qui la dépasse. Elle n'est pas hostile, mais dans un repli majeur - jusqu'au moment où elle peut verbaliser ceci - puisque elle a été déçue au-delà de l'imaginable par ses propres parents (placement en foyer, parents déchus de leur autorité parentale), au nom de quoi ferait-elle confiance à quelque travailleur social que ce soit ? Et au-delà je devine - comment accorderais-je à des étrangers la confiance que j'aurais tant aimé donner à ceux qui auraient dû en être les dépositaires ? Comme si demeurait une forme de loyauté, puisque ceux-ci n'ont pas pu m'aider, alors je n'accepterai l'aide de personne - aussi, de peur d'une intolérable nouvelle déception.
10 janvier 2007
Quand la littérature rejoint la clinique
- Mais c'est possible ? demanda Adénar. Il est possible de vivre sans âme ?
- Oui, bien sûr que c'est possible, dit le mage. C'est possible. Mais quand on n'a pas d'âme, la vie se réduit de moitié, les choses perdent de la couleur, l'espérance et l'amour sont substitués par l'ennui et la rancoeur... Quand on vit sans âme, on a l'impression que les choses n'ont pas de sens, et que tout est régi par le hasard. Quand on vit sans âme, on pense que la vie est laborieuse et fatigante, et on attend sans arrêt, on attend que quelque chose de bon arrive, on attend que quelque chose arrive, quoi que ce soit...! Oui, prince aimé, il est possible de vivre sans âme, mais ce n'est vraiment pas un état à souhaiter.
(...) Il y a deux façons de vivre : terrorisé et soumis aux caprices du destin, ou bien en cherchant et en tentant l'impossible. La première vie ne vaut pas la peine d'être vécue, mais la seconde est magnifique.
L'ombre de l'oiseau-lyre, Andrés Ibànes
- Oui, bien sûr que c'est possible, dit le mage. C'est possible. Mais quand on n'a pas d'âme, la vie se réduit de moitié, les choses perdent de la couleur, l'espérance et l'amour sont substitués par l'ennui et la rancoeur... Quand on vit sans âme, on a l'impression que les choses n'ont pas de sens, et que tout est régi par le hasard. Quand on vit sans âme, on pense que la vie est laborieuse et fatigante, et on attend sans arrêt, on attend que quelque chose de bon arrive, on attend que quelque chose arrive, quoi que ce soit...! Oui, prince aimé, il est possible de vivre sans âme, mais ce n'est vraiment pas un état à souhaiter.
(...) Il y a deux façons de vivre : terrorisé et soumis aux caprices du destin, ou bien en cherchant et en tentant l'impossible. La première vie ne vaut pas la peine d'être vécue, mais la seconde est magnifique.
L'ombre de l'oiseau-lyre, Andrés Ibànes
05 janvier 2007
De fil en aiguille
Il était une fois, une jeune femme venue pour un retard de règles, une inquiétude par rapport à une grossesse pourtant bien hypothétique. Inquiétude qui cachait mal le souhait finalement relativement conscient d’un éventuel bébé, derrière une demande rationnelle autant que raisonnable concernant une possible prescription de contraceptifs.
Une demande elle-même conditionnée par un climat familial conflictuel - prendre le « risque », avec l’ambivalence que l’on a vue, d’être enceinte, ou prendre le risque d’aggraver les tensions si jamais la plaquette de pilules n’échappait pas à la vigilance maternelle ? (D’expérience, les jeunes filles qui VEULENT que leur contraception reste un secret y arrivent parfaitement. Celles qui se font surprendre, ne le sont jamais au hasard…)
Sur le pas de la porte, arrive la demande d’une rencontre aussi avec le compagnon, resté dans la salle d’attente, je propose de le recevoir avec ou sans la jeune femme, mais il apparaît que celui-ci préférerait s’adresser à un médecin homme. Je lui demande alors si elle-même aurait d’autres questions… et nous refermons la porte, pour évoquer l’absence de plaisir pendant les rapports. Et son interrogation concernant une éventuelle excision (elle est d’origine malienne).
Le terrain ainsi libéré, je lui propose de ré-inviter son compagnon à se joindre à nous s’il le souhaite, ce qu’il accepte. Et nous avons alors un premier entretien sur les différentes pistes possibles qui pourraient éclairer ces questions – un entretien relativement bref car je sens combien il est déjà courageux pour ces deux jeunes africains d’évoquer des choses aussi intimes devant une étrangère, dans tous les sens du terme – une personne inconnue, étrangère à leur couple comme à leur culture…
Ils sont étonnamment matures, délicats l’un envers l’autre, attentifs à ne pas être involontairement blessants, et dans une volonté d’avancer ensemble que pourraient leur envier bien des adultes – vraiment émouvants. Je leur ouvre la possibilité d’une nouvelle rencontre, après celle avec la gynécologue, sans imposer de date.
Une demande elle-même conditionnée par un climat familial conflictuel - prendre le « risque », avec l’ambivalence que l’on a vue, d’être enceinte, ou prendre le risque d’aggraver les tensions si jamais la plaquette de pilules n’échappait pas à la vigilance maternelle ? (D’expérience, les jeunes filles qui VEULENT que leur contraception reste un secret y arrivent parfaitement. Celles qui se font surprendre, ne le sont jamais au hasard…)
Sur le pas de la porte, arrive la demande d’une rencontre aussi avec le compagnon, resté dans la salle d’attente, je propose de le recevoir avec ou sans la jeune femme, mais il apparaît que celui-ci préférerait s’adresser à un médecin homme. Je lui demande alors si elle-même aurait d’autres questions… et nous refermons la porte, pour évoquer l’absence de plaisir pendant les rapports. Et son interrogation concernant une éventuelle excision (elle est d’origine malienne).
Le terrain ainsi libéré, je lui propose de ré-inviter son compagnon à se joindre à nous s’il le souhaite, ce qu’il accepte. Et nous avons alors un premier entretien sur les différentes pistes possibles qui pourraient éclairer ces questions – un entretien relativement bref car je sens combien il est déjà courageux pour ces deux jeunes africains d’évoquer des choses aussi intimes devant une étrangère, dans tous les sens du terme – une personne inconnue, étrangère à leur couple comme à leur culture…
Ils sont étonnamment matures, délicats l’un envers l’autre, attentifs à ne pas être involontairement blessants, et dans une volonté d’avancer ensemble que pourraient leur envier bien des adultes – vraiment émouvants. Je leur ouvre la possibilité d’une nouvelle rencontre, après celle avec la gynécologue, sans imposer de date.
Et je souris intérieurement : dans la recherche de la réponse à la question, « Mais que vient-elle, que vient-il réellement demander ? », il y a toujours quelque chose du jeu de piste, de la chasse au trésor – et quand celle-ci aboutit, ce qui est loin d’être toujours le cas, le trésor est toujours multiple, complexe, et de l’ordre de, plus d’humanité, plus de vérité.
31 décembre 2006
Tout est bien qui finit bien
Un Noël au coin du feu, 70 bougies soufflées dans une atmosphère familiale paisible. Des enfants couverts de cadeaux (Et toi Elsa, c'est quoi ton cadeau préféré ? Celui que le Père Noël a laissé tomber de son traîneau et qu'on a retrouvé dehors...), et des adultes aux attentions délicates.
Trois jours de vie de château, à naviguer entre la piscine intérieure, le jacuzzi et le hammam, les grands crus et les repas raffinés, et le réveillon trio de cordes, cantatrice ET improbables cotillons. Le 1er janvier 2007 après minuit, où étiez-vous ? Dans une piscine couverte, à regarder à travers la verrière les convives s'agiter sur la piste de danse, sans autre son que celui de l'eau.
Trois jours de vie de château, à naviguer entre la piscine intérieure, le jacuzzi et le hammam, les grands crus et les repas raffinés, et le réveillon trio de cordes, cantatrice ET improbables cotillons. Le 1er janvier 2007 après minuit, où étiez-vous ? Dans une piscine couverte, à regarder à travers la verrière les convives s'agiter sur la piste de danse, sans autre son que celui de l'eau.
24 décembre 2006
Oedipe joyeux
David se lève, Léo saute dans notre lit : - J’te remplace Papa !
David, en descendant l’escalier : - Va te faire foutre Œdipe !
Léo : - Toi aussi !
(plus bas, à sa mère et avec un grand sourire :
- Je sais que je ne devrais pas dire ça…)
David, en descendant l’escalier : - Va te faire foutre Œdipe !
Léo : - Toi aussi !
(plus bas, à sa mère et avec un grand sourire :
- Je sais que je ne devrais pas dire ça…)
Juliette des esprits
"Nous sommes deux... au minimum ! D'un côté, il y a Gréco, la statue, et de l'autre, moi, Juliette, toute petite. J'ai quelque chose d'intact à l'intérieur de moi : l'enfance."
"Je suis profondément femme, avec tout ce que cela comporte de jeu."
"Je ne sais pas ce que veut dire nostalgie. Je n'ai jamais su et je ne pense pas que je vais apprendre. J'espère ne pas en avoir le temps."
Juliette Gréco, qui à presque 80 ans vient de sortir un album de reprises sensuelles et malicieuses, une leçon de féminité et d'intelligence intactes.
23 décembre 2006
Un pas après l'autre
"Mes premières chaussures de tango achetées... la semaine dernière. Enfant, je rêvais beaucoup et j'avais peur de rien. Ado, j'ai découvert que ça allait être beaucoup plus court et beaucoup plus dur que prévu et j'ai lâché beaucoup de rêves. Et puis un jour, adulte (ah ah ah ah... enfin bref) j'ai regardé derrière moi et j'ai vu ces choses si précieuses si loin. J'ai vu comme il était facile de passer à côté de soi-même. Je suis en train de réapprendre à marcher, c'est si bon !!!"
20 décembre 2006
Rats de bibliothèque
Ce matin, nous lisons l'histoire de Ferdinand l'attrapeur d'histoires - dans ce pays, on lit des histoires pour se réveiller, des histoires pour s'endormir, Léo dit, "C'est comme chez nous !". Dans la même fournée de livres de la bibliothèque, l'excellent Château d'Anne Hiversère, et le plaisir de constater que les enfants connaissent une large majorité des personnages de la littérature enfantine représentés dans l'hilarante page des invités.
18 décembre 2006
Petites phrases
"- Maman toi t'es pas vraiment une adulte !
- ???
- Parce que, tu as des parents."
- ???
- Parce que, tu as des parents."
Elsa, psychanalyste en herbe
"- Nous sommes issus de la haute bourgeoisie. Nous excellons dans l'art d'ignorer l'éléphant qui se trouve dans la pièce."
Bree van der Kamp, philosophe du XXIème siècle
16 décembre 2006
Juste une illusion
La nuit, Greenson retrouva un souvenir mêlé d'angoisse. C'était il y a longtemps. Un soir qu'il avait réuni quelques disciples, le maître avait abordé la question de la fin du transfert. Il employait un mot étrange : dissolution et expliquait qu'on ne se détache d'un patient, comme dans la vie on ne se détache d'une personne, qu'en s'attachant ailleurs, à un autre être ou à une partie du même être. "Aussi longtemps qu'on vit et qu'on désire, disait Freud, on ne fait que troquer une prise contre l'autre, changer d'emprise." Et il avait ajouté, pour ôter aux disciples recueillis leurs dernières illusions : "Se dire qu'il s'agit de méprises ne sert qu'à en commettre de nouvelles."
Michel Schneider, Marilyn dernières séances
15 décembre 2006
13 décembre 2006
Durs et tendres
Ils ont entre 16 et 18 ans, élèves de lycée professionnel - déjà hors des rails scolaires officiels. Ils ont une tête ou deux de plus que moi, et possiblement plus d'expérience - en tous cas un vécu qui m'est étranger. Mais - à la différence des petits garçons ricaneurs des beaux collèges parisiens, ils abandonnent très vite les provocations d'usage dans ces interventions sur la sexualité pour aborder des questions de fond : moi, ce que je voudrais savoir, c'est comment on peut être vraiment sûr qu'on aime quelqu'un... (Ben mon p'tit gars, si t'as la réponse un jour, fais-moi signe...)
Est-ce que ça nous fait pareil si c'est une fille qu'on n'aime pas ou un garçon qui nous dit je t'aime ? (Il est rare que le débat sur l'homosexualité soit lancé avec autant de douceur.) Est-ce que (quand je baratine une fille pour coucher avec elle) ma parole m'engage vraiment, et jusqu'où ? Mais de toute façon, on ne sait jamais, jusqu'à quand on va aimer quelqu'un ? Est-ce que c'est grave de sortir avec plein de filles sans jamais tomber amoureux (un beau gosse hâbleur mais sincèrement inquiet) ?
Un autre confie, la blessure laissée par la réflexion désobligeante d'une demoiselle sur son anatomie (il en faut, de la confiance dans le groupe, pour oser aborder cela). Un troisième nous fait éclater de rire avec son couplet bien senti sur le porno : d'abord les hommes c'est pas des hommes, c'est du bétail à concours, les acteurs, c'est pas des humains, c'est des Playmobils - et on dit toujours que le porno, ça rabaisse les femmes, mais c'est aussi humiliant pour les hommes, en fait. Eh bien !
Et dans un groupe comme dans l'autre tout le le temps d'aborder de vraies questions autour du plaisir donné, reçu dans ses composantes physiques ET relationnelles - les deux aspects étant amenés par le groupe, ce qui a donné lieu à des discussions riches et souvent émouvantes...
Alors... alors le couplet prévention classique a été peu abordé, hormis la page non pas sur le préservatif, mais sur les freins réels à son usage. Mais j'ai rarement eu autant l'impression d'être au coeur de ma mission : "N'essayons pas de convaincre, contentons-nous de faire réfléchir" (Georges Braque)
Est-ce que ça nous fait pareil si c'est une fille qu'on n'aime pas ou un garçon qui nous dit je t'aime ? (Il est rare que le débat sur l'homosexualité soit lancé avec autant de douceur.) Est-ce que (quand je baratine une fille pour coucher avec elle) ma parole m'engage vraiment, et jusqu'où ? Mais de toute façon, on ne sait jamais, jusqu'à quand on va aimer quelqu'un ? Est-ce que c'est grave de sortir avec plein de filles sans jamais tomber amoureux (un beau gosse hâbleur mais sincèrement inquiet) ?
Un autre confie, la blessure laissée par la réflexion désobligeante d'une demoiselle sur son anatomie (il en faut, de la confiance dans le groupe, pour oser aborder cela). Un troisième nous fait éclater de rire avec son couplet bien senti sur le porno : d'abord les hommes c'est pas des hommes, c'est du bétail à concours, les acteurs, c'est pas des humains, c'est des Playmobils - et on dit toujours que le porno, ça rabaisse les femmes, mais c'est aussi humiliant pour les hommes, en fait. Eh bien !
Et dans un groupe comme dans l'autre tout le le temps d'aborder de vraies questions autour du plaisir donné, reçu dans ses composantes physiques ET relationnelles - les deux aspects étant amenés par le groupe, ce qui a donné lieu à des discussions riches et souvent émouvantes...
Alors... alors le couplet prévention classique a été peu abordé, hormis la page non pas sur le préservatif, mais sur les freins réels à son usage. Mais j'ai rarement eu autant l'impression d'être au coeur de ma mission : "N'essayons pas de convaincre, contentons-nous de faire réfléchir" (Georges Braque)
11 décembre 2006
Voix off
Quel jour on est c’est quoi aujourd’hui ah oui préparer les babous lait signer le carnet de correspondance faire le chèque de la cantine débarbouiller les frimousses racheter du dentifrice penser à faire le plein du scooter tout à l’heure y plus rien dans l’frigo emmener le sac de docs pour les interventions en lycée quelqu’un a donné à manger au chat ? finir le compte-rendu de séance et tous ces livres inachevés appeler ma grand-mère qu’est-ce qu’on fait pour Noël j’voudrais aller chez le coiffeur attention la route est glissante j’ai froid fais-moi un thé s'il te plaît accueillir cette femme qui porte un enfant ce couple qui ne sait plus cette adolescente qui ne sait pas encore rédiger le rapport de stage une lettre de motivation un billet pour la Care Box vérifier où sont mes priorités qu’est-ce qu’on fait pour les vacances repartir vers l’hôpital le collège l’association du jour accueillir sans déborder l’individu l’équipe la classe c'est à quelle heure qu'on peut rêver ? travailler sur le divan en groupe en supervision ce n’est pas toujours reposant répondre à un mail caler des agendas organiser un dîner se dire ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu(e) s’appeler se promettre bientôt ne pas tenir est-ce que c'est bien cette vie-là que je voulais ? chercher un moment pour soi un moment pour l’autre un temps à deux un autre pour les enfants as-tu fait tes devoirs si on faisait un memory un coloriage un collier de perles je n’ai pas le temps viens prendre ton bain pas maintenant finis ton assiette non j’avais dit une histoire pas deux maintenant c’est le temps des adultes lire quelques pages tomber de sommeil sans le trouver – quel jour on est demain ?
Bande originale
Après Marie Cherrier et Claire Diterzi, dans la famille grandes filles impertinentes, je demande, Adrienne Pauly - pas seulement pour le réjouissant et médiatique J'veux un mec, mais aussi pour le grinçant Méchant cafard, le nostalgique L'herbe tendre. Et puis le toujours lyrique, poétique, magnifique, Higelin d'Amor doloroso, avec mention spéciale à J't'aime tel et Se revoir et s'émouvoir, encore que le choix soit difficile aussi entre Prise de Bec, Queue de paon et Crocodaïl - bon, tout l'album en fait, aussi réjouissant et voyageur que Tombé du ciel ou Illicite.
05 décembre 2006
Jardinage
"Si on veut avoir de jolies roses, il faut tailler le rosier ; sélectionner les meilleures branches, se séparer des autres. Faire un choix, exercer sa liberté ... Renoncer c'est grandir. S'il n'y a pas la liberté, on ne renonce pas, on arrache. C'est différent et très douloureux.
Le travail sur la liberté prend du temps. Mais après tout, est-ce très important ? Je crois qu'un bon renoncement est un renoncement qui, finalement, ne coûte rien. C'est pour ça qu'il faut attendre qu'il sonne juste. On le sait, on le sent. On accepte de laisser mourir quelque chose pour laisser grandir autre chose. Et de choisir, librement, d'aller vers un mieux."
Le travail sur la liberté prend du temps. Mais après tout, est-ce très important ? Je crois qu'un bon renoncement est un renoncement qui, finalement, ne coûte rien. C'est pour ça qu'il faut attendre qu'il sonne juste. On le sait, on le sent. On accepte de laisser mourir quelque chose pour laisser grandir autre chose. Et de choisir, librement, d'aller vers un mieux."
Gonzague Masquelier
04 décembre 2006
Portrait craché
18h, je cherche du regard mon Elsa dans la cour de récréation. Un mouflet à lunettes rigolard que je connais pas s'approche : Elle est là ! Ben, comment tu sais que c'est cette petite fille-là que je cherche ? Bah c'est facile rétorque-t-il, elle a presque la même tête que toi !
Aller à l'essentiel
"J'ai découvert que quatre données sont particulièrement pertinentes en matière de psychothérapie : l'aspect inéluctable de la mort, pour chacun de nous et ceux que nous aimons ; la liberté de diriger notre vie comme nous l'entendons ; notre solitude fondamentale ; et enfin, l'absence d'une signification ou d'un sens évident de l'existence. Pour oppressantes que soient ces données, elles contiennent les germes de la sagesse et de la rédemption. (...)
Nous ne pouvons leur dire : il s'agit de vous et de vos problèmes. Nous devons au contraire parler de nous et de nos problèmes, car notre vie, notre existence, sera toujours rivée à la mort, l'amour à la perte, la liberté à la peur, et la maturité à la séparation. Nous sommes tous engagés dans la même épreuve."
Irvin D. Yalom, Le bourreau de l'amour, histoires de psychothérapies
Irvin D. Yalom, Le bourreau de l'amour, histoires de psychothérapies
30 novembre 2006
L'oeuvre de l'un, la part de l'autre
Convergence - une journée de psychodrame, une semaine de formation autour de l'entretien de couple, et des interrogations personnelles en avalanche sur la place de l'un, la place de l'autre, la place professionnelle, la place dans le couple - une vraie semaine de chaises musicales : un petit air et hop, changer de chaise, encore et encore, tous ces jours.
Des notes au vol - psychodrame, formation, échanges de groupe.
Dans ce que j'adresse à l'autre, en particulier à l'autre amoureux, le risque toujours d'une demande de ce que je ne peux trouver qu'en moi - une demande qui peut être si avide qu'elle pousserait l'autre au désespoir de ne pas pouvoir y répondre, ne laisserait pas la place à l'avènement d'une relation.
"Ce n'est pas un choix, c'est une liberté illusoire. C'est la réponse à une question trop ancienne, la trace lumineuse d'une étoile qui n'est plus, ne sera plus. Des blessures gigognes, dont la guérison ne peut être qu'intérieure..."
"Ils repartent avec ça" - mais ils sont venus avec, aussi... relativiser !
Ce que nous pensons, jugeons inacceptable, l'autre sera empêché de le formuler. Et l'inacceptable, ne se confond pas avec l'inhumain - peut-être avec, le trop humain - celui que nous ne saurions, reconnaître en nous..
"L'authenticité" serait-elle parfois prétexte à faire à l'autre ce que nous aurions aimé - ou non... - qu'on nous fasse - sans nécessairement nous être souciés de son désir à lui ?
Une question intérieure toujours - à qui est-ce que je m'identifie ? A l'un, à l'autre, à l'absent(e) - suis-je encore avec celui, celle, que j'accueille ?
"Quand on me dit - j'y arriverai pas - je demande toujours : où ça ?"
25 novembre 2006
24 novembre 2006
Demandez l'programme
Les 10 commandements du Clown
I. Tout va bien.
II. Pour trouver la liberté, tu chercheras la contrainte.
III. Tu seras toujours dans le présent et tu arriveras toujours à l'heure.
IV. Tu ne seras sûr de rien, mais tu ne douteras jamais.
V. Tu diras toujours oui, même quand tu diras non.
VI. Tu vivras sans protections, avec tes résistances.
VII. Tu seras toujours détendu, vif et élégant.
VIII. Tu chercheras le petit pour trouver le grand.
IX. Tu iras toujours jusqu'au bout.
X. Tu jubileras de tout.
I. Tout va bien.
II. Pour trouver la liberté, tu chercheras la contrainte.
III. Tu seras toujours dans le présent et tu arriveras toujours à l'heure.
IV. Tu ne seras sûr de rien, mais tu ne douteras jamais.
V. Tu diras toujours oui, même quand tu diras non.
VI. Tu vivras sans protections, avec tes résistances.
VII. Tu seras toujours détendu, vif et élégant.
VIII. Tu chercheras le petit pour trouver le grand.
IX. Tu iras toujours jusqu'au bout.
X. Tu jubileras de tout.
Célébration
Avant - pour la première année, pas l'énergie d'organiser quoi sur ce soit - un temps de novembre un peu, pas forcément gris mais une humeur plutôt à se tapir au chaud sous la couette...
Le jour J, une longue tablée inattendue et chaleureuse, avec les rencontres improbables et les retrouvailles qui font partie de l'indéniable charme de ces moments, des cadeaux à vivre qui allument des petites étoiles dans les yeux, avant d'aller les contempler sur la mer ou... sur la piste... ;-)
Aujourd'hui, malgré la fatigue, une énergie radieuse, un deuxième temps cadeau, celui de savourer - la tendresse reçue, les petites attentions sur mesure, et la joie de me sentir en lien - en liens. Aujourd'hui il y a de la lumière douce, Marilyn qui fredonne, le chat en rond sur mes genoux tandis que j'écris - et une réserve de bonheur dans laquelle puiser.
Le jour J, une longue tablée inattendue et chaleureuse, avec les rencontres improbables et les retrouvailles qui font partie de l'indéniable charme de ces moments, des cadeaux à vivre qui allument des petites étoiles dans les yeux, avant d'aller les contempler sur la mer ou... sur la piste... ;-)
Aujourd'hui, malgré la fatigue, une énergie radieuse, un deuxième temps cadeau, celui de savourer - la tendresse reçue, les petites attentions sur mesure, et la joie de me sentir en lien - en liens. Aujourd'hui il y a de la lumière douce, Marilyn qui fredonne, le chat en rond sur mes genoux tandis que j'écris - et une réserve de bonheur dans laquelle puiser.
18 novembre 2006
Permanence de l'objet
Zaza dit, "C'est pas grave que je m'en vais parce que tu sais que je suis là." Si seulement on m'avait dit ça avant, j'aurais peut-être gagné quelques années de divan ?!? :-))))
13 novembre 2006
Copyright
Elle dit Samia, une rencontre, une vraie rencontre, c’est celle qui ne se laisse pas définir, arrêter dans une case, mais celle dont nous pourrons dire un jour, qu’elle nous a redéfinis.
Elle dit Samia, un miracle, c’est être là où nous n’avions jamais été capables d’être – faire ce que nous ne nous imaginions pas capables de faire.
Elle dit Samia, un miracle, c’est cesser d’anticiper pour laisser advenir, se laisser surprendre – cesser d’aller là où nous sommes censés nous trouver, dans les émotions que nous sommes censés éprouver, là où l’on s’attend soi-même et se précède sans cesse. Peut-être les occasions de miracles sont-elles bien plus nombreuses que nous le croyons, mais que nous n’en finissons pas de passer à côté.
Elle a dit d'autres choses encore, toujours dans cette parole aimante, inspirée qui la caractérise - et moi je me réjouis, de cette rencontre - un fil qui s'étire et puis rassemble, un lien qui ne se perd pas.
Elle dit Samia, un miracle, c’est être là où nous n’avions jamais été capables d’être – faire ce que nous ne nous imaginions pas capables de faire.
Elle dit Samia, un miracle, c’est cesser d’anticiper pour laisser advenir, se laisser surprendre – cesser d’aller là où nous sommes censés nous trouver, dans les émotions que nous sommes censés éprouver, là où l’on s’attend soi-même et se précède sans cesse. Peut-être les occasions de miracles sont-elles bien plus nombreuses que nous le croyons, mais que nous n’en finissons pas de passer à côté.
Elle a dit d'autres choses encore, toujours dans cette parole aimante, inspirée qui la caractérise - et moi je me réjouis, de cette rencontre - un fil qui s'étire et puis rassemble, un lien qui ne se perd pas.
12 novembre 2006
10 novembre 2006
A suivre
Elle a seize ans – il y a trois mois elle était déçue de n’être pas enceinte, aujourd’hui elle l’est – pas de son amoureux actuel, mais la valse est rapide - et elle est heureuse. Elle dit, personne n’a jamais pris soin de moi, et moi j’ai envie de prendre soin de quelqu’un, pour qui je serai importante en retour… Compter enfin sur cet autre-là (voir : Si près), sur cet autre soi (voir : Vanessa) – à une question sur le père de l’enfant, elle répond rêveusement, «Je me demande ce que ça fait, de dire Papa…».
Comme la plupart des jeunes filles que je rencontre, elle est vaguement inscrite dans un cursus scolaire sans issue, dans une famille désarticulée, dans des malentendus amoureux perpétuels – et certainement inscrite, dans une infinie solitude. Son besoin est légitime, d’un peu de chaleur et de vie, de compter enfin pour et sur quelqu’un – et qui suis-je pour juger du moyen ? Parce que le délai nous le permettait encore, j’ai décrété l’urgence d’attendre – de se donner le temps de penser, et de rêver, avant d’entrer dans quelque réel que ce soit.
Ce qui me touche en elle – peut-être la lucidité impuissante avec laquelle elle peut nommer ce qui lui advient – peut-être le fait que nous la suivions depuis deux ans, avec la sensation de ce passage inéluctable à venir – comme si ce passage par le corps était nécessaire, quoi qu’elle décide – peut-être parce que j'ai rarement senti aussi fort l’enjeu vital pour l’enfant en elle, celui qu’elle porte et celui qu’elle est encore.
Qu’elle interrompe sa grossesse ou la poursuive, j’ai le sentiment que l’enjeu est identique : que l’événement à venir ne soit pas une nouvelle blessure, mais l’occasion de traverser quelque chose, un chemin d’où sortir grandie.
Comme la plupart des jeunes filles que je rencontre, elle est vaguement inscrite dans un cursus scolaire sans issue, dans une famille désarticulée, dans des malentendus amoureux perpétuels – et certainement inscrite, dans une infinie solitude. Son besoin est légitime, d’un peu de chaleur et de vie, de compter enfin pour et sur quelqu’un – et qui suis-je pour juger du moyen ? Parce que le délai nous le permettait encore, j’ai décrété l’urgence d’attendre – de se donner le temps de penser, et de rêver, avant d’entrer dans quelque réel que ce soit.
Ce qui me touche en elle – peut-être la lucidité impuissante avec laquelle elle peut nommer ce qui lui advient – peut-être le fait que nous la suivions depuis deux ans, avec la sensation de ce passage inéluctable à venir – comme si ce passage par le corps était nécessaire, quoi qu’elle décide – peut-être parce que j'ai rarement senti aussi fort l’enjeu vital pour l’enfant en elle, celui qu’elle porte et celui qu’elle est encore.
Qu’elle interrompe sa grossesse ou la poursuive, j’ai le sentiment que l’enjeu est identique : que l’événement à venir ne soit pas une nouvelle blessure, mais l’occasion de traverser quelque chose, un chemin d’où sortir grandie.
08 novembre 2006
Si près
Elle a dix-huit ans, un treillis, un t-shirt moulant, et un visage d’ange. Elle est la deuxième d’une fratrie de sept, bien connue des services sociaux et judiciaires… L’année passée, son premier amour est parti en prison, lui laissant en cadeau d’adieu une grossesse qui s’est soldée par une première IVG. Aujourd’hui, elle revient pour un retard de règles.
La routine, au Centre. Mais ce qui est plus rare, c’est la possibilité de pouvoir passer ensemble progressivement des résultats du test – provisoirement négatif – aux raisons de la contraception hasardeuse, et de la contraception hasardeuse à sa vie relationnelle – l’impossibilité pour elle de vivre sans un autre qui l’étaye, quand bien même elle le maltraite et le rembarre – sa façon de sauter de chagrin en chagrin, l’un consolant de l’autre jusqu’à ce qu’elle s’attache (classiquement, quand l’autre se lasse d’être malmené) et souffre à son tour…
Dans l’entretien, nous passons des freins à la contraception aux traces de la première IVG, de l’envie affleurant d’avoir un enfant qui serait peut-être cet autre étayant - plus maîtrisable que ces garçons toujours décevants - à son incapacité de s'imaginer seule. En fil rouge, et malgré le côté volubile et rieur de la demoiselle, un parcours dans lequel elle s’expose et se malmène toujours elle-même, en fin de compte...
La routine, au Centre. Mais ce qui est plus rare, c’est la possibilité de pouvoir passer ensemble progressivement des résultats du test – provisoirement négatif – aux raisons de la contraception hasardeuse, et de la contraception hasardeuse à sa vie relationnelle – l’impossibilité pour elle de vivre sans un autre qui l’étaye, quand bien même elle le maltraite et le rembarre – sa façon de sauter de chagrin en chagrin, l’un consolant de l’autre jusqu’à ce qu’elle s’attache (classiquement, quand l’autre se lasse d’être malmené) et souffre à son tour…
Dans l’entretien, nous passons des freins à la contraception aux traces de la première IVG, de l’envie affleurant d’avoir un enfant qui serait peut-être cet autre étayant - plus maîtrisable que ces garçons toujours décevants - à son incapacité de s'imaginer seule. En fil rouge, et malgré le côté volubile et rieur de la demoiselle, un parcours dans lequel elle s’expose et se malmène toujours elle-même, en fin de compte...
Ce qui me touche, c'est de la sentir si près de la possibilité d'entendre quelque chose à ce qu'elle vit néanmoins comme une fatalité - si près de l'ouverture d'une possibilité de décider d'une autre vie pour elle-même - et de n'avoir que les moyens de ce cadre. Un unique entretien peut-être, un autre encore, à la prochaine inquiétude, peut-être quelques rencontres - presque rien, ou déjà beaucoup - comment savoir ?
06 novembre 2006
Fêlés
Dans ma boîte mail ce jour ;-) :
Une vieille dame chinoise possédait deux grands pots, chacun suspendu au bout d'une perche qu'elle transportait, appuyée derrière son cou. Un des pots était fêlé, alors que l'autre pot était en parfait état et rapportait toujours sa pleine ration d'eau. À la fin de la longue marche du ruisseau vers la maison, le pot fêlé lui n'était plus qu'à moitié rempli d'eau.
Tout ceci se déroula quotidiennement pendant deux années complètes, alors que la vieille dame ne rapportait chez elle qu'un pot et demi d'eau. Bien sûr, le pot intact était très fier de ses accomplissements. Mais le pauvre pot fêlé lui avait honte de ses propres imperfections, et se sentait triste, car il ne pouvait faire que la moitié du travail pour lequel il avait été créé.
Après deux années de ce qu'il percevait comme un échec, il s'adressa un jour à la vieille dame, alors qu'ils étaient près du ruisseau. « J'ai honte de moi-même, parce que la fêlure sur mon côté laisse l'eau s'échapper tout le long du chemin lors du retour vers la maison ». La vieille dame sourit : « As-tu remarqué qu'il y a des fleurs sur ton côté du chemin, et qu'il n'y en a pas de l'autre côté ? J'ai toujours su à propos de ta fêlure, donc j'ai semé des graines de fleurs de ton côté du chemin, et chaque jour, lors du retour à la maison, tu les arrosais. Pendant deux ans, j'ai pu ainsi cueillir de superbes fleurs pour décorer la table. Sans toi, étant simplement tel que tu es, il n'aurait pu y avoir cette beauté pour agrémenter la nature et la maison. »
Chacun de nous, avons nos propres manques, nos propres fêlures. Mais ce sont chacune de ces craquelures et chacun de ces manques qui rendent nos vies ensemble si intéressantes et enrichissantes à trouver ce qu'ils ont de bon en eux. Rappelez-vous de prendre le temps de sentir les fleurs qui poussent sur votre côté du chemin !
Dans le même ordre d'idées, sur une ardoise de bistrot, il y a quelques années : Bienheureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière.
Une vieille dame chinoise possédait deux grands pots, chacun suspendu au bout d'une perche qu'elle transportait, appuyée derrière son cou. Un des pots était fêlé, alors que l'autre pot était en parfait état et rapportait toujours sa pleine ration d'eau. À la fin de la longue marche du ruisseau vers la maison, le pot fêlé lui n'était plus qu'à moitié rempli d'eau.
Tout ceci se déroula quotidiennement pendant deux années complètes, alors que la vieille dame ne rapportait chez elle qu'un pot et demi d'eau. Bien sûr, le pot intact était très fier de ses accomplissements. Mais le pauvre pot fêlé lui avait honte de ses propres imperfections, et se sentait triste, car il ne pouvait faire que la moitié du travail pour lequel il avait été créé.
Après deux années de ce qu'il percevait comme un échec, il s'adressa un jour à la vieille dame, alors qu'ils étaient près du ruisseau. « J'ai honte de moi-même, parce que la fêlure sur mon côté laisse l'eau s'échapper tout le long du chemin lors du retour vers la maison ». La vieille dame sourit : « As-tu remarqué qu'il y a des fleurs sur ton côté du chemin, et qu'il n'y en a pas de l'autre côté ? J'ai toujours su à propos de ta fêlure, donc j'ai semé des graines de fleurs de ton côté du chemin, et chaque jour, lors du retour à la maison, tu les arrosais. Pendant deux ans, j'ai pu ainsi cueillir de superbes fleurs pour décorer la table. Sans toi, étant simplement tel que tu es, il n'aurait pu y avoir cette beauté pour agrémenter la nature et la maison. »
Chacun de nous, avons nos propres manques, nos propres fêlures. Mais ce sont chacune de ces craquelures et chacun de ces manques qui rendent nos vies ensemble si intéressantes et enrichissantes à trouver ce qu'ils ont de bon en eux. Rappelez-vous de prendre le temps de sentir les fleurs qui poussent sur votre côté du chemin !
Dans le même ordre d'idées, sur une ardoise de bistrot, il y a quelques années : Bienheureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière.
03 novembre 2006
Luxe, calme et volupté
Une journée entière, dans la maison sans autre présence que le chat qui vient ronronner sous la couette et mordiller les pages du gros pavé que j'ai enfin le temps de lire d'une traite, une journée entière à rêvasser, prendre un long bain, faire la sieste, travailler un peu mais sans la pression des devoirs-douches-dîners, une journée entière à contempler le désordre avec un sourire et l'idée que ce n'est pas encore aujourd'hui que l'appartement sera rangé, une journée entière avec un beau soleil aux fenêtres et la chaleur douillette qui règne ici, une journée entière à papoter un peu au téléphone, répondre à des mails en souffrance depuis longtemps, et le soir sur un coup de tête partir au théâtre dans un univers loufoque et tendre, celui de Jean-Claude Vanier dans L'envol du Pingouin. Hier le somptueux Lady Chatterley de Pascale Ferran, ce matin la voix cristalline de Michèle Bernard - tout à l'heure retrouver, ressourcée, le Chaboudo et la Feu-Follette.
...quelques heures plus tard, Elsa me saute dans les bras : "Tu sais que je t'ai manqué ?!?"
30 octobre 2006
Orient Express
Moi qui ne sais pas reconnaître ma main droite de mon pied gauche, moi qui qui ai essayé des dizaines de cours de danse et découragé je ne sais combien de professeurs, moi qui attrape de l'urticaire dès que je rentre dans une salle avec un parquet ciré et un miroir mural (celui-là même qui souligne élégamment rondeurs hivernales et tentatives de mouvement plus ou moins gracieuses)... je me suis amusée comme une petite folle là - non que je sois subitement devenue moins maladroite, mais parce que la maladresse n'empêchait ni l'énergie ni le plaisir - la prochaine fois, c'est juré, je m'achète un foulard qui fait bling-bling-bling sur les hanches - à peine besoin de plus pour me sentir princesse des Mille et une nuits.
25 octobre 2006
Intégration
"Quelle vie doit-on vivre ? Celle qu'on choisit pour soi, ou celle qu'ils ont choisie pour vous ? Ou quelque chose d'intermédiaire ? Cette personne devra découvrir que, parmi les différents rôles qu'elle joue, il n'y en a pas un qui "représente le véritable moi." Au contraire, une partie d'elle-même est investie et trouve son expression dans chaque rôle. Le problème est de les intégrer de telle sorte que les différentes parties de son moi s'agencent pour vivre simultanément."
Fritz Perls, Gestalt Thérapie
23 octobre 2006
21 octobre 2006
L'amour en plus
...l'amour maternel serait quelque chose entre le mythe et la construction sociale, dit à peu près Badinter. Mais quand même - je ne connais pas beaucoup de mythes capables de me faire prévoir des achats de ballons, bougies, assiettes et verres multicolores, de bonbons au kilo et de tous les ingrédients nécessaires à la réalisation d'un brownie géant et d'un maxi saladier de pop corn. Ni de représentations sociales susceptibles de me faire traverser Paris pour un T-shirt spécial 7 ans, Léo depuis le 23 Octobre 1999, de me faire accueillir neuf gnomes en folie le temps d'un après-midi, ou de me faire passer deux heures à monter successivement un dragon Méga-Blocks, un robot Nika, et un super vaisseau Star Wars (de loin le pire !). Et tout ça - avec un indéniable plaisir.
19 octobre 2006
Une semaine par mois
Une semaine par mois, dix-huit mois durant, pour revisiter les thèmes de l'enfance et de l'adolescence, du couple et de la famille : en écho à une collègue qui fait le lien entre ce que la formation brasse de personnel, de pratique, et de théorique, je note avec un sourire, "On est dans le pétrin..."
En cadeau (et bien que nous n'ayons pas été sages !), une image, celle d'un violon dont la sensibilité, la subtilité seraient à la mesure de sa fragilité.
Et un fil qui a couru tout au long de la session, celui de la parole - qui ne peut se déployer qu'inscrite dans le cadre qui la porte et lui donne sens - mais qui peut aussi se retenir - est-ce que tout se dit, est-ce que tout est à dire - qu'est-ce qui est de soi, et qu'est-ce qui est de l'autre - et qu'est-ce qui nous échappe ?
13 octobre 2006
C'est extra
Vendredi soir, 20h, toute la petite famille s'installe sur le canapé pour une séance de ciné grand écran grâce au vidéoprojecteur fraîchement acquis pour raisons professionnelles - Léo dit, c'est la première fois, on peut la mettre dans la Boîte à Bonheur ! (Ronronnement approbateur de la Lu)
Nous regardons E.T (pourquoi faire les choses à moitié ?), et quand le chien aboie à l'adresse de la mystérieuse créature encore tapie dans l'obscurité, je me crois obligée de rassurer Elsa - "Il aboie parce qu'il ne sait pas ce que c'est." - "Ben, un esstra-terrestre", me réplique-t-elle du ton de l'évidence... No comment.
09 octobre 2006
Trop-plein
En réponse à mon invitation à écrire sur des feuilles de couleur les "valises" symboliques avec lesquelles elles arrivent en formation, une stagiaire, infirmière scolaire de 58 ans à la tendresse intacte mais à l'émotion à fleur de peau, note : "Avec le statut, la profession, l'âge, le coeur écoute beaucoup - que faire de toutes ces douleurs qui s'y déversent, constamment ?".
06 octobre 2006
Bis repetita
Posologie : à consommer sans modération jusqu'à disparition complète des signes de grisaille.
"Il fait si beau mon amour si beau ce matin
Que je pourrais faire la cour à Christine Boutin
Il fait si beau sur la ville si beau sur les toits
Envie d’ouvrir la grille aux témoins de Jéovah
Aux terrasses des restos grecs tellement il fait beau
On pourrait trinquer avec les anciens proprios
Il fait si beau sur le train de banlieue qui retarde
Envie d’faire un câlin avec une chienne de garde
Sur les pervenches les PV – (choeurs) il fait si beau
Sur les affiches UMP – (choeurs) il fait si chaud
Les caméras d’surveillance – il y a du soleil sur la France…"
Vincent Delerm, Il fait si beau.
(Et si les symptômes persistent : Scissors Sisters - touche replay)
Ne cherchez plus l'amour
Yahoo Rencontres : Ne cherchez plus l'amour, ça dit. Comme si une fois l'amour choisi sur catalogue (âge sexe ville mensurations) les humains cessaient de chercher l'amour... Comme si l'amour n'était pas, quels que soient notre situation de famille, notre âge, nos orientations sexuelles, à la fois ce qui nous meut et ce à quoi nous aspirons. Comme si nous n'étions pas, tous sans exception, des êtres d'amour : en consultation je n'entends pas autre chose - l'amour dans tout ses états - douleur, joie, manque, enfants, parents, grands-parents, couples durables ou éphémères...
Cette semaine j'ai vu l'amour fraternel mis à mal par la maternité, l'amour conjugal qui devant l'évidence d'une intolérable violence espère encore, l'amour filial trop malmené pour permettre un accès serein à l'amour maternel - et toutes les larmes versées pour ces enfants qui furent conçus et ne naîtront pas. Cette semaine j'ai entendu un homme de 47 ans dire, tant que je ne serai pas délivré de (ce que je porte en) moi-même, je serai incapable d'aimer - et je l'ai vu pleurer - et puis sourire enfin, comme pour la première fois. Et ainsi de suite...
"C'est toujours l'amour en nous qui est blessé, c'est toujours de l'amour dont nous souffrons, même lorsque nous croyons ne souffrir de rien", écrit Bobin. Quand je me présente aux adolescents dans les interventions scolaires - j'ai coutume de dire - mon métier, c'est de m'occuper des histoires d'amour.
Une fois n'est pas coutume
Je sens une colère sans nom qui affleure sous ma peau - une tristesse anonyme qui me serre la gorge. Depuis quelques jours. Et je ne sais pas à quel temps ni à quel lieu elles appartiennent - ni même si elles m'appartiennent vraiment.
...c'est l'autre nom de nos absences, des heures sombres du chien-loup. C'est un éclat de lumière aiguë, celui-là même qui raye nos certitudes de surface, traçant une imperceptible mais profonde ligne de coupe entre nous et nous-mêmes, entre nous et le monde.
05 octobre 2006
D'un bout à l'autre
Au réveil, je me glisse sous la couette d'Elsa avec Léo - une minute de tendresse ensommeillée. A la nuit tombée, chacun un enfant sur les épaules, des éclats de rire en cascade devant les grilles fermées du Parc Montsouris.
28 septembre 2006
Ecole buissonnière
13h30, une longue après-midi de conférences sur la prévention des violences sexistes, l'IVG médicamenteuse en ville, le dépistage des chlamydiae et la nouvelle loi sur les mariages forcés m'attend. 13h30, je suis sur les quais du Canal de L'Ourcq - en terrasse - à deux pas du Mk2. Que voulez-vous que je fisse ? A 13h35, j'étais devant Little Miss Sunshine, euphorisant. Et à 15h40 - de retour au soleil - le I-Pod vissé sur les oreilles. Et voilà de quoi être d'excellente humeur quelques jours.
21 septembre 2006
Chat Pitre
Le Chat Pitre, c'est la librairie pour enfants en bas de chez nous. Le Chat Pitre, c'est une institution locale - au yeux des enfants c'est LA librairie - au point qu’Elsa, en passant devant une anonyme librairie cette semaine, se soit écriée, Maman, on va dans ce Chat Pitre ?
Et Mme Chat Pitre - Laurence, pour les habitués, c'est la seule libraire au monde qui prête les livres qu'elle aime et / ou qu'elle n'a pas encore eu le temps de lire - une utopie en marche, où la vie passe avant le commerce, ce qu'elle insuffle aussi dans le quartier avec des ateliers, des signatures, une collaboration avec le théâtre tout proche.
Voilà - si je n'avais pas fait psy (voir post précédent) j'aurais bien fait libraire-comme-au-Chat Pitre je crois. Ou écrivain. ;-)
I’m lovin’it
Non, ce n’est pas l’accroche de chez Mac Do – enfin si, mais surtout, c’est le ressenti croissant de ceci – en entretien, en stage, en formation, en animation de groupes, dans chaque espace d’échange réel – je suis à ma place – et je n’en voudrais pas d’autre. Ce n’est pas le fait d’arriver comme Zorro – ça ne marche que dans les films (le travail social se résumant trop souvent à faire avec ce qui nous manque) – ou comme la cavalerie – toujours trop tard – c’est un émerveillement renouvelé devant l’humain quand il touche à l’essentiel – la vie, la mort, le désir, la filiation.
C’est la rencontre chaque fois unique, la surprise réitérée devant les incroyables vitalité – créativité – vulnérabilité – humaines, l’émotion devant le masque qui tombe, la confiance qui s’installe, les mots enfin prononcés et ce qu’ils engendrent – ce qui glisse alors des épaules, les visages qui s’éclairent, la tendresse qui circule, l’énergie donnée et reçue dans le même mouvement. Pas toujours – pas tout le temps – avec une immense humilité quant à ce qu’il adviendra de ces croisées de chemins – mais, dans l’instant – tout.
C’est la rencontre chaque fois unique, la surprise réitérée devant les incroyables vitalité – créativité – vulnérabilité – humaines, l’émotion devant le masque qui tombe, la confiance qui s’installe, les mots enfin prononcés et ce qu’ils engendrent – ce qui glisse alors des épaules, les visages qui s’éclairent, la tendresse qui circule, l’énergie donnée et reçue dans le même mouvement. Pas toujours – pas tout le temps – avec une immense humilité quant à ce qu’il adviendra de ces croisées de chemins – mais, dans l’instant – tout.
18 septembre 2006
Petite peste
Za, un brin chouineuse : - Si tu ne me donnes pas le jus de fruits je vais PLEURER.
Lu, imperturbable : - Ben c'est bien, pleure.
Za, qui hausse le ton - Mais je vais pleurer TRES FORT !
Lu, stoïque : - Oui, et alors ? Ca ne change rien ?!!!
Za, crescendo : - Mais je vais vous CASSER LES OREILLES !
Dans le même ordre d'idées, une autre fois :
- Mais, ça a marché déjà avec nous la comédie ?
- Ben non... (elle ne se souvient pas mais, chut !)
- Et avec Mamie, ça marche ?
- Ben, oui !
Lu, imperturbable : - Ben c'est bien, pleure.
Za, qui hausse le ton - Mais je vais pleurer TRES FORT !
Lu, stoïque : - Oui, et alors ? Ca ne change rien ?!!!
Za, crescendo : - Mais je vais vous CASSER LES OREILLES !
Dans le même ordre d'idées, une autre fois :
- Mais, ça a marché déjà avec nous la comédie ?
- Ben non... (elle ne se souvient pas mais, chut !)
- Et avec Mamie, ça marche ?
- Ben, oui !
15 septembre 2006
Ecarter les nuages
Hier, j'ai appris que nous autres humains étions comparables aux arbres - les racines dans le sol, et un mouvement vers le ciel - un mouvement qui devrait aller s'allégeant, mais que nos façons de vivre contrarient - trop de poids dans la tête et les épaules, si peu de contact avec la Terre. Hier j'ai nagé dans l'air, ressenti l'énergie qui se déplace, ouvre, réchauffe. Hier, j'ai écarté doucement les nuages.
09 septembre 2006
Les roses de Picardie
Une boîte à musique trop ancienne, qui égrenne une mélodie que plus personne n'a le coeur d'écouter encore... les feuillets jaunis d'un orgue de Barbarie dont les notes imperceptiblement ralentissent, jusqu'à la dernière. Cette mélodie qui me serre le coeur, c'est la voix de ma grand-mère, qui dévide sans fin la même plainte usée, les mêmes histoires désincarnées qui viennent témoigner de la faillite progressive de la mémoire, du corps qui trahit, du rétrécissement de l'espace, de la vue qui se brouille au sens propre comme au sens figuré.
Elle a ce qu'il est convenu d'appeler une belle vieillesse... une dame âgée mais autonome, sensée, soignée, à l'abri de tout souci matériel et épargnée par les handicaps du grand âge. Elle a ce qu'il est convenu d'appeler une belle vieillesse - mais je guette l'instant toujours plus rare d'un vrai regard, d'un sourire franc, d'une parole habitée - mais j'entends la mélodie qui s'éloigne, comme une absence avant l'absence.
08 septembre 2006
Répétition
Que les humains inconsciemment répétent, cherchant aveuglément à sortir des rails invisibles qui guident leurs existences - que ces répétitions se transmettent en silence d'une génération à l'autre - qu'elles comportent toujours une part d'espoir, celle d'une transformation - que cet espoir soit toujours déçu, parce qu'inévitablement placé là où seul l'échec était possible - je l'ai appris, je le sais.
Mais - deviner la répétition à l'oeuvre dans le silence impuissant d'un premier entretien, puis la voir se découvrir dans un second - et la voir nommée à travers deux destins de femmes où mère et fille auront rencontré au même âge les mêmes douleurs - être témoin de l'instant de la prise de conscience - de la colère, du chagrin, de la culpabilité de n'avoir pas pu empêcher, pas su voir - de l'amour réciproque et pourtant impuissant - et pouvoir à cet instant précis tisser entre elles un lien de parole qui donne sens - est définitivement un privilège.
07 septembre 2006
Sales mômes
- Qu'est-ce que tu as fait ma Zaza aujourd'hui à l'école ?
- Des âneries !
Léo est concentré sur son carnet de Sudoku.
-Tu viens prendre ta douche mon chéri ?
- Tu veux pas amener la douche ici plutôt ?
Hé bien, voilà une année prometteuse...
- Des âneries !
Léo est concentré sur son carnet de Sudoku.
-Tu viens prendre ta douche mon chéri ?
- Tu veux pas amener la douche ici plutôt ?
Hé bien, voilà une année prometteuse...
05 septembre 2006
Voyageuse
Pendant trois années ininterrompues, elle n'eut d'autre préoccupation que celle de voyager continuellement, de découvrir des choses hors du commun dans des lieux hors du commun, de s'étudier elle-même à travers le texte annoté de géographies étrangères. Plus tard, elle reconnut avoir voulu se constituer une bibliothèque de souvenirs chatoyants pour ses vieux jours qu'elle sentait proches. Elle voyagea donc pour connaître l'étonnement, pour devenir une femme autre que ce à quoi la destinait sa naissance. (...) A force de vagabondages, Tolitha découvrit qu'il y avait des choses à apprendre sur les extrêmes et les tangentes.
Pat Conroy, Le prince des marées
04 septembre 2006
Enfants indignes
Cette année, seuls les parents de CP sont autorisés à rentrer dans les classes ; sur le seuil de l'école, Léo nous envoie un rapide baiser du bout des doigts - un câlin ? une photo avec Elsa ? - pas le temps, il a filé retrouver les copains, des billes plein les poches.
Elsa fait sa première rentrée à la maternelle - le temps de s'approprier la classe, ici le coin bibliothèque, là les puzzles, ici la pâte à modeler, et voilà les casiers à doudous - au revoir papa au revoir maman - et ce sont les parents qui se retrouvent tout penauds et la larme à l'oeil devant les écoles - sommes allés noyer notre émotion dans le premier p'tit noir au comptoir de l'année (et autour d'un flipper avec d'autres parents abandonnés :-))).
30 août 2006
Clin d'oeil
Une collègue vient nous présenter son bébé, accompagnée de sa fille aînée qui doit avoir 7 ans. La gamine se plante devant moi, me regarde droit dans les yeux et me déclare : "Depuis la dernière fois où je t'ai vue... depuis la dernière fois où je t'ai vue, tu as grandi toi !"
29 août 2006
Pépites
"... nous sommes errants, terrorisés, dociles - et pourtant émouvants, subtils - la grâce d'être fragile."
"Laissez venir ce qui vient sans jugement ; et si des jugements viennent, accueillez-les sans les juger..."
"Laurence nous fait respirer, enrouler, dérouler le fil du souffle et de la vie en nous. Difficile de garder le fil, du fil au lien, il n'y a qu'un pas ? Je marche sur un fil, la tête haute, la tête en bas, ma tête se défile - je voudrais lâcher le fil de mes pensées, souffler, respirer. Mais je suis toute emmêlée ! Entre les pistes à suivre et les fils à tirer, je cherche le fil d'Ariane - sortir du labyrinthe - celui de mon souffle et de mon désir."
"Le chemin le plus court entre deux existences - c'est l'amour."
"Et quand on ne sait "plus quoi dire", on peut dire - presque rien - deux phrases peut-être : Je vous aime, ou encore : Aimez-moi."
"Résiste - suis ton coeur qui insiste - ce monde n'est pas le tien - viens bats-toi signe et persiste !"
"Pars, mais ne ferme pas."
19 août 2006
Fêlures
Dans les rayons du supermarché, des familles encore bronzées poussent des chariots remplis de fournitures scolaires, de chaussures neuves, de pyjamas encore un peu grands – pour cet hiver. Un samedi soir ordinaire, visages creusés par les néons, agacements minuscules, mouflets fatigués ou capricieux, dépenses inévitables – un air de rentrée déjà, un retour aux habitudes. Fêlure : mais la chance, d’être là, d’être ensemble, avec deux enfants en pleine santé et pour lesquels l’école est un plaisir, une nouvelle aventure ? Mais la chance, de pouvoir leur offrir le nécessaire, et le superflu ? Fêlure encore : et cette chance – combien elle est précaire – un grain de sable dans la machine, un faux mouvement, il suffit de si peu pour que tout s’enraye – comme c’est fragile le bonheur… De temps à autre - le monde se fêle.
10 août 2006
Emotions
Il avait dit - l'é-motion c'est ce qui nous traverse, ces mouvements qui nous traversent - il s'agit d'accepter de se laisser traverser, l'émotion n'est pas faite pour être retenue - et c'est quand nous la retenons, qu'elle fait des dégâts, engendre de la souffrance - j'ajoute, qu'elle nous fait dérailler, sortir d'une certaine justesse, interne.
Et parce que je pense à lui ce matin, j'ai ouvert le dictionnaire, qui éclaire et complète : l'émotion étymologiquement c'est ce qui nous met en mouvement - à l'origine, un mot qui signifie mouvement mais aussi fièvre, frisson - ce qui nous fait trembler, nous met hors de nous-même - pour mieux nous retrouver.
Une boussole interne ? Un thermostat ? Une carte au trésor aussi peut-être pour qui sait la lire... voici ce qui est juste pour moi à cet instant, un reflet fidèle de ce qui se joue pour peu que je me laisse traverser, sans amplifier ni retenir.
08 août 2006
Vanessa
Elle a dix-sept ans, un retard de règles d'un mois, et un sourire aux lèvres - malgré les précautions prises (?), elle est enceinte - et elle est heureuse, de se savoir féconde. Quant à la décision à prendre concernant cette grossesse... elle semble floue, jusqu'au moment où, avec une désarmante justesse et un sourire enfantin et inquiet, elle en pose les enjeux : "Avoir un enfant, peut-être que ça aide à grandir ?".
Dans l'apparente relative inconscience de ces grossesses adolescentes, se dessine toujours cette question d'un franchissement, voire d'un afranchissement de ce qui les retient encore à l'enfance, à la mère ; mais il est rare qu'elle se pose avec une telle transparence - que s'inscrive aussi nettement l'espoir d'un passage à l'acte fécond - où se confondent l'enfant en soi et l'enfant que l'on porte, comme si l'un pouvait frayer une issue aux interrogations sans réponse de l'autre.
Florence
Pour le départ au pied levé, un bagage à main, une robe légère et basta. Pour la petite terrasse d'un restaurant de charme à la pasta exceptionnelle et au chianti capiteux. Pour le bonheur étrangement poignant de découvrir en vrai des oeuvres qui appartiennent à l'imaginaire collectif et aux livres d'art, La naissance de Vénus de Boticelli, L'Annonciation de Léonard de Vinci, La Madone au chardonneret de Raphaël... Pour l'histoire fastueuse et décadente de la famille des Médicis, princes, mécènes et assassins... Pour le concert quasi-privé dans la chapelle du palais de Machiavel, un ténor et un piano, et quelques grands airs du répertoire italien... Pour la sérénité du cloître de San Marco aux cellules enluminées par Fra Angelico... Pour la lumineuse beauté de la campagne toscane vue de la colline de Fiesole... Si !
Sur un menu de restaurant
Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir et l'envie furieuse d'en réaliser quelques-uns. Je vous souhaite d'aimer ce qu'il faut aimer et d'oublier ce qu'il faut oublier. Je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences, je vous souhaite des chants d'oiseaux au réveil et des rires d'enfants. Je vous souhaite de résister à l'enlisement, à l'indifférence, aux vertus négatives de notre époque. Je vous souhaite surtout d'être vous.
Jacques Brel
Jacques Brel
02 août 2006
Raccourci conjugal
Une femme en consultation, à qui je renvoyais que personne mieux qu'elle ne pouvait savoir comment parler à son conjoint - trouver le moment, trouver les mots... : "Avant, je le connaissais. Après, je ne le connaissais plus... Et maintenant (désabusée) ...je commence à le connaître !"
30 juillet 2006
Pédagogie
"En échange, Bartabas offre à chaque cavalier de vivre une aventure extraordinaire et de se découvrir des talents qu'il ne soupçonnait pas. Le génie que déploie cet écuyer exceptionnel pour laisser s'exprimer le cheval, fût-il en double mors, et lui restituer sinon la liberté, du moins son identité propre, s'applique également aux artistes qui travaillent avec lui. Chez tout cavalier, tout danseur, comme sur chacune de ses montures, Bartabas cherche inlassablement ce qui le rend unique, ce à quoi il est naturellement prédisposé, le don particulier qu'il possède et que, tel un galop arrière, Zingaro va développer, accomplir. "Ce qu'ils sont détermine ce qu'ils vont faire." Son principe n'a jamais varié, il est d'ailleurs inscrit sur toutes les tables de la loi équestre : ne pas imposer, mais proposer. Non pas "voici ce qu'il faut obtenir" mais "voici ce que vous devez ressentir". Et même "voici le plaisir que vous pouvez en tirer"."
Jérôme Garcin, Bartabas, roman.
Jérôme Garcin, Bartabas, roman.
27 juillet 2006
Orage
La Care Box n'est pas tout à fait l'ancienne Boîte à Bonheur, mais la soirée d'hier ne peut qu'y figurer : un pique-nique sur l'île Saint-Louis, le vent se lève, le ciel s 'assombrit, la Seine se creuse soudain, les djembés de Paris Plage martèlent une hypothétique danse de la pluie.
Aux premières gouttes nous étions en voiture, pour un Paris by night inédit - pavés des Champs-Elysées vernissés par la pluie diluvienne, éclairs sous l'arc de Triomphe, au Trocadéro, au-dessus des Invalides, de Saint-Germain, de Montparnasse - le premier album de Camille à fond dans les baffles "Paris, tu paries, Paris, que je te quitte que je change de cap, de capitale Paris, tu paries, Paris, que je te quitte je te plaque sur tes trottoirs sales..."
25 juillet 2006
Toucher l'instant
Un clin d'oeil à Grand Corps Malade, pépite découverte ces derniers mois.
"C'est tout sauf une légende, on espère juste toucher l'instant
Les quelques secondes du poète qui échappent à l'espace-temps
Les moment rares et irréels que la quiétude inonde
Rouda, n'oublie jamais notre parole du bout du monde
On ressent comme une coupure dans la vie, comme un rêve
On oublie les coups durs de la vie, comme une trêve
C'est un phénomène puissant, je ne te parle pas d'inspiration
Mais d'un souffle plus profond comme une seconde respiration..."
Les quelques secondes du poète qui échappent à l'espace-temps
Les moment rares et irréels que la quiétude inonde
Rouda, n'oublie jamais notre parole du bout du monde
On ressent comme une coupure dans la vie, comme un rêve
On oublie les coups durs de la vie, comme une trêve
C'est un phénomène puissant, je ne te parle pas d'inspiration
Mais d'un souffle plus profond comme une seconde respiration..."
Toucher l'instant, c'est garder de ces semaines écoulées autant de trésors... Dans un hamac avec Léo, les yeux dans les étoiles, lui expliquer le principe de la Boîte à Bonheur - et dans sa boîte mettre avec lui ce premier instant. Découvrir (enfin) les Fred Vargas. Sauter en trampoline avec Elsa. Faire quelques brasses dans une somptueuse piscine, vue sur le Ventoux et les Dentelles de Montmirail. Pouvoir proposer aux enfants un baptême de parapente, une balade en poney, un tour en quad, une marche en montagne - courir après les papillons, chercher la marmotte qui met le chocolat dans le papier d'alu. Voir David rentrer la tête dans les nuages d'un vol de deux heures en parapente. Pique-niquer de charcuterie et de fromages à la Fête du Vin à Cairanne. Partir au soleil levant pour une rando à cheval, éclater de rire, le souffle coupé par un long et jubilatoire galop dans les champs. Partager un merveilleux déjeuner sur un petit pont à l'Isle-sur-Sorgue. Faire une balade nocturne en quad dans les vignes et les chemins de campagne. Traîner les enfants dans les ocres de Roussillon, ou encore voir le moulin à papier de Fontaine de Vaucluse. Avoir le temps de paresser au soleil, le temps de lire, le temps de partir en fous-rires, le temps de jouer.
Laisser derrière nous les fatigues, les absences, l'effet de saturation des derniers mois. Respirer large. Vivre au rythme du soleil, longues siestes, larges ciels. Prendre conscience du rythme fou que nous nous imposons tout au long de l'année. Prendre conscience de ce qu'il nous manque de temps, de silence et de simple contact avec la nature. Prendre conscience de ce que l'épuisement rabote la créativité, sape le sens de l'humour, amenuise la disponibilité à soi et à l'autre. Se retrouver. Nous retrouver.
07 juillet 2006
Fin d'année
Voilà - c'est le temps des petits cadeaux de fin d'année, Elsa quitte définitivement la crèche, sa pochette de dessins sous le bras, l'image avec les tortues qui la symbolisait dans la poche. Je retrouve au passage le tour de lit que je lui avais cousu quand elle y est entrée voilà deux ans et demi, son coussin, son album photo... Léo offre des roses à la maîtresse délicieusement vieille France qui lui a appris à lire, quel voyage ! Le début d'une grande aventure, dont pour ma part je ne me suis jamais lassée... Demain, nous serons sur les routes.
06 juillet 2006
Multicolore
Cette semaine, j’ai vu un homme cambodgien, dont toute la famille avait été massacrée par les Khmers rouges, malade d’un remariage qui n’avait sans doute pas d’autre raison d’être que de procurer des papiers à sa seconde femme.
Cette semaine, j’ai vu une famille congolaise, réfugiés politiques d’un pays à feu et à sang, se déchirer autour d’un enfant atteint de troubles du comportement – C.M.P.P. ou marabout – recours d’ici ou de là-bas ?
Cette semaine, j’ai vu des femmes enceintes, l’une africaine, l’autre brésilienne, une autre chinoise, une autre encore maghrébine, échanger sur ce qui leur a été transmis autour de la grossesse et de l’accouchement dans leurs cultures respectives, sur les conditions et les raisons de leur exil ou de celui de leurs parents, les raisons de leur présence ici.
Et puis cette semaine, j’ai vu les drapeaux tricolores brandis place de la Bastille, les voitures folles dans Paris, klaxons, Marseillaise à fond dans les auto-radios, et je n’ai pas pu me défendre d’un vague sentiment de malaise – joie populaire et bon enfant, ou nationalisme exacerbé – ces Français qui ont triomphé devant leur poste de télévision, qui descendent dans la rue pour un ballon de foot mais plus pour quelque cause humaine que ce soit, qui n’aiment la France black-blanc-beur que sur les pelouses des stades – quelle France célèbrent-ils, pour quels lendemains ?
02 juillet 2006
Special guest
J’écris rarement maintenant : les mots ont trouvé d’autres voies pour sortir, pour prendre forme régulièrement. J’écris maintenant pour un « usage externe » !
J’écrivais beaucoup avant : des chansons, des poèmes, des lettres d’amour, des sketchs et des petits mots de tous les jours. J’écris en ce jour dans la veine d’hier et la conscience du moment…
L’écriture pour moi est un instant d’émotion garantie : concentré sur le jeu des mots, et centré sur l’émotion, volatile. L’écriture, la « vraie », est spontanéité. Elle est plaisir du mot juste, du rythme de la phrase, des paragraphes qui passent et des idées qui naissent et qui prennent une forme, imprévisible. Elle joue autant de moi que je me joue d’elle.
L’écriture me fait dire des émotions sensibles. Les mots que j’écris, je ne pourrais les dire : j’écris pour épancher les maux. J’écris dans les instants de douleur, en somme. J’écris ce qui reste en moi de l’autre, de la relation, de la Vie. J’écris ce que je suis.
David, le 28 juin 2006
L’écriture pour moi est un instant d’émotion garantie : concentré sur le jeu des mots, et centré sur l’émotion, volatile. L’écriture, la « vraie », est spontanéité. Elle est plaisir du mot juste, du rythme de la phrase, des paragraphes qui passent et des idées qui naissent et qui prennent une forme, imprévisible. Elle joue autant de moi que je me joue d’elle.
L’écriture me fait dire des émotions sensibles. Les mots que j’écris, je ne pourrais les dire : j’écris pour épancher les maux. J’écris dans les instants de douleur, en somme. J’écris ce qui reste en moi de l’autre, de la relation, de la Vie. J’écris ce que je suis.
David, le 28 juin 2006
Petites notes
Après une semaine dense de formation, quelques notes échappées du classeur, parce qu'au-delà de la spécificité du thème il y a à partager là. Les petites notes en marge, ni contenu académique ni recettes de cuisine, mais ce qui vous parle, dans l'instant où c'est dit...
Faire une place : Les connaissances elles vont venir à vous, à partir du moment où vous avez une place pour elles à l'intérieur. Comme les grossesses...
Urgence : même dans très peu de temps, on peut prendre LE temps.
Une définition possible de l'amour : c'est travailler à l'existence de l'autre... et du travail thérapeutique : nous aider à développer notre potentiel à mettre des limites à notre souffrance, à ne plus être débordés par elle - même si nous la rencontrerons, encore. Et encore.
Parler le vivant.
Après une semaine dense de formation, le besoin d'une re-création. Pour danser encore mieux ensemble... c'est ici. Salsa !
27 juin 2006
Coup franc
21h40, ça crie et ça chante dehors, Léo se relève, ensommeillé, qui c'est qui a marqué Maman ? Ben, la France mon chéri, sinon ils ne crieraient pas... Oui mais quel joueur ??? Oh là là tu m'en demandes beaucoup là... (Ribery, ou comment bluffer son fils grâce à Internet).
22h40, la France marque un deuxième but, des hurlements et des sifflets retentissent dans la cour. Je vais rassurer Elsa qui venait de se lever pour aller aux toilettes - Maman y a du cri qui s'approche dans ma chambre !
22h48, 3 ème but, fin de match - tout le monde dort, chut... Sommeil : 2-0.
22h40, la France marque un deuxième but, des hurlements et des sifflets retentissent dans la cour. Je vais rassurer Elsa qui venait de se lever pour aller aux toilettes - Maman y a du cri qui s'approche dans ma chambre !
22h48, 3 ème but, fin de match - tout le monde dort, chut... Sommeil : 2-0.
26 juin 2006
Fenêtres
"La condition nécessaire de la formation d'un concept, c'est donc l'oubli : l'oubli du propre, du singulier, du différent. Je dis une table et j'oublie cette table ; je dis : c'est un obsessionnel et j'oublie celui qui me parle ; je dis identification au père et je n'ai rien dit du tout ; je dis transfert et je crois m'être délivré de cet amour démesuré ou de cette haine sans merci ; je dis transfert maternel et j'ignore à quelle mère il ou elle s'adresse."
"Mais je crois que son mal d'un pays natal a une autre source. Ce n'est pas le passé qu'il idéalise, ce n'est pas au présent qu'il tourne le dos, c'est à ce qui meurt. Son souhait : que partout - qu'il change de continent, de ville, de métier, d'amours - il puisse trouver son pays natal, celui où la vie naît, renaît. Le désir que porte la nostalgie est moins celui d'une éternité immobile que de naissances toujours nouvelles."
J-B Pontalis, Fenêtres ;-)
Madeleines cathodiques
Grâce au téléchargement, ai retrouvé Zora la rousse, feuilleton de mon enfance (1978). Hé bien, mon goût pour les idéalistes rebelles ne date pas d'hier. Zora a fait un tabac auprès des minus (bon sang ne saurait mentir), et je me réjouis d'entendre fredonner dans ma maison "Zora la rousse Zora belle et farouche ta vie a un goût d'aventure Zora rebelle Zora l'espoir t'appelle toi la sauvageonne au coeur pur. "
Et la moue boudeuse, irrésistible, de Charlotte Gainsbourg dans l'Effrontée, plus doux-amer que dans mon souvenir d'alors - en 1985, j'avais 13 ans aussi, les mêmes chemises blanches et les mêmes maladresses qu'elle, et aussi, les grosses lunettes et "l'exclusivisme" farouche de la p'tite Lulu (!) - et j'ai retrouvé intacte, l'euphorie communicative de Sara per che ti amo....
24 juin 2006
Minimots
Nous discutons avec les enfants de être, ou ne pas être, ou ne plus être, un bébé. Même s'il est toujours mon bébé, Léo est-il encore un bébé ? Elsa : "Moi, je suis une vieille bébé !".
*******
Mimes animaux dans la cuisine :
Léo : - Un éléphant d'Asie !
Lulu : - Un éléphant oui mais pourquoi d'Asie ???
Léo, du ton de l'évidence :
- Ben parce que tu as des petites oreilles !
Léo : - Un éléphant d'Asie !
Lulu : - Un éléphant oui mais pourquoi d'Asie ???
Léo, du ton de l'évidence :
- Ben parce que tu as des petites oreilles !
20 juin 2006
Proverbe chinois
Si quelque chose d'idiot vous rend heureux, faites-le !
(Des suggestions ?)
Prendre les sens interdits à vélo. Lire Gala chez le coiffeur - surtout la page des soirées où les stars, prises sur le vif, ont le nez qui brille. Manger tout le pot de Haagen Das devant la télé ...Et puis aussi, fermer la porte sur une maison dévastée, et partir au cinéma, en me disant que peut-être une fée sera passée avant mon retour. Chanter à tue tête Charles Aznavour en roulant, de nuit, sur le périph, après une interminable journée pleine de drames, de cris et de larmes. L'hiver, me glisser sous la couette, et poser mes pieds glacés contre mon homme, tout chaud. Qui râle, et m'ouvre ses bras.
Improviser des sketches avec les enfants (l'autre jour avec Léo, tôt le matin, sur le thème, mais que faites-vous dans ma cuisine jeune homme ?). Faire des bulles de savon. Briser la couche de caramel des crèmes brûlées avec ma petite cuillère, comme Amélie Poulain. Chanter ou danser dans la rue. Faire du toboggan aquatique. Lire un canard féminin de la première à la dernière page avec le même sérieux. Improviser une restropective Julia Roberts - Meg Ryan à la maison. Aller chercher du pain, revenir avec un Mister Freeze. M'offrir un vrai, jubilatoire quart d'heure langue de p... Faire des sauts périlleux à la piscine.
(D'autres joueurs ?)
Signifiant
...ou quand la folie maternelle, vraisemblablement transgénérationnelle (voir : Volver), expose l'adolescence à tous les risques. Et quand à la fin de l'entretien, une mère affolée, affolante replace dans sa serviette l'épais dossier qu'elle a monté contre sa propre fille, je lis au vol, presque malgré moi, le titre du livre de poche qui en dépasse - et c'est Le livre de ma mère, d'Albert Cohen - Le livre de ma mère, ou l'indépassable fusion maternelle.
18 juin 2006
Le goût du bonheur
Faire la sieste sous les arbres, manger des cerises tout juste cueillies, savourer la nouvelle tournée de confitures de fraises, déguster un champagne rosé devant une jolie table dressée dehors, étrenner un nouveau maillot de bain, marcher main dans la main sur un chemin de campagne (OK, entre deux mi-temps ;-)), se laisser cocooner, nourrir, prendre en charge le temps de deux journées de plein été - savoir que c'est un privilège, le goûter sereinement.
14 juin 2006
L’un ou l’autre
Elle a 24 ans, elle est accompagnée d’un petit garçon souriant et paisible, qui s’installe immédiatement au milieu des jeux de la salle d’attente. La porte du bureau refermée, elle raconte, une suspicion tardive de grossesse, et le choc à l’échographie la veille – 15 semaines – un bébé parfaitement visible, et des délais légaux pour envisager une IVG largement dépassés.
Que s’est il passé ? Rien… des rapports protégés, une rupture de préservatif, la contraception d’urgence prise dans les délais – et depuis, aucun signe, des saignements à la date attendue des règles. Une histoire banale – le premier compagnon démissionnaire, une nouvelle histoire encore fragile, des emplois précaires, une mère et une sœur gravement malades – autant d’arguments rationnels, raisonnables, avancés – et le sentiment que l’essentiel n’est pas là.
L’essentiel… il joue tranquillement dans la salle d’attente. L’essentiel, c’est ce petit garçon de 4 ans, leucémique en rémission, et dans le discours de sa mère j’entends successivement, la vie qui s’impose quand l’ombre de la mort plane, la tentation d’un marchandage, d’une conjuration, ou bien encore, l’idée que garder l’enfant à naître, condamnerait l’enfant vivant – quelque chose de l’ordre de : l’un ou l’autre.
Que s’est il passé ? Rien… des rapports protégés, une rupture de préservatif, la contraception d’urgence prise dans les délais – et depuis, aucun signe, des saignements à la date attendue des règles. Une histoire banale – le premier compagnon démissionnaire, une nouvelle histoire encore fragile, des emplois précaires, une mère et une sœur gravement malades – autant d’arguments rationnels, raisonnables, avancés – et le sentiment que l’essentiel n’est pas là.
L’essentiel… il joue tranquillement dans la salle d’attente. L’essentiel, c’est ce petit garçon de 4 ans, leucémique en rémission, et dans le discours de sa mère j’entends successivement, la vie qui s’impose quand l’ombre de la mort plane, la tentation d’un marchandage, d’une conjuration, ou bien encore, l’idée que garder l’enfant à naître, condamnerait l’enfant vivant – quelque chose de l’ordre de : l’un ou l’autre.
L’un ou l’autre… que faut-il porter en soi, pour s’infliger une telle douleur ? Dans cette première rencontre, il n’est pas question d’autre chose que d’entendre ces enjeux vitaux, et d’orienter vers les structures qui seront à même d’accompagner cette femme à l’étranger. En ouvrant la possibilité d’une parole pour que, dans le temps d’accomplir les démarches à venir, elle puisse essayer de donner un sens à ce qui se joue – et faire le même choix peut-être, mais autrement.
13 juin 2006
Dire sa vie (2)
"...elle racontera ses souvenirs traumatiques avec plein de détails parfois violents pour celui qui l'écoute car, et c'est là une marque du trauma, le récit traumatique "traumatise" en retour celui qui l'écoute, à un moindre degré certes, l'effet ne peut être comparé, mais la marque traumatique existe sur l'autre dans la rencontre thérapeutique - c'est ce qui marque que la rencontre a eu lieu (...).
Qu'est-ce qui fait partie de la transmission intergénérationnelle et qu'est-ce qui n'en fait pas partie ? Quelles sont les conditions qui font qu'un événement ne sera pas transmis, ou du moins ne sera pas transmis comme un événement traumatique impensable et destructurant ? Il faut ici discuter la nature du trauma individuel ou collectif, la capacité de celui qui le vit de le subjectiver, de lui donner un sens, de lui faire servir d'humus aux racines de l'arbre de vie sans les enserrer dans une gangue mortifère."
Marie-Rose Moro, Enfants d'ici venus d'ailleurs
12 juin 2006
Jardins intérieurs
Prière de (ne pas) déranger.
C’est pas là… c’est pas dans l’blog, jardin public. Intérieur - extérieur, un pied dedans, un pied dehors : toujours à interroger la limite. Une promesse d’avant les mots – ne jamais jeter l’ancre. Ni l'éponge ! Une autre – remédier à l'irréparable. Démissionner ? A la frontière, sur le fil du rasoir, funambule : aux extrémités du balancier - douleur, et tendresse. Là où je me sens vivante, c’est à la marge, sur le trait. Un moineau sur la table d'un café, prêt à s'envoler.
11 juin 2006
08 juin 2006
Piliers de comptoir
A la sortie de l'école, Léo : Maman, on va au Père Tranquille ? (le troquet sympa du coin de la rue, rendez-vous matinal des parents indignes après le marathon p'tit-dèj-toilette-habillage-vérification-du-cartable-largage-école-crèche).
Bah, pourquoi pas ? Il fait beau, j'aime bien l'idée d'un truc incongru, inhabituel, l'idée de nous attarder pour une fois ! ....nous voilà donc tous les trois avec Elsa, les petits devant leur grenadine et moi avec un Coca-glaçons (mère indigne mais sobre). Commentaire de Léo : "Et maintenant c'est la Mère Tranquille !". Y a un message là ?
07 juin 2006
Dire sa vie
" ...il importe cependant de créer les conditions de la reconnaissance de l'identité, de la singularité et de la liberté de chacun, pour que la transmission interne soit possible - transmission entre les générations.
De la qualité de cette transmission interne, transmission de l'intimité, de la sensorialité, dépendra en partie le devenir de la transmission externe, celle effectuée par les institutions de la société d'accueil : l'école en tout premier lieu, mais aussi la justice, la médecine, les médias...
D'où cette constante intrication que nous analyserons entre filiation - transmission à l'intérieur de la famille dans un axe vertical conscient et inconscient - et affiliation - transmission interne à la famille et transmission externe assurée par les groupes d'appartenance traversés aux différents âges de la vie."
Marie-Rose Moro, Enfants d'ici venus d'ailleurs
01 juin 2006
Children's corner
Ce matin, je me suis réveillée tôt, et me suis glissée dans la chambre des enfants pour les réveiller avec des câlins - leur dire combien je les aime. - Encore de l'amour, trop d'amour ! a rigolé Léo, ravi. - Bon, je vais descendre en donner un peu aussi à Elsa alors, lui ai-je répondu. - Ah, non, je veux tout pour moi !
*****
Un peu plus tard, Elsa touille le chocolat en poudre qui s'agglomère dans son bol de lait : - Regarde Maman, y a des grelots !!!
*****
Léo - Les pirates, ils tuent, ils détruisent, ils volent...
Elsa - Ben non, ils z'ont pas des ailes !
Elsa - Ben non, ils z'ont pas des ailes !
*****
Lulu, qui part travailler : - Dans une heure je serai au bout du monde !
Léo : - Ben, c'est pas loin le bout du monde !
Lulu : - ?
Léo : - Ben oui, comme la Terre elle est ronde, t'as qu'à faire le tour et revenir ici, en fait t'as même pas besoin de partir...
Léo : - Ben, c'est pas loin le bout du monde !
Lulu : - ?
Léo : - Ben oui, comme la Terre elle est ronde, t'as qu'à faire le tour et revenir ici, en fait t'as même pas besoin de partir...
Signal d'alarme ?
Une patiente, mercredi soir : - Ce doit être difficile parfois, d'accueillir toutes ces histoires, non ? C'est vrai, il faut vous protéger...
A elle j'ai dit - que chaque rencontre était un échange, une surprise - et qu'elle n'avait pas lieu de se faire du souci pour moi.
Mais pour moi-même j'ai senti, l'émotion affleurer - le besoin que ce travail soit reconnu et compris, quand il l'est si rarement. Les soignants du corps ou de l'âme, les travailleurs sociaux, les enseignants - qui prend conscience de la part impalpable, irremplaçable de ce qu'ils tissent jour après jour, de leur extraordinaire, invisible, inchiffrable travail de prévention ?
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